← Illustration : d’après François Bensa (Nice 1811-1895), « Le quartier du Lazaret avec la Réserve » (détail). Nice, Villa Masséna.
Du lundi 22 juillet au jeudi 22 août inclus, découvrez une exposition inédite : “Un été en poésie“ : chaque jour, un poème sera publié. En tout, plus de vingt pays seront représentés dans ce tour du monde poétique. Conformément au cahier des charges éditorial de ce blog de Lettres, le principe de la parité sera strictement respecté.
Aujourd’hui… Fernando Pessoa (1888 — 1935, Lisbonne)… PORTUGAL
Hier, samedi 3 août : Charlotte Brontë… GRANDE-BRETAGNE
Demain, lundi 5 août : Birago Diop… SÉNÉGAL
Não basta abrir a janela
Não basta abrir a janela
Para ver os campos e o rio.
Não é bastante não ser cego
Para ver as árvores e as flores.
É preciso também não ter filosofia nenhuma.
Com filosofia não há árvores: há ideias apenas.
Há só cada um de nós, como uma cave.
Há só uma janela fechada, e todo o mundo lá fora;
E um sonho do que se poderia ver se a janela se abrisse,
Que nunca é o que se vê quando se abre a janela.
Fernando Pessoa
Poemas Inconjuntos
1913-1915
Pour découvrir d’autres poèmes de Pessoa (en portugais), cliquez ici.
Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre
Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre,
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n’être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut également n’avoir aucune philosophie.
Avec la philosophie il n’y a pas d’arbres : il n’y a que des idées.
Il n’y a que chacun d’entre nous, telle une cave.
Il n’y a qu’une fenêtre fermée, et tout l’univers à l’extérieur ;
Et le rêve de ce qu’on pourrait voir si la fenêtre s’ouvrait,
Et qui jamais n’est ce qu’on voit quand la fenêtre s’ouvre.
Fernando Pessoa, 1913-1915
Poèmes désassemblés
in Fernando Pessoa, Anthologie des hétéronymes,
coll. “L’œil du poète”, éd. Textuel, Paris 2004, page 51
Poèmes traduits du portugais par Maria Antonia Câmara Manuel, Michel Chandeigne, Armand Guibert et al.
Pour écouter ce poème lu en portugais, cliquez ici.
Pour mieux comprendre la dimension symbolique de ce texte, cliquez ici
(Judith Balso, Pessoa, le passeur métaphysique, éd. du Seuil, Paris 2006)
Illustration : Pierre Bonnard (1867-1947), “La petite fenêtre au Cannet” (1946). Huile sur toile
Coll. privée. Crédit photographique : Giraudon
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