« Dis-moi un Po-Aime »… L’expo continue… Aujourd’hui la contribution d’Arthur

ImpressionLa classe de Première S2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : « Dis-moi un Po-aime« … Chaque jour, un(e) élève vous invitera à partager l’une de ses créations poétiques…
Bonne lecture !

Textes déjà publiésAuréline G. « Je me souviens » ; Sybille M. « Une forêt de béton » ; Oscar P. « D’ailleurs » ; Manon B. « Peine naturelle » ; Alexia D. « Énigmatique forêt » ; Charlotte L. et Clémentine L. « L’Isula di Capezza » ; Slimane H.-M. « Le Royaume » ; Camille V. « Voyage mélancolique » ; Héla G. « Noël robotique« …

frise_1

Samedi 15 mars, Héla G.
Aujourd’hui, dimanche 16 mars, la contribution d’Arthur
Demain, lundi 17 mars : Manon B.

_

_

« La Lune tombe »

par Arthur M.
Classe de Première S2

 

La lune tombe

Il y a le soleil qui pleure
Et le ciel ouvre ses yeux
Au sourire de la pluie

La lune tombe

Des étoiles s’endorment
Sur les cratères de Vénus
Et le ciel ouvre ses yeux

La lune tombe

Et le ciel n’ouvre plus ses yeux
Ses yeux restent fermés
Et puis plus

RIEN

Felix_Valloton_Clair_de_lune_1« La lune tombe… Des étoiles s’endorment / Sur les cratères de Vénus… »

Félix Vallotton, « Clair de Lune » (détail), vers 1895
Paris, Musée d’Orssay

frise_1

Le point de vue de l’auteur…

Ce poème m’a tout d’abord été inspiré par un certain nombre de techniques propres à la poésie surréaliste. C’est ainsi que l’écriture automatique qui consiste à valoriser l’inconscient et le rêve comme phénomènes littéraires, m’a amené en procédant par associations libres de mots, à un court-circuitage métaphorique d’images : à ce titre, les oxymores « Soleil qui pleure », « sourire de la pluie » sont le reflet de ce travail. 

Cependant, plus que de l’attraction fortuite résultant des hasards de l’écriture automatique, ce poème repose sur une exploration consciente des ressources de la poésie moderne : ainsi, la pratique du vers libre de même que la disparition de la ponctuation ont été pour moi l’occasion d’atteindre une plus grande pureté d’expression. Je voulais aussi dépasser la poésie comme simple moyen d’expression pour valoriser au contraire une démarche plus onirique visant à déconstruire le réel et à faire du poème le reflet d’une expérience spirituelle.

Les infinies métamorphoses de la nuit sont ainsi suggérées dans mon poème par les personnifications qui évoquent l’idée d’une fusion avec le cosmos, dans une perspective panthéiste ; le ciel et les étoiles sont personnifiées pour évoquer plus précisément cette vie éphémère de l’invisible : « le ciel ouvre ses yeux au sourire de la pluie », les « étoiles s’endorment »… Une question que je me suis posée en écrivant ce texte est la suivante : « A quoi ressembleraient les nuits sans la lune, et sans les autres astres ? » Ainsi, quand je dis « Le ciel ouvre ses yeux », c’est pour suggérer une compréhension plus profonde et plus vraie de l’ordre de l’univers.

Comme nous le comprenons, la présence de nombreux astres, en particulier de la lune, nous amène nous aussi à « ouvrir les yeux » vers un ciel comme « intériorisé ». Personnellement, je trouve le ciel nocturne particulièrement propice à l’inspiration poétique et au lyrisme personnel. À la fin du poème, lorsque le « ciel n’ouvre plus ses yeux », cela symbolise certes le néant, mais plus encore la métamorphose. 

D’une part, le ciel ayant fermé ses paupières, nous empêche de contempler les astres, et donc de chercher l’inspiration, ce qui clôture le poème. Mais d’autre part, en ne mettant pas de point final à mon texte, j’ai voulu montrer que le poème n’est ni un début, ni une fin, il est au contraire un voyage, un paysage animé de mots, évocateurs d’un itinéraire spirituel.

À ce titre, la position de la lune, dont on imagine qu’elle est en train de tomber, suggère moins l’idée d’une disparition, qu’un « au-delà » du poème : le dernier mot « rien » n’est pas en soi un terme mais le commencement d’un autre voyage : faire reculer les frontières du visible, pour réapparaître sous une forme différente : le rien connotant, bien plus que le néant, l’invisible et la transfiguration du ciel en mouvement : insaisissable, ineffable…

© Arthur M., classe de Première S2 (promotion 2013-2014), mars 2014.
Lycée en Forêt/Espace Pédagogique Contributif

Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques