Un été en Poésie… 20 juillet-12 août 2022… Aujourd’hui Alfonsina Storni

“Un été en Poésie”… du mercredi 20 juillet 2022 au vendredi 12 août inclus.

Cette année, « Un été en Poésie » a pour thème le voyage : voyages réels ou voyages extraordinaires qui laissent la porte ouverte à l’imaginaire, au fantasme ou au mythe… L’écriture poétique, parce qu’elle est une terre d’exploration, permet de prendre le large, s’ouvrir au monde et « faire l’expérience de soi-même face aux autres, face à l’inconnu »¹. Comme l’écrivait justement le philosophe Vladimir Jankélévitch, « l’aventure n’est pas sans l’ouverture »² : la lecture d’un poème est d’abord un voyage : voyage à travers soi et à travers l’autre… 

Entre errances et partances, frontières et rencontres, dépaysement et quête d’humanité, le voyage, parce qu’il défie la vision figée de l’existence, débouche dans l’océan infini de la vie…

1. Thème concernant l’enseignement de culture générale et expression en deuxième année de BTS, session 2023 « Invitation au voyage » : https://www.education.gouv.fr/bo/22/Hebdo7/ESRS2201905N.htm
2. Vladimir Jankélévitch, L’Aventure, l’ennui, le sérieux, Flammarion, Champs Essais, 2019, p. 195

Aujourd’hui… Alfonsina Storni
(1892, Capriasca, canton suisse du Tessin  — 1938, Mar del Plata, Argentine) Argentine

Lundi 1er août : Jean-Jacques Goldman

Yo en el fondo del mar

En el fondo del mar
hay una casa
de cristal.

A una avenida
de madréporas
da.

Un gran pez de oro,
a las cinco,
me viene a saludar.

Me trae
un rojo ramo
de flores de coral.

Duermo en una cama
un poco más azul
que el mar.

Un pulpo
me hace guiños
a través del cristal.

En el bosque verde
que me circunda
—din don… din dan—
se balancean y cantan
las sirenas
de nácar verdemar.

Y sobre mi cabeza
arden, en el crepúsculo,
las erizadas puntas del mar.

Alfonsina Storni, ​Mundo de siete pozos​, 1935.
Antología mayor,Jesús Munárriz (éd.), Jorge Rodríguez Padrón (Introduction), Madrid, Hiperión, 2005.
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Moi au fond de la mer

Au fond de la mer
Il y a une maison
de verre.

Elle donne
sur une avenue
de madrépores¹.

Un grand poisson d’or,
à cinq heures,
vient me saluer.

Il m’apporte
un bouquet rouge
de fleurs de corail.

Je dors dans un lit
un peu plus bleu
que la mer.

Un poulpe
me fait un clin d’œil
À travers la vitre.

Dans la forêt verte
qui m’entoure
—ding dong… ding dang—
se balancent et chantent
les sirènes
de nacre vert de mer

Et au-dessus de ma tête
brûlent, dans le crépuscule,
les pointes hérissées de la mer.

1. madrépore : variété de corail très ramifié que l’on trouve dans les mers chaudes.

Traduction française : BR

« Un grand poisson d’or,
à cinq heures,
vient me saluer
 »…

Illustration : BR

Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques