Méthodologie de la dissertation… Tous niveaux…


Les règles d’une bonne dissertation

Bruno Rigolt

méthodologie et conseils


 PLAN

1.
Définition
2. Connaissances préalables requises
3.
3-1
3-2
3-3
Trois obstacles majeurs à éviter :
La paraphrase
La tendance à la généralisation
Une trop grande implication personnelle

4.
4-1
4-2
4-3
4-4
Analyser le sujet : la méthode “OPLC”
L’objet d’étude
La problématique
Les limites du sujet
La consigne et les différents types de plans
5. La gestion du temps
6. La présentation de la copie et l’expression
7. La recherche des idées
8. Le plan : ordre, progression et cohérence
9. La structure du paragraphe : le principe de l’unité de sens
10.
10-1
10-1-1
10-1-2
10-1-3
10-1-4
10-2
10-3
L’introduction
L’entrée en matière
 
L’accroche par citation
L’accroche par analogie
L’accroche par énumérations ou questionnements
L’accroche en allant du général au particulier
L’annonce du sujet et la définition d’une problématique
L’annonce du plan
11.
11-1
11-2
La conclusion
Le bilan
L’ouverture
12. Sujets d’entraînement

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1

 

DÉFINITION

La

dissertation littéraire est un genre qui possède une longue tradition scolaire et universitaire. Relevant de l’argumentation, elle est basée sur un thème défini et elle amène le rédacteur à soutenir un raisonnement répondant à une problématique dans le but de convaincre un lecteur en justifiant ou en confrontant des thèses successives. Par ailleurs, « elle vise à faire acquérir, par les élèves de l’enseignement secondaire général et par les étudiants de lettres, une maîtrise dans l’exposé écrit, cohérent, précis et le plus rigoureux possible, sur un sujet donné »¹.

La particularité de la dissertation littéraire tient au fait qu’elle amène à répondre au sujet posé en exploitant un certain nombre de connaissances au niveau de l’histoire littéraire et au niveau des textes. Pour un candidat à l’Épreuve Anticipée de Français par exemple, il serait aberrant d’entreprendre une dissertation sans avoir un minimum de culture littéraire : les savoirs scolaires et les acquis personnels sont indispensables.


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2

 

CONNAISSANCES PRÉALABLES REQUISES

Certes, une dissertation littéraire peut bien sûr emprunter des connaissances à d’autres domaines de la pensée —historique et philosophique en particulier—, mais son objet est de parler des textes². Sans une connaissance concrète des œuvres dont on parle, elle tombe dans le délayage, les lieux communs, les généralités, les simplifications. L’ennemi mortel de la dissertation est le vague souvenir d’un cours, d’un manuel, ou d’un discours critique.

Attention aux propos allusifs : l’exactitude des connaissances est déterminante. La réussite d’une dissertation dépend donc essentiellement de l’étendue des lectures, et de l’attention accordée aux textes ainsi qu’aux grandes problématiques littéraires. On ne fait pas « allusion » à un auteur ou à un ouvrage au risque de faire « illusion » : les références se doivent d’être précises.

Comme vous le voyez, la dissertation est un exercice de réflexion étayée par un savoir : il est donc impératif de mémoriser des textes, même brefs, de connaître des citations et bien entendu d’effectuer préalablement des recherches personnelles. Relire une fois cinq poèmes que l’on va présenter à l’oral de l’EAF et croire qu’on peut entreprendre de rédiger une dissertation relève d’une ignorance coupable. Comment maîtriser une démonstration si la culture est insuffisante ? La connaissance de données formelles et littéraires est essentielle.

Vous devez vous constituer :

  • des fiches de synthèse : sur le roman, le théâtre, la poésie, etc.
  • des fiches de synthèse : sur les grandes problématiques littéraires et les mouvements culturels. Elles vous aideront à dégager le sens d’un passage dans son contexte d’histoire littéraire et sociale ;
  • des fiches de lecture (sur quelques ouvrages bien ciblés) ;
  • des répertoires de citations ;
  • des fiches sur les notions logiques (vocabulaire de l’argumentation).
  • CPGE : une parfaite connaissance du thème ainsi que des œuvres au programme (notamment les passages-clés et les citations).

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3

 

TROIS OBSTACLES MAJEURS À ÉVITER

  1. La paraphrase : on fait de la paraphrase quand on redit ce qu’exprime déjà un texte. C’est un obstacle majeur dans le commentaire littéraire puisqu’elle conduit à délayer le contenu au lieu de l’expliquer. Mais beaucoup de candidats à l’EAF lors de la dissertation font également de la paraphrase, précisément quand leur culture générale leur fait défaut : au lieu de proposer une réflexion organisée mettant en valeur l’exploitation de l’oeuvre au programme et du parcours associé à la lumière de leurs connaissances personnelles, ils se mettent à commenter les documents proposés. De là une absence totale de raisonnement démonstratif.

  2. La tendance à la généralisation : elle touche un certain nombre de candidats (parfois de valeur) qui éprouvent des difficultés à hiérarchiser et à sélectionner leurs connaissances : ils veulent tout mettre en négligeant les aspects particuliers du sujet, c’est-à-dire sa délimitation. Leur devoir ressemble ainsi à une sorte d’exposé ou de discours très général. Autre cas de figure : vous vous trouvez devant un sujet ressemblant à une problématique déjà traitée, et vous cherchez à réutiliser vos connaissances… le risque est de tomber dans les généralités en oubliant la prise en compte minutieuse du sujet spécifique qui vous est soumis.

  3. Une trop grande implication personnelle : à la différence de l’écrit d’invention, la dissertation n’est pas un exercice de style. On n’attend pas du candidat des gradations, des anaphores, des métaphores colorées, etc. Vous ne devez donc pas vous impliquer émotionnellement ou affectivement dans votre travail, ni interpeller le lecteur comme vous le feriez par exemple dans un article de journal, un discours, un débat, une lettre, etc. Il vous faut  au contraire objectiver votre devoir, c’est-à-dire le rendre objectif par une expression neutre et sobre, qui tient compte de la situation de communication imposée : donc pas de poésie, pas de lyrisme exagéré, et bien entendu pas d’esprit polémique ! Le but étant de convaincre dans une langue qui doit rester toujours soutenue.


