Exposition de poésies… 1ère ES2 : Dis-moi un « poaime ». Aujourd’hui, la contribution d’Aymeric

EPC Dis-moi_un_poaime_Rigolt_2016La classe de Première ES2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : « Dis-moi un Po-aime »… Plusieurs fois par semaine, les élèves vous inviteront à partager l’une de leurs créations poétiques…
Bonne lecture !

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Aujourd’hui, vendredi 6 mai, la contribution d’Aymeric V.
Dimanche 8 mai : Aymmy H.

« GHETTO »

par Aymeric V.
Classe de Première ES2

Imagine cette fleur deux minutes avant
Cette fleur qui vient du ghetto
Elle a grandi dans le froid silence
De Detroit ou Soweto

6h27 elle se lève
Réveillée par le bruit des sirènes
Des types cagoulés casqués
Déboulent à toute allure

Cette fleur c’est la colombe poignardée
Encerclée entre ces centaines de murs
Entre les armes parmi le sang qui tombe
Comme les larmes

Elle voulait amener la lumière
Aux cœurs les plus sombres
Elle est tombée dans la poussière du monde
Au total la scène a duré moins de deux minutes

Ghetto_copyright_Bruno Rigolt_2016Illustration : © avril 2014, mai 2016 Bruno Rigolt
Peinture numérique et Photomontage à partir de : Bansky, « Balloon debate » (2005) Barrière de séparation israélienne en Cisjordanie

Le point de vue de l’auteur…

Tout d’abord, ce texte m’a été inspiré par le quotidien : le trafic de drogue dans les ghettos. Ainsi Soweto situé dans la banlieue de Johannesbourg en Afrique du Sud ou Detroit aux États-Unis, sont des lieux de sinistre mémoire qui amènent à s’interroger sur le fait social de la marginalité. À ce titre, le registre réaliste ainsi que la concision de la syntaxe cherchent à produire sur le lecteur un effet de réel et d’immédiateté : des expressions comme « 6h27 », « bruit des sirènes », « types cagoulés casqués », amènent en effet à rendre compte de la réalité sans l’embellir.

J’ai en outre choisi de dénoncer la violence dans les ghettos en privilégiant le style journalistique, afin de plonger le lecteur directement dans l’univers référentiel, comme si c’était un fait divers provenant d’un quotidien qui était raconté. La fin du texte est à ce titre caractéristique : « au total la scène a duré moins de deux minutes » : l’accompli du passé et la brièveté du temps confèrent à la scène un caractère anecdotique et dérisoire. C’est également la raison pour laquelle j’ai privilégié souvent l’utilisation du présent de narration afin d’accentuer la tension du récit et le caractère objectivant des informations.

À ce registre réaliste, se mêle le lyrisme apte à transmettre une profonde émotion : la disparition tragique d’une adolescente, métaphorisée dans le texte par la suppression de la ponctuation et le recours à l’image de la fleur : image qui s’insère naturellement dans le réseau imaginaire du rêve et de l’innocence. De même, l’allusion explicite à Apollinaire au vers 9, accentuée par le présent de vérité générale (« c’est la colombe poignardée »), inscrit la poésie à la fois dans la tradition lyrique et dans le paysage urbain contemporain comme a pu le faire par exemple Apollinaire dans le poème « Zone ».

© Aymeric V., classe de Première ES2 (promotion 2015-2016), mai 2016.
Espace Pédagogique Contributif


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brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques