Les élèves de Seconde 4 sont fiers de vous présenter l’édition 2015-2016 d’Un automne en poésie, manifestation d’art qui entend marquer de son empreinte la création littéraire lycéenne. Plus de trente textes, tous inédits, sont en cours de publication. Ces poèmes, souvent d’une grande densité intellectuelle, chantent avant tout la nostalgie de l’Idéal et du Spirituel. Proclamant la quête du sens et le pouvoir de l’art sur les désillusions de la vie, de la subjectivité sur la contingence, de l’imaginaire sur le réel, ils s’inscrivent dans la tradition symboliste qui a pour but d’exprimer l’inexprimable du mot.
Thématique de l’exposition :
« Des mots égarés, une écriture du silence »
Les élèves ont travaillé sur une nouvelle dense et forte de Marguerite Duras, “Le Coupeur d’eau” (La Vie matérielle, P.O.L. 1987). Ce texte nous a amenés à interroger le style si particulier de cette écrivaine : dans Écrire, voici comment Duras présente sa propre conception de l’écriture : « Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Égarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt ». Cette expression de “mots égarés” a suscité l’intérêt des “jeunes écrivains” qui ont souhaité créer des poèmes dont la langue, très épurée, est comme une réponse au vœu de l’auteure…
Voici la deuxième livraison de textes.
Chaque semaine, de nouveaux textes seront publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif
jusqu’au 24 janvier 2016 (dernière livraison).
Prochaine livraison : mardi 12 janvier 2016
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Dans ce Gris devenu Soir
par Christiane C.
Classe de Seconde 4
Indécise perdue parmi ces deux corps célestes
Douceur de l’un, mais prisonnière de l’autre
Peine à recevoir son état aussi blanc que nuages
Ciel devenu aussi gris que son désespoir
La pluie ruisselle sur ses douces joues
Son indécision… Trouble comme l’eau.
Ces deux corps l’abandonnent,
Seule, seule dans son choix,
Seule sans lumière dans ce gris devenu Soir.
« Son indécision… Trouble comme l’eau… »
Illustration : BR
Quand le silence s’empare des mots
par Laëtitia T. et Olivia D.
Classe de Seconde 4
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Tel un voyageur égaré du droit chemin
Un mystérieux silence s’empare des mots perdus
Silence enchaîné en moi, silence ému
Seul cherchant à dissiper les illusions du soir en vain
Je chancelle et serpente comme ces mots muselés
J’observe la lune noire, cette réalité abstraite
Mots éclos comme le voyageur cherchant à se libérer
Du soir. Ensemble, ils cherchent la voie de la liberté muette
Ce voyageur vide de mots échoue son destin
Même les mots égarés de ses lèvres silencent les pensées d’espoir
Regrettant eux-mêmes cet élan venu de rien
Ainsi s’achève sa parole ; et reste le silence silencieux du soir
«Mots éclos comme le voyageur cherchant à se libérer
Du soir. Ensemble, ils cherchent la voie de la liberté muette… »
Crédit iconographique : BR
Violents murmures
par Théo H.
Classe de Seconde 4
ROUGE comme l’horizon
Comme l’emprise de l’arbre
Dans le ciel
VOICI LE POÈME :
Vocifération
____________nacrée de SILENCE
______________au parfum d’été
VOLATILE
_____________________Comme ces nuées de pages
_________noircies de mots
_________noircies de cris pourtant
INAUDIBLES
mais PRÉSENTS
(à la vue, au toucher)
CONSCIENTS
DE LEUR IMPACT
DE LEUR PUISSANCE
DE LEUR RIEN
décembre 2015
« ROUGE comme l’horizon
Comme l’emprise de l’arbre
Dans le ciel… »
Crédit iconographique : © Théo H., 2015
L’œil vif
par Jeanne V.
Classe de Seconde 4
Le bruit se perd dans l’ignorance
S’accomplissant au-delà de l’inexcusable
L’immensité de l’esprit
Vide de grandeur.
Là, instinctives murailles
Fenêtres demeurent fermées,
Voilant la lumière,
Effaçant toute beauté.
Souffle d’idées noires
Propagées,
Terrant les pensées et les corps meurtris.
Inévitable chute
Terrible paradoxal
L’oiseau dévale le ciel de ses ailes dorées
Perce les nuages saupoudrés de soleil
Il se pose sur la branche fleurie,
Paisible.
Méprisé du regard
Par l’être hideux,
Plein de haine.
« L’oiseau dévale le ciel de ses ailes dorées
Perce les nuages saupoudrés de soleil… »
Crédit iconographique : © Jeanne V., 2015
Une âme frêle n’a pu être sauvée
par Clémence M.
Classe de Seconde 4
Seule dans l’épicentre de la cruauté,
Une âme frêle n’a pu être sauvée
Son écorce de papier
Est tâchée de sang
Noir à la lumière distribuant la mort
et qui au fond n’est qu’un brouillard…
Effroyable utopie : jamais l’homme ne comprendra
Le sens de la vie
Aveugle et sourd
Bruyant mais ignorant
Cauchemar
Peur ininterrompue
Vagues s’écrasant contre la vie
Sans écume
Et sans crainte…
« Une âme frêle n’a pu être sauvée
Son écorce de papier
Est tâchée de sang … »
Crédit iconographique : BR
Un jour, des rêves
par Raphaël C., Jordan P., Adam T.
Classe de Seconde 4
Au lever du soir tout s’estompe,
__Cette Lumière qui obscurcit notre vue
____Qui nous fait penser parmi les yeux du ciel
_______Pendant que les nuits nous lunent
___Et nous dévoilent les vraies couleurs
De la vie avec les histoires du soir
_____________À travers un croissant omniscient
« Pendant que les nuits nous lunent
Et nous dévoilent les vraies couleurs
De la vie… »
Crédit iconographique : BR
La Perfection
par Tessa W.
Classe de Seconde 4
Devrais-je utiliser l’écriture comme moyen de hurlement sans voix, sans parole, afin de dénoncer les injustices ?
De qui devrais-je me plaindre à travers ce poème sinon de moi-même ?
La pensée de flotter sur les vagues d’un monde parfaitement inexistant me berce : la mer a refermé ses lèvres arides sur le simulacre des mots.
Le passé imparfait se perfectionne avec le temps jusqu’à l’afflux du futur, mais jamais n’atteindra la perfection.
Je porte mes priorités sur ce reflet qui à l’aube se lève, afin de m’observer : voici les cris, voici les larmes, voici la guerre ;
Voici le jour. Je veillerai personnellement à ce que sa personnalité soit changée.
« … Je porte mes priorités sur ce reflet qui à l’aube se lève, afin de m’observer :
voici les cris, voici les larmes, voici la guerre ;
Voici le jour… »
Illustration : BR (peinture numérique)
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Solitude
par Clémentine B.
Classe de Seconde 4
La solitude est noire comme de la braise
Consumée par les flammes de l’ennui.
La solitude est grise comme d’un piano,
Les touches dièse : pourquoi je fuis ?
La solitude est blanche comme un mur
Floutée par les sables de ma conscience
Faut que j’arrête de fuir,
Ça c’est sûr
Solitude bleu-nuit irriguée de larmes
Un jour, finir dans un linceul
Au toit de givre, au toit de vent
Tout cela rime avec pluie…
« La solitude… floutée par les sables de ma conscience… »
Crédit iconographique : © Clémentine B., « Orage d’hiver » (gouache noire et blanche, détail), 2013.
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Silence de l’univers
par Tiffanie H. et Lucie B.
Classe de Seconde 4
Il y a d’innombrables pièces dans l’univers
Parmi elles, certaines sont égarées
Vides de toute émotion
Un avenir aveuglé de comètes et de maux éternels
Puis dans la tempête des mensonges du monde
L’encre s’écoulait parmi les étoiles
La déraison des mots traverse
Le silence pénétrable
Des âmes en perdition voguent à travers
Un horizon brumeux
Dans les sables du ciel
Dans cette immensité, un sourire est venu
Percer le satellite de mon esprit.
« Il y a d’innombrables pièces dans l’univers
Parmi elles, certaines sont égarées… »
Illustration : BR (d’après Magritte, “Le poison“, 1939)
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La numérisation de la deuxième livraison de textes est terminée.
Deuxième publication de textes : mardi 12 janvier 2016…
Netiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif, les poèmes des étudiant(e)s sont protégés par copyright. Ils sont mis à disposition des internautes selon les termes de la licence Creative Commons Paternité (Pas d’utilisation privée ou commerciale, pas de modification). La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le prénom de l’auteur, l’initiale de son nom, la classe, l’établissement ainsi que la référence complète du poème cité (URL de la page).
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