Entraînement BTS L'Art et le Sport

L’Art et le Sport

Présentation

L’entraînement que je propose aujourd’hui aux étudiant(e)s porte sur la dynamique existant entre l’art et le sport. Si cette relation peut sembler de prime abord peu évidente, elle est néanmoins essentielle : comme l’art, le sport est un fait social majeur qui participe à la mise en place de signes identitaires forts. Il répond en effet aux conventions sociales de la fête, du spectaculaire, mais aussi à la valorisation de la corporalité (individuelle et collective), à l’esthétique du mouvement, du geste, de l’effort (pensez au fameux Discobole de Myron, archétype de l’athlète idéal), voire à une sorte de mystique du dépassement dont on ne saurait nier les fondements moralisants : « dévoiler l’âme sous les artifices du corps¹ » (voir à ce sujet l’entraînement que j’ai consacré au thème : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« ).

Comme le remarque avec une grande pertinence Pierre Chazaud², « il devient indispensable de s’interroger précisément sur le rôle d’une esthétique du Sport, au moment même où des artistes, de plus en plus nombreux, utilisent la thématique sportive dans leur œuvre et dans la mesure où certaines institutions fédérales adoptent désormais le support de l’art pour valoriser leur discipline. l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? Et de quelles valeurs ? Le Sport peut-il produire une esthétique et laquelle ? Est-elle spécifique ou, au contraire, se rattache-t-elle à une esthétique plus générale du jeu et de la fête ? Quels sont les mythes fondateurs de l’humanité qui pourraient être remis en œuvre voire même réactualisés dans une représentation artistique du Sport ? »

De façon plus critique, et que nous n’aborderons pas dans ce corpus, l’analogie entre l’art et le sport invite aussi à une réflexion sur leur démocratisation, particulièrement sensible depuis les Trente Glorieuses. À la sérialisation de l’œuvre d’art, rabaissée à n’être qu’un bien de consommation répond le gigantisme, la rentabilité, la marchandisation du sport ( voir ce support de cours : « Le sport, reflet du capitalisme ?« ). L’hypertrophisation du simulacre lors de certains rassemblements sportifs par exemple est tout à fait illustrative du culte de la performativité technique qui accompagne de nos jours le développement de l’art virtuel.

Dans une perspective évolutionniste par exemple, on pourrait affirmer que les sports virtuels (qui voient l’émergence d’une nouvelle corporalité, mettant en scène un sportif dématérialisé, dé-substantialisé, privé de sa réalité) accompagnent la numérisation de l’art : dans les deux cas, l’activité de l’homme semble subordonnée à celle de la machine. Devenu « profane », le sport a perdu sa dimension élitaire et sacrée, festive, humaniste et démiurgique, à laquelle se réfère encore le coubertinisme olympien ( voir cet entraînement BTS : Sport et sacralisation). Dans ce processus de sécularisation où se mêlent à la fois l’attraction du corps et son abstraction, le sport amène donc à un questionnement fondamental sur notre modernité…

Bruno Rigolt

NOTES
1. Laurent Baridon, Martial Guédron, Corps et Arts. Physionomies et physiologies dans les arts visuels, L’Harmattan Paris 1999 ‘Histoire des sciences humaines », Introduction page 11.
2. Pierre Chazaud est maître de conférences à l’Université Lyon I UFR-APS. Je vous recommande fortement la lecture de son article : « L’expression artistique du sport comme contribution à une anthropologie culturelle« ).

À lire aussi la présentation de cet ouvrage : L’Art et le sport : actes du XIIe colloque international du Comité européen pour l’histoire du sport, Lorient, 2007 (Editeur :  Atlantica, Biarritz ; Musée national du sport, Paris).

Le sport a de tout temps revendiqué, à moins qu’on ne les lui ait prêtées, des qualités physiques et morales. Nombre de valeurs véhiculées sont probablement inhérentes à la pratique sportive, mais certaines sont construites, notamment par les règles, qui encadrent ou entravent les évolutions des corps – le vecteur premier où s’inscrit l’identité de chacun -, mais probablement aussi par la manière dont on les représente. Comment les peint-on, les sculpte-t-on, les photographie-t-on, les dessine-t-on, les filme-t-on… ? Comment les exerce-t-on, ou plutôt même, comment les danse-t-on ? Comment en parle-t-on, enfin, ou plutôt même encore, les chantons-nous ?
On s’intéresse ici à la dialectique entre le sport et l’art, au sens de « sport(s) dans les arts », où « arts » est à prendre dans son acception la plus large – qu’est-ce que ces formes artistiques nous disent du sport et que veulent-elles nous en dire ; qu’est-ce qui est « réalité », qu’est-ce qui est « construction », qu’est-ce qui est « médiation » ? – mais aussi au sens de « sport(s) en tant qu’art » : art de la guerre ou art martial certes, mais d’abord et avant tout au sens de forme d’expression corporelle, car tout sport est construction artistique, en rapport dialectique avec ses représentations.


Sport et Art
Entraînement BTS

Corpus

  • Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, 2007
  • Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, 2005
  • Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey, 1909.
  • Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. 1997.

Sujet

  • Vous ferez des documents suivants, une synthèse concise, objective et ordonnée.

Écriture personnelle

  • Dans quelle mesure selon vous « l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? » (J’emprunte l’expression à Pierre Chazaud, op.cit.)

Niveau de difficulté : *** (difficile)

Voir aussi cet autre entraînement : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« 

 

Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, éd. Calmann-Lévy, Paris 2007. « Introduction« .

       

Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, L’Harmattan Paris 2005. Coll. « Espaces et Temps du sport ». Depuis la page 22 (« L’écriture du sport, une écriture du corps ») jusqu’à la page 25 (« Il s’agirait de dire plus vite et plus succinctement une vérité d’ordre physiologique, anatomique et biomécanique ».

          

Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey (Stag at Sharkey’s), 1909. Cleveland (États-Unis), Museum of Art.
George Bellows (1882-1925) est un peintre réaliste américain, très célèbre pour ses représentations de combats de boxe d’une rare intensité.

          

Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. L’Harmattan, Paris 1997. Depuis la page 124 (« Le sportif que l’on compare à un artiste, réalise l’œuvre sous nos yeux ») jusqu’à la page 125 (« Ce Beau-là, c’est lui qui restera immortalisé dans nos mémoires. »).


Vous trouverez ci-dessous plusieurs entraînements inédits sur le thème du sport(synthèse + écriture personnelle) :
  • Les valeurs du Sport : Excellence ou Sacralisation ? [Coubertin, INA, Caillat, Brohm] : Sujet + Corrigé
  • Sport et Droits de l’Homme [Bolotny, R. Yade, B. Laporte, Amnesty International, Lemieux, Collectif pour le Boycott des JO de Pékin 2008] : Sujet
  • Sport et discriminations de genre [Collectif, SOS Homophobie, Bodin, Robène, Héas, Mennesson, Kay, Jeanes + nombreux documents complémentaires] : Sujet
  • Sport et accomplissement [Lancelotti, Montherlant, Bollon, Andrieu] : Sujet
  • L’Art et le sport [Bégaudeau, De La Porte, Gaucher, Bellows, Boutrin] : Sujet
  • Sports de masse et Surmédiatisation [Thibon, Giono, Brohm, Couture] : Sujet + Corrigé
  • Le sport, reflet du capitalisme ? [Bodin, Sempé, Fatien, Fontanel, Joffard] Support de cours + Sujet d’entraînement
  • Le phénomène E-Sport : de la convivialité à la post-humanité… Support de cours + documents d’accompagnement

Entraînement BTS L’Art et le Sport

L’Art et le Sport

Présentation

L’entraînement que je propose aujourd’hui aux étudiant(e)s porte sur la dynamique existant entre l’art et le sport. Si cette relation peut sembler de prime abord peu évidente, elle est néanmoins essentielle : comme l’art, le sport est un fait social majeur qui participe à la mise en place de signes identitaires forts. Il répond en effet aux conventions sociales de la fête, du spectaculaire, mais aussi à la valorisation de la corporalité (individuelle et collective), à l’esthétique du mouvement, du geste, de l’effort (pensez au fameux Discobole de Myron, archétype de l’athlète idéal), voire à une sorte de mystique du dépassement dont on ne saurait nier les fondements moralisants : « dévoiler l’âme sous les artifices du corps¹ » (voir à ce sujet l’entraînement que j’ai consacré au thème : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« ).

Comme le remarque avec une grande pertinence Pierre Chazaud², « il devient indispensable de s’interroger précisément sur le rôle d’une esthétique du Sport, au moment même où des artistes, de plus en plus nombreux, utilisent la thématique sportive dans leur œuvre et dans la mesure où certaines institutions fédérales adoptent désormais le support de l’art pour valoriser leur discipline. l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? Et de quelles valeurs ? Le Sport peut-il produire une esthétique et laquelle ? Est-elle spécifique ou, au contraire, se rattache-t-elle à une esthétique plus générale du jeu et de la fête ? Quels sont les mythes fondateurs de l’humanité qui pourraient être remis en œuvre voire même réactualisés dans une représentation artistique du Sport ? »

De façon plus critique, et que nous n’aborderons pas dans ce corpus, l’analogie entre l’art et le sport invite aussi à une réflexion sur leur démocratisation, particulièrement sensible depuis les Trente Glorieuses. À la sérialisation de l’œuvre d’art, rabaissée à n’être qu’un bien de consommation répond le gigantisme, la rentabilité, la marchandisation du sport ( voir ce support de cours : « Le sport, reflet du capitalisme ?« ). L’hypertrophisation du simulacre lors de certains rassemblements sportifs par exemple est tout à fait illustrative du culte de la performativité technique qui accompagne de nos jours le développement de l’art virtuel.

Dans une perspective évolutionniste par exemple, on pourrait affirmer que les sports virtuels (qui voient l’émergence d’une nouvelle corporalité, mettant en scène un sportif dématérialisé, dé-substantialisé, privé de sa réalité) accompagnent la numérisation de l’art : dans les deux cas, l’activité de l’homme semble subordonnée à celle de la machine. Devenu « profane », le sport a perdu sa dimension élitaire et sacrée, festive, humaniste et démiurgique, à laquelle se réfère encore le coubertinisme olympien ( voir cet entraînement BTS : Sport et sacralisation). Dans ce processus de sécularisation où se mêlent à la fois l’attraction du corps et son abstraction, le sport amène donc à un questionnement fondamental sur notre modernité…

Bruno Rigolt

NOTES
1. Laurent Baridon, Martial Guédron, Corps et Arts. Physionomies et physiologies dans les arts visuels, L’Harmattan Paris 1999 ‘Histoire des sciences humaines », Introduction page 11.
2. Pierre Chazaud est maître de conférences à l’Université Lyon I UFR-APS. Je vous recommande fortement la lecture de son article : « L’expression artistique du sport comme contribution à une anthropologie culturelle« ).

À lire aussi la présentation de cet ouvrage : L’Art et le sport : actes du XIIe colloque international du Comité européen pour l’histoire du sport, Lorient, 2007 (Editeur :  Atlantica, Biarritz ; Musée national du sport, Paris).

Le sport a de tout temps revendiqué, à moins qu’on ne les lui ait prêtées, des qualités physiques et morales. Nombre de valeurs véhiculées sont probablement inhérentes à la pratique sportive, mais certaines sont construites, notamment par les règles, qui encadrent ou entravent les évolutions des corps – le vecteur premier où s’inscrit l’identité de chacun -, mais probablement aussi par la manière dont on les représente. Comment les peint-on, les sculpte-t-on, les photographie-t-on, les dessine-t-on, les filme-t-on… ? Comment les exerce-t-on, ou plutôt même, comment les danse-t-on ? Comment en parle-t-on, enfin, ou plutôt même encore, les chantons-nous ?
On s’intéresse ici à la dialectique entre le sport et l’art, au sens de « sport(s) dans les arts », où « arts » est à prendre dans son acception la plus large – qu’est-ce que ces formes artistiques nous disent du sport et que veulent-elles nous en dire ; qu’est-ce qui est « réalité », qu’est-ce qui est « construction », qu’est-ce qui est « médiation » ? – mais aussi au sens de « sport(s) en tant qu’art » : art de la guerre ou art martial certes, mais d’abord et avant tout au sens de forme d’expression corporelle, car tout sport est construction artistique, en rapport dialectique avec ses représentations.


Sport et Art
Entraînement BTS

Corpus

  • Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, 2007
  • Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, 2005
  • Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey, 1909.
  • Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. 1997.

Sujet

  • Vous ferez des documents suivants, une synthèse concise, objective et ordonnée.

Écriture personnelle

  • Dans quelle mesure selon vous « l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? » (J’emprunte l’expression à Pierre Chazaud, op.cit.)

Niveau de difficulté : *** (difficile)

Voir aussi cet autre entraînement : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« 

 

Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, éd. Calmann-Lévy, Paris 2007. « Introduction« .

       

Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, L’Harmattan Paris 2005. Coll. « Espaces et Temps du sport ». Depuis la page 22 (« L’écriture du sport, une écriture du corps ») jusqu’à la page 25 (« Il s’agirait de dire plus vite et plus succinctement une vérité d’ordre physiologique, anatomique et biomécanique ».

          

Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey (Stag at Sharkey’s), 1909. Cleveland (États-Unis), Museum of Art.
George Bellows (1882-1925) est un peintre réaliste américain, très célèbre pour ses représentations de combats de boxe d’une rare intensité.

          

Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. L’Harmattan, Paris 1997. Depuis la page 124 (« Le sportif que l’on compare à un artiste, réalise l’œuvre sous nos yeux ») jusqu’à la page 125 (« Ce Beau-là, c’est lui qui restera immortalisé dans nos mémoires. »).


Vous trouverez ci-dessous plusieurs entraînements inédits sur le thème du sport(synthèse + écriture personnelle) :
  • Les valeurs du Sport : Excellence ou Sacralisation ? [Coubertin, INA, Caillat, Brohm] : Sujet + Corrigé
  • Sport et Droits de l’Homme [Bolotny, R. Yade, B. Laporte, Amnesty International, Lemieux, Collectif pour le Boycott des JO de Pékin 2008] : Sujet
  • Sport et discriminations de genre [Collectif, SOS Homophobie, Bodin, Robène, Héas, Mennesson, Kay, Jeanes + nombreux documents complémentaires] : Sujet
  • Sport et accomplissement [Lancelotti, Montherlant, Bollon, Andrieu] : Sujet
  • L’Art et le sport [Bégaudeau, De La Porte, Gaucher, Bellows, Boutrin] : Sujet
  • Sports de masse et Surmédiatisation [Thibon, Giono, Brohm, Couture] : Sujet + Corrigé
  • Le sport, reflet du capitalisme ? [Bodin, Sempé, Fatien, Fontanel, Joffard] Support de cours + Sujet d’entraînement
  • Le phénomène E-Sport : de la convivialité à la post-humanité… Support de cours + documents d’accompagnement