Les élèves de Seconde 4 sont fiers de vous présenter l’édition 2015-2016 d’Un automne en poésie, manifestation d’art qui entend marquer de son empreinte la création littéraire lycéenne. Plus de trente textes, tous inédits, sont en cours de publication. Ces poèmes, souvent d’une grande densité intellectuelle, chantent avant tout la nostalgie de l’Idéal et du Spirituel. Proclamant la quête du sens et le pouvoir de l’art sur les désillusions de la vie, de la subjectivité sur la contingence, de l’imaginaire sur le réel, ils s’inscrivent dans la tradition symboliste qui a pour but d’exprimer l’inexprimable du mot.
Thématique de l’exposition :
« Des mots égarés, une écriture du silence »
Les élèves ont travaillé sur une nouvelle dense et forte de Marguerite Duras, “Le Coupeur d’eau” (La Vie matérielle, P.O.L. 1987). Ce texte nous a amenés à interroger le style si particulier de cette écrivaine : dans Écrire, voici comment Duras présente sa propre conception de l’écriture : « Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Égarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt ». Cette expression de “mots égarés” a suscité l’intérêt des “jeunes écrivains” qui ont souhaité créer des poèmes dont la langue, très épurée, est comme une réponse au vœu de l’auteure…
Voici la troisième livraison de textes.
Chaque semaine, de nouveaux textes seront publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif
jusqu’au 31 janvier 2016 (dernière livraison).
Prochaine livraison : dimanche 31 janvier 2016
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Rivière
par Pauline D.
Classe de Seconde 4
Rivière
__Au bord du chemin
Les paupières closes
__________Le goût du destin
____________Les regrets
_______Son écharpe bleue usée
____________________Sa jeunesse envolée
« Le goût du destin… Les regrets… »
Illustration : Pauline (cliché personnel)
Comme l’oiseau survolant l’infini
par Maïssara M.
Classe de Seconde 4
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Au bord de la mer aux teintes orangées,
Une tâche d’écume écrasée à ses pieds
Elle marche parmi le sable fin du soir,
Ses longs cheveux volant au gré de la brise
L’horizon rose éclaire la grande étendue de la mer
Berçant les flots rouges avec le soir en fleur.
Le chant des vagues imprègne l’enfant
Et remplit son cœur de bonheur.
Elle s’évade dans le labyrinthe silencieux
Des songes, et rêve de lendemains et de pureté
Elle vole vers son avenir
Comme l’oiseau survolant l’infini.
« Elle vole vers son avenir
Comme l’oiseau survolant l’infini… »
Crédit iconographique : BR
Senbonzakura
par Clémentine B.
Classe de Seconde 4
Le voyage…
Un long travail
Le Japon
coloré
et industriel
illumine
mon souffle
de jours en fleurs…
Le Japon,
Paysages éphémères
d’Éternité ajourée
mille détours à mes yeux
d’amour
accroché
à tes lèvres
aux toits de dune
Je déguste
Avec toi mille et
Une merveilles
soupirs de brumes
de printemps
luminescents
de passion
et de voyage
____________« Le Japon,
Paysages éphémères
d’Éternité ajourée… »
Utagawa Hiroshige (1797-1858), “Yui-shuku” (ukiyo-e, c. 1830), Les Cinquante-trois Stations du Tōkaidō
Voyage au cœur de nos pensées
par Elisa M.
Classe de Seconde 4
L’embrun de ta pensée
Est un aérosol marin
Qui bouleverse les événements
De ce mouvement charmant
Enlevé par le vent
À la crête des vagues.
L’embrun de ta pensée
Parmi les sables de l’océan
Me rappelle la pluie fine du passé
Et m’amène à sculpter
Un futur blanc
Sans penser au présent.
C’est à la périphérie de mon cœur
Que s’écrit notre histoire
Sans s’occuper des ravages
Que causent les murmures qu’on appelle rumeurs
En préservant les ressources
De notre jardin où fleurissait le vent…
« L’embrun de ta pensée
Parmi les sables de l’océan
Me rappelle la pluie fine du passé… »
Katsushika Hokusai (1760-1849), “La Grande Vague de Kanagawa” (ukiyo-e, 1831. Détail)
Vif Serment
par Clémentine T.
