Un Automne en Poésie, Saison 8 Première livraison

Lancement de l’exposition « Un Automne en Poésie »
— Saison 8 —


uaep_2016-17_bruno-rigolt_copyright_novembre-2016Maquette graphique : © Bruno Rigolt, novembre 2016

Les élèves de Seconde 13 sont fiers de vous présenter l’édition 2016-2017 d’Un automne en poésie. La thématique retenue cette année invitera à réfléchir au rapport intime qui existe entre le réel et la manière dont la poésie parvient à transcender la réalité pour faire naître du banal et de l’ordinaire ce qui n’est pas, et qui pourtant est : la poésie, c’est le jeu de la métamorphose et du voyage des mots : voyage extraordinaire, voyage lointain vers des mondes où l’écriture donne sens à la Vie…

Voici la première livraison de textes.
Chaque semaine, de nouveaux textes seront publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif
jusqu’au 19 décembre 2016 (dernière livraison).

Prochaine livraison : samedi 12 novembre 2016

                        

  

À la Une

par Camille B. et Aurore P.
Classe de Seconde 13


Au sein même de l’unanime silence,
Elle prit l’antenne en direct
Devant la guerre tentaculaire,
Le regard hagard, lentement, elle entreprit
De raconter la mort en mégapixels et en couleurs :

Un voyage d’une inquiétante étrangeté
Si proche de cette crue vision de la vie,
Aussi loin pourtant que la télé allumée achetée à crédit
« Ici Marie Résago, nous assistons en direct
Aux obsèques de l’enfant tombé ».

tele_scoop_br_4« Un voyage d’une inquiétante étrangeté
Si proche de cette crue vision de la vie
..
. »

 Illustration : © 2014, 2016, Bruno Rigolt
Peinture numérique et Photomontage à partir de : Bansky (2005) . Barrière de séparation israélienne en Cisjordanie

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La pluie coule le long de mon cœur 

par Margarita N.
Classe de Seconde 13

              

Mon visage est submergé
D’une mer peinte de sept couleurs
Elle me replonge dans la neige des souvenirs
Où je passe des mondes à voyager
Parmi des heures imaginaires.

C’est un paysage imparfait, un paysage de sourires
Et de jardins qui m’amusaient hier :
C’est le doux passé de mon enfance
Où je suivais les nuages et les rayons du soleil.
Eux seuls font ma joie.

Les jours et les siècles, les siècles et les jours…
L’humanité avance vers la société contemporaine
Mais mon chemin est tout autre :
J’appartiens à la nature, aux chemins qui dansent
Je grave ma peine dans la rose de la mémoire

Et dans les pétales de la vie qui se fane pour éclore.
J’aime ce que les gens ne comprennent pas :
La paix du Ciel ouvert et l’air libre de l’aube,
La pluie qui coule le long de mon cœur…
Elle n’est que le reflet de mon âme.

Magritte_ La Mémoire 1948« Et je grave ma peine dans la rose de la mémoire,
Dans les pétales de la vie qui se fane pour éclore… »

Illustration : René Magritte, « La Mémoire » (1948). Musée d’Ixelles, Bruxelles

ADDICTION

par Sylvain H.
Classe de Seconde 13

Je rêvais de mettre haut la barre, et ce fut réussi :
Elle somnole dans mon crâne, cette enivrante déesse
M’ôte la solitude qui m’accompagne
Nymphe tyrannique, muse du prisonnier sans routes,

Elle embellit l’oppression mélancolique par les larmes dissoutes
Dans l’éthanol psychédélique de l’immense verre rempli de doutes.
Verre apaisant, vie brisée : débris de bonheur échoués
Dans les débris de la nuit, dans cette errance paradisiaque,

Où sommeille flasque, sur le comptoir livide
Le condamné dionysiaque fuyant l’addiction originaire
D’une prison bucolique où les tortionnaires finissent
Leurs fatidiques flacons de verre, en attendant les rêves…

debris-de-la-nuit_web« Verre apaisant, vie brisée : débris de bonheur échoués
Dans les débris de la nuit, dans cette errance paradisiaque…
 »

Crédit iconographique : © novembre 2016, Bruno Rigolt

            

                  

Le mouvement des lignes

par Éliane G. et Marine D.
Classe de Seconde 13

              

Devant les courbes du marché du chômage
—courbes fluctuantes selon l’offre et la demande—
il fouillait dans ses poches
mais il ne trouva que misère et désespoir
parmi la joie qui tremble

et l’équilibre des grandeurs sentimentales.
Le voici qui regarde les courbes de statistiques
et son tee-shirt déchiré en fuite avec le temps.
On lui a dit : « Il faut savoir se vendre, être productif »,
mais il ne sait que recoudre

les trous béants du voyage de ses sentiments.
Il tourne la page de son ancienne vie remplie de larmes :
il s’apprête à tromper son histoire
dont il ne gardera que les perles enfouies
dans un mouchoir au fond d’un tiroir.

Puis il marche longtemps sur le trottoir,
emplissant ses poches de bouffées d’air bleu,
de silences et de minutes brèves.
Le tee-shirt rapiécé de joie semblait comme neuf,
et les courbes de ses pas dansaient dans la nuit…


courbes-sentimentales_homme_1« …  et les courbes de ses pas dansaient dans la nuit… »

Crédit iconographique : BR

Nuit d’hiver
(Nouvelles pratiques de la feuille du temps)

par Rémi M.
Classe de Seconde 13

              

Les animaux sous la réalité des étoiles chantent
_____Une nuit d’hiver
_________Une nuit d’ivoire
Les pleurs des fleurs avec leurs pensées froides
_____Effeuillent le temps,
__________Me couvrent de pensées noires.

La fontaine de la vie s’est tarie en s’approchant
_____De l’échéance
__________Le dragon de glace se réveille :
Il souffle le froid de la mort d’amour d’hier
_____En lendemains d’aurore.
__________Le baiser des lèvres de l’hiver

S’entrouvre vers les aigles majestueux
_____Du cortège de la nuit
__________Et dans le rouge de son sang,
Le jour se meurt…
_____La feuille tombe lentement
__________Vers l’onde paisible de la vie.

dans_la_nuit_du_monde_Bruno_Rigolt« La feuille tombe lentement
Vers l’onde paisible de la vie… »

Illustration : © Bruno Rigolt,  « Arbres sur le Loing près de Montargis » 

Enfance perdue

par Farah S., Sara H. et Syrilia Z.
Classe de Seconde 13

                  

Armes, larmes de l’enfant
Épris de la mélancolie des jours passés.
La problématique de son coeur :
Rester en vie.

Mais déjà les étoiles de la guerre
Embrasent tout son être. Son corps n’est plus
Que des portes battantes qu’on ouvre.
Les pleurs de l’enfant se referment :

Le pouls ne bat plus
Ses yeux aussi se referment.
Ses proches autour de lui
Gisant sans vie.

Flammes devenues éternelles
Alep bombardée de tous côtés
Sourire envolé, larmes qui sèchent
Sous le tableau rouge sang du soleil.

enfant_guerre_bombardement-2« … Les pleurs de l’enfant se referment
Le pouls ne bat plus
Ses yeux aussi se referment
… »

Crédit iconographique : BR
Peinture numérique et photomontage d’après capture d’écran publiée le 19 novembre 2015 sur le compte Facebook du ministère russe de la Défense, montrant un bombardier Tupolev Tu-95 larguant un missile de croisière lors de frappes aériennes sur la Syrie afp.com/L’Express

                       

                   

Ode à toi

par Camille B.
Classe de Seconde 13

                 

C’est une montgolfière pleine de rire, un jeu
après qui l’on court sans savoir vraiment qu’on a déjà gagné.
Comme une étoile, il gravite autour d’astres
encore inconnus du satellite de la pensée.

On dit que tu es rose ; je te voyais plus incolore,
plus indolore qu’un sentiment éclos. Tu es
l’hypnose humaine. Toi qu’on nomme amour,
le connais-tu au moins ?

amour_br
« C’est une montgolfière pleine de rire, un jeu
après qui l’on court sans savoir vraiment qu’on a déjà gagné… »

Crédit iconographique : © novembre 2016, Bruno Rigolt

 

              

Pourquoi j’écris

par Manon D.
Classe de Seconde 13

                      

Pourquoi j’écris ?
Car le désir de la mort
Se manifeste
Tel une lueur
Inachevée, isolée,
Influencée par les adieux

Illuminée par le refrain
Des hurlements de mémoire
Ensuite supprimée
Par les variantes des images,
L’origine relationnelle,
L’envol des oiseaux

Ou encore l’adaptation d’exister.

Voilà pourquoi j’écris.

oiseau_ocean_nuit_cadre_web_bruno-rigolt« … L’envol des oiseaux
Ou encore l’adaptation d’exister.
Voilà pourquoi j’écris… »

Illustration : © novembre 2016, Bruno Rigolt (peinture numérique)

La numérisation de la première livraison  de textes est terminée.
Deuxième mise en ligne de textes : samedi 12 novembre 2016…

 

Licence Creative CommonsNetiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif, les poèmes des étudiant(e)s sont protégés par copyright. Ils sont mis à disposition des internautes selon les termes de la licence Creative Commons Paternité (Pas d’utilisation privée ou commerciale, pas de modification). La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le prénom de l’auteur, l’initiale de son nom, la classe, l’établissement ainsi que la référence complète du poème cité (URL de la page).

Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques