Pour la troisième année, du dimanche 10 juillet 2016 au mercredi 10 août inclus, découvrez une exposition inédite : « Un été en poésie »…
Thématique de l’édition 2016 :
« D’Europe et de Méditerranées… Poésies de tous les rivages ».
Chaque jour, du dimanche au jeudi, un poème sera publié. Cette année, de très nombreux pays seront représentés dans ce voyage en Europe et autour de la Méditerranée, mêlant écriture et arts visuels. Conformément au cahier des charges éditorial de ce blog de Lettres, le principe de la parité sera strictement respecté.
Pays représentés : France, Espagne, Portugal, Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Palestine, Israël, Liban, Syrie, Turquie,
Grèce, Italie.
Aujourd’hui… Luis Antonio de Villena ♂
(Madrid 1951— )… ESPAGNE
Jeudi 14 juillet : Luis Cernuda… Espagne
Demain, lundi 18 juillet : Álvaro de Campos (Fernando Pessoa)… Portugal
« Raso en la autopista »
l’anima sua bianchissima e leggera
Sergio Corazzini
Brillantes son las avenidas de la noche,
las vacías autopistas que solitario
atraviesas en la cabina de un coche,
como si una soledad acristalada
permitiese la vida de los sueños, de las
niñas que mueren de amor ante los
cines, fuera del mundo, al borde de la noche.
Automóviles solos que en todos los moteles
hablan del saxo azul de los night-clubs,
de un silencio de seda, del fuego que
abrasa las tablas de la ley cuando
el malhechor —raso en la pechera— decide
ahogar su dolor en los cetáceos muertos,
en la pálida estrella que ve brillar
tras el arabesco del balcón en un
motel cualquiera…
Con el alba el claror redibuja un paisaje,
el cascote del día resuena contra el
níquel y hay olor a comienzo de caza
en los bares desiertos, desiertas avenidas…
Las sábanas entonces, al que tarde regresa,
le ofrecen dulzura de hierba cortada,
rocío en las hojas de los tréboles,
trinos de tordos que saludan al alba.
En tanto tú regresas, marchito el clavel
en la tersa solapa, dispuesto al sueño,
al olvido del dolor, al rubio olor del champaña…
Y mientras, las carreteras desenvuelven
las alfombras azules de la madrugada.
Sublime solarium, Madrid, Editorial Azur, Colección Bezoar, 1971
« Satin sur l’autoroute »
l’anima sua bianchissima e leggera*
Sergio Corazzini
Elles sont brillantes les avenues de la nuit,
les vides autoroutes que solitaire
tu traverses dans l’habitacle d’une voiture,
comme si une solitude vitrée
permettait la vie des rêves, des
filles qui meurent d’amour devant les
cinémas, hors du monde, au bord de la nuit.
Des autos seules qui dans tous les motels
parlent du saxo bleu des night-clubs,
d’un silence de soie, du feu qui
embrase les tables de la loi quand
le malfaiteur —plastron doublé de satin— décide
de noyer sa douleur dans les cétacés morts,
dans l’étoile pâle qu’il voit briller
à travers l’arabesque du balcon dans un
motel quelconque…
À l’aube la clarté redessine un paysage,
les gravats du jour résonnent contre le
nickel et il y a une odeur de début de chasse
dans les bars déserts, les avenues désertes…
Alors pour celui qui rentre tard, les draps
sont une douce offrande d’herbe coupée,
de rosée sur les feuilles des trèfles,
de gazouillis de grives qui saluent l’aube.
Et tandis que tu reviens, l’œillet flétri
à ton revers lustré, prêt au rêve,
à l’oubli de la douleur et de l’odeur blonde du champagne…
Pendant ce temps-là, les routes déroulent
les tapis bleus du point du jour.
Traduction : Bruno Rigolt
* « l’anima sua bianchissima e leggera » : en italien, « son âme si blanche et légère »
« Brillantes son las avenidas de la noche... »
Crédit photographique : © juillet 2016, Bruno Rigolt, « In Nighttown » (Manhattan, New York)
Nice, 14 juillet 2016
« Souviens-toi. N’oublie pas. »
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