Sujet + propositions de corrigé EAF séries technologiques 2023 Centres Etrangers Groupe 1 Contraction + essai : Olympe de Gouges

Sujet et corrigés Baccalauréat technologique [juin 2023 Centres Etrangers Groupe 1]

Œuvre : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule »). Parcours : écrire et combattre pour l’égalité.

Contraction : Vous ferez la contraction de ce texte en 195 mots. Une tolérance de plus ou moins 10% est admise : les limites sont donc fixées à au moins 175 mots et au plus 215 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et vous indiquerez à la fin de la contraction le nombre de mots qu’elle comporte.

Essai : « Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs », écrit Lucie Azéma. A-t-on besoin d’intimité et de solitude pour s’engager dans un combat pour l’égalité ?
Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte de Lucie Azéma) et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Texte : Lucie Azéma, Les femmes aussi sont du voyage, 2021.

___J’aime l’imprévisible du voyage, le frisson du dépaysement, l’adrénaline qui nous envahit lorsque l’on se plonge dans des environnements dont on ne maîtrise ni la langue, ni la culture, ni le climat. Ou, du moins, j’aime les aimer, parce qu’ils font écho aux livres d’aventures que j’ai dévorés, aux rêves que j’ai nourris en parcourant de longues distances sur les mappemondes à l’aide de mon simple index. En réalité, par bien des aspects, je ne suis pas une voyageuse. La traversée me semble moins séduisante que l’amarrage1, j’aime les arrivées beaucoup plus que les départs. Je cherche le temps long, sa densité, sa profondeur – la complexité du réel, celle qui n’est accessible que si l’on reste. Le voyage exige de s’attarder, de prendre refuge : s’acclimater, apprendre la langue, s’entourer de fenêtres pour mieux les traverser – et ainsi accéder à une chambre à soi.

___Le fait que les femmes aient traditionnellement été cantonnées à la sphère privée ne signifie pas qu’elles aient eu accès à une intimité – ni à elles-mêmes. Les interruptions constantes, liées aux obligations domestiques qui leur incombent, ainsi que leur dépendance financière, organisée par l’assignation2 à un travail non rémunéré, ont longtemps empêché l’esprit de liberté, d’invention et de créativité des femmes de se déployer. En 1929, Virginia Woolf3 livrait au monde la phrase qui deviendra la plus célèbre de toute son œuvre : « Il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une œuvre de fiction ». L’écrivaine soulignait ainsi l’absolue nécessité pour les femmes d’accéder à une certaine intimité, matérialisée par une pièce « dont la porte est pourvue d’une serrure » et à la liberté d’esprit, rendue possible grâce à un minimum d’argent personnel.

___Accéder à une chambre à soi permet d’appréhender l’intérieur, non plus comme le lieu de l’aliénation4 des femmes, mais comme celui où elles peuvent s’atteindre. Un espace dans lequel elles aménagent une oasis de solitude consentie, retranchée du monde, où elles peuvent écrire, lire, dormir ; un lieu qui donne sa place au silence, leur permettant de se dérober temporairement au monde extérieur pour mieux l’assimiler. La chambre à soi est celle qui se referme sur l’imagination et la rêverie, sur ce que Gaston Bachelard appelle « l’immensité de l’intime ». Grâce au voyage et à la solitude qu’il offre, les femmes se réapproprient non seulement le dehors, mais aussi le dedans, car il crée un aller-retour de l’un vers l’autre, et lie ces deux espaces jusqu’à les confondre et n’en former plus qu’un : le territoire intime de la voyageuse.

___Le monde est peuplé de chambres à soi : elles éclosent5 à la vue quand le train ralentit ou lorsque l’avion se met à descendre lentement. Elles sont là, fourmillantes, comme autant de petits points lumineux qui forment la constellation de nos intimités – maisons temporaires, alvéoles6 propices à laisser le temps se dilater et à vider des tasses de thé jusque tard dans la nuit. En voyage, la chambre à soi peut prendre la forme d’une auberge, d’une guest house, d’un ryokan japonais, d’une yourte kirghize, d’un bungalow dans la jungle, d’un caravansérail, d’un hôtel capsule, d’une cabine de bateau ou de train, etc. Certaines voyageuses se contentent de peu, d’une chambre vétuste7 et de quelques éléments qui leur suffisent à créer un sentiment d’appartenance au lieu : « Assez de lumière pour écrire, un feu, une couverture en peau de mouton, du raki8 – on n’a besoin de rien de plus ni de moins » écrit Schwarzenbach alors qu’elle séjourne à Konya, en Turquie. D’autres, au contraire, voient les choses en grand, comme Anne Brassey, qui, au XIXe siècle, transforma sa cabine de bateau en une véritable demeure flottante, ou bien à la manière d’Alexine Tinné, qui installait des campements gigantesques à chacune de ses étapes, et faisait transporter par ses domestiques une bibliothèque entière, un service à thé en porcelaine de Chine qu’elle aimait remplir de lait, un chevalet et des couleurs pour peindre.

