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La classe de Première ES2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : « Dis-moi un Po-aime »… Plusieurs fois par semaine, les élèves vous inviteront à partager l’une de leurs créations poétiques…
Bonne lecture !
Aujourd’hui, dimanche 8 mai, la contribution d’Aymmy H.
Vendredi 6 mai : Aymeric ; Mardi 10 mai : Ninon V.-N. et Alyssa G.
« O2, Sphère bleue »
par Aymmy H.
Classe de Première ES2
Comme tous les matins, j’ai posé mon cahier
Sur le pupitre et je me dirige
Vers ce voyage inévitable qu’on appelle
La vie. Je vole à la découverte de mon destin
Qui s’écrit sur un cahier d’écolier,
Portée par l’espoir de fuir,
Fuir parmi les mots, parmi les lignes.
Je tourne les pages et m’éveille au Nord-Sud
De la leçon du jour, là où le temps semble infini
Flottant sur l’O2 indispensable : là où le crépuscule,
—Pression de la plume sur le papier des songes—
Me rattache à l’horizon.
La solitude bleue du royaume des dieux
Aujourd’hui est ma destination…
Illustration : © mai 2016 Bruno Rigolt
Le point de vue de l’auteure…
Ce poème répond à une double inspiration : d’une part, il est fortement inspiré par le symbolisme, notamment avec la création d’un univers onirique où les rêves participent du domaine du possible. Cette vision symbolique du monde, qui métamorphose le réel m’a également été inspirée par Rimbaud, et la définition de la poésie qu’il propose dans la “Lettre du voyant”, comme « immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». En outre, l’écriture automatique, telle que la conçoivent les surréalistes (en particulier André Breton dans son Manifeste du surréalisme, 1924) m’a permis d’entreprendre un travail sur la libération du Verbe, ou le monde du visible (l’univers référentiel, celui des sciences expérimentales) côtoie celui de l’invisible et de l’inconscient des songes.
Ce poème est donc un voyage métaphysique visant à idéaliser le réel. Je suis ainsi partie de mon quotidien de lycéenne (notez le champ lexical de l’école : « pupitre », « mon cahier d’écolier », « la leçon du jour ») symbolisant le présent et la répétition quelque peu monotone des activités : en tant qu’étudiante, chaque jour se ressemble, la vie devient vite une routine entre la maison et l’école. Mais à ce spleen, répond une forte quête de l’idéal : s’enfuir de cette routine, n’est-ce pas donner à la poésie son sens ? C’est, au sens fort du terme, « être dans les nuages », un peu comme Baudelaire a pu l’évoquer dans « l’Étranger ». « O2, sphère bleue » apparaît ainsi comme une poésie de l’évasion vers de plus larges horizons : « portée par l’espoir de fuir,/Fuir parmi les mots, parmi les lignes ».
J’ai souhaité enfin faire ressentir au lecteur ce voyage métaphysique qui s’écrivait sur le papier blanc. Mais dans mon texte, le voyage n’est pas maritime comme dans nombre des œuvres symbolistes (que l’on songe à Baudelaire ou Mallarmé) : le voyage se passe au contraire dans les cieux, il s’agit d’un voyage presque stellaire. Passionnée d’aviation (j’aimerais devenir plus tard pilote d’hélicoptère dans l’armée de l’air), j’ai souhaité situer le poème à la fois dans le champ vocationnel (« je vole à la découverte de mon destin ») et privilégier la thématique du voyage, à la fois réel et métaphorique : on y voit notamment le champ lexical du ciel « O2 », « horizon », « crépuscule », « Nord-Sud », « vole », « flottant »…
Sans doute, est-ce cela le sens profond de la poésie, se sentir en apesanteur… L’écriture devient ainsi un moment de flottement, un lieu d’expérimentation du langage, un univers appréhendé par les mots et par la sensibilité artistique. Voici pourquoi, dans mon poème, je suis partie de la chimie car elle me semblait donner une clé importante pour déchiffrer l’art poétique et les mécanismes créatifs qui s’en dégagent, évoquant des espaces abstraits à partir de situations expérimentales tout à fait concrètes.
© Aymmy H., classe de Première ES2 (promotion 2015-2016), mai 2016.
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