Exposition de poésies… 1ère ES2 : Dis-moi un « poaime ». Aujourd’hui, la contribution de Kassandra


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La classe de Première ES2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : « Dis-moi un Po-aime »… Plusieurs fois par semaine, les élèves vous inviteront à partager l’une de leurs créations poétiques…
Bonne lecture !

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Aujourd’hui, samedi 25 juin, la contribution de Kassandra
Précédentes publications : vendredi 24 juin : Lucie ; vendredi 24 juin : Mélinda ; jeudi 23 juin : Lou ; jeudi 23 juin : Noémie et Emma ; vendredi 3 juin : Pauline ; vendredi 20 mai, Agatha et Léa ; dimanche 15 mai : Furkan ; samedi 14 mai : Céline ; mardi 10 mai : Alyssa et Ninon ; dimanche 8 mai, Aymmy ; vendredi 6 mai, Aymeric ;
Prochaines publications : Julie, Marine et Jeanne, Jessica…

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« Souvenir d’un ange »

par Kassandra G.
Classe de Première ES2

Te souviens-tu de moi qui me souviens de toi ?
Je me souviens de tous ces moments
Heureux, malheureux,
Où nous avons tant partagé ensemble…

Te souviens-tu de moi qui me souviens de toi ?
Chaque jour je te sens près de moi,
Chaque heure qui frissonne je pense à toi,
Je pense à ce que l’on était.

Te souviens-tu de moi qui me souviens de toi ?
Sais-tu où je suis, ce que je vis, ce que je ressens ?
Me souviendrai-je de toi dans quelques années ?
Je ne sais pas où tu es, ce que tu vis, ce que tu ressens.

Te souviens-tu de moi qui me souviens de toi ?
Je me souviens du jour où tu nous as quittés.
Je suis dans un endroit sombre depuis que tu es parti.
Je ne sais plus quoi ressentir : que le vide, que le vide…


Janmot le vol de l'âmeLouis Janmot (1814–1892), Le Poème de l’âme, « Le Vol de l’âme » (détail)
Lyon, Musée des Beaux-Arts

Le point de vue de l’auteure…

« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! »… Ce vers célèbre de Lamartine extrait du poème « L’Isolement » résume à lui seul ces heures de souffrance et de deuil que l’on peut éprouver après la perte d’un être cher. À ce titre, ma poésie s’intitule « Souvenir d’un ange » en hommage à ces personnes qui nous ont quittés et que nous ne reverrons plus. Avec le temps tout disparaît, tout s’efface sauf le souvenir, qui lui demeure intact : la personne n’est plus là, mais quelque chose d’elle survit dans l’existence et dans la mémoire de ceux qui sont en vie.

Voici pourquoi mon poème répond d’abord à une exigence fondamentale : la nécessité de se souvenir. Mais si le texte cherche à nous plonger dans le passé, il nous pousse également au questionnement : quand on est seul, fatigué, que l’on se sent abandonné, on ne pense qu’à une chose : retrouver ces êtres qui nous étaient si chers, les voir et les avoir près de nous, entendre leur voix, sentir leur présence et leur souffle… Tant de questions restent sans réponse :

Sais-tu où je suis, ce que je vis, ce que je ressens ?
Me souviendrai-je de toi dans quelques années ?
Je ne sais pas où tu es, ce que tu vis, ce que tu ressens.

Ces questionnements submergent l’existence quotidienne : ils amènent à une profonde mélancolie qui se répète inlassablement, à l’image du premier vers de chaque strophe, dont le rythme anaphorique scande le poème : « Te souviens-tu de moi qui me souviens de toi ? ».  Comme il a été très bien dit : « Nos morts bien-aimés se souviennent-ils de nous ? Nous-mêmes, quand nous aurons franchi le redoutable passage, conserverons-nous le souvenir de ce que nous aurons fait, éprouvé, souffert ici-bas ? » |source| Autant de questions dont chacun selon sa conscience garde secrètement la réponse…

Mais sans doute il est vrai que se questionner sur la vie après la mort pose des questions fondamentales d’ordre spirituel. Certaines personnes pensent qu’il existe un « au-delà », d’autre non. Se questionner, c’est déjà croire : parler à l’autre, parti de l’autre côté de la vie, l’interpeller en lui posant directement tant de questions qui nous submergent, n’est-ce pas d’une certaine façon donner du sens ? Cette quête d’obtenir des réponses à nos questions, de savoir si l’autre pense à nous et s’il nous voit malgré le fait qu’il ne soit plus là… Tant de manières d’espérer en la vie.

L’écriture prend ainsi toute sa signification, et notamment l’écriture poétique dans ce qui la rattache à la quête du sens : ce pouvoir évocateur de la poésie, qu’ont si bien chanté les Romantiques et les poètes symbolistes est apte à nous faire traverser le fleuve de l’oubli : sur l’autre rive se trouve l’autre qui nous regarde et nous sourit. L’écriture, même si elle est empreinte de nostalgie et de tristesse profonde, n’est-elle pas là comme une « Parole », dans le sens que lui donnait l’auteur de « Barbara » ?

Se souvenir, grâce à l’écriture poétique, c’est une façon de combler le manque, l’oubli, le vide : écrire pour se souvenir, pour ne jamais oublier « tous ces moments/Heureux, malheureux,/Où nous avons tant partagé ensemble »… Et même si le poème semble profondément nostalgique, il amène par l’écriture même à une profonde espérance : se souvenir, n’est-ce pas renaître quelque part ? Et se rappeler de l’autre, n’est-ce pas en un sens le faire renaître ?

© Kassandra G., classe de Première ES2 (promotion 2015-2016), juin 2016.
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