La classe de Première S2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : “Dis-moi un Po-aime“… Chaque jour, un(e) élève vous invitera à partager l’une de ses créations poétiques…
Bonne lecture !
Hier, dimanche 16 février : Oscar P.
Aujourd’hui, lundi 17 février, la contribution de Manon
Demain, mardi 18 février : Alexia D.
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« Peine naturelle »
par Manon B.
Classe de Première S2
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Une tempête de déboires assombrissant mon âme
Comme une douleur qui sève dans mon cœur,
Elle s’attache et se loge,
Fait son nid au creux de mon corps.
C’est une épine écorchant les sentiments
Qui tourmente ma nature, sauvagement.
Ses pétales sont lourds de peines
Et meurtrissent avec haine,
L’écorce de mes émotions.
Alors j’essaye de démêler ce buisson d’angoisses,
Cette sylve qui m’étouffe, débordant d’amertume
Apprendre à refaire surface,
Après avoir été noyée dans l’écume
À faire refleurir la joie,
Apaiser les cascades de larmes salées
Pour alléger la peine
Que cette entaille a causée.
À l’orée de cette renaissance,
L’espoir bourgeonne à nouveau, et mes sens,
Ont oublié ces bourrasques de violence.
Après l’hiver vient le printemps,
Tout s’effacera avec le temps.
Georges Braque
“Le parc de Carrières-Saint-Denis” (1909-1910)
© Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid © Museo Thyssen-Bornemisza © Adagp, Paris 2013
Le point de vue de l’auteure…
J’ai rédigé ce poème pour le concours “Écriture en Forêt” dont la première édition a été lancée cette année au Lycée. Il faut tout d’abord savoir que mon inspiration ne partait pas dans cette direction au départ : je voulais parler des risques futurs pour la planète, de l’impact de l’homme sur la nature et de tout ce qui touche à l’environnement. Puis je me suis dit que ce thème serait sûrement beaucoup traité et qu’il fallait aborder différemment la thématique proposée. J’ai donc décidé d’évoquer la forêt, en tant qu’elle représente pour moi la quintessence même de la condition humaine.
N’est-elle pas renaissance, renouveau ? Et n’incarne-t-elle pas le cycle infini ordonné par les saisons, qui fait toute la diversité et le changement des paysages naturels ? De fait, tout le poème est basé sur le rythme des jours et des saisons, sur le flux perpétuel des cycles, qu’ils soient naturels, ou émotifs, dans lesquels la notion du temps est si importante. J’ai ainsi voulu assimiler la forêt à quelque chose que les hommes pouvaient ressentir au plus profond d’eux-mêmes : une expérience personnelle qui pourrait rendre mon poème plus profond et plus vrai.
Pour cela, j’ai recherché dans le vaste champ lexical de la nature, quels termes pouvaient être employés pour parler de la forêt tout en instruisant des sentiments humains. Voilà comment j’ai voulu insérer le thème de la forêt, de la nature, dans mon poème. Je me suis également dit qu’il fallait une évolution tout au long de l’écriture : ainsi, le début du poème (plus précisément les deux première strophes), que j’assimilerais à la saison hivernale, est basé sur l’introspection d’une solitude assumée, la sensation parfois violente et douloureuse que l’on ressent à l’intérieur de soi :
Comme une douleur qui sève dans mon cœur,
Elle s’attache et se loge,
Fait son nid au creux de mon corps.
C’est une épine écorchant les sentiments
J’ai voulu, par la force des images (l’allégorie de l’épine “écorchant les sentiments” par exemple) permettre ainsi un passage de la fiction onirique au dévoilement poétique, et inviter le lecteur à un déchiffrement symbolique. Voici pourquoi la suite du poème débouche sur la volonté de repartir, de « refleurir », comme cette renaissance de la nature, qui symbolise l’espoir retrouvé, les malheurs oubliés, l’envie de « vivre » à nouveau et d’aller de l’avant. La fin du poème représenterait donc symboliquement, à travers le printemps, saison où la nature revit, où les fleurs éclatent, où la forêt redevient chaleureuse, l’espoir d’un recommencement.
Le lecteur l’aura compris : évoquer ces cycles naturels, c’est pour moi évoquer les “saisons de l’Homme”, c’est-à-dire le destin de l’Homme en tant que dépassement du désespoir et de la finitude. Même si cela n’est pas très explicite à la lecture, ce poème montre aussi l’importance de se retrouver après avoir « souffert » et de continuer à vivre avec joie malgré les peines endurées :
Après l’hiver vient le printemps,
Tout s’effacera avec le temps…
© Manon B., classe de Première S2 (promotion 2013-2014), février 2014.
Lycée en Forêt/Espace Pédagogique Contributif
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