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4

 

ANALYSER LE SUJET : LA MÉTHODE « OPLC »

La

plupart du temps, quand un étudiant échoue, c’est qu’il a mal compris le sujet. Le trac en effet pousse souvent à interpréter de manière hâtive un énoncé. Tout d’abord, lisez plusieurs fois la question et reformulez-la dans votre propre langage. Puis mobilisez vos connaissances en cernant précisément : l’objet d’étude (O), la problématique (P), les limites (L), la consigne (C) :

  • L’objet d’étude (O) : il s’agit de déterminer précisément le champ thématique dans lequel se situe le sujet (par exemple “la Poésie” ou “le roman”), et d’établir des comparaisons rapides avec d’autres objets d’étude afin de bien cerner les enjeux et de les mettre en perspective : on n’aborde pas le roman comme on aborde le théâtre par exemple. La capacité du candidat à établir des distinctions, à varier les points de vue afin d’ouvrir des perspectives, ou de nuancer des prises de position sont autant de qualités valorisées lors de la notation.

    CPGE : la dissertation portant sur les œuvres au programme, votre approche sera donc obligatoirement comparatiste.

  • La Problématique (P) : c’est-à-dire les différentes façons de poser le problème, d’envisager différents points de vue permettant de préciser l’enjeu social et culturel soulevé par le sujet. Le plus important ici est de questionner le sujet, de cerner la thèse, c’est-à- dire le point de vue de l’auteur (et donc d’envisager d’autres points de vue). Si le sujet est une citation, vous devez évidemment la reformuler pour en comprendre les significations. C’est aussi l’occasion de vous interroger sur le sens des termes, sur la thèse soutenue, sur les arguments explicites ou implicites qui sous-tendent le jugement ou la démonstration.

    Je vous renvoie à ces propos éclairants : « On voit donc que l’analyse de la citation est tout entière orientée par la nécessité d’en tirer une problématique. À cette fin, on a tout intérêt à ramener à une phrase-résumé la réflexion de l’auteur, surtout si elle est longue. Car il ne s’agit jamais simplement de « commenter » ses propos, de les paraphraser, de « parler de » ou de « parler sur », il s’agit de savoir où l’on va et donc de commencer par se poser une question. […] Ainsi lancé, le devoir aura toutes les chances, non seulement de maintenir une ligne directrice, mais d’être dynamique, en opposant des points de vue »³

    La problématique consiste donc à faire porter la réflexion sur la validité des présupposés du sujet. Toute dissertation ne prenant pas en compte la problématique du sujet ne saurait obtenir la moyenne ! N’allez pas trop vite ! Exploitez le paratexte : le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage ainsi que sa date de publication peuvent vous aider. Pensez aussi à bien cerner les termes du sujet, et à en comprendre le sens : pour cela, vous devez identifier les mots-clés et les expliciter. Une analyse de notion s’avère également nécessaire le plus souvent : on ne saurait par exemple entreprendre une dissertation sur le Réalisme ou le Naturalisme sans avoir constitué au préalable un minimum de recherches.

    Conseil : attention à ne pas confondre la proposition exprimée par la problématique et la démonstration qu’elle implique : la problématique et le plan sont deux étapes différentes. Il arrive en effet parfois qu’un candidat pose si maladroitement la problématique, qu’elle annonce déjà la démonstration, d’où une redondance à la lecture du plan.

  • Les limites (L) : il est également essentiel de déterminer les limites d’un énoncé afin d’éviter la généralisation (voir plus haut) ou le hors-sujet (n’oubliez pas que les devoirs hors-sujet sont notés sur la moitié des points !). Certes, votre connaissance des œuvres et votre culture générale sont essentielles… mais à la condition de les exploiter avec discernement en tenant compte de la spécificité de l’énoncé. Quel est l’intérêt de “recracher” ses connaissances sur le Romantisme ou la poésie si ce qu’on écrit n’a pas de rapport étroit avec la problématique ? Je vous conseille de privilégier une approche restreinte en partant d’une problématique clairement définie plutôt que d’élargir et de prendre le risque de rester dans le vague et les généralités.

La Consigne (C). Vous devez la respecter scrupuleusement en vous posant toujours cette question : « Qu’est-ce qu’on attend de moi exactement ? » En règle générale, deux types d’énoncés sont souvent proposés :

a) les sujets sous forme de citation à discuter :

  • Exemple 1 (sujet sur le roman) : Stendhal place en exergue du chapitre XIII de la première partie de son roman Le Rouge et le noir la citation suivante : « Un roman : c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin ». Vous commenterez et discuterez cette affirmation.
  • Exemple 2 (sujet sur la poésie) : En quoi votre conception de la poésie s’accorde-t-elle avec ce jugement de Charles Baudelaire (Théophile Gautier, 1859) : « La Poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’Elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aurait été écrit pour le plaisir d’écrire un poème ».

La consigne, comme c’est le cas ici, impose la plupart du temps un débat contradictoire qui invite à prendre position par rapport à un jugement formulé :

  • Vous commenterez et discuterez…
  • Dans quelle meure…
  • En quoi…
  • Cette affirmation vous paraît-elle ?…
  • Souscrivez-vous à l’opinion de… ? / Partagez-vous cette opinion ?
  • etc.

b) le sujet peut prendre également la forme d’une question ouverte :

  • Qu’est-ce qui pousse selon vous à écrire et à lire des poésies ?
  • Selon vous, qu’est-ce qu’un bon livre ? 
  • Quel intérêt un lecteur d’aujourd’hui peut-il éprouver à la lecture des romans du XIXème siècle ?
  • Comment ? Pourquoi ? Que pensez-vous de… ?

