Pour la deuxième année consécutive, du mardi 22 juillet 2014 au vendredi 22 août inclus, découvrez une exposition inédite :
« Un été en poésie »…
Chaque jour, un poème sera publié. Cette année, quinze pays seront représentés dans ce tour du monde poétique, mêlant écriture et arts visuels. Conformément au cahier des charges éditorial de ce blog de Lettres, le principe de la parité sera strictement respecté.
Aujourd’hui… René Char ♂
L’Isle-sur-la-Sorgue, 1907 — Paris, 1988 FRANCE
Hier, dimanche 17 août : Marie Rouanet… FRANCE
Demain, mardi 19 août : Jeanne Dortzal… FRANCE
XXX
Le poème est l’amour réalisé du désir démesuré désir.
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XLII
Être poète, c’est avoir de l’appétit pour un malaise dont la consommation, parmi les tourbillons de la totalité des choses existantes et pressenties, provoque, au moment de se clore, la félicité.
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XLIII
Le poème donne et reçoit de sa multitude l’entière démarche du poète s’expatriant de son huis clos. Derrière cette persienne de sang brûle le cri d’une force qui se détruira elle seule parce qu’elle a horreur de la force, sa sœur subjective et stérile.
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XLIV
Le poète tourmente à l’aide d’injaugeables secrets la forme et la voix de ses fontaines.
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XLV
Le poète est la genèse d’un être qui projette et d’un être qui retient. À l’amant il emprunte le vide, à la bien aimée, la lumière. Ce couple formel, cette double sentinelle lui donnent pathétiquement sa voix.
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René Char (1907-1988)
Partage formel in : Fureur et mystère (1948), Paris NRF Gallimard, 1967.
Page 73 (fragment XXX), page 77 (fragments XLII à XLV)
« Le poète tourmente à l’aide d’injaugeables secrets
la forme et la voix de ses fontaines… »
Madeleine Mirbeau, « Gaïa », huile sur toile, 2013
Collection privée
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