« 75 minutes BTS » Thème : « Ces objets qui nous envahissent… » Autour du crayon…

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Le “75 minutes”, c’est quoi ?

Pour vous aider dans vos révisions, je vous propose 1 à 2 fois par semaine jusqu’à l’épreuve, un “75 minutes” sur l’un des deux thèmes proposés à l’examen. Obligez-vous à respecter le timing : 1h15 pas plus, pour confronter trois documents, faire une fiche de synthèse à partir de la problématique abordée, et vous entraîner en temps limité sur quelques sujets-type. Bien entendu, rien ne vous empêche ensuite d’approfondir un ou plusieurs aspects, mais obligez-vous la première fois à travailler dans le temps imparti : 75 minutes ! Chronométrez-vous en n’oubliant pas qu’un temps limité est toujours mieux utilisé !

Révisions Thème 2 
Ces objets qui nous envahissent…

Problématique de ce “75 Minutes” : objet et liberté d’expression… Autour du crayon…

mots clés : crayon, Charlie-Hebdo, Liberté de la presse, Anastasie

Parmi ces objets qui nous envahissent, le crayon occupe une place de choix puisqu’il s’en vendrait plus de… 15 milliards chaque année ! Pourtant, à la différence d’autres objets, le crayon symbolise aussi bien l’âme de l’artiste que l’arme de l’intellect. Mâchonné de la petite école au bureau, il évoque dans l’inconscient collectif bien plus qu’un simple outil d’écriture : une formidable prise de position sociale.

Avant d’être fait de matière, le crayon est donc une “pensée” et un outil d’accès au savoir. C’est ainsi par exemple que l’avènement du crayon graphite a démocratisé l’enseignement de l’écriture, en l’élargissant au plus grand nombre. Mais le crayon, comme la plume de l’écrivain, est aussi l’expression d’une pensée libre dont de nombreux pays ont tiré leur force intellectuelle et morale, dans l’exercice exigeant de la liberté de la presse.

Comme le suggérait le poète André Breton à propos de l’écriture surréaliste, “la plume qui court pour écrire, ou le crayon qui court pour dessiner”|1| ne sont-ils pas les symboles de la liberté d’expression, condition nécessaire à l’établissement et au fonctionnement de la démocratie ? Délaissant le fusil pour le trait de mine émotionnel ou ravageur, les dessinateurs ou les caricaturistes ont fait du crayon leur arme favorite et de la feuille de papier un espace de liberté…

1. André Breton, Le Surréalisme et la peinture, texte de 1941, réédité en 1965 (Paris, Gallimard, page 66).

Étape 1 : la prise de notes (40 minutes) : Documents 1 et 3 : 20 minutes. Document 2 : 10 minutes |1|. Document 4 : 10 minutes. Prenez connaissance des documents en relevant les informations vous paraissant les plus utiles au traitement de la problématique : relevez synthétiquement le thème précis, la thèse de l’auteur ou l’enjeu posé, ainsi que quelques arguments ou exemples représentatifs. Ne rentrez pas dans les détails : allez toujours vers l’interprétation textuelle GLOBALE.

1. Attention à la lecture du document 2 : il s’agit d’un poème. Vous devrez être particulièrement vigilant quant au sens connoté de certaines expressions (“Le poème s’élevant par le crayon”, “Je suis une dévastation intelligente”, etc.) qui vont prendre un sens particulier en fonction de la problématique abordée dans le corpus.

1. « Le crayon guidant le peuple »
Photographie : Stéphane Mahé

crayon_guidant_le_peuple© Stéphane Mahé/Reuters

Photographie prise le 11 janvier 2015 à Paris sur la place de la Nation (Statue représentée : “Le triomphe de la République”). Sur les réseaux sociaux, cette photographie a rapidement été baptisée « Le crayon guidant le peuple » en écho au célèbre tableau de Delacroix.

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Eugène Delacroix, « La Liberté guidant le peuple » (1830). Paris, Musée du Louvre

2. Herberto Hélder, Le Poème continu. Somme anthologique
Traduit du Portugais par Magali Montagné et Max de Carvalho.
Éd. Chandeigne et Librairie portugaise, Paris 2002, page 93.

3. Isabelle Stibbe, « Ni Dieu ni maître », in Nous sommes Charlie (collectif), soixante écrivains unis pour la liberté d’expression, Le Livre de poche, 2015

Depuis : « Une semaine a passé depuis l’attentat » jusqu’à : « un crayon, un feutre, quelques couleurs… ».