La difficulté de tels sujets, malgré leur apparente simplicité, est qu’ils amènent bien souvent l’étudiant inattentif à construire un plan d’exemples, un plan-catalogue, ce qui est à proscrire puisqu’un tel devoir n’amène à aucun raisonnement probant. Les correcteurs vont donc évaluer votre capacité à tenir compte des implications du sujet dans votre démonstration qui doit toujours être dynamique, c’est-à-dire obéir à une finalité. Je vous recommande de lire les pages 15 et suivantes de l’ouvrage de Francine Thyrion, La Dissertation, qui explique bien ces questions.

Les plans les plus couramment pratiqués…

Plan dialectique

Plan critique
ou d’opposition

Plan thématique
ou d’exposition

Plan analytique

  • Thèse
  • Antithèse
  • Synthèse

Hérité de la Philosophie, ce plan est pratiqué quand
le sujet invite à mettre en débat une opinion. Il amène à dépasser dans la synthèse les deux thèses opposées par une nouvelle mise en perspective du sujet.

  • Hypothèse formulée
  • Hypothèse débattue
  • Nouvelle hypothèse

Comme le plan dialectique dont il est très voisin, le plan critique porte sur le bien-fondé, la validité d’une hypothèse. Il implique cependant une plus nette prise de position par rapport à une situation, à des faits, dont il faut comprendre qu’ils soulèvent un problème que le travail se propose de résoudre après en avoir évalué l’enjeu.

  • Thème 1
  • Thème 2
  • Thème 3

Ce type de plan n’amène pas à une discussion mais à analyser un problème clairement identifiable dans l’énoncé, en centrant le travail sur la mise en relation des notions contenues dans le libellé. La démarche analytique est donc clairement expositive : expliquer, montrer, démontrer, etc.

  • problème/quoi
  • causes/comment
  • solutions/pourquoi

À la différence du plan thématique, le plan analytique est moins descriptif. il exige une réflexion personnelle de la part du candidat. Ce type de plan est fréquemment utilisé dans les matières nécessitant un important réinvestissement des savoirs ou un enjeu décisionnel (Droit, Histoire, Économie, Sciences politiques).

 – Plan dialectique : « Moi, j’écris pour agir ». Ces propos de Voltaire s’accordent-ils avec votre conception de la fonction de l’écrivain ?
– Plan dialectique : À un ouvrier qui lui avait demandé : “Conduis-nous vers la vérité”, l’écrivain russe Boris Pasternak répondit : “Quelle drôle d’idée ! Je n’ai jamais eu l’intention de conduire quiconque où que ce soit. Le poète est comme un arbre dont les feuilles bruissent dans le vent, mais qui n’a le pouvoir de conduire personne”. Vous discuterez cette affirmation en élargissant votre réflexion à la littérature sous toutes ses formes. (Corrigé)

Attention au plan thématique. Comme il s’agit d’un plan descriptif, s’il est mal maîtrisé, il amène souvent à une restitution maladroite des connaissances, ainsi qu’à une présentation linéaire ou répétitive, sans réelle dynamique de composition. 

– Plan thématique : « Romantisme et poésie en France au XIXème siècle. »
– Plan thématique : « La littérature de fiction au XVIIIème siècle »
– Plan thématique : « Quelles sont les conséquences de Mai 68 en France ? »

– Plan critique : Le théâtre est-il une copie de la réalité ?
– Plan critique : Le romancier doit-il se donner pour but de distraire son lecteur ?

– Plan critique : Faut-il avoir peur du progrès technique ?
– Plan critique : Rabelais est-il un auteur sérieux ? (Source : Axel Preiss, La Dissertation littéraire)

– Plan analytique : Certains écrits d’invention à l’EAF exploitent le plan analytique. Ainsi ce sujet (2007, ES/S, centres étrangers) : “Vous avez été témoin, dans votre propre commune, d’une scène proche de celle que décrit Rimbaud dans « Les Effarés ». Vous la racontez (I Constat) dans une lettre à un élu local pour lui faire part de vos émotions (II Causes) et l’inciter à agir” (III Solutions).

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5

 

LA GESTION DU TEMPS

Minutez votre temps : vous devez aller vite pour ne pas être pris de court le jour de l’examen : n’oubliez pas que les brouillons ne sont pas acceptés !

Si vous disposez de 4 heures, vous devez être structuré(e) par ces 4 heures. Si vous disposez de 3 heures, vous devez être structuré(e) par ces 3 heures : c’est fondamental. À chaque session, de nombreux candidats perdent des points parce qu’ils ne prennent pas suffisamment en considération ces questions de gestion du temps. Si vous prenez trop de temps pour lire un texte par exemple, ou pour rechercher des informations, vous emmagasinerez trop de données, vous aurez du mal à les ordonner, et surtout à les hiérarchiser, d’où une perte de temps, qui sera préjudiciable à la qualité d’ensemble de votre travail.

N. B. Cet exemple est donné à titre indicatif. Bien entendu, vous pouvez l’adapter à votre convenance !


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6

 

LA PRÉSENTATION DE LA COPIE ET L’EXPRESSION

Comme tout texte argumentatif, la dissertation obéit à une visée clairement didactique : la disposition typographique est donc fondamentale. C’est ce qu’observe en premier lieu le correcteur AVANT de lire votre devoir.

Les découpages (parties, sous-parties ou paragraphes) doivent apparaître à l’œil nu, car ils soulignent la cohérence du plan ainsi que les articulations du raisonnement. Dans l’exemple ci-contre, on peut supposer que la disposition typographique obéit à un plan basé sur la construction thèse/antithèse (chaque partie comportant elle-même trois paragraphes, donc trois arguments).