___Si chaque voyageuse a ses préférences concernant la chambre qui va lui servir de port d’attache, toutes ont en commun d’avoir consacré plusieurs pages à décrire le bonheur d’accéder à une chambre à soi à l’autre bout du monde. « Logé partout mais enfermé nulle part, telle est la devise du rêveur de demeures », écrit Bachelard. […] Une chambre à soi,
c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs.
(778 mots)

1. Amarrage : fait d’attacher un bateau à un quai ou une rive.
2.
Assignation : ici, obligation de faire quelque chose.
3. Virginia Woolf : écrivaine britannique ; Gaston Bachelard, philosophe français ; Annemarie Schwarzenbach, écrivaine et aventurière suisse ; Annie Brassey, écrivaine et voyageuse anglaise ; Alexine Tinné, photographe et exploratrice néerlandaise.
4. Aliénation : ici, privation de liberté.
5. Éclosent : font leur apparition.
6. Alvéoles : ici, recoins, refuges.
7. Vétuste : qui est usée par le temps, qui n’est plus en bon état.
8. Raki : boisson consommée au Proche-Orient.

Corrigé de la contraction : mise en ligne dans les prochains jours.

Corrigé de l’essai

ESSAI : RAPPEL DU SUJET

 « Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs », écrit Lucie Azéma. A-t-on besoin d’intimité et de solitude pour s’engager dans un combat pour l’égalité ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte de Lucie Azéma) et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

 

___Dans Les Femmes sont aussi du voyage, essai publié en 2021, Lucie Azema dénonce la vision masculine de l’aventure : selon elle, le voyage est l’un des moyens les plus symboliques pour que les femmes s’affranchissent de leur condition. À ce titre, elle affirme : « Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs ». De tels propos interrogent : a-t-on besoin d’intimité et de solitude pour s’engager dans un combat pour l’égalité ? Si, comme nous le verrons dans une première partie, la revendication de l’intimité est une condition essentielle dans le combat pour l’égalité, nous montrerons cependant en quoi écrire et combattre pour l’égalité nécessite l’engagement collectif.

___L’intimité et la solitude peuvent jouer un rôle important lorsque l’on s’engage dans un combat pour l’égalité.
___Tout d’abord, s’approprier un lieu pour soi, comme un territoire de liberté et d’autonomie, permet de prendre du recul, de réfléchir et d’explorer ses propres convictions et valeurs. Le repli sur soi correspondrait ainsi à une quête d’authenticité amenant à mieux comprendre les injustices et les inégalités. Dans Une chambre à soi, essai féministe écrit par Virginia Woolf en 1929, l’autrice insiste sur la nécessité pour les femmes d’avoir un espace personnel et une indépendance économique afin de pouvoir développer leur pensée et leur créativité face aux hommes. Woolf soutient que les femmes ont été historiquement exclues des opportunités et des ressources nécessaires pour se consacrer pleinement à l’écriture ou à d’autres formes d’expression artistique. Comme le rappelle l’autrice, « Il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une œuvre de fiction ». De tels propos mettent en évidence l’importance d’avoir un espace physique et psychologique où les femmes peuvent se retirer du monde extérieur et se concentrer sur leurs propres pensées et expériences.
___En outre, l’intimité et la solitude sont parfois nécessaires : combien de révoltés ont fait l’expérience de la solitude, et fait de cette solitude la source de leur combat ! Qu’elle soit subie ou volontaire, douloureuse ou sereine, la solitude permet l’affirmation du moi : Nelson Mandela est l’un des exemples les plus emblématiques du combat pour l’égalité, notamment pendant sa période de détention. Pendant 27 ans, Mandela a été emprisonné en raison de son rôle de leader dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Pendant sa captivité, il a utilisé son temps de solitude pour réfléchir, étudier et développer sa vision de l’égalité et de la justice. La solitude de sa cellule lui a offert un espace pour approfondir ses idées, renforcer sa détermination et cultiver son leadership. Il a également pu communiquer avec d’autres prisonniers politiques et militants, partageant des idées et des stratégies pour lutter contre l’oppression et promouvoir l’égalité. Loin des regards du public, Mandela a ainsi continué à être un symbole de résistance et d’espoir pour la population sud-africaine, ainsi que pour les citoyens du monde entier. 
___L’expérience de la solitude prend donc une forte dimension politique : la conquête de la liberté naît alors d’un refus des règles sociales imposées. C’est ainsi qu’Olympe de Gouges, dans sa défense acharnée de l’égalité entre les hommes et les femmes et dans son désir de promouvoir une nouvelle forme, plus juste, de “contrat social”, a été souvent amenée à faire de sa solitude une marque d’affranchissement et de prise de conscience identitaire. Toute son œuvre est en effet marquée du sceau de l’autonomie et de l’anticonformisme. Sa pièce de théâtre, Zamore et Mirza ou L’Heureux Naufrage, dont le propos est de dénoncer l’esclavage des Noirs n’a ainsi pratiquement jamais été représentée tant les propriétaires d’esclaves ont fait pression pour l’interdire. Seule contre tous, Olympe de Gouges a également dû s’opposer à nombre de révolutionnaires, notamment Robespierre et Marat, pour promouvoir ses idées féministes. La conquête de la liberté naît donc d’un refus des règles sociales. Mais à quel prix ? Ainsi, l’isolement est souvent un très grand risque et amène l’individu à se mettre en marge de la société.

