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La classe de Première ES2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : « Dis-moi un Po-aime »… Plusieurs fois par semaine, les élèves vous inviteront à partager l’une de leurs créations poétiques…
Bonne lecture !
Aujourd’hui, vendredi 24 juin, la contribution de Mélinda
Précédentes publications : vendredi 20 mai, Agatha et Léa ; dimanche 15 mai : Furkan ; samedi 14 mai : Céline ; mardi 10 mai : Alyssa et Ninon ; dimanche 8 mai, Aymmy ; vendredi 6 mai, Aymeric ;
Prochaines publications : Lucie, Kassandra, Julie, Marine et Jeanne, Jessica, Mattis…
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« Envolée du vent »
par Mélinda B.
Classe de Première ES2
Le voyage mélodieux de la nostalgie semble
M’emporter dans une réalité de miel et d’ambre :
Inébranlable souvenir rougeâtre
Gémissant dans le soir ; lointaine ballade
Sauvagement dérobée de mon esprit.
C’est une plume fraîche comme la brise
D’hiver frôlant mon âme scintillante,
Envolée comme la rosée du matin
Qui voguait entre joie et mélancolie
Parmi les chemins du vent…
William Turner, « Light and Colour (Goethe’s Theory) – the Morning after the Deluge – Moses Writing the Book of Genesis
« Lumière et couleur (la théorie de Goethe) – le lendemain du déluge, Moïse écrivant le livre de la genèse »
1843, Londres, Tate Gallery
Le point de vue de l’auteure…
Mon poème s’inscrit en premier lieu dans la tradition du romantisme qui prône la subjectivité et l’exaltation des sentiments. En proie à la mélancolie, le poète s’évade « dans une réalité de miel et d’ambre » : de par ses connotations orientalistes, cette image évoque l’ailleurs et les pays lointains. Entre fiction et réalité, la poésie est donc fortement associée à la représentation du paysage et à l’exaltation de la nature. Mais le paysage dont il est ici question est également un paysage d’âme, un voyage « parmi les chemins du vent »…
On retrouve à cet égard dans le texte la place centrale que le Romantique donne à la vie spirituelle par opposition au monde matériel, forcément illusoire : dès lors, le voyage s’apparente à une quête du moi intérieur et idéaliste, à une « lointaine ballade/Sauvagement dérobée de mon esprit ». Comme on le voit, la sensibilité l’emporte sur la raison. L’exaltation de la passion permet d’accéder à la pureté : « C’est une plume fraîche comme la brise/D’hiver frôlant mon âme scintillante ».
De fait, point de désespoir dans ce texte, ni de méditation pathétique stérile. Ce qui domine au contraire est le dépassement du moi par le spirituel, comme le suggère l’image lumineuse de cette « âme scintillante/Envolée comme la rosée du matin ». « Intimité, spiritualité », dira Baudelaire en 1846 à propos du phénomène romantique. De tels propos me semblent parfaitement s’appliquer à mon poème : le paysage a en effet une portée allégorique puisqu’il reflète parfaitement l’âme du romantique, colorée par les passions qui agitent le cœur.
Paysage onirique d’une part, comme le suggère le réseau lexical du voyage et de l’ailleurs. Paysage métaphysique d’autre part, qui élève la pensée jusqu’à la méditation sur le temps qui passe : la métaphore du premier vers associe ainsi la nostalgie à un « voyage mélodieux » dont la musique, tantôt joyeuse, tantôt mélancolique (v.9) semble se prolonger jusqu’à l’inaccessible, jusqu’à l’ineffable : « Parmi les chemins du vent ».
Cette dernière image sur laquelle se clôt le texte exprime ainsi la relation spirituelle de l’auteure avec la nature afin de donner vie aux visions les plus intérieures : pour moi, quand je regarde un paysage, ce n’est pas la réalité qui m’intéresse mais plutôt l’allégorie, le symbole, et pourquoi pas son aspect mystique : le monde visible apparaît dès lors comme l’image d’une réalité spirituelle et « métaphysique » que j’ai voulu exprimer en donnant pour titre à mon poème : « Envolée du vent ».
© Mélinda B., classe de Première ES2 (promotion 2015-2016), juin 2016.
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