Comme vous le voyez, la clarté de la présentation est indispensable : votre copie doit donc être aérée par des sauts de ligne qui séparent visuellement l’introduction, chaque partie du développement ainsi que la conclusion.

De même, il faut vous rappeler que chaque paragraphe commence par un alinéa visible. N’oubliez pas en revanche que la dissertation littéraire (tout comme la dissertation philosophique) ne doit comporter NI TITRE, NI NUMÉROTATION : certes, sur votre brouillon, il est tout à fait recommandé de mettre des titres à vos parties afin de visualiser votre parcours démonstratif, mais ces titres ne doivent pas figurer sur votre copie. Vous devez problématiser sous forme de phrase.

Enfin, le plan doit être visible grâce aux mots charnières qui énumèrent (“tout d’abord”, “en premier lieu”, “pour commencer”, “par ailleurs”, “en outre”, “de plus”) qui annoncent une conséquence (“ainsi”, “à cet effet”), etc.

Pensez également à ménager des transitions car elles sont fondamentales : elles traduisent en effet une cohérence dans la démonstration. N’hésitez pas à les mettre en valeur, en les détachant par exemple du paragraphe.

L’orthographe et l’expression

Faut-il revenir sur d’évidentes conventions de graphie ?

  • les coupures de mots en fin de ligne (conson-nes doubles) par exemple.
  • les accents, les règles d’accord du participe passé, notamment les terminaisons verbales en é/er.
  • l’écriture des noms propres, pourtant connus. C’est encore plus agaçant quand il s’agit d’auteurs dont le nom est mentionné dans l’intitulé du sujet.
  • les familiarités de langage : n’attendez aucune indulgence, a fortiori dans les examens et concours de haut niveau, pour ce qui concerne tout relâchement au niveau du lexique.
  • Soyez également rigoureux dans le choix du vocabulaire utilisé : attention par exemple à l’usage que vous faites du verbe “citer” : c’est toujours vous qui citez et non l’auteur qui « cite » !
  • Rappelez-vous aussi que les titres des œuvres se soulignent (ou se mettent en italiques dans le cas d’un texte tapé). Si le titre commence par un article défini, le premier substantif nommé doit commencer par une majuscule : Une vie (Maupassant) mais La Vie devant soi (Émile Ajar) ; Un barrage contre le Pacifique mais L’Amant (Duras).
  • Évitez enfin les parenthèses qui, en rompant le rythme de lecture, alourdissent considérablement la rédaction. Veillez aussi à la syntaxe (constructions de phrase).

Attention aux fautes sur du vocabulaire d’usage qui dénotent un manque de rigueur (d’autant plus qu’il n’est quand même pas compliqué d’apprendre une fois pour toutes l’orthographe de certaines expressions !) :

  • Quand à pour quant à
  • malgrés pour malgré
  • (malgré que : sans être incorrecte, cette expression est néanmoins lourde et jugée par la doctrine fort peu littéraire. Elle suscite d’ailleurs de nombreux débats : un certain nombre de “puristes” estimant que, dans un registre soutenu, malgré que doit s’employer uniquement avec avoir au subjonctif : malgré que j’en aie, qu’il en ait, etc. Dans le doute, préférez « bien que »
  • Voir (dans le sens de “et même”) au lieu de voire
  • quatres pour quatre
  • de faite pour de fait (en raison de la prononciation du “t” à l’oral qui n’est pas recommandable)
  • etc.

Je ne saurais trop en outre insister sur la correction de la langue et de l’expression, qui doit rester soutenue : n’oubliez pas qu’une dissertation constitue un test de culture générale. La clarté (attention aux copies-brouillon) ainsi que la maîtrise de l’écriture sont donc essentielles. 


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7

 

LA RECHERCHE DES IDÉES

Le plus facile est de prendre une copie GRAND FORMAT dans le sens de la LONGUEUR et de faire 3 colonnes (voir l’illustration ci-dessous).

  1. Dans la colonne de gauche, vous écrivez toutes les idées (c’est-à-dire les arguments) telles qu’elles se présentent à votre esprit, sans les classer.
  2. Une fois que vous avez terminé, dans la colonne du milieu, vous allez classer vos arguments : il s’agit de reprendre chacune des idées de la colonne de gauche mais EN LES ORDONNANT ET EN LES REGROUPANT.
  3. Dans la colonne de droite, vous allez faire correspondre en face de chaque argument UN OU DEUX EXEMPLES.

dissertation recherche des idées_1


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8

 

LE PLAN : ORDRE, PROGRESSION ET COHÉRENCE

« Une stratégie »

Donnez à ce terme une couleur militaire. Un plan, c’est un peu un plan de bataille. Vous allez livrer une sorte de combat : un combat implicite contre les opinions, les préjugés ; un combat explicite contre un sujet partiel, voire partial. Un combat qui ne vise à vaincre personne mais à convaincre votre lecteur fictif, c’est-à-dire vaincre son ignorance ou son parti pris. Et votre lecteur réel, votre correcteur, appréciera VOTRE APTITUDE À MENER CE COMBAT DANS LES RÈGLES.De même qu’il y a un art militaire, il y a aussi un art d’argumenter et de convaincre, un art d’établir un plan stratégique car ce n’est pas une guerre de tranchées que l’on vous demande de mener : vous devez au contraire faire preuve d’efficacité, d’économie. Il faut économiser les mouvements, donner à chaque idée son intensité maximale, c’est-à-dire penser sa dynamique, la façon dont elle en appelle une autre, dont elle s’enchaîne à un exemple, de manière à avancer.

Hélène Merlin-Kajman,
La Dissertation littéraire
2009, « Les Fondamentaux de la Sorbonne nouvelle »,
Presses Sorbonne Nouvelle, page 51.

Il est important, particulièrement dans une dissertation, d’ordonner la réflexion. Les qualités d’un bon plan sont d’abord des qualités logiques permettant la mise en œuvre d’un raisonnement; Votre plan doit donc amener le lecteur à comprendre la logique démonstrative sur laquelle repose votre réflexion.

Comme il a été très bien dit, « il s’agit […] de faire face à la masse de remarques, d’idées, de propositions nées progressivement à mesure que le sujet a été analysé […]. Un travail d’organisation est alors nécessaire : le plan.
[…] Construire un plan revient donc bien à édifier, à permettre l’instauration d’une organisation : il s’agit de parvenir à une construction cohérente et logique font on a d’abord établi la finalité. Il faudra classer, hiérarchiser, choisir les arguments les plus pertinents […] : le plan doit rendre compte à la fois d’une organisation claire en ce qu’il est fixé et d’une pensée dynamique en ce qu’elle exhibe sa construction ». 

Il faut donc structurer le devoir selon une logique de progression qui va toujours du moins important au plus important. Il convient ainsi de partir des idées les plus générales ou les plus évidentes pour les approfondir : une dissertation obéit en effet à une finalité que l’on peut résumer ainsi : « D’où est-ce que je suis parti ? Pour parvenir où ? » 

Ce principe de cohérence est d’autant plus essentiel que la dissertation repose sur une logique démonstrative. Pensez aussi à confronter les points de vue, les textes entre eux : c’est de cette façon que vous enrichirez votre raisonnement, que vous nuancerez vos prises de position.

Pour les sujets qui comportent une thèse à discuter, le plan sera évidemment dialectique (thèse validée/discutée/réajustée = certes/mais/en fait). Évitez à ce titre le plus possible les avis trop tranchés [voir supra : « Une trop grande implication personnelle »]. N’oubliez pas qu’il s’agit d’examiner une problématique : confronter ne veut pas dire nécessairement opposer, mais plus simplement comparer, c’est-à-dire mettre en relation plusieurs approches dans un esprit de curiosité intellectuelle et de tolérance. À ce titre, de moins en moins nombreux sont les candidats qui pensent à utiliser les tournures interro-négatives ou concessives : c’est dommage car elles offrent l’avantage de nuancer subtilement certaines prises de position :

Ne convient-il pas de se demander si la poésie n’a de fonction qu’esthétique ? N’a-t-elle pas aussi un rôle social à jouer dans la société ? (tournure interronégative)

Si l’on ne peut nier la fonction esthétique de la poésie, il importe en revanche de souligner son rôle politique au sein de la société… (tournure concessive)

Afin de guider le correcteur dans votre parcours argumentatif, n’oubliez pas enfin d’utiliser les connecteurs logiques ainsi que les tournures de transition. De fait, il ne faut jamais enchaîner les arguments en se contentant de juxtaposer les idées entre elles. 


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9

 

LA STRUCTURE DU PARAGRAPHE : le principe de l’unité de sens

Le paragraphe argumentatif doit respecter certaines règles simples :

  1. Annoncer l’idée (au moyen d’un connecteur logique marquant la relation au paragraphe précédent). En premier lieu, vous devez présenter l’idée directrice en une ou deux phrases succinctes dans un souci de clarté. Il faut qu’en vous lisant le correcteur (et n’importe quel lecteur) puisse répondre spontanément à la question : “De quoi est-il question dans ce paragraphe ?” Il s’agit en effet pour le candidat de se situer précisément par rapport à d’autres points de vue en énonçant une pensée dont la vérité sera soutenue par le raisonnement. Votre formulation se doit donc d’être précise et claire. Vous lirez ici et là que l’annonce de l’idée principale ne doit pas se situer forcément au début. Certains en effet placent l’idée au milieu voire à la fin du paragraphe. Cela dit, il me paraît souhaitable de respecter la règle selon laquelle tout paragraphe argumentatif commence par l’annonce de l’idée dont découle une déduction à la suite d’un raisonnement. Cette structure est certes un peu rigide mais elle permet d’éviter les maladresses de méthode.

  2. Développer l’idée. C’est la phase d’approfondissement et d’explicitation : de fait, il est très maladroit de trouver dans certaines copies un argument certes pertinent, mais qui n’est pas développé. D’où une impression de superficialité, puisque le lecteur n’a pas pu suivre et donc comprendre votre logique démonstrative. Avant de passer à l’exemple, il est donc impératif d’étayer l’idée annoncée. N’oubliez pas qu’une idée n’arrive pas « d’un coup » : elle est le fruit d’un processus, d’un travail spécifique que le candidat élabore progressivement en utilisant son intelligence et ses connaissances. Derrière les mots, c’est donc d’abord un raisonnement logique que vous devez mettre en valeur.

  3. Illustrer l’idée. C’est la fonction des exemples. Vous ne devez pas les multiplier afin d’éviter l’impression de “catalogue” que présentent certaines mauvaises copies : un ou deux exemples bien ciblés et rattachés à la problématique sont préférables à une succession d’exemples qui feraient perdre au paragraphe son unité de composition et de sens. Pensez à développer votre exemple : soyez tout d’abord précis dans vos références (titre de l’oeuvre, numéro de chapitre, référence d’acte, de scène, etc.) ; commentez, même brièvement l’exemple choisi en montrant en quoi il vient illustrer l’argument avancé.

  4. Déduire. Il est évidemment recommandé de ne pas achever le paragraphe sur un exemple. Vous devez dans la mesure du possible proposer une déduction qui confirme l’idée annoncée en début de paragraphe et permette ainsi de mieux lier la démonstration à la problématique d’ensemble.

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10

 

L’INTRODUCTION

L’

introduction doit être fluide et se lire aisément. Sa longueur ne doit pas excéder une page environ. 

Elle se compose de trois étapes essentielles :

  1. L’entrée en matière
  2. L’annonce du sujet et la définition d’une problématique
  3. L’annonce du plan

10-1 L’entrée en matière

Appelée également “amorce”, “accroche” ou “préambule”, elle a pour but d’éveiller l’intérêt du lecteur et de susciter sa curiosité intellectuelle. Plus fondamentalement, l’entrée en matière doit amener à situer le cadre du sujet.