___Nous pouvons donc comprendre que l’engagement dans un combat pour l’égalité ne saurait se limiter à l’intimité et à la solitude. L’action collective, la solidarité et la collaboration avec d’autres personnes sont tout aussi cruciales pour promouvoir de réels changements sociaux.

___L’action individuelle, comme nous venons de le voir, est souvent limitée dans ses moyens et son application. Le collectif au contraire permet une meilleure organisation des forces individuelles.
___En premier lieu, l’implication dans une cause collective permet de repenser la citoyenneté et les rapports de pouvoir. La nécessité du collectif parcourt à ce titre toute l’œuvre d’Olympe de Gouges. Femme d’engagement et de conviction, ses appels à l’union et à la solidarité des femmes sont essentiels. Dans sa Déclaration, Olympe de Gouges ne lutte pas seulement pour les droits des femmes : elle les appelle aussi à s’éduquer contre les préjugés et à s’émanciper collectivement du sort dans lequel elles sont maintenues, afin d’en arriver à une nouvelle société plus juste, inspirée de la philosophie des Lumières : la lutte pour ces droits ne peut aboutir que si les femmes prennent conscience de leur déplorable sort et s’emparent de ces revendications afin de s’affranchir de la tutelle masculine. C’est ainsi que le postambule de la Déclaration élargit la destination du texte à l’ensemble des femmes : « Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir ». Les hommes eux-mêmes sont appelés à évoluer et à ne plus être de « serviles adorateurs rampant à [leurs] pieds ». 

___Comme nous le comprenons, la lutte pour l’égalité réussit d’autant mieux que les gens sont unis afin de faire entendre leurs voix. Le mouvement MeToo en tant que manifestation internationale de solidarité et de prise de parole des femmes victimes d’agressions sexuelles ou de harcèlement a permis à cet égard un véritable élan universel. Lancé en 2017 en réaction aux révélations d’abus sexuels dans l’industrie du cinéma, il s’est rapidement répandu à travers le monde et a permis à de nombreuses femmes de partager leurs expériences et de dénoncer les comportements prédateurs. MeToo a eu ainsi un impact considérable en suscitant des débats sur le consentement, l’égalité des sexes et la culture du silence entourant les agressions sexuelles. En favorisant également de nouvelles formes de sociabilité politique, le mouvement a encouragé des changements profonds dans plusieurs secteurs comme l’industrie du divertissement, la politique, etc. Il a mis en évidence l’ampleur du problème et a ouvert la voie à des avancées essentielles sur les violences sexistes et la nécessité d’un changement culturel pour faire bouger les consciences et agir sur la vie publique.
___Si la lutte pour l’égalité prend davantage d’importance quand elle est menée de manière collective, c’est enfin parce que s’associer, collaborer à un processus collectif, c’est passer d’un engagement militant personnel au soutien d’intérêts communautaires. En ce sens, le collectif façonne le lien social : la lutte contre les inégalités implique des actions nombreuses de sensibilisation, de mobilisation… Autant de luttes qui passent par le collectif et la force du groupe. Nous pourrions mentionner l’exemple de l’actrice Emma Watson, ambassadrice de bonne volonté à l’ONU. Dans un discours intitulé : “l’égalité des sexes est aussi votre problème !” prononcé le 20 septembre 2014 à l’ONU dans le cadre de la campagne “HeForShe”, mouvement mondial des Nations Unies pour l’égalité des sexes, Emma Waton interpelle les hommes en ces termes : “Messieurs, j’aimerais profiter de cette opportunité pour vous inviter formellement. L’égalité des sexes est aussi votre problème”. Comprenons qu’écrire et combattre pour l’égalité, plus qu’un engagement individuel, est surtout un engagement collectif. Par sa nature, l’humain est un être social : c’est en effet par le collectif qu’on peut transformer les normes sociétales et les stéréotypes qui perpétuent les inégalités, afin de promouvoir une société plus équitable et juste.

___Au terme de ce travail, il apparaît que le combat pour l’égalité nous engage à la fois individuellement et collectivement. Si la lutte pour l’égalité a pour fondement l’individualisme, elle place souvent l’individu en conflit avec la société comme le prouve le destin tragique d’Olympe de Gouges. Dans un autre registre, la série de films Hunger Games montre bien la difficulté du combat de Katniss Everdeen, la célèbre héroïne de la tétralogie : à la fois proche des masses populaires par ses origines sociales, elle est un moteur de l’action collective. Mais sa conduite transgressive, dominée par un individualisme exacerbé, rend bien souvent inefficace son action individuelle : même en voulant agir pour la communauté, elle apparaît souvent comme une rebelle fragile et solitaire. Cela montre bien qu’en travaillant ensemble, les personnes engagées dans la lutte collective pour l’égalité peuvent partager leurs expériences, renforcer leur voix, accroître leur influence et exercer une pression plus efficace sur les institutions et les décideurs. Cette solidarité est essentielle pour promouvoir un changement réel et durable vers plus d’égalité et de justice sociale.

© BR, juin 2023

L’oral du Bac de Français à partir de la session 2020 (Bac 2021)… Tout sur la nouvelle épreuve orale de l’EAF.

L’oral de l’Épreuve Anticipée de Français

 

Illustrations gratuites de ContexteVoici pour toutes les sections (générales et technologiques), les points essentiels que vous devez connaître pour présenter dans de bonnes conditions la nouvelle épreuve de français à l’oral du Bac.

  • Durée : 20 minutes
  • Préparation : 30 minutes
  • Coefficient 5 : baccalauréat général et technologique

Rappels de méthode

Commencez à planifier vos révisions dès le deuxième trimestre. N’attendez surtout pas le dernier moment ! Pendant l’année, vous devez vous constituer des fiches de révision sur :
  • les objets d’étude ;
  • les mouvements littéraires et culturels abordés ;
  • les auteurs et les textes étudiés.

 N’oubliez pas également de préparer la 2ème partie de l’épreuve qui porte sur l’œuvre que vous avez choisi de présenter ! Attention : l’ouvrage étant laissé au choix du candidat, vous devez évidemment le lire avec soin et le maîtriser.

Votre arrivée dans la salle d’examen…

Tout d’abord, présentez-vous impérativement à l’heure (indiquée sur votre convocation) muni(e) des documents demandés :

  1. votre convocation ;
  2. une pièce OFFICIELLE prouvant votre identité (CNI, passeport, titre de séjour, etc.) ;

    Si vous avez oublié un document officiel (pièce d’identité, convocation, etc.), allez IMMÉDIATEMENT AU SECRÉTARIAT DU BAC afin de faire régulariser votre situation (on pourra être amené à vous demander de repasser dans la journée avec les documents manquants pour vérification). Si vous arrivez juste à temps pour l’épreuve, signalez le problème à l’examinateur : dans la plupart des cas, il vous fera passer l’oral et vous demandera de régulariser dans la journée votre situation auprès du secrétariat d’examen. Il pourra également vous demander de lui présenter en main propre vos justificatifs. Cela dit, je vous conseille de ne RIEN oublier : cela fait toujours mauvaise impression.

  3. le “récapitulatif des œuvres et textes étudiés” (votre liste d’oral), qui doit mentionner les textes étudiés pendant l’année :
    • Baccalauréat général : 20 textes travaillés en lecture suivie |*| ;
    • Baccalauréat technologique : 12 textes travaillés en lecture suivie |*| ;
    • Votre descriptif comportera également une partie individuelle indiquant l’œuvre présentée pour l’entretien (lecture cursive obligatoire ou œuvre étudiée en classe).
  4.  des stylos, des surligneurs, ainsi qu’une MONTRE (ou un petit réveil, un minuteur, etc.). Pendant la préparation et le déroulement de l’épreuve, n’hésitez pas à regarder votre montre pour bien gérer le temps.
    ATTENTION : vous n’avez PAS le droit de sortir votre téléphone portable même pour voir l’heure ! Pensez à l’éteindre complètement (S’il venait à sonner ou à vibrer, cela pourrait être interprété comme une tentative de tricherie, et vous pénaliser lourdement) et à le ranger dans vos affaires personnelles que vous déposerez à l’entrée de la salle.

|*| “chaque objet d’étude doit comporter : pour le baccalauréat général au moins cinq textes susceptibles de donner lieu à une interrogation (3 extraits au minimum pour chaque œuvre, 2 extraits au minimum pour le parcours associé) ; pour le baccalauréat technologique au moins trois textes susceptibles de donner lieu à une interrogation (2 extraits au minimum pour chaque œuvre, 1 extrait au minimum pour le parcours associé).” https://www.education.gouv.fr/bo/20/Special7/MENE2019312N.htm 

Le travail de préparation

La préparation à l’oral dure 30 minutes. Pendant ce temps, il vous faudra préparer votre explication de texte mais aussi votre réponse à la question de grammaire posée,. Celle-ci ne peut concerner qu’un passage de l’extrait faisant l’objet de l’explication de texte.

L’exposé. Votre exposé sur le texte se compose d’une brève présentation suivie d’une lecture à voix haute « juste, pertinente et expressive » (notée sur 2 points). Vient ensuite votre explication (évaluée sur 8 points) qui doit durer 8 minutes. Enfin, vous terminerez votre exposé en répondant à la question de grammaire (2 points) qui vous a été posée avant le temps de préparation.

L’entretien. Votre exposé sera suivi d’un entretien de 8 minutes qui fera le point sur votre connaissance de l’oeuvre que vous avez choisie* : tout d’abord, vous la présenterez brièvement (2 à 3 minutes maximum) en justifiant de façon personnelle et motivée vos choix de lecture. Ce sera l’occasion pour vous de faire preuve de conviction. Votre présentation sera suivie d’un échange avec l’examinateur (5 à 6 minutes) au cours duquel il vous amènera à détailler des aspects plus précis : n’hésitez pas à développer votre culture en mettant en valeur votre appropriation du texte en tant que lecteur. Cet entretien pourra éventuellement être élargi à des questionnements plus larges de culture générale liés au texte et à son contexte de publication.

* Rappel : La lecture cursive appartient obligatoirement à un autre siècle que l’œuvre intégrale étudiée.

Première partie de l’oral : exposé sur un des textes du descriptif (12 points)

L’explication de texte à l’oral Il s’agit d’une lecture suivie : c’est-à-dire que vous devez expliquer le texte « à la loupe » en suivant l’ordre de sa composition. À la différence du commentaire qui amène à mettre en valeur des axes principaux, l’explication suivie est linéaire et vise à rendre évident l’agencement du texte. Il s’agit donc d’éclairer progressivement, à partir de vos remarques de détail, le sens global. Attention en effet à ne pas réduire votre analyse à une énumération de remarques sur la forme. Relever des figures de style, des procédés d’écriture, etc. n’a évidemment d’intérêt que dans la mesure où vos remarques permettent de mettre en lumière la progression de la pensée de l’auteur.

Dégager le sens global du texte En premier lieu, n’oubliez pas que tout texte est le résultat d’un acte d’énonciation par un auteur donné, à un moment donné, en un lieu donné. Ces différents paramètres définissent un cadre essentiel pour l’explication : c’est la position de l’énonciateur vis-à-vis d’un “contexte” : ce contexte est essentiel pour comprendre le cadre culturel et social qui entoure le texte à étudier.
  • Vous devez y ajouter 2 éléments : à qui est destiné le texte ? et quelle est l’intention de l’auteur ? Ces différentes observations doivent vous amener à répondre aux questions suivantes : Quelle est l’idée directrice du texte ? Quels sont les moyens essentiels utilisés pour servir cette idée ?
  • Soyez également attentif à l’organisation du texte (sa structuration, la disposition des paragraphes, des strophes), aux mots clés : l’analyse des réseaux lexicaux et thématiques permet bien souvent de guider l’analyse.
Cette première approche globale du texte va vous conduire à la deuxième étape : la lecture détaillée.
La lecture détaillée est essentielle C’est elle qui vous permettra de proposer une observation précise par diverses approches afin de dégager progressivement les centres d’intérêt du texte.  Vous devrez privilégier les outils d’analyse en les mettant au service de l’interprétation : les registres de langue, l’emploi des temps, l’étude des figures de style, des connotations, etc.
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Le déroulement de l’exposé

Avant de lire le texte, faites obligatoirement une brève introduction Dans votre présentation, vous pouvez d’abord situer brièvement* le passage en portant votre attention sur les éléments qui permettent de le contextualiser dans l’œuvre ou dans le parcours associé, de manière à permettre à l’examinateur de suivre l’explication en lui fournissant tous les éléments qui ne figurent pas dans le texte et sont nécessaires à sa compréhension. Puis vous en présentez brièvement le sujet (c’est-à-dire le problème posé qui correspond souvent à l’idée directrice). Votre présentation doit donc rendre compte de l’essentiel du texte, en mettant en valeur un questionnement auquel vous allez répondre tout au long de votre exposé par l’explication linéaire.

* Soyez concis ! Inutile de tout dire : n’oubliez pas qu’on évalue l’aptitude de l’élève à sélectionner dans ses connaissances les éléments pertinents et à hiérarchiser les informations (aptitude à l’esprit de synthèse).

La lecture à voix haute du texte (2 points) Puis vous lisez le texte en y mettant de l’enthousiasme : adoptez par exemple un timbre de voix vivant. Les Instructions officielles |source| précisent que votre lecture doit se faire “à voix haute juste, pertinente et expressive”. Si vous avez une voix monocorde et plutôt faible, efforcez-vous de corriger ces défauts. Votre lecture en effet doit à la fois être expressive et posée. Elle vise à montrer que le texte est compris : le ton que vous employez est important dans l’évaluation (2 points) que l’on fait de votre lecture. N’oubliez pas de marquer des pauses. Elles sont importantes non seulement pour mettre en valeur les mots porteurs de sens, mais aussi afin de déstresser le jour de l’examen (vous reprenez votre respiration pendant les pauses). Dernière remarque : en poésie, le respect de la versification est bien entendu déterminant.

N’oubliez pas que lire un poème, un texte argumentation, de la fiction ou un extrait de théâtre entraîne des postures vocales différentes ! De plus, un texte ne se réduit pas à des phrases : votre lecture doit en éclairer le sens !

Lire un texte poétique
  • La lecture d’un texte poétique obéit à des règles strictes : respectez la versification et tenez compte de la diérèse, qui consiste à prononcer en deux syllabes distinctes deux voyelles successives d’un même mot : “Va te purifier (pu-ri-fier) dans l’air supérieur (su-pé-rieur)” (Baudelaire, « Élévation », FM) : ici 12 syllabes (alexandrin).
  • Tenez compte des enjambements ; marquez les pauses.
  • Votre lecture doit également produire de l’émotion : c’est fondamental en poésie !
Lire un texte appartenant à la littérature d’idées
  • Marquez les articulations argumentatives en insistant sur les connecteurs logiques.
  • Mettez en évidence les registres (ironie, registre polémique, etc.) et les sous-entendus (marques de l’implicite).
  • Insistez sur les mots clés permettant de mettre en valeur une idée.
Lire un extrait de roman
  • Mettez en évidence l’imaginaire de la scène. Votre lecture doit permettre à la personne qui vous écoute de se représenter le cadre, les personnages. Elle doit « donner à voir ».
Lire un texte relevant du théâtre
  • Tout en vous gardant de “théâtraliser” à l’excès, la lecture d’un texte théâtral doit faire imaginer la représentation, les mimiques et le jeu des acteurs. Variez les intonations, oubliez que vous êtes assis à la table et faites comme si vous étiez en train de “jouer” le rôle.
  • Je vous conseille de lire les didascalies. Dans certaines pièces, elles abondent (comme dans le théâtre de Beckett par exemple) et font partie intégrante du texte. Ne pas les lire constituerait une faute. De plus, à moins d’être un acteur entraîné, il est présomptueux de croire qu’on peut tenir compte des indications données sans les lire : cela entraîne souvent les candidats à de fréquentes coupures dans la lecture, et bien souvent à des erreurs préjudiciables. Il est donc préférable de lire les didascalies en variant l’intonation, en réduisant légèrement le volume de la voix.

L’explication linéaire (8 points) L’explication du texte doit associer (sans les dissocier surtout) l’étude du style (remarques précises et variées avec maîtrise des notions et des termes spécifiques) et du sens afin de permettre un repérage et une interprétation efficaces. Ne séparez jamais le fond de la forme : de fait, la forme elle-même contribue au sens. Pour y parvenir, le candidat doit ainsi mettre en œuvre des savoir-faire et utiliser des outils propres à l’examen d’un texte court : c’est également sur la pertinence de leur choix et la qualité de leur utilisation qu’il sera jugé : remarques placées au bon endroit, en cohérence avec l’axe annoncé, remarques ordonnées permettant de mettre en valeur la progression du texte et donc la construction du sens.

Conseils

Annoncez au fur et à mesure les phases d’exploration que vous allez conduire. Pensez à mettre en avant les transitions permettant de suivre le fil de l’exposé. Après chaque analyse, tirez un bref bilan (déduction) avant de poursuivre votre exploration du texte.

Vos différentes remarques sur le texte doivent être fondées sur des références précises : quand vous citez le texte, n’oubliez pas de justifier toujours le lien entre l’affirmation que vous proposez et la citation retenue.

Enfin, rappelez-vous que l’examinateur note la manière dont vous serez capable de structurer et d’orienter vos remarques en fonction des conclusions partielles et de la conclusion générale à laquelle vous voulez aboutir : c’est le parcours analytique. La question que se pose un examinateur est celle-ci : un candidat est-il apte à passer du stade de l’observation de détail à celui de l’interprétation en fonction de perspectives plus larges ?

La conclusion de votre exposé Proposez un bilan global synthétique permettant d’élargir le texte au parcours de lecture, à l’œuvre, au mouvement culturel, à un autre texte étudié, etc.

La question de grammaire (2 points) Comme le précisent les Instructions, « la question porte uniquement sur le texte : elle vise l’analyse syntaxique d’une courte phrase ou d’une partie de phrase ». Cette question peut reposer par exemple sur un exercice de manipulation d’un extrait (transformation, déplacement, changement de classe grammaticale, etc.).

Deuxième partie de l’oral : l’entretien (8 points)

Trois compétences sont essentielles :

  • Cherchez tout d’abord à mettre en avant votre aptitude à développer un propos, à étayer un point de vue, une idée.
  • Votre capacité à dialoguer avec l’examinateur est également essentielle : l’aisance dans la communication, l’utilisation pertinente des notes, la valorisation de votre culture générale sont évidemment des atouts.
  • Enfin, l’examinateur évaluera la qualité de votre expression orale : l’emploi d’un lexique précis, d’une langue correcte, et la connaissance du vocabulaire de l’analyse littéraire, constituent des critères importants de l’évaluation.

L’examinateur par exemple appréciera particulièrement qu’un·e candidat·e défende son point de vue sur une problématique de lecture, à la condition que ce point de vue soit fondé bien entendu et favorise l’expression d’une appréciation critique*, d’une émotion ou d’un jugement d’ordre esthétique. Je vous conseille en outre d’être très attentif aux questions posées : certains candidats par exemple n’écoutent pas bien les questions, ce qui les conduit à répondre de façon erronée ou allusive. Rappelez-vous aussi que la nervosité ne sert à rien : mieux vous aurez préparé l’épreuve, plus vous devriez être calme.

* Attention : « critique » n’a pas ici le sens d’un jugement négatif porté sur l’auteur ou le texte, mais bien plus d’une appréciation objective et vigilante.

L’organisation de votre présentation

Un problème qui va se poser souvent aux candidat·e·s tient à l’organisation de la présentation de l’oeuvre choisie.  N’oubliez pas que votre prestation doit être très brève (2 minutes environ) et ne constitue « qu’un point de départ pour les interactions qui le suivent et qui constituent l’essentiel de l’épreuve » (B. O. n° 17 du 25 avril 2019). Vous avez donc intérêt à préparer soigneusement votre intervention car ce que vous direz va orienter l’entretien avec l’examinateur.

Dès que vous commencerez ce travail de préparation chez vous, je vous conseille de vous poser les questions suivantes : « Qu’est-ce que je veux prouver exactement ? », « D’où est-ce que je vais partir… Pour parvenir où ? » Veillez à structurer votre présentation en choisissant une idée directrice, c’est-à-dire le thème central à partir duquel vous organiserez votre démonstration. Évitez également de trop multiplier les questionnements, qui risquent de faire perdre de vue le principe d’organisation logique de votre exposé.

Concernant les citations, elles sont certes utiles, à la condition de les choisir à bon escient et de ne pas les multiplier, afin d’éviter la lourdeur encyclopédique. Veillez également à soigner particulièrement la conclusion puisqu’elle est le dernier élément que l’examinateur aura encore à l’esprit au moment de débuter l’échange.

Les questions possibles à l’entretien…

Il ne s’agit bien entendu que de pistes. Le but étant qu’un véritable échange s’instaure avec l’examinateur. De fait, l’entretien n’est pas un questionnaire de lecture mais bien plus un dialogue constructif permettant d’apprécier comment le candidat s’est approprié personnellement le texte et comment sa lecture prolonge les réflexions menées en classe sur l’œuvre intégrale et le parcours associé.

  • Pourquoi avoir choisi cette œuvre en particulier ? Quels sentiments a-t-elle provoqué en vous ?
  • Êtes-vous rentré·e facilement dans l’œuvre ou vous a-t-elle déstabilisé·e ?
  • Avez-vous lu cette œuvre rapidement, passionnément, difficilement ?
  • Vous êtes-vous renseigné·e sur le contexte littéraire/culturel/social dans lequel l’oeuvre a été publiée ?
  • Vous êtes-vous renseigné·e sur la vie de l’auteur ? Y a-t-il des aspects qui se retrouvent dans le récit ?
  • Quels thèmes principaux repérez-vous dans ce livre ?
  • Quel est pour vous le message du livre ? A-t-il changé votre vision du monde ?
  • Pourquoi l’auteur a-t-il donné ce tire ?  Si vous deviez donner un autre titre au livre, quel serait-il ?
  • Que pensez-vous de la fin de l’œuvre ? Auriez-vous envisagé un dénouement différent ?
  • Quelle idée soutenue par l’auteur vous a le plus marqué·e ?
  • Pourriez-vous dire que ce livre a influencé certains jugements que vous portez sur le monde ?
  • Ce livre vous a-t-il fait voir différemment le rôle de l’écrivain ?
  • Comment réagiriez-vous face à une personne qui n’a pas aimé le livre ?
  • Quels sont les personnages mis en scène dans le texte et quel rapport entretiennent-ils entre eux ?
  • Vous êtes-vous identifié·e au personnage principal ? ou à un autre personnage ?
  • Quel passage de l’œuvre vous a le plus marqué·e ? Pourquoi ?
  • Quelle citation avez-vous retenue vous paraissant bien illustrer ce livre ?
  • Pensez-vous que ce livre aurait pu intéresser les lecteurs d’une autre époque ?
  • Pourquoi l’auteur a-t-il préféré recourir à la fiction pour transmettre son message ?
  • Si vous deviez inventer la couverture du livre, que feriez-vous ?
  • Connaissez-vous un autre livre du même auteur que vous pourriez recommander ?

Pour l’entraînement…

Pensez à travailler dans 2 directions :

  1. tout d’abord, entraînez-vous à 2 ou 3 par exemple. Interrogez-vous à tour de rôle dans les conditions de l’examen (20 à 25 minutes de préparation et le même temps d’entretien : 2 camarades interrogeant afin de varier l’axe des questions). 
  2. De plus, essayez d’élargir vos connaissances sur les courants littéraires et les contextes — historique ou culturel — afin de pouvoir enrichir vos analyses.
Adoptez la “positive” attitude ! La connaissance du cours ou de l’œuvre ne suffisent pas… Si vos connaissances sont évidemment essentielles, vous réussirez d’autant mieux cette épreuve que vous adopterez face à l’examinateur une attitude positive, si vous êtes convaincant (et convaincu !). Comment voulez-vous qu’on croie en vous si vous apparaissez penaud, peu sûr, vaincu d’avance ?Votre réussite dépend de votre motivation et de votre implication : ce sont vos réactions personnelles de lecteur, votre sensibilité face au texte, votre intérêt et votre motivation qui prouveront que vous possédez les aptitudes pour atteindre les objectifs fixés par l’épreuve. C’est un détail, mais il est essentiel : tenez-vous droit·e et ne soyez pas nonchalant·e, avachi·e sur la table ! Votre but, c’est de faire valoir votre culture et votre personnalité. N’importe quel examinateur (moi le premier !) serait agacé par l’attitude désinvolte ou relâchée d’un·e candidat·e.
_Jean-Jacques Sempé (illustrateur) et René Goscinny, Le Petit Nicolas (1960)
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Bonne chance à toutes et à tous !
Donnez le meilleur de vous-même, et ne cédez jamais au découragement, qui est toujours une facilité ! Ayez également une bonne image de vous-même, quel que soit le résultat.

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