Poursuite de l’exposition « Un Automne en Poésie »
— Saison 8 —
Maquette graphique : © Bruno Rigolt, décembre 2016. Photomontages et peinture numérique.
Premier plan : fleurs par Ikeda Zuigetsu (1877 – 1944). En fond : cliché personnel réalisé dans le port de Rotterdam).
Les élèves de Seconde 13 sont fiers de vous présenter l’édition 2016-2017 d’Un automne en poésie. La thématique retenue cette année invitera à réfléchir au rapport intime qui existe entre le réel et la manière dont la poésie parvient à transcender la réalité pour faire naître du banal et de l’ordinaire ce qui n’est pas, et qui pourtant est : la poésie, c’est le jeu de la métamorphose et du voyage des mots : voyage extraordinaire, voyage lointain vers des mondes où l’écriture donne sens à la Vie…
Voici la troisième livraison de textes.
Très bientôt, de nouveaux textes seront publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif
jusqu’au 19 décembre 2016 (dernière livraison).
Prochaine livraison : mercredi 14 décembre 2016
Le rêve des nuages
par Margarita N.
Classe de Seconde 13
Saison de jouvence
Et pourtant temps éternel
Le chant de la pluie
À peine posée forme la rosée,
Surgit un éclat de couleur…
Et en réveille mille autres.
Soupçon de lumière
tu m’amènes, nuage,
À l’Histoire de mes rêves.
Ma pensée vient d’ailleurs :
Le charme d’une fleur, la campagne à l’aube.
Oiseaux printaniers,
Arbre de mon cœur ,
Doux parfums fleuris enivrants,
Je vous demande le chemin du jardin perdu
Ici je ne m’appartiens plus,
Ramenez-moi au souvenir
De la liberté des sourires…
« Ramenez-moi au souvenir
De la liberté des sourires... »
Illustration choisie par Margarita : Raphaël, « Madonna Sistina » (détail des putti accoudés)
Dresde (Allemagne), Gemäldegalerie Alte Meister
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Le point de vue de l’auteure…
Le monde dans lequel nous vivons est bien différent de la vision que nous en avions enfants… Ce printemps de l’enfance, je l’évoque au vers 1 quand je parle d’une « saison de jouvence ». Le printemps est à l’image de ces chérubins de Raphaël : le détail de la célèbre « Madone sixtine » du peintre italien me ramène à l’évocation de ce « chemin du jardin perdu » de l’enfance au vers 15.
Ces putti n’évoquent-ils pas aussi l’idée d’être dans les nuages ? Avec leur air de rêver, ils sont comme une invitation à l’imaginaire ; d’où le choix du titre de mon poème : « Le rêve des nuages »… Enfin, je voudrais évoquer les derniers vers : « Ramenez-moi au souvenir / De la liberté des sourires… ». Ces mots sur lesquels s’achèvent ma poésie peuvent se lire comme un désir de retourner au paradis perdu de l’enfance.
Margarita
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À tout jamais anéanties…
par Yani B.
Classe de Seconde 13
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Ni la dune, ni la brise
Ni la couleur blanche et grise
D’un étang plein de souvenirs
D’ombre fuyante
Désormais, l’amitié et ma vie
À tout jamais anéanties
D’ombre fuyante, d’ombre pâlie
Comme un soleil
Obscurci
« D’ombre fuyante, d’ombre pâlie
Comme un soleil
Obscurci… »
Illustration : BR
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Bête féroce
par Manon D.
Classe de Seconde 13
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Les paumes de la terreur illuminent le soleil,
Les mensonges d’espoir vaguent d’être en être,
Les crimes d’un rien parlent face à la vérité.
Seul contre la chaleur immortelle,
Mon regard perfore l’imprudence.
Et des milliers de couleurs pendent dans l’univers.
Le soir regrette les multi-miracles,
L’affiche de désespoir libère la bête féroce.
Le train mortel nuit aux histoires,
La chance appelle à la catastrophe,
Les belles choses disparaissent en mer
Alors que mes sentiments font barrage
À la lueur des étoiles rouges et bleues.
Je suis morte dans mes pensées.
« À la lueur des étoiles rouges et bleues.
Je suis morte dans mes pensées… »
Illustration : © octobre 2016, Manon D.
Le point de vue de l’auteure…
J’ai souhaité à travers ce poème exprimer mes sentiments : j’ai donc fait part de mon ressenti du moment, pas forcément très joyeux au moment où j’écrivais…
C’est donc un peu comme si mes sentiments avaient parlé à la place de mon cerveau. C’est pour cela que je n’ai pas vraiment suivi de démarche artistique préconçue. J’ai souhaité en revanche privilégier le travail sur les oppositions de sens : ainsi de nombreux vers comportent une expression positive et négative de manière à mettre en valeur les oxymores ou les antithèses. Par exemple : « les mensonges d’espoir » ou même « les paumes de la terreur illuminent le soleil ». L’important était en effet de montrer qu’une chose belle peut devenir laide ou inversement. J’ai enfin choisi de respecter une structure sujet/verbe/complément dans la plupart des vers car j’ai l’impression de ressentir davantage les choses et de mieux les exprimer en écrivant ainsi.
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Souvenir faussé de l’homme
par Yoann V.
Classe de Seconde 13
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Quand la fleur de l’âme s’éteint
Il ne reste plus grand chose du cœur
Elle s’imprègne de la vie d’une rose,
Pétale déteint
De cette couleur immortelle
Qui n’a pu prendre ses ailes.
Ne pas oublier
Comment est fait notre passé
Passé qu’on enferme dans un coin
Où la raison ne voit plus que des points
Des points impénétrables
Pour rendre le monde durable.
Ouvrir les portes du soir
Comme on pousse une porte
Libérer cette chaleur
Que j’appellerai souvenir
Souvenir détérioré pour un homme
Qui marchait sur le vent avec trop de fierté…
« Ouvrir les portes du soir
Comme on pousse une porte… »
Illustration : BR d’après Magritte
L’artiste encré
par Jules B.
Classe de Seconde 13
Ô goutte !
Ô goutte encrée !
Toi qui prends ta source
Dans le jaunâtre pur du Yangzi
Ô goutte !
Ô sage goutte !
Calme pratiquante du tai chi,
Puissante combattante du kung-fu
Stratège comme le xiangqi
Écoule-toi donc tout le long
De sa majesté
De la Grande Muraille
Seulement quelques milliers de kilomètres
Pour réellement devenir héros¹
Ce n’est bien là-bas que
Magnifiquement tu le deviendras
Dégouline prestement jusqu’à la Cité interdite
Pour pénétrer l’inaccessibilité des palais²
Et braver l”interdit d’interdire²
La censure doit se censurer²
N’oublie pas de te faufiler
Jusqu’au Palais d’Été
Même et hiver et sans geler
Pour y trouver un souffle de chaleur
Et pour alimenter la liberté du cœur².
Mais quitte enfin ce costume de bouddha
Déshabille-toi de cette vicieuse naineté
En passant au Temple du Ciel
Par la rue des étoiles en fuite
Dans l’innocence nuageuse.
C’est à travers l’éventail de poésie
Que l’artiste encré de Chine
Achève sa calligraphie.
1. En Chine, les personnes qui ne se sont jamais rendues à la Grande Muraille.
2. Allusions au manque de liberté du peule chinois. Bien que la Chine soit une république, la population est grandement contrôlée, et un certain nombre de libertés sont restreintes en raison de la censure.

« C’est à travers l’éventail de poésie
Que l’artiste encré de Chine
Achève sa calligraphie… »
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Le chapitre de mon cœur
par Adisson S.
Classe de Seconde 13
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Que faut-il comprendre en tournant les pages du soir ?
Dans ce vide enseveli de pleurs
Mon âme-miroir
Mon cœur en froideur…
Sentiment perpétuel
Je ne vois la lumière en moi
Je reste sans voix
Submergée par cette obscurité sempiternelle.
Que faut-il comprendre en tournant les pages du soir ?
Ce chapitre abstrait de mon âme
D’où la loi d’écouter son cœur est primordiale
Le soir a ouvert ses yeux
J’entends le rossignol
La berceuse du vent
Je navigue en mer inconnue
Que faut-il comprendre en tournant les pages du soir ?
Sous les étoiles étincelantes
Je lis ce chapitre
Je veux tant m’abandonner dans ce rivage nu
Ai-je bien réussi à comprendre ?
La vie est parée de mille couleurs
Mais je sombre dans la pendule du temps
Je fuis parmi le temps inexorable et bleu
Ai-je compris ?
Je ne connais la félicité
Je ne connais les contes de fées
Je ne connais l’oubli
Les fleurs primevèrent le bel âge
Le printemps
Une mémoire, à tout jamais
Illustrations : Katsushika Hokusai (1760-1849), « La Grande Vague de Kanagawa » (ukiyo-e, 1831) Katsushika Hokusai (1760-1849), « Hibiscus et moineau » (ukiyo-e, c. 1830)
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La Romance du Temps
par Joanna D
Classe de Seconde 13
Consolez-moi,
Adorez-moi,
La romance est partie
S’en est allée dans la nuit
Emportant les rires
Attristez-moi,
Adorez-moi,
Écrire, lire, les outils de la liberté
Horizon bleuté
Au-delà des cieux
Soignez mes blessures
Faites-moi pleurer
Faites-moi penser
À ces mots embrasés :
Danser pour suspendre le temps
« Faites-moi penser
À ces mots embrasés :
Danser pour suspendre le temps… »
Illustration : © novembre 2016, Joanna D.
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La numérisation de la troisième livraison de textes est terminée.
Quatrième mise en ligne de textes : mercredi 14 décembre 2016…
Netiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif, les poèmes des étudiant(e)s sont protégés par copyright. Ils sont mis à disposition des internautes selon les termes de la licence Creative Commons Paternité (Pas d’utilisation privée ou commerciale, pas de modification). La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le prénom de l’auteur, l’initiale de son nom, la classe, l’établissement ainsi que la référence complète du poème cité (URL de la page).
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