10-1-1 L’accroche par citation. Elle peut se révéler très utile à la condition bien entendu que la citation ait un rapport étroit avec le sujet. À ce titre, on n’introduit jamais (sauf cas très particulier) une citation à commenter ou à discuter par une autre citation : ce serait d’une extrême maladresse. Il y a une manière de citer. De nombreux candidats éprouvent toujours des difficultés dans leur façon d’amener la citation.

Considérons par exemple cette phrase d’accroche :

« La poésie est l’étoile » (V. Hugo). Nous allons réfléchir aux fonctions de la poésie. 

Cela ne convient évidemment pas. De plus, la citation n’est pas mise en valeur. On pourrait imaginer une entrée en matière de ce type : “Dans un texte célèbre, Victor Hugo, chef de file des Romantiques, assigne à la poésie la mission de guider les hommes : « La poésie est l’étoile » écrit-il. De fait, la poésie…”

Autre exemple [CPGE, thème : le monde des passions] : Dans les Pensées, publiées à titre posthume en 1670, Pascal affirme que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » |citation 1|. Cet aphorisme réactive l’antagonisme entre raison et passion, constitutif du discours classique. |phrase d’accroche amenant au sujet| C’est pourtant contre cette thèse que Paul Ricœur, dans sa Philosophie de la volonté, écrit que |citation à discuter| « les passions procèdent du foyer même de la volonté et non du corps ; la passion trouve sa tentation et son organe dans l’involontaire, mais le vertige procède de l’âme. En ce sens précis les passions sont la volonté même ». |reformulation et mise en débat| De tels propos méritent cependant d’être discutés : si les passions ont la même origine que la volonté, c’est-à-dire qu’elles proviennent directement de l’âme, peut-on pour autant affirmer comme le suggère le philosophe, qu’elles témoignent de notre liberté et non de notre aliénation ?

Conseil : Si l’accroche par citation est souvent pertinente, il faut veiller cependant à ne pas faire de commentaire de cette citation qui amènerait à perdre complètement de vue le sujet !

10-1-2 Signalons aussi ici l’accroche par analogie. Elle consiste à s’appuyer sur une ressemblance entre un autre cas et la situation à traiter selon un principe de spécification. Il y aura donc similitude entre deux situations où les connaissances relatives à l’une sont en partie transférées à l’autre. Dans les exemples qui suivent, l’accroche par analogie est couplée à l’accroche par citation :

|Objet d’étude : le roman : Poésie roman| Dans un essai célèbre sur Victor Hugo, Baudelaire affirme du poète que c’est « un traducteur, un déchiffreur ». Ces propos nous semblent parfaitement s’appliquer au romancier

|Objet d’étude : les passions : Amour → passions| Dans un texte célèbre, l’écrivain Stendhal affirme : « L’amour est comme la fièvre, il naît et s’éteint sans que la volonté y ait la moindre part ». Pareille réflexion nous semble parfaitement s’appliquer au phénomène passionnel, tel que le définit le philosophe Alain, dans ses Propos sur le bonheur : « Ma passion, c’est moi et c’est plus fort que moi ». De fait, une question se pose… |Problématique|

10-1-2 L’accroche par énumérations ou questionnements. Elle part souvent d’anecdotes* ou d’exemples* à valeur factuelle (énoncés de faits, d’événements tirés de l’actualité, d’œuvres, etc.) amenant au questionnement suggéré par le sujet. Sa démarche est donc inductive : alors que le raisonnement déductif dérive d’une règle générale, l’approche inductive va tenter au contraire d’amener à une problématique générale à partir d’informations partielles, ou d’énumération de cas particuliers, d’exemples, de faits.

La passion est-elle une fatalité ? Peut-on même comprendre une passion ? la maîtriser ? |questionnements| Le philosophe Alain, en réponse à ces questions, apporte dans ses Propos sur le bonheur une réponse paradoxale qui montre autant la grandeur que la misère de l’homme passionné : « Ma passion, c’est moi et c’est plus fort que moi » écrit-il. Quel sens donner à cette formule, expression d’une conscience autant que d’une défaillance personnelle ?

Orgueil, humilité, amour, haine… |énumération| Nos passions, bien plus que la raison, régissent souvent nos pensées et nos actes au point de déterminer notre rapport au monde. A ce titre, le philosophe Alain n’hésite pas à affirmer dans ses Propos sur le bonheur  : « Ma passion, c’est moi et c’est plus fort que moi ». Quel sens donner à cette formule, expression d’une conscience malheureuse autant que d’une défaillance personnelle ?

* Il conviendra d’être très prudent si vous partez d’une anecdote ou d’exemples, dans la mesure où l’orientation argumentative d’un passage narratif ou descriptif peut se révéler des plus hasardeuses si elle n’est pas maîtrisée. Par son rôle interactif et déclencheur, une anecdote fictive ou autofictive peut s’avérer néanmoins utile dans les discours, les lettres argumentatives, les écritures personnelles (type BTS), etc. car elle a le mérite d’impliquer le destinataire et de mettre en place la discussion.

10-1-4 L’accroche en allant du général au particulier. Basée sur le raisonnement déductif, elle consiste à partir d’un principe universel ou d’un énoncé volontairement général duquel on pourra dégager un enjeu afin d’amener progressivement le sujet à traiter.

Prenons l’exemple de ce sujet de dissertation de culture générale : “La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population.” Vous commenterez et au besoin discuterez cette affirmation de Pierre Bourdieu (Sur la télévision).

Pour réussir l’accroche, il ne faut pas partir du “général” mais du “particulier” (la télévision) et remonter progressivement vers le général : 1) la télévision. 2) ensemble plus large : la TV fait partie des médias, des moyens d’information et de communication. 3) Ces moyens se sont largement développés pendant les Trente glorieuses avec l’avènement d’une société de consommation.

