« Dis-moi un Po-Aime »… Aujourd’hui la contribution de Charlotte et Clémentine

ImpressionLa classe de Première S2 du Lycée en Forêt est fière de vous présenter une exposition exceptionnelle : « Dis-moi un Po-aime« … Chaque jour, un(e) élève vous invitera à partager l’une de ses créations poétiques…
Bonne lecture !

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Hier, mardi 18 février : Manon B.
Aujourd’hui, mercredi 19 février, la contribution de Charlotte et Clémentine
Demain, jeudi 20 février : Slimane

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« L’isula di Capezza »

par Charlotte L. et Clémentine L.
Classe de Première S2

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Écoute ces vagues sacrées,
Architectes de ce royaume de plaisance,
L’émergence d’un îlot dans cette immensité cobalt.
Sens ce doux parfum amené par un audacieux mistral,
Le maquis règne sur cette terre nacrée.

Rochers, fondateurs de ce rêve à distance, où la mer est actrice,
Par la chaleur et le vent naît une nuit orageuse.
Lorsque les vagues, ivres et frémissantes,
Au Cap en face de l’île de Capense,
S’abandonnent sur la jetée.

Par chance, un message de la Méditerranée.
Cette île, mon amie, une utopie !
Noyée de tendresse et de chaleur,
Régnant aux côtés d’Elbe et de Capraia :
On te surnomme l’Île de Beauté.

Isula di Capezza_2012_Copyright_Bruno_Rigolt« L’émergence d’un îlot dans cette immensité cobalt…. »

Îlot de Capense (Isula di Capezza), Corse
Crédit image : Copyright © 2012 Bruno Rigolt

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Le point de vue des auteures…

Pour créer ce poème, nous nous sommes tout d’abord inspirées d’éléments autobiographiques : la Corse est pour nous synonyme de joie, de partage et de sérénité. C’est ainsi que nous nous retrouvons chaque année dans un hameau du Cap Corse créé par nos ancêtres et dominant la mer : Canelle. De là, on peut apercevoir, situé à quelques deux cents mètres de la côte, l’Îlot de Capense, lieu sauvage auquel nous avons voulu rendre hommage. C’est aussi un lieu qui nous est cher, un lieu de mémoire, de tradition et de souvenirs depuis des générations dans notre famille. 

Par ailleurs, ce poème est empreint d’un certain imaginaire romantique : la Corse, c’est tout autant un voyage vers l’ailleurs qu’une quête identitaire, sensorielle et émotive. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de mettre le titre en langue corse : l’Isula di Capezza. Mais cette revendication linguistique était aussi pour nous l’occasion d’affirmer l’un des aspects les plus importants de notre poésie : aller en Corse, c’est en quelque sorte faire un voyage réel et spirituel. 

Dans la première strophe par exemple, les impératifs « Écoute » (v.1) et « Sens » (v.4) invitent le lecteur à se plonger dans un univers différent : celui du voyage et de la quête. Ils expriment la fonction expressive, le lyrisme, mais également la fonction impressive : ces deux verbes font ainsi appel aux sens, aux sensations du lecteur, qui doit ressentir ce départ vers un autre monde, vers « cette immensité cobalt » (v.3), cette « terre nacrée » (v.5)… Ce détachement symbolise la fuite de la société vers un idéal qui est l’ailleurs.

Dans la deuxième strophe, l’évocation de la mer Méditerranée, « ce rêve à distance » (v.6) dont les « vagues ivres et frémissantes » (v.8) sont le miroir sublimant, connote le dépaysement ainsi qu’un sentiment de liberté spirituelle. Le thème du voyage est accentué par le terme « maquis » (v.5) propre aux montagnes de l’île, et qui possède une connotation particulière. Le lecteur aura sans doute repéré dans les quatre premiers vers de cette deuxième strophe les rimes féminines afin de créer, par cet effet d’allongement de la mesure, une dimension sublime et onirique.

Plus on avance dans le poème, et plus les éléments symboliques tendent à s’élargir en une vision plus englobante : l’envie d’ailleurs et la quête spirituelle impliquent à ce titre une fuite de la société vers un ailleurs méditerranéen dont la Corse est comme l’allégorie. La fin du poème révèle ainsi l’identité méditerranéenne de la Corse « aux côtés d’Elbe et de Capraia » (v.14). Enfin, la référence à « l’Île de Beauté » dans le dernier vers peut se lire comme une invitation à ouvrir la porte de la mer, du soleil et du voyage vers « cette immensité cobalt »…

© Charlotte L. et Clémentine L., classe de Première S2 (promotion 2013-2014), février 2014.
Lycée en Forêt/Espace Pédagogique Contributif