← Illustration : d’après François Bensa (Nice 1811-1895), « Le quartier du Lazaret avec la Réserve » (détail). Nice, Villa Masséna.
En été, hydratez votre cerveau au maximum !
Du lundi 22 juillet au jeudi 22 août inclus, découvrez une exposition inédite : “Un été en poésie“ : chaque jour, un poème sera publié. En tout, plus de vingt pays seront représentés dans ce tour du monde poétique. Conformément au cahier des charges éditorial de ce blog de Lettres, le principe de la parité sera strictement respecté.
Aujourd’hui… Roberto Juarroz (1925 — 1995 Buenos Aires)… ARGENTINE
Hier, mercredi 31 juillet : Nazim Hikmet… TURQUIE
Demain, vendredi 2 août : Catherine Pozzi… FRANCE
También hemos traicionado al agua.
La lluvia no se reparte para eso,
el río no corre para eso,
el charco no se detiene para eso,
el mar no es presencia para eso.
Otra vez hemos perdido el mensaje,
las vocales abiertas
del lenguaje del agua,
su inaudita transparencia palpable.
Ni siquiera supimos
beber la transparencia.
Beber algo es aprenderlo.
Y aprender la transparencia es el comienzo
de aprender lo invisible.
Nous avons aussi trahi l’eau.
La pluie ne tombe pas pour cela,
le fleuve ne coule pas pour cela,
l’eau de la flaque ne stagne pas pour cela,
la mer n’est pas présente pour cela.
Une fois encore, nous avons perdu le message,
les voyelles ouvertes
du langage de l’eau,
sa transparence infiniment palpable.
Nous n’avons pas même su
boire la transparence
Boire quelque chose c’est l’apprendre.
Et apprendre la transparence c’est commencer
d’apprendre l’invisible.
Roberto Juarroz
Duodécima Poesía vertical (n° 40)
éditions Lohlé, Buenos Aires 1991
Traduction : Bruno Rigolt
« apprendre la transparence c’est commencer d’apprendre l’invisible »
Illustration : Bruno Rigolt, “Tête de Tanagra sur fond Bleu Klein”
Peinture numérique © Bruno Rigolt, août 2013
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