Un été en chansons… Auteurs et compositeurs francophones… 12 juillet-10 août 2017. Aujourd’hui : Leny Escudero

 

Auteurs et compositeurs francophones

Le millésime 2017 d’« Un été en Poésie » rend hommage à la chanson d’expression française. D’une richesse poétique inégalée, cet héritage exprime à la fois un certain nombre d’enjeux identitaires et culturels ainsi que l’exceptionnel pluralisme linguistique et musical de la francophonie.
À suivre du 12 juillet au 10 août.


Aujourd’hui, jeudi 10 août : Leny Escudero (fin de l’exposition 2017)
Hier, mercredi 9 août : Cœur de Pirate 

Leny Escudero :
« Vivre pour des idées »

(1973)

Paroles : Leny Escudero ; musique : Thierry Fervant (Mauley, dit)
Album : Vivre pour des isées, 1973
Label : Malypense

Site Web : http://www.lenyescudero.fr

 

était à Teruel et à Guadalajara,
Madrid aussi le vit
Au fond du Guadarrama.
Qui a gagné ? Qui a perdu ?
Nul ne le sait, nul ne l’a su,
Qui s’en souvient encore ?
Faudrait le demander aux morts.

J’étais pas gros, je vous le dis
Les yeux encore ensommeillés,
Mon père sur une chaise assis
Les pieds et les mains attachés,
Et j’avais peur, et j’avais froid,
Un homme m’a dit : « Calme-toi ! »
Un homme qui était différent
Sans arme mais il portait des gants,
Une cravache qui lui donnait un air…
Un peu de sang coulait sur la joue de mon père.

Et j’avais peur et j’avais froid,
L’homme m’a dit : « Ecoute-moi,
Je vais te poser une question
La vie de ton père en répond.
Dis-moi quelle est la capitale,
Voyons… de l’Australie Australe ? »
Je n’risquais pas de me tromper
On ne m’avait jamais parlé
Des grandes villes qui ont des noms si fiers,
Une larme coulait sur la joue de mon père.

Et j’avais peur et j’avais froid,
J’ai dû pleurer aussi je crois,
Mais l’homme a eu comme un sourire
Et puis je l’ai entendu dire :
« C’est un brave homme, coupez ses liens !
Ton enfant tu l’éduques bien,
Car tu as le sens du devoir,
Chacun son dû et son savoir »
Ils sont partis au petit matin clair,
J’ai couru me blottir dans les bras de mon père.

Il m’a serré fort contre lui
« J’ai honte tu sais mon petit,
Je me demandais, cette guerre
Pour quelle raison j’irais la faire ?
Mais maintenant je puis le dire :
Pour que tu saches lire et écrire. »
J’aurais voulu le retenir,
Alors mon père m’a dit : « Mourir
Pour des idées, ça n’est qu’un accident. »
Je sais lire et écrire et mon père est vivant.

Il était à Teruel et à Guadalajara
Madrid aussi le vit
Au fond du Guadarrama…

Copyright © 1973, Leny Escudro ; Thierry Fervant / Malypense
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 Crédit iconographique (lettrine) : Bruno Rigolt, d’après un détail de Guernica (Picasso, 1937, huile sur toile).
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Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques