La classe de Première S2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : “Dis-moi un Po-aime“… Chaque jour, un(e) élève vous invitera à partager l’une de ses créations poétiques…
Bonne lecture !
Hier, samedi 15 février : Sybille M.
Aujourd’hui, dimanche 16 février, la contribution d’Oscar
Demain, lundi 17 février : Manon B.
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« D’ailleurs »
par Oscar P.
Classe de Première S2
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D’ailleurs est le vivant qui éblouit demain,
Petite, introuvable est cette lumière sans pardon.
Le temps n’est qu’une sensation étroite
Où les courtes souffrances ne sont jamais mauvaises.
Futur, tue le Passé qui détruit le Présent !
Il me tient et m’empêche d’avancer,
Moi terrien, je ne peux m’envoler
Et quand Futur viendra je ne le voudrai plus.
Je suis l’ami de tous et l’ami de personne.
Je ne l’aime plus mais je crois en l’Homme.
Je vois en lui ce qu’il ne voit pas chez moi,
Si je ne suis plus là, c’est que je crois en moi.
Caspar David Friedrich (1774-1840)
“Le voyageur contemplant une mer de nuages”, 1818
(Hambourg, Kunsthalle)
Le point de vue de l’auteur…
L’écriture de ce poème m’a été profondément inspirée par le lyrisme des Romantiques dont la poésie est d’abord une libre expression de la sensibilité. De fait, si l’émotion est un état d’âme, alors l’expression des sentiments personnels du poète doit traduire cet état d’âme. C’est ainsi qu’en rédigeant cet épanchement, j’ai moi-même ressenti cette envie de se confier, dont parle si bien Lamartine dans la préface de ses Méditations poétiques. Se confier, c’est-à-dire se révéler au lecteur, et ainsi rendre ses pensées transparentes.
Au niveau des modalités d’énonciation, l’utilisation de la première personne s’est donc imposée spontanément lors de l’écriture : elle m’a permis, en exprimant ma sensibilité et ma subjectivité la plus profonde, de mettre en valeur mes sentiments, mes ressentis par l’expression du « moi ». Cependant, cette poésie de l’expression des sentiments personnels va au-delà de la simple confidence pour exprimer ma propre condition. Comme Victor Hugo dans la préface des Contemplations, j’aurais pu dire : « Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! ».
Tout comme l’auteur de « Fonction du Poète», si je crois en l’Homme, c’est en l’humanité de l’Homme. En revanche, j’éprouve un indicible sentiment de solitude par rapport à la société. Certes, je n’ai pas le sentiment d’être rejeté, mais l’impression d’être parfois seul au monde, différent et incompris. Comme Musset, j’éprouve le « Mal du siècle » ! On a parfois reproché au Romantisme de se détacher de toute loi pour mieux atteindre l’idéalité qu’il convoite, mais c’est précisément cette quête d’une création pure qui définit véritablement l’essence de la nature humaine : l’écriture est alors infinie et c’est ce que j’ai recherché en écrivant ce poème : le droit d’écrire, le devoir de penser, la liberté de rêver !
Je voulais ainsi en repartant de zéro, transcrire ce que je ressentais à cet instant. Je voulais être sincère, et dire réellement les chose dans cette société où personne ne se dévoile véritablement. Désormais, lecteur, tu sais tout de moi ! Tu sais combien je peux être lassé du monde, et combien j’ai envie de changement et d’ailleurs, qui est, comme je le dis dans le premier vers, « le vivant qui éblouit demain ». Oui, je pense qu’il faut méditer, réfléchir et se poser ces questions essentielles : « Qui suis-je véritablement » ? « Qui voudrais-je être » ? Ces questions sont pour moi le point culminant et le but proprement dit de la pensée romantique.
Autant de questionnements qui m’amènent à m’interroger sur mon avenir : c’est donc, face à la lassitude, au matérialisme, et à la monotonie des jours, que je rêve à mon « Futur »… Mais ce futur est parfois comme une échappatoire au quotidien. Paradoxalement, cette fuite en avant nous déréalise : la crainte serait en effet de vivre sa vie « entre parenthèses » pour préparer le futur sans avoir réellement vécu l’instant présent :
Futur, tue le Passé qui détruit le Présent !
Il me tient et m’empêche d’avancer,
Moi terrien, je ne peux m’envoler
Et quand Futur viendra je ne le voudrai plus.
Comme j’ai essayé de le montrer dans mon texte, le risque en effet serait de croire en un futur toujours à venir, toujours hypothétique, toujours irréaliste amenant à ne pas véritablement vivre l’ici et maintenant. N’est-ce pas au contraire dans l’immédiateté du carpe diem que l’Homme est le plus en adéquation avec lui-même, et en harmonie avec le monde ?
© Oscar P., classe de Première S2 (promotion 2013-2014), février 2014.
Lycée en Forêt/Espace Pédagogique Contributif
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