“La vocation littéraire naît du désaccord d’un homme avec le monde…”
“La vocación literaria nace del desacuerdo de un hombre con el mundo…”
La literatura es fuego, […] ella significa inconformismo y rebelión, […] la razón del ser del escritor es la protesta, la contradicción y la crítica. […] La vocación literaria nace del desacuerdo de un hombre con el mundo, de la intuición de deficiencias, vacíos y escorias a su alrededor. La literatura es una forma de insurrección permanente y ella no admite las camisas de fuerza. Todas las tentativas destinadas a doblegar su naturaleza airada, díscola, fracasarán. La literatura puede morir pero no será nunca conformista.”
La littérature est le feu, […] elle signifie dissidence et rébellion, […] la raison d’être de l’écrivain est la protestation, la contradiction, la critique. […] La vocation littéraire naît du désaccord d’un homme avec le monde, de l’intuition de déficiences, de vides et de scories autour de lui. La littérature est une forme d’insurrection permanente et elle n’admet pas de camisoles de force. Toutes les tentatives destinées à plier sa nature furieuse, indocile, échoueront. La littérature peut mourir mais elle ne sera jamais conformiste.”
Mario Vargas Llosa, “La littérature est le feu”, discours de réception pour le prix littéraire Rómulo Gallegos, le 4 août 1967 à Caracas.
C’est donc l’écrivain d’origine péruvienne Mario Vargas Llosa (1936, Arequipa, Pérou) qui vient d’obtenir à l’âge de 74 ans le Prix Nobel de littérature 2010. Très engagé dans les problèmes de société, notamment dans le contexte latino-américain, Vargas Llosa a pris en 1990 le chemin de l’exil et obtenu la nationalité espagnole. Fin connaisseur de la littérature française (il a entre autres consacré en 1978 une étude mémorable au roman Madame Bovary dans L’Orgie perpétuelle), Mario Vargas Llosa est d’abord un citoyen du monde, très préoccupé par l’affaiblissement des identités culturelles et des cultures nationales. Romancier, dramaturge, poète, mais aussi essayiste et journaliste, Vargas Llosa a acquis une notoriété internationale pour son roman La Ville et les Chiens, rédigé à Paris en 1962. Depuis, il a accumulé les succès et les récompenses littéraires de toute sorte.
Le passage présenté est très représentatif de la personnalité de l’écrivain. D’ailleurs le jury du prix Nobel 2010 a salué en lui “l’auteur engagé dans la société”, ainsi que “sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l’individu, de sa révolte et de son échec”. De fait, comme le dit si bien Vargas Llosa, “la littérature est le feu” : elle doit fonctionner comme liberté. Mais cette liberté passe par la liberté des mots d’abord, par la liberté de l’imaginaire et de la fiction. Vargas Llosa s’en est expliqué récemment : “Il y a une idée très répandue parmi les lecteurs de romans : si un roman est vrai, s’il dit la vérité, c’est un bon roman. Idée complètement fausse, c’est exactement le contraire. Si un roman est bon et possède ce pouvoir de convaincre qu’ont les grands romans, alors il devient vrai” (*). C’est donc par les mots que le rêve devient vrai, et c’est par le Verbe que l’écrivain peut exprimer son esprit de révolte et de rébellion. Ce pouvoir conféré au langage ouvre une réflexion sur le statut de la littérature : “La vocation littéraire naît du désaccord d’un homme avec le monde”…
(*) Mario Vargas Llosa, “Histoire et fiction, entretien avec Albert Bensoussan et Stéphane Michaud, in Stéphane Michaud, De Flora Tristan à Mario Vargas Llosa, Presses de la Sorbonne nouvelle, Paris 2004. Pour lire ce passage dans son contexte, utilisez l’interface Google-livres :
France-Culture a consacré une page biographique et bibliographique très accessible sur l’écrivain. Cliquez ici pour découvrir le Prix Nobel de Littérature 2009 : Herta Müller, avec une citation commentée.
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