En été, hydratez votre cerveau au maximum !
Du lundi 22 juillet au jeudi 22 août inclus, découvrez une exposition inédite : “Un été en poésie“ : chaque jour, un poème sera publié. En tout, plus de vingt pays seront représentés dans ce tour du monde poétique. Conformément au cahier des charges éditorial de ce blog de Lettres, le principe de la parité sera strictement respecté.
Aujourd’hui… Pablo Neruda (1904, Parral — 1973, Santiago)… CHILI
Hier, jeudi 15 août : Marguerite Yourcenar.. FRANCE/ÉTATS-UNIS
Demain, samedi 17 août : Mousse Boulanger… SUISSE
Poema XV
Me gustas cuando callas porque estás como ausente,
y me oyes desde lejos, y mi voz no te toca.
Parece que los ojos se te hubieran volado
y parece que un beso te cerrara la boca.
Como todas las cosas están llenas de mi alma
emerges de las cosas, llena del alma mía.
Mariposa de sueño, te pareces a mi alma,
y te pareces a la palabra melancolía.
Me gustas cuando callas y estás como distante.
Y estás como quejándote, mariposa en arrullo.
Y me oyes desde lejos, y mi voz no te alcanza:
déjame que me calle con el silencio tuyo.
Déjame que te hable también con tu silencio
claro como una lámpara, simple como un anillo.
Eres como la noche, callada y constelada.
Tu silencio es de estrella, tan lejano y sencillo.
Me gustas cuando callas porque estás como ausente.
Distante y dolorosa como si hubieras muerto.
Una palabra entonces, una sonrisa bastan.
Y estoy alegre, alegre de que no sea cierto.
Pablo Neruda
Veinte poemas de amor y una canción desesperada, 1924
Editorial EDAF, Madrid 2009, page 85
Poème XV
Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente,
et tu m’entends de loin, et ma voix point ne te touche.
On dirait que tes yeux se sont envolés
et on dirait qu’un baiser t’aurait scellé la bouche.
Comme toutes les choses sont emplies de mon âme
tu émerges des choses, de toute mon âme emplie.
Papillon de songe, tu ressembles à mon âme,
et tu ressembles au mot mélancolie.
Tu me plais quand tu te tais et sembles distante.
Et tu sembles gémir, papillon dans la berceuse.
Et tu m’entends de loin, et ma voix ne t’atteint pas :
laisse-moi me taire avec ton silence.
Laisse-moi aussi te parler avec ton silence
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, muette et constellée.
Ton silence est d’étoile, si lointain et simple.
Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente.
Distante et endolorie comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent.
Et la joie que ce ne soit pas vrai, la joie m’emporte.
Pablo Neruda
Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée suivi de Les Vers du capitaine
Traduction de Claude Couffon et Christian Rinderknecht
Gallimard “Poésie”, édition bilingue, Paris 1998. Pages 66-67.
« Papillon de songe, tu ressembles à mon âme,
et tu ressembles au mot mélancolie. »
Illustration : Kay Sage (1898, New York — 1963, Woodbury)
“Le Passage” (autoportrait), 1956
(collection particulière)
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