Il suffit ensuite d’inverser l’ordre en allant du général au particulier (3 puis 2 puis 1) : “L’avènement d’une société de consommation de masse particulièrement sous les Trente Glorieuses (3) a bouleversé l’équilibre des systèmes d’information et de communication (2) au premier rang desquels figure la télévision : n’est-elle pas devenue un véritable phénomène de société ? À ce titre, le sociologue Pierre Bourdieu affirmait…”
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Conseils :
– attention à l’utilisation de clichés ou de formules trop stéréotypées dans votre accroche (“Depuis la nuit des temps”…)
– Ne partez pas de considérations qui, trop éloignées du sujet, en rendraient difficiles la compréhension.
– Lors de la contextualisation, ne rentrez pas dans des détails n’ayant aucun lien avec le sujet et qui déboucheraient sur une sorte d’exposé ou de commentaire à n’en plus finir sur le contexte historique, social, littéraire, etc.

10-2 L’annonce du sujet et la définition d’une problématique

Cette deuxième étape est essentielle puisqu’elle amène à poser la question à laquelle votre devoir va répondre. D’abord, vous devez rappeler l’intitulé du sujet. Si le sujet est une citation à discuter, vous devez la réécrire telle quelle, sans modification. Dans le cas où la citation serait très longue, vous pouvez la condenser en ne citant que les passages clés. Attention à bien relier cette étape avec l’entrée en matière. Rien n’est plus maladroit qu’un sujet annoncé sans lien avec l’accroche. Par ailleurs, n’hésitez pas à reformuler (brièvement, de façon claire et concise) le sujet afin de fournir un éclaircissement.

Prenez par exemple ce sujet de discussion : “Au début de son roman Aden-Arabie (1931), l’écrivain Paul Nizan affirme : « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. » Vous discuterez ces propos”. Au-delà de sa dimension polémique (la dénonciation de la culture bourgeoise), ce sujet amène en fait à une réflexion sur la jeunesse. La citation de Nizan pourrait être reformulée ainsi : “Remplie de doutes, de révolte, de désirs parfois contradictoires, cette étape de la vie qu’est la jeunesse est considérée par Paul Nizan comme l’âge des désillusions”. La reformulation s’avère ici essentielle. Elle conduit à la problématisation : “Problématiser” un sujet signifie montrer en quoi le sujet légitime un questionnement proposé à la réflexion, et rendant nécessaire la recherche d’une solution. La problématisation implique donc un enjeu, une mise en perspective critique.

Conseil : Évitez à tout prix de réduire le sujet à un banal questionnement qui n’amènerait à aucune réflexion, à aucun enjeu.
– EAF, CPGE : vous devez impérativement rappeler l’œuvre (ou les œuvres en CPGE) au programme ! 

10-3 L’annonce du plan

C’est évidemment une étape incontournable puisqu’il s’agit pour le candidat d’annoncer la manière dont il va traiter le sujet, en lien avec la problématique. À ce titre, je vous recommande de ne pas rentrer dans le détail des arguments. Annoncez synthétiquement les grands axes de votre réflexion. « Il faut veiller, lors de cette étape, à être le plus clair possible, et cet impératif de clarté passe souvent par l’emploi d’un vocabulaire simple et précis, ainsi que par un choix judicieux des connecteurs logiques qui jalonnent l’annonce des différentes parties

Les qualités d’un bon plan

L’introduction ne doit pas comporter de longues phrases ET SURTOUT PAS D’EXEMPLES. De même, votre plan doit être un PLAN D’IDÉES et PAS un plan d’exemples. Il a pour but de présenter au lecteur de manière claire et synthétique les grandes lignes du raisonnement.

Ce qui pose le plus de difficultés aux candidats est d’organiser leur plan autour d’idées. Bien souvent, comme dans le commentaire, ce sont malheureusement les exemples qui président à l’élaboration du parcours démonstratif, de là des paragraphes très plats, reposant sur des faits et non des arguments. Je vous rappelle l’une des règles essentielles de la dissertation : à savoir que vous devez structurer chacune des parties autour de deux ou trois arguments en partant de l’argument le plus évident (le moins important) pour arriver à l’idée la plus essentielle à vos yeux. 


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LA CONCLUSION

Elle se doit d’être brève et synthétique. Elle comporte en général deux étapes :

  1. Le bilan. À la différence de l’introduction qui va du général au particulier, la conclusion va toujours du particulier au général. Dans le bilan, il ne s’agit pas de rappeler les étapes du raisonnement, ce qui vous amènerait à d’inévitables redites, mais les résultats auxquels vous êtes parvenu au terme de votre démonstration. Rappelez-vous que la ou les questions posées par la problématique dans l’introduction doivent trouver en conclusion leur réponse. Plus subtilement, il vous faut mettre l’accent sur la démarche ayant permis de répondre à la problématique posée : « Où est-ce que je suis parvenu par rapport à l’introduction ? » La conclusion doit donc vous amener à une prise de position.

  2. L’ouverture (ou élargissement). Cette question fait souvent débat : est-il utile d’ouvrir les perspectives par un nouveau questionnement, sans tomber dans des considérations qui n’auraient plus aucun rapport avec le sujet ? Oui, à la condition que ce questionnement ait une légitimité, une justification. Or, force est de reconnaître que beaucoup de conclusions débouchent sur des élargissements peu probants d’un point de vue intellectuel, ce qui est pénalisant, particulièrement en fin de devoir : si vous manquez d’inspiration, je vous recommande donc de ne pas élargir. Certes, il est possible d’ouvrir une perspective, mais en restant dans les limites de la problématique posée, au risque de laisser le correcteur sur une mauvaise impression.

Copyright © janvier 2010, Bruno Rigolt. Dernière révision du texte : mercredi 16 octobre 2019

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NOTES
1. Francine Thyrion, La Dissertation : Du lieu commun au texte de réflexion personnelle, éd. De Boeck, Bruxelles 2006, p. 6
2. Voir en particulier ce site : Anagnosis Lettres & classiques.
3. Jacques Deguy, Christian Leroy, Paul Renard, Christian Leroy… [et al.] ; sous la direction d’Yves Baudelle, Dissertations littéraires générales, Paris 2005, Armand Colin « Coll. Cursus », page 13. Une nouvelle édition est sortie en 2014 (notice éditeur).
4. Hervé Bismuth, Martine Jacques, Hélène Monnot, La Dissertation littéraire et ses enjeux. Parcours méthodologique. 2011, Éditions Universitaires de Dijon, page 75. 


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POUR ALLER PLUS LOIN ET S’ENTRAÎNER…

Vous pouvez vous entraîner à partir de ces sujets :

  • |Réflexion sur la littérature en général| Selon vous, qu’est-ce qu’un bon livre ? Excellent travail d’élève disponible en cliquant ici.

  • |Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle. Œuvre intégrale : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal. Parcours associé : Alchimie poétique : la boue et l’or| « Transmuer la misère en bonheur – grâce à l’or – voilà le grand, l’incroyable et mystérieux coup d’alchimie. Non pas la matière en une autre matière mais bien la matière en esprit » (Pierre Reverdy, Le Livre de mon bord,1948). Ces propos du poète Pierre Reverdy s’accordent-ils avec votre lecture des Fleurs du Mal ? Votre réflexion prendra appui sur l’œuvre de Baudelaire et votre connaissance du parcours associé. Consultez cette remarquable copie d’élève en cliquant ici.

  • |Objet d’étude : Poésie et quête du sens| Dans la préface de son recueil de poèmes Les Contemplations (1856), Victor Hugo répond à ceux qui se plaignent « des écrivains qui disent moi » : « Ah ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi ! »… Quand vous lisez de la poésie, attendez-vous qu’un poète vous parle de lui, de vous ou bien attribuez-vous à la poésie d’autres rôles ?

  • |Objet d’étude : la poésie| Dans une conférence prononcée à Londres le 24 juin 1936 à l’occasion de l’exposition internationale du Surréalisme, Paul Éluard  affirme que les poètes « ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse […], ils ont maintenant l’assurance de parler pour tous ». Vous discuterez cette affirmation. Corrigé disponible en cliquant ici.

  • |Réflexion sur la littérature en général| À un ouvrier qui lui avait demandé : « Conduis-nous vers la vérité », l’écrivain russe Boris Pasternak répondit : « Quelle drôle d’idée ! Je n’ai jamais eu l’intention de conduire quiconque où que ce soit. Le poète est comme un arbre dont les feuilles bruissent dans le vent, mais qui n’a le pouvoir de conduire personne ». Vous discuterez cette affirmation en élargissant votre réflexion à la littérature sous toutes ses formes. Corrigé disponible en cliquant ici.

  • CPGE 2016 |Dissertation sur programme. Thème : le monde des passions| : « Orientée vers le passé, remplie par son image, la conscience du passionné devient incapable de percevoir le présent : elle ne peut le saisir qu’en le confondant avec le passé auquel elle retourne, elle n’en retient que ce qui lui permet de revenir à ce passé, ce qui le signifie, ce qui le symbolise : encore signes et symboles ne sont-ils pas ici perçus comme tels, mais confondus avec ce qu’ils désignent. » Dans quelle mesure votre lecture des trois œuvres au programme éclaire-t-elle ce jugement de Ferdinand Alquié, dans Le Désir d’éternité ? Corrigé de dissertation disponible en cliquant ici.

  • |Objet d’étude : le roman| On a souvent reproché au roman d’encourager les rêves et les illusions du lecteur. Ce reproche vous paraît-il pleinement fondé ?

  • |Objet d’étude : le roman| L’amour occupe dans le roman une place essentielle. En quoi sa représentation est-elle révélatrice du regard porté par le romancier sur l’homme et la société ?

  • |Réflexion sur la littérature en général| Dans son Journal (février 1954), Anaïs Nin affirme que « nous écrivons pour nous apprendre à parler avec les autres ». Vous discuterez ces propos. Excellent travail d’élève disponible en cliquant ici.

  • |Objet d’étude : le personnage de roman| Dans l’Art du roman (1986), Milan Kundera affirme que « L’esprit du roman est l’esprit de complexité. Chaque roman dit au lecteur : les choses sont plus compliquées que tu ne le penses ». Vous commenterez et au besoin discuterez ces propos. Corrigé disponible en cliquant ici.

  • |Dissertation de culture générale| « Un homme qui n’est plus capable de s’émerveiller a pratiquement cessé de vivre ». Dans quelle mesure peut-on adhérer à ce jugement d’Albert Einstein ? (Concours de l’A.M.O.P.A. 2013, Léna GNORRA-SONNERAT : premier prix national). Travail disponible en cliquant ici.

  • |Objet d’étude : le personnage de roman. Dissertation sur programme| Émile Zola dans Le Roman expérimental (1880) affirme qu’une œuvre littéraire doit être « un procès-verbal, rien de plus : elle n’a que le mérite de l’observation exacte […] ». Ce jugement s’accorde-t-il avec votre lecture de Thérèse Desqueyroux et de L’Étranger Corrigé disponible en cliquant ici.

Je vous conseille de lire les chartes des correcteurs à l’examen. Cela vous permettra de mieux comprendre les critères qui sont retenus pour évaluer une copie. Pour en savoir plus, cliquez ici. Voyez aussi mon rapport de correction d’un bac blanc portant sur la poésie qui comporte de nombreuses remarques méthodologiques.

Même s’il s’agit d’un ouvrage portant sur la dissertation économique, je vous recommande de lire en particulier les pages 12 à 17 de l’ouvrage de Jean-Luc Dagut, Modèles de dissertations d’économie, remplies de conseils pratiques.

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Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques