I n d i a n a
Publiée en 1832, Indiana de George Sand est bien plus qu’une captivante histoire romantique, c’est un chef-d’œuvre féministe qui a bravé en son temps les conventions sociales, à commencer par le malheur des femmes dans le mariage :
“J’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et dans la société” (George Sand, Indiana, préface de 1842). _
Le roman commence de la façon la plus tristement banale : Indiana, jeune et belle Créole de dix-neuf ans, a été mariée en France au colonel Delmare, homme brutal, tyrannique, et plus vieux qu’elle de quarante ans. En proie à l’ennui et à la solitude dans un sombre manoir de province où elle dépérit, la jeune femme oubliera pour quelque temps son désespoir lors d’une idylle sans lendemain. C’est alors que le récit connaît un revirement brutal : ruiné, le colonel Delmare doit s’exiler dans l’île Bourbon (la Réunion) où il finira par mourir. C’est là que dans l’île de son enfance, après plusieurs mésaventures et péripéties, et après avoir frôlé de peu le suicide, la jeune femme connaîtra enfin le grand Amour…
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Indiana plaira d’abord à toutes celles et ceux qui aspirent à lire de grandes et belles histoires sentimentales. Vous pourrez d’ailleurs réinvestir utilement vos connaissances sur le Romantisme : elles vous aideront à mieux contextualiser le roman, et caractériser les personnages. Mais Indiana est surtout un vibrant réquisitoire : George Sand y dénonce l’hypocrisie sociale quant à l’union conjugale et propose l’idéal du mariage d’amour. Le roman a d’ailleurs valeur de témoignage autobiographique : même si elle s’en est toujours défendue, l’auteure évoque en fait son union malheureuse avec le baron Dudevant. Plus fondamentalement, c’est l’injustice des lois de l’époque qui est le grand sujet d’Indiana :
— Qui donc est le maître ici, de vous ou de moi ? qui donc porte une jupe et doit filer une quenouille ? Prétendez-vous m’ôter la barbe du menton ? Cela vous sied bien, femmelette ! — Je sais que je suis l’esclave et vous le seigneur. La loi de ce pays vous a fait mon maître. Vous pouvez lier mon corps, garrotter mes mains, gouverner mes actions. Vous avez le droit du plus fort, et la société vous le confirme ; mais sur ma volonté, monsieur, vous ne pouvez rien, Dieu seul peut la courber et la réduire. Cherchez donc une loi, un cachot, un instrument de supplice qui vous donne prise sur moi ! c’est comme si vous vouliez manier l’air et saisir le vide. — Taisez-vous, sotte et impertinente créature ; vos phrases de roman nous ennuient.— Vous pouvez m’imposer silence, mais non m’empêcher de penser. _
Ce passage pathétique qui dépeint avec force la tyranie du colonel Delmare est également très représentatif des thèses de George Sand (dans le roman Valentine, elle n’hésitait pas à apparenter le mariage à un “viol légal” !). Si par certains aspects (les descriptions qui ralentissent beaucoup le schéma narratif, les longues considérations morales, etc.), Indiana est surtout destiné aux “bons lecteurs” qui ne seront pas rebutés par la longueur de l’œuvre, je conseillerai néanmoins à tous les étudiant(e)s d’en feuilleter les pages. Vous serez étonné(e) de la modernité des propos de George Sand.
Vous pouvez aussi consulter la “citation de la semaine” que j’avais consacrée à l’écrivaine.
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Vous pouvez également consulter et télécharger sur Gallica-BnF, l’édition Hetzel de 1861.
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