Un été en Poésie (saison 2) 22 juillet-22 août 2014… Aujourd’hui : Hélène Cixous


UAEP 2014 accroche
Pour la deuxième année consécutive, du mardi 22 juillet 2014 au vendredi 22 août inclus, découvrez une exposition inédite :
« Un été en poésie »

Chaque jour, un poème sera publié. Cette année, quinze pays seront représentés dans ce tour du monde poétique, mêlant écriture et arts visuels. Conformément au cahier des charges éditorial de ce blog de Lettres, le principe de la parité sera strictement respecté.

 

Aujourd’hui… Hélène Cixous 
Oran (Algérie), 1937 — … FRANCE

Hier, lundi 4 août : Émile Nelligan… CANADA (QUÉBEC)
Demain, mercredi 6 août : Jorge de Lima… BRÉSIL

« Délicatesse du silence »¹

Délicatesse à deux c’est : être d’accord pour ne jamais parler d’une chose secrète que nous partageons — parce qu’elle est si fragile. Mais être d’accord sans un mot ; l’accord aussi est silencieux.
Parce que l’entente sublime c’est de s’accorder le plein silence : le don du sans-mot.
Délicatesse du silence plein de ce que l’on pourrait dire. Parce que le bonheur ce n’est pas de dire : c’est de pouvoir dire…
Penser : chacune nous pensons : mais un jour à la fin nous nous dirons tous les signes que nous nous sommes adressés sans dire mot ? Le dernier jour ? Nous nous dirons tout : d’un seul sourire. Ne dirons rien tant qu’un seul sourire ne suffira pas ?
En pensée nous nous disons tout cela, tout ce que nous ne disons pas, et aussi le silence, silencieusement nous en parlons…
Je déclare : presque tous les livres que j’ai lus ou écrits sont livres de commencements et cheminements. Avec phrases errantes, livres d’erreurs non coupables d’erreurs. A travers tous les livres jusqu’au vrai ? Peut-être ? Je veux la simplicité au-delà des erreurs. C’est peut-être l’erreur suprême. À la fin je le saurai ? Peut-être.

Hélène Cixous (1937-_)
Limonade tout était si infini (fiction), Paris éd. Des femmes,1982, page 265.

1. Le passage ne comporte pas de titre. J’ai choisi à dessein cette expression tirée d’un fragment du texte, parce qu’elle est particulièrement indicatrice du thème.

Pour une présentation de l’ouvrage, voyez ce passage 
(Claudine Guégan Fisher,  La Cosmogonie d’Hélène Cixous, Amsterdam Rodopi 1982, page 336).

Odilon_Redon_Réflexion « mais un jour à la fin nous nous dirons tous les signes
que nous nous sommes adressés sans dire mot ?… »

Odilon Redon (1840-1916), «Réflexions » (pastel ; c. 1900-1905)
Komaki City (Japon), Menard Art Museum

Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques