Les entraînements BTS
Entraînement n°5. Thème 1 : “Faire voir” ou “ne pas faire voir” ?
Je vous propose dans ce cinquième entraînement un sujet inédit qui s’inscrit dans le thème “Faire voir : quoi ? Comment ? Pourquoi ?” C’est plus précisément la problématique de la “surconsommation d’information” et conséquemment de la déontologie des journalistes qui est abordée ici. Sous couvert d’informer, les médias ne transgressent-ils pas certaines règles morales ? De fait, pour “faire de l’audimat” et plaire au grand public, les images se doivent d’être de plus en plus spectaculaires, au risque de pousser au voyeurisme. Non sans humour le romancier Georges Pérec faisait remarquer dans l’Infra-Ordinaire (1984) : “Ce qui nous parle, me semble-t-il, c’est toujours l’événement, l’insolite, l’extra-ordinaire : cinq colonnes à la une, grosses manchettes. Les trains ne se mettent à exister que lorsqu’ils déraillent, et plus il y a de voyageurs morts, plus les trains existent; les avions n’accèdent à l’existence que lorsqu’ils sont détournés; les voitures ont pour unique destin de percuter les platanes […] Il faut qu’il y ait derrière l’événement un scandale, une fissure, un danger, comme si la vie ne devait se révéler qu’à travers le spectaculaire, comme si le parlant, le significatif était toujours anormal”. Le but d’une certaine presse et donc bien de faire voir l’insolite, l’extraordinaire, le sensationnel au détriment parfois de la pudeur, de la vérité, de la décence. Pierre Bourdieu, dans un essai très célèbre intitulé Sur la télévision (1996) analysait à juste titre cette dérive du journalisme spectaculaire sur les autres champs informationnels, à commencer par la nécessaire liberté de la presse. Cette “spectacularisation” de l’information pose évidemment des questions éthiques : faut-il tout montrer ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser ? “Faire voir” ou “Ne pas faire voir” ?
Niveau de difficulté : ** (* accessible ; ** moyennement difficile ; *** difficile)
_______________Synthèse : vous ferez une synthèse concise, ordonnée et objective des documents contenus dans ce corpus.
- Edgar Roskis, “Journalisme et vérité, images truquées” (Le Monde diplomatique, janvier 1995)
- Serge Meitenger, “Petite note sur le spectaculaire et sur la spectacularisation du réel” (uniquement la troisième partie : depuis “Le sens passe par la visualité de l’effet. Rien ne sera compris s’il n’est montré” jusqu’à la fin du texte.
- Serge Halimi, “Les vautours de Timisoara“, article publié dans La Vache folle n°27, août-octobre 2000, p. 9, et reproduit par l’Observatoire des Médias Acrimed (Action, critique, médias).
- Document iconographique : Eddie Adams (1933-2004), Exécution sommaire, le 1er février 1968, dans une rue de Saïgon, d’un prisonnier vietcong par le chef de la police du sud du Viêt-Nam (prix Pulitzer 1969). Voir aussi sur Wikipedia l’article consacré à Eddie Adams pour connaître les circonstances exactes de cette prise de vue).
Document complémentaire : article sur la “Déontologie du journalisme” (Wikipedia).
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Proposition d’écriture personnelle : le fait de “tout montrer” est-il préférable à la censure ?
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