Poésies du Silence (1/3)
Partez à la rencontre de la parole silencieuse des mots…
La classe de Seconde 6 du Lycée en Forêt a travaillé sur une nouvelle dense et forte de Marguerite Duras, “Le Coupeur d’eau” (La Vie matérielle, P.O.L. 1987). Ce texte a amené les élèves à s’interroger sur le style si particulier de cette écrivaine : dans Écrire, voici comment Duras présente sa propre conception de l’écriture : “Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Égarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt”.
Cette expression de “mots égarés” a suscité l’intérêt des étudiants qui ont souhaité créer des poèmes dont la langue, très épurée, est comme une réponse au vœu de l’auteure… La classe de Seconde 6 a par ailleurs voulu exprimer dans les textes rédigés cet “Absolu du Verbe” qu’a tant cherché Marguerite Duras : c’est dans le silence que paradoxalement la parole est la plus palpable… Et si c’était justement le silence qui était à la base de la parole poétique ?
Cette exposition sera mise en ligne à partir du lundi 24 janvier, et présentée au CDI du Lycée du 4 au 18 février 2011.
Floréal
par Thomas P.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Mon cœur, sémaphore de passion
Ivre de ta présence, frivole vers les cieux
Onde breloque, Zéphyr de la vie
Perdu de Germinal à Floréal
Nuance dans ce désert, Rupture est à ses pieds
Ce qui se ferme…
par Alexandre T.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Obscurité causée
par la fermeture de tes paupières :
Une fatigue constante.
Je quitte ce monde pour les cieux :
Une forêt partante en fumée…
Après une vie mouvementée
Sous la mélodie des champs :
Enfin mort constante sous une paix clémente
Trop peut-être :
Aucun honneur, aucun discours.
Ce qui se ferme
Ne s’est jamais réellement ouvert
Si personne
N’était là
Pour y aller…
Malheur s’amuse des courbes…
par Lola R.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Songe fécond, esclave artificiel du plaisir, jette
La blondeur silhouette importune. Le bruissement
De l’aurore indécise, berce et incline l’hypothèse.
Énigme du crépuscule absolu, idéalisme, sensibilité
Précieuse, involontaire comédie,
Blessantes sources internes, gestes réduits, criminels :
Malheur s’amuse des courbes…
Sur l’oreiller fleurissant de mes confessions
par Géraldine V.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
La symphonie de ma douleur adoucit l’orage de mes sentiments ;
Une marche funèbre qui fait trembler peu à peu ma litanie :
Dans un soupir dansant, mon âme se brise
Et s’en va périr sur l’oreiller fleurissant de mes confessions
Endormie sur mes soupçons, je perce la lumière
Pour vaincre la mort échouée sur mon cœur
Le souffle s’échappe de la nuit tel un fugitif
Je sombre dans les profondeurs de l’abandon…
Passe, passera toujours…
par Paulyne H.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Il y aura toujours des cœurs remplis d’espoir
Des larmes remplies de rêves
Des yeux remplis de neiges
Et des mains qui se cherchent ;
Des amours dissous dans la nature
Des routes sans issue
Des âmes séparées
Et des amours perdus
Des promesses oubliées,
Des histoires sans lendemain
Mais avec un hier et un hiver
Et les souvenirs douloureux de ce cœur brisé déchiré…
Une passion libre
par Marion P.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Serrer amour cotonneux,
De sombres nœuds braisés crient de douceur :
Le sang des légendes soupire,
Vermeille robe, flambée aux éternelles amertumes…
Azur coule, serments accusent, l’air s’assoupit
Les pâquerettes de velours s’effondrent :
Rêves profonds, jadis abimés
Le zéphyr retrouve une multitude d’aurores.
Mon cœur à peine ébauché
Foudroie les beautés du vent et de la mer
Rayon secret arrose
Le nuage ivre de givre rose…
Je pleurais sur les mots tombés…
par Élodie L.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Je casse le silence pour laisser place aux destins
aux brisures de la passion,
La maladie du silence.
Je pleurais pour la mort,
Je pleurais sur les mots d’amour tombés…
Laisser libre le cœur des soupçons,
Éveiller la pensée du bonheur ?
Tableau de vie
par Julien L.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Je veux écrire ;
L’inspiration ne vient pas
Mon esprit se consume et devient cendre :
La vérité est là
Comme une fleur qui se montre au soleil
Mais se cache au soir…
Voilà comment se compose ce tableau
Qu’on appelle la vie.
La vie, comme un diamant
Qui s’use et brille moins avec le temps.
Overdose calme
par Marion P.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Dans une solitude gris-nuage
Cassé-solitaire-fermé,
Il voit la réalité isolée : Silence.
Pensées : déception. Regarder la nuit…
Espérances-Larmes-Saturation.
TOMBÉ SUR LE SOL, LES YEUX CLOS
Revivre l’imaginaire, ouvrir le rêve
Croire en elle, sa muse et sourire…
IL LA REVOIT ALORS
Et puis : saturation,
Oubliés les rêves imaginants…
LA SOUFFRANCE S’ARRÊTE ENFIN, LE BRUIT AUSSI
Espoir encore : admirer les images, observer le vide
Jouer un arc-en-ciel de lumière infinie…
LE SILENCE ÉGARÉ RETENTIT…
ROUGE
“Overdose calme”, d’après Man Ray : “L’Œil“
Sur le seuil de la porte
par Nathan L.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Vous succomberiez aux naïfs tourments
Une fuite de la nature amoureuse
Vous succomberiez aux joies glacées,
Aux lueurs d’un lys en fuite.
Stoïque sur le seuil de la porte,
J’écoutais les pleurs, les soupirs
La paix embrassant de nombreuses failles,
Une terre conscrite où la douceur glacée est reine.
Le temps d’un voyage
par Samira A.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Braves voyageurs, pauvres insouciants,
Le temps moqueur, file en riant…
Avalanche de mots froids et orgueilleux
Vagues d’encre, le bateau coule :
Mots noyés, des gouttes d’encre
S’écoulent de leurs yeux fatigués
mouillés d’encre et de chagrin..
Mots naufragés du temps
Trouvent une île pleine d’espoirs,
Des espoirs illusoires…
Cachée sous son masque de roche
Une méchante lave brûlante approche :
Engloutis, les mots prisonniers périssent.
Poussières de lettres, cendres d’espoirs
Emportés au loin par le vent..
Des rêveurs frêles et innocents
Entraînés dans une dissidence de mots nouveaux
Mots oubliés, mots délaissés
Dans le désert du temps
Les mots assoiffés
Resteront à jamais
Encrés sur le poignard encore saignant
De cet affreux meurtrier !
Une fleur d’oranger
par Jimmy B.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Une fleur d’oranger,
Dépossédée du corps de l’arbre
Brûle de la nullité d’un voile.
L’éternel feuillage, borné de miel
Et dénoué de la mer qui par un sourire de ténèbres
Fait briller l’ombre.
L’oiseau matinal déclenche la nostalgie
Et le voyage.
(Crédit iconographique : © Bruno Rigolt, janvier 2011)
Clair de lune
par Samy F. et Léna G.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Son cœur tout aimant ne saura jamais vivre.
Je dis mort lointaine pour se perdre encore !
Un cœur d’amour fourmillant de battements
Un peu triste cependant. Un grand sourire
Et puis la pluie s’est mise à tomber.
Sous la lune et les étoiles
Mon trouble amour l’aimait
Ce trésor vint à moi, docile :
J’avais une lampe
Toi la lumière
Qui a vendu la mèche ?
L’Esprit hasardeux
par Anna P. Flavie H. Katerine M. Alicia C.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Les rêves souffrent
D’une affection insupportable dévoyée
Par les illusions rêveuses blessées
Par la joie de cet ange frémissant doucement,
Par la lumière renversante de ce cruel martyr.
L’ouragan épargne la gravité de l’angoisse
Dans l’ennui des voyageurs
Sur le quai du départ :
Instant fugitif de la clarté
Soupirant de la bénédiction des adieux…
Mes yeux s’ouvrent au recueil des âmes audacieuses
Montrées comme l’impie.
Le secret de la température de mon cœur
Coopère par la soumission comparée
Aux plumes pesantes du passé…
La création à l’excès
par Anna P. Flavie H. Katerine M. Alicia C.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
L’amour n’est que hasard
D’un calcul en profondeur
Les yeux pleurent dans les flots de mer
Dont l’écume s’évapore vers les papillons d’une complicité dévoilée.
Le réseau de la clarté écoute l’esprit dissipé du silence :
Une légère brûlure félicite le crépuscule comparable
Au dessin du matin.
(Crédit iconographique : © Bruno Rigolt, janvier 2011)
Sous l’ombre d’un cerisier de Perse
par Yonnel C.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Devant la mer, un monde sous l’ombre d’un cerisier de Perse :
L’azur des ailes du phénix céleste naît des mystères de la nuit.
L’amour infini brille comme une étoile à la rencontre de mon cœur.
Adieu les pleurs battant la barque d’amour,
Aujourd’hui coule en moi les ballades du bonheur.
Un soir où le soleil pleurait en silence…
par Julien F.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
Un soir où le soleil pleurait en silence
Le mot Liberté eut l’audace de se promener.
Mais à son grand malheur
Une voiture qu’il n’avait pas remarquée
L’emmena voir la zone brute du cimetière
Seule ne restait de lui que son ombre
Tracée en craie blanche.
Tranquillité du néant…
par Laly R.
(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)
La paix de l’éternité habite le serment de mon âme
Rare éprouvant un silence d’affection.
Trahie par un ange tombant des cieux,
Je regardais l’étoile aux confins du silence :
Le soir dansait pour apporter la tranquillité du néant,
Emportait dans les ruines une mystérieuse pierre
Enlevait l’espace des esprits mourants…
“Tranquillité du néant”, d’après Pierre Puvis de Chavannes : “Le Rêve“
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