Classe de Seconde 4
Ses pensées déambulant au centre de mon cœur
Coïncidant avec mon agile prouesse.
Seules ses paroles permettent de raisonner
Cette obscure clarté de mon âme.
Encore la sensation éphémère éprouvée
À l’aube d’un été désert.
De nouveau, des parcelles de mots dénonçant
Les rouages de tes paroles.
« De nouveau, des parcelles de mots dénonçant
Les rouages de tes paroles… »
Crédit iconographique : BR
Dernière larme
par Sarah J.
Classe de Seconde 4
Nombreuses ont-elles crié au nom de ma déchéance,
Rares ont-elles été aussi fatidiques que celle-ci…S. J.
Cette larme était ma trêve,
Elle a chanté à nu
De sa sourde nativité
À son éthique fin.
Tout le long de ma vie,
elle arrosa ma toile ;
sans freiner sa cadence,
elle arrosera mes ruines.
Arrivée au tournant de sa chute,
la vive au loin gémit ;
silencieuse depuis toujours,
aujourd’hui elle m’appelle.
Ma larme comme un mécanisme
s’en est allée dans l’autre monde ;
et moi, silencieuse,
j’attends sa facture meurtrière…
« Elle a chanté à nu
De sa sourde nativité
À son éthique fin… »
Crédit iconographique : composition d’après Roy Lichtenstein, “Drowning Girl”, 1963
Parler de la paix
par Marion G.-H.
Classe de Seconde 4
Je rêvais d’une beauté parfaite
D’une joie impossible à trouver
D’un homme charmant
Du chemin vers l’infini
La victoire court à la solitude,
Attirée par la tempête
Le premier héros est tombé
Vivre dans la douleur
Le livre de mon cœur est à présent ouvert :
Un paquet d’endroits secrets
Même parler de la paix
Est une force pour moi
Chanter pour défendre nos idées
Image pleine d’aventure
Ma main brise le verre
La maladie meurt à jamais
« Je rêvais d’une beauté parfaite
D’une joie impossible à trouver… »
Marc Chagall, « Le Paysage bleu » 1949. Gouache sur papier, Wuppertal, Von der Heydt Museum.
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Univérité
par Gwendal M.
Classe de Seconde 4
« Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ? »
Alphonse de Lamartine,
“Le désespoir” (Méditations poétiques, 1820)
L’humanité n’a plus
La gratuité des vies
Créée par des aventuriers,
Érigée entre mythe et réalité
Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?
La caricature d’un monde
Classifiée dans vos livres
Ivres de bêtises
Mais l’Homme détruit des vies
Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?
En croyant être nés
Au-dessus des Lumières
Une multitude d’ombres
Amène à la mort programmée
Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?
Étourdie par le reflet
D’une planète au cœur brisé
L’humanité n’a plus
Qu’une attente à combler
Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?
Ainsi le vol
Dans lequel l’homme s’écrase
Dirige l’éloge
D’un affligeant constat.
Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?
« L’humanité n’a plus
La gratuité des vies
Créée par des aventuriers... »
Illustration : Gwendal M.
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Matelot
par Charles H.
Classe de Seconde 4
De la neige à perte de jours
De la glace sur mon radeau
Un brouillard de sanglots
À perte de toi, à perte de flots
La peur nous faisait rougir
Comme un embrasement de menhir
À perte de soirs, à perte de nuits
Empiétant sur mon navire
Un hiver meurtrier qui me fait espérer
Tel un enchantement envoûté
Une solitude noyée
À perte de vue, à perte de vie
« Un brouillard de sanglots
À perte de toi, à perte de flots… »
Crédit iconographique : Bruno Rigolt
La numérisation de la troisième livraison de textes est terminée.
Dernière publication de textes : dimanche 31 janvier 2016…
Netiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif, les poèmes des étudiant(e)s sont protégés par copyright. Ils sont mis à disposition des internautes selon les termes de la licence Creative Commons Paternité (Pas d’utilisation privée ou commerciale, pas de modification). La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le prénom de l’auteur, l’initiale de son nom, la classe, l’établissement ainsi que la référence complète du poème cité (URL de la page).
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