4. Christian Delporte, « “Anastasie”|1| : L’imaginaire de la censure dans le dessin satirique (XIXe-XXe siècles)”.
Publié dans : Pascal Ory (sous la direction de-), La Censure en France à l’ère démocratique (1848- ), Éditions Complexe, 1999, page 97.

Autre procédé familier pour manifester la présence de la censure et, partant, pour dépeindre la lutte pour la liberté de la presse : l’instrumentalisation. L’objet peut être attribut ou élément signifiant du dessin. Les ciseaux, bien sûr, qui coupent, fendent, mais qui tuent aussi. De même : l’éteignoir (le plus vieil outil, on l’a dit), le sabre, les tenailles, la scie, le couteau, le piège, le boulet, la feuille de vigne, le clystère, l’encrier renversé… En face, le crayon rompu ou, soudain animé, luttant contre les ciseaux, la plume, brisée, ou transperçant Anastasie|1|. Et puis, la presse, au sens matériel et technique du terme. L’homme broyé par la presse est un thème récurrent. « Broyé par la presse » : c’est-à-dire par une législation ou des pratiques étatiques restreignant la liberté d’expression des journaux et donc la liberté du citoyen. Ainsi peut-on rapprocher deux compositions séparées par près d’un siècle : le dessin de Gilbert-Martin dans le Don-Quichotte (« Projet de loi sur la presse », 8 mai 1875), et celui publié par Siné en 1961 (Album de L’Express : « La presse sera libre »). L’objet incriminé est, bien sûr, plus stylisé (ou plus moderne) chez le second que chez le premier.  Mais le sens est analogue. En une image forte d’émotion (le sang coule dans le dessin de Gilbert-Martin), est exalté le combat pour l’indépendance de la presse.

1. Sur Anastasie, consultez cette page de la BNF.


→ Étape 2 : le réinvestissement des notes (40 minutes)

  • Essayez d’abord de répondre très brièvement aux questions suivantes en vous obligeant à réinvestir vos notes pour chacune de vos réponses, qui seront structurées autour d’un argument, illustré par un exemple précis. 

– Que symbolise le crayon sur la photographie ? Pourquoi est-il intéressant de comparer la photographie avec le tableau de Delacroix ? La conquête de la liberté s’acquiert-elle de la même façon dans les deux documents ?
– Dans le document 3, Isabelle Stibbe évoque un poème célèbre : “Liberté, j’écris ton nom”. De quel texte ces propos sont-ils extraits ? En quoi ce poème peut-il être mis en relation avec le crayon ?
– Étayez ces propos d’Isabelle Stibbe : “Ce rapport à l’enfance, c’est aussi le crayon bien sûr”.

– En exploitant le document 2, dites pourquoi le crayon est nécessaire à la création poétique.
– Christian Delporte (document 4) évoque le dessin de Gilbert-Martin dans le Don-Quichotte (« Projet de loi sur la presse », 8 mai 1875), et celui publié par Siné en 1961 (Album de L’Express : « La presse sera libre »). Faites une recherche d’image sur Google et mettez en relation les deux dessins de presse. Que vous apprennent-ils ?
– Dans quelle mesure les ciseaux d’Anastasie, synonymes de la censure dans la presse, sont-ils un objet intéressant à étudier ?

  • Enfin, choisissez l’un de ces questionnements et essayez de construire un plan d’écriture personnelle en 15 minutes.
  • Pour aller plus loin… Regardez le poème d’Éluard ci-dessous (“Où se fabriquent les crayons” ainsi que l’illustration de Man Ray qui l’accompagne). Essayez de répondre au questionnement suivant : en quoi le crayon participe-t-il au renouvellement de la pensée ?

Où se fabriquent les crayons

La dernière l’hirondelle
À tresser une corbeille
Pour retenir la lumière
La dernière à dessiner
Cet œil déserté

Dans la paume du village
Le soir vient manger les graines
Du sommeil animal

Bonne nuit à la pensée

Et j’appelle le silence
Par son plus petit nom.

crayons_man_rayPaul Éluard, Man Ray, Les Mains libres (1937), coll. Poésie Gallimard, éd. NRF/Gallimard, p.118-119.

Bon courage à toutes et à tous pour l’examen ! Prochain rendez-vous “75 minutes” : dimanche 26 avril (Thème : Ces objets…) et jeudi 30 avril (Thème : Cette part de rêve…)

Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques