Entraînement au Bac de français (séries technologiques) : contraction + essai CORRIGÉS

Entraînement au Bac de français. Séries technologiques : ST2S | STI2D | STL | STMG

CONTRACTION DE TEXTE ET ESSAI : CORRIGÉS

  • Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle
  • Parcours : « Ecrire et combattre pour l’égalité »

Méthodologie des exercices (contraction + essai) : cliquez ici.

Texte de la contraction : Hubertine Auclert, « Discours prononcé au Congrès ouvrier socialiste de Marseille », 1879.

Journaliste, écrivaine et militante féministe française, Hubertine Auclert (1848-1914) est une figure majeure dans l’histoire du mouvement féministe. Elle s’est battue toute sa vie en faveur de l’égalité des femmes et de leur droit de vote. En 1879, le parti socialiste français organise plusieurs congrès ouvriers afin de mener une lutte pour l’amélioration des conditions économiques et sociales du prolétariat. Hubertine Auclert y participe et tient les propos suivants devant plusieurs centaines d’auditrices et d’auditeurs…

Ah ! nous vivons sous une façon de République qui prouve que les mots les plus sublimes deviennent de vains titres qui s’étalent aux regards, quand dans les sociétés les principes qu’ils représentent ne sont pas intégralement appliqués. Une République qui maintiendra les femmes dans une condition d’infériorité ne pourra pas faire les hommes égaux. Avant que vous, hommes, vous conquerriez le droit de vous élever jusqu’à vos maîtres1, il vous est imposé le devoir d’élever vos esclaves, les femmes, jusqu’à vous.
Beaucoup n’ont jamais réfléchi à cela. Aussi bien, si dans cette imposante assemblée, je posais cette question : Êtes-vous partisans de l’égalité humaine ? Tous me répondraient : Oui. Car ils entendent en grande majorité, par égalité humaine, l’égalité des hommes entre eux. Mais si je changeais de thème, si pressant les deux termes — homme et femme — sous lesquels l’humanité se manifeste, je vous disais : Êtes-vous partisans de l’égalité de l’homme et de la femme ? Beaucoup me répondraient : Non. Alors que parlez-vous d’égalité, vous qui étant vous-mêmes sous le joug2, voulez garder des êtres au-dessous de vous. Que vous plaignez-vous des classes dirigeantes, puisque vous faites, vous dirigés, la même œuvre à l’égard des femmes que les classes dirigeantes ?
[…] On trouve bon de faire des recherches scientifiques sur tout. Chaque jour, on découvre aux animaux et aux végétaux des qualités nouvelles. On multiplie les expériences tendant à tirer des bêtes tout l’utile, des plantes tout le salutaire3. Mais jamais encore on n’a songé à mettre la femme dans une situation identique à celle de l’homme, de façon à ce qu’elle puisse se mesurer avec lui et prouver l’équivalence de ses facultés.
[…] Jamais on n’a essayé d’expérimenter avec impartialité la valeur de la femme et de l’homme. Jamais on n’a essayé de prendre un nombre déterminé d’enfants des deux sexes, de les soumettre à la même méthode d’éducation, aux mêmes conditions d’existence. […] Qu’on renverse les conditions, […] qu’on mette les garçons de 12 à 16 ans à la cuisine, à la couture et qu’on laisse les jeunes filles dans les écoles industrielles ; qu’on les fasse entrer en possession de tous les droits qui ont été jusqu’ici le lot exclusif des hommes ; qu’on enserre les jeunes gens dans l’étiquette et les préjugés à l’aide desquels on a garrotté4 les femmes ; bientôt les rapports entre la valeur des deux sexes seront totalement renversés.
Vous ne voulez pas faire cette expérience ? Savez-vous bien alors que vous nous permettez de croire, à nous femmes, que vous avez moins le doute que la crainte de notre égalité. En continuant à nous laisser dans une vie atrophiante, vous imitez, vous hommes civilisés, les barbares, possesseurs d’esclaves, qui exploitent avec grand profit la prétendue infériorité de leurs semblables.
[…] Sachez-le, citoyens, ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté. Si vous n’asseyez pas vos revendications sur la justice et le droit naturel, si vous, prolétaires5, vous voulez aussi conserver des privilèges, les privilèges de sexe, je vous le demande, quelle autorité avez-vous pour protester contre les privilèges des classes ? Que pouvez-vous reprocher aux gouvernants qui vous dominent, qui vous exploitent, si vous êtes partisans de laisser subsister dans l’espèce humaine des catégories de supérieurs et d’inférieurs ?
[…] Finissez-en avec ces questions d’orgueil et d’égoïsme. Le droit de la femme ne vous ôte pas votre droit. Mettez donc franchement le droit […] à la place de l’autorité : car, si, en vertu de l’autorité, l’homme opprime la femme, par le fait de cette même autorité, l’homme opprime l’homme.
J’ai parlé pour le plus grand nombre. Je m’adresse maintenant à ceux qui se déclarent partisans de l’égalité de l’homme et de la femme, mais dont le mot d’ordre est Chut !… Ne perdons pas notre temps à nous occuper de ce détail. Un détail ! l’exploitation d’une moitié de l’humanité par l’autre moitié ! […] Il y a trop longtemps qu’on fait espérer aux femmes une condition sociale égale à celle de l’homme. Quand en 1789 Olympe de Gouges présenta aux États-généraux au nom des femmes, son cahier de doléances et de réclamations, il lui fut répondu qu’il était inutile d’examiner la condition de la femme, attendu qu’un changement complet devant se faire dans la société, les femmes seraient affranchies6 comme l’homme.
La Révolution éclate : On proclame les droits de l’homme ; les femmes restent serves7. Ces femmes qui avaient travaillé à la Révolution croyaient naïvement avoir conquis leur part de liberté. Quand elles se virent tenues à l’écart de tout, elles réclamèrent. Alors, elles furent ridiculisées, bafouées, insultées […]. Et, en même temps que ces révolutionnaires autocrates8 décrétaient l’inégalité de la femme, ils faisaient entendre jusqu’au bout du monde les mots sonores d’Égalité, de Liberté !

Hubertine Auclert, « Discours prononcé au Congrès ouvrier socialiste de Marseille », 1879.

Nombre de mots : 800

NOTES

1. Les « maîres » désignent ici les bourgeois.
2. « être sous le joug » : être soumis, être dans l’asservissement moral ou social.
3. « tout le salutaire » : tous les bienfaits.
4. « garrotter » : au sens figuré, « Mettre dans l’impossibilité d’agir librement, priver de toute liberté d’action » (CNRTL)
5. « prolétaire » : travailleur appartenant au prolétariat, c’est-à-dire à la classe ouvrière.
6. « affranchies » : libérées.
7. « serves » : soumises.
8. « autocrate » : dont l’autorité est comparable à celle d’un monarque absolu.

Corrigé des activités d’écriture

1) Contraction

Vous résumerez ce texte en 200 mots. Une tolérance de +/– 10 % est admise : votre travail comptera au moins 180 mots et au plus 220 mots. Vous placerez un repère oblique (/) dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Corrigé de la contraction

___Pour avoir du sens, une République doit être animée par les plus vertueux principes. Aussi est-il vain de prôner l’égalité dans une République maintenant les femmes dans la servitude.
___Comment trouvez-vous légitime, messieurs les prolétaires, de vous révolter contre les bourgeois et illégitime que les femmes veuillent [50] s’affranchir de l’oppression masculine ?
___Pour vous convaincre, tentons l’expérience suivante : inversons le modèle patriarcal au profit des femmes : dès l’école, que les petites filles soient éduquées comme des garçons, et inversement : en modifiant les rapports de force, pareille expérience permettrait de renverser les stéréotypes [100] sexistes.
___Hommes, si vous refusez une telle expérience, c’est que vous en craignez les résultats. Tout civilisés que vous prétendez être, en maintenant les femmes sous le joug de la servitude, vous n’êtes que des barbares.
___Pire, comment prétendez-vous vous prévaloir de principes universels comme l’égalité, et dans [150] le même temps, être en contradiction avec le droit naturel en refusant aux femmes l’égalité ? Pareille attitude décrédibilise votre lutte pour l’égalité sociale.
___En opprimant la femme, l’homme s’opprime lui-même ! On nous a trop longtemps fait croire que les droits de l’Homme servaient également [200] les droits des femmes. Funeste erreur dont Olympe de Gouges et tant d’autres femmes ont injustement payé le prix.

Nombre de mots : 220

Comptage des mots :

  • Les l’, n’, s’, etc. comptent pour 2 mots : « l’homme » : 2 mots ; « s’affranchir » : 2 mots ; « l’homme s’opprime » : 4 mots.
  • Les mots composés comptent pour 2 mots à partir du moment où chacun des mots pris séparément a un sens : « est-il » : 2 mots ; « lui-même » : 2 mots ; mais « a-t-il » : 2 mots (Le t euphonique ne compte pas car il n’a pas de signification propre. Il est « euphonique », c’est-à-dire qu’il n’est utilisé que pour améliorer la sonorité de la langue).
  • Conseil : afin de compter rapidement les mots de votre contraction, écrivez au brouillon 10 mots par ligne dans un tableau :
Pour avoir du sens, une République doit être animée par 10
les plus vertueux principes. Aussi est- il vain de prôner 20

2) Essai

Hubertine Auclert écrit : « ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté. » En quoi l’égalité de tous les êtres est-elle une juste condition d’accès à la liberté ? Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre du parcours : « Ecrire et combattre pour l’égalité ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Corrigé de l’essai

___Dans la lignée d’Olympe de Gouges, de Flora Tristan1 ou de Louise Michel2, Hubertine Auclert est une figure majeure du féminisme de la IIIème République. En octobre 1879, au Congrès ouvrier de Marseille, elle prend la parole pour réclamer que les femmes, au même titre que les hommes, fassent entendre leur voix. Dans un plaidoyer célèbre pour l’égalité, elle soutient que la revendication d’une vraie République ne peut se faire qu’au prix du suffrage féminin : « ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté ». En quoi l’égalité de tous les êtres, comme l’affirme Hubertine Auclert, est-elle une juste condition d’accès à la liberté ? La problématique de cet essai questionnera l’importance de l’égalité comme fondement nécessaire afin de garantir la liberté pour tous. Après avoir exposé dans les deux premiers axes comment l’articulation entre la liberté et l’égalité est à la base d’une société démocratique fondée sur la sauvegarde des droits de l’humain, nous terminerons notre réflexion en montrant qu’il ne saurait y avoir de liberté sans fraternité.

___Pour commencer, l’égalité de tous les êtres est le thème central d’une pensée qui cherche à lutter contre la servitude et l’obscurantisme. De fait, comment parler d’égalité lorsque certaines personnes ou catégories sociales sont discriminées ou juridiquement défavorisées ? Comment parler d’égalité devant la loi quand les libertés individuelles sont menacées par les abus de pouvoir ? Comment se prétendre libre si on n’est pas un sujet égal, émancipé du despotisme ? C’est ainsi que dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges pose d’emblée les bases de l’égalitarisme en vertu de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui dispose3 que « la loi doit être la même pour tous » : puisque les hommes ont réussi à s’affranchir des erreurs du passé, pourquoi les femmes ne bénéficieraient-elles pas aussi des progrès des Lumières ? Le postambule de la Déclaration est très clair à ce propos : « Femme, réveille-toi ! Le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits ». L’égalité est donc la condition de la liberté. Comme l’affirme encore Olympe de Gouges dans l’article premier de la Déclaration, « la Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». En rappelant le caractère naturel de l’égalité en droits des femmes et des hommes, Olympe de Gouges légitime donc les revendications des femmes à l’égalité. Reprenant l’article 4 de la Déclaration de 1789 qui stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui », Olympe de Gouges reformule avec subtilité l’argument en affirmant : « l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. » Comme on le voit, l’égalité est la condition de la liberté puisque personne ne peut imposer à autrui une contrainte à laquelle il échapperait lui-même. 

___En outre, il est nécessaire de rappeler que tous les êtres humains possèdent un droit égal à la liberté : le respect de ce droit devrait être la norme qui fonde les sociétés. Dans De l’esprit des lois, et plus particulièrement dans l’avertissement au lecteur, Montesquieu affirme : « ce que j’appelle la vertu dans la république est l’amour de la patrie, c’est-à-dire l’amour de l’égalité ». Pour Montesquieu, la question de l’égalité est donc à mettre en relation avec la liberté politique : en prônant la séparation des pouvoirs, les philosophes du siècle des Lumières ont cherché à promouvoir l’équilibre, favorisant ainsi la liberté. Mais une telle conception de la liberté n’est possible que si elle permet à tous les êtres humains, sans exception, d’être égaux. Que l’on songe à cet avertissement de Condorcet dans ses Réflexions sur l’esclavage des Nègres4 (1781) : « Réduire un homme à l’esclavage, l’acheter, le vendre, le retenir dans la servitude, ce sont de véritables crimes, et des crimes pires que le vol ». Pour Condorcet en effet, l’esclavage est le pire crime qui soit car il dépouille l’humain du droit naturel de propriété, y compris sur lui-même. Nous pourrions également rappeler cette phrase essentielle d’Olympe de Gouges dans ses Réflexions sur les hommes nègres où l’on peut lire : « L’homme partout est égal. Les rois justes ne veulent point d’esclaves […] ». Comment pourrait-on se prétendre libre si l’on fonde sa liberté sur l’infériorité de son semblable ? Nous pourrions évoquer dans le même ordre d’idées les thèses anti-esclavagistes développées au 18ème siècle par Voltaire, dans le conte philosophique Candide. Au chapitre 19, l’auteur nous amène à nous mettre à la place d’un esclave et à imaginer les souffrances que le malheureux endure. Comme on le voit, en suscitant l’empathie, la littérature d’idées secoue notre bonne conscience et nous oblige à développer notre sens critique afin de vouloir changer les choses pour vivre dans un monde plus juste.

___Enfin, si Hubertine Auclert a parfaitement raison d’affirmer que « l’égalité de tous les êtres est une juste condition d’accès à la liberté », nous pourrions ajouter qu’il n’y pas de véritable liberté sans fraternité. De fait, égalité ne veut pas dire similitude : une véritable égalité doit prendre en compte les différences dans un esprit de tolérance et d’équité. C’est ce que démontre Étienne de La Boétie en réfutant toute tentative de justification de la servitude et en mettant l’accent sur la nécessité de la fraternité comme condition de la liberté : « la nature, ministre de Dieu et gouvernante des hommes, nous a tous faits de même forme, et comme il semble, selon un même moule, afin que nous nous reconnaissions tous comme compagnons ou plutôt comme frères ». De fait, Étienne de La Boétie a été le premier auteur, dans son Discours sur la servitude volontaire, à avoir exprimé une formule semblable à la devise républicaine en montrant que la fraternité est, par l’égalité qu’elle reconnaît et institue, la condition même de la liberté. Comme on le voit, la liberté individuelle est mieux préservée au sein d’une société où les membres se traitent les uns les autres avec humanisme. Cette notion reflète l’idéal républicain selon lequel la liberté ne peut être pleinement réalisée que dans un contexte de solidarité entre les citoyens : le principe d’une démocratie reposant sur l’idée de « contrat social », c’est-à-dire l’obéissance à des valeurs communes. L’adhésion de l’individu au groupe doit donc être source de cohésion, voire de communion. De nos jours, de nombreux projets participatifs et inclusifs permettent à chacun d’exercer son sens critique tout en se conformant à un même idéal social humaniste : égalité des genres, fraternité, solidarité. Ainsi, l’échange participatif basé sur l’obligation sociale réciproque est une composante essentielle de nos démocraties modernes : réseaux sociaux, dispositifs solidaires d’échange, Web participatif, etc.

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___Comme nous avons essayé de le montrer tout au long de notre réflexion, l’égalité mais aussi la fraternité sont des conditions essentielles de toute société démocratique. Particulièrement à notre époque, où l’on accuse souvent le monde moderne d’isoler les individus ou de détruire le lien social, de nombreux projets communautaires, associatifs et participatifs voient pourtant le jour et permettent de repenser notre modernité et nos modèles civilisationnels dans l’espoir d’un nouveau « vivre ensemble », plus égalitaire et fraternel…

© février 2024, Bruno Rigolt

NOTES

1. Flora Tristan (1803-1844) est une écrivaine et militante française. Socialiste engagée, elle est connue pour ses plaidoyers en faveur des droits des femmes et des travailleurs. Citation célèbre (à mettre en relation avec la citation de Louise Michel) : « L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. Elle est la prolétaire du prolétaire même ». (L’Union ouvrière, 1843).
2. Militante anarchiste, écrivaine et institutrice, Louise Michel (1830-1905) est une figure emblématique de la Commune de Paris en 1871, où elle s’était engagée activement. Toute sa vie durant, elle a lutté pour l’égalité des sexes, la justice sociale et la liberté des opprimé·e·s. Citation célèbre : « Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire» (Louise Michel, Mémoires, 1886).
3. En droit, le verbe « disposer » signifie décider, décréter, édicter. On dit qu’une loi ou qu’un article de droit « dispose que… »  Par exemple, l’article 6 de la Constitution française dispose que le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct.
4. À l’époque de Condorcet, le terme « nègre » désignait simplement les caractéristiques physiques propres à la race noire. Si le mot « nègre » n’a donc rien de péjoratif sous la plume de Condorcet, il a pris depuis dans la langue courante un sens fortement dépréciatif, voire raciste. Ainsi, dans votre essai, si vous citez Condorcet, vous ne changerez pas le terme « nègre » utilisé par l’auteur. En revanche, vous n’emploierez pas ce terme dans votre argumentaire.

La contraction de texte et l’essai au Bac technologique

Après le commentaire, le deuxième sujet proposé au choix à l’épreuve anticipée de français du Bac technologique consiste à contracter un texte puis à rédiger un essai sur une problématique commune au texte initial et à l’œuvre de littérature d’idées que vous avez étudiée.

1. La contraction de texte (notée sur 10 points)

La contraction de texte est un exercice d’analyse et de rédaction qui consiste à résumer un texte en utilisant un nombre de mots déterminé. Comme le précisent les Instructions officielles, la contraction de texte permet d’apprécier l’aptitude du candidat à reformuler une argumentation de manière précise. Elle prend appui sur un texte relevant d’une forme moderne et contemporaine de la littérature d’idées. D’une longueur de 750 mots environ, ce texte fait l’objet d’un exercice de contraction au quart, avec une marge autorisée de plus ou moins 10 %. Le candidat doit indiquer à la fin de l’exercice le nombre de mots utilisés.
Source : https://www.education.gouv.fr/bo/20/Special7/MENE2019312N.htm

L’étape préparatoire

  • Crayons et surligneurs en main, lisez le texte une première fois.
    Soyez tout d’abord attentif au paratexte (qui peut vous fournir des indications utiles pour situer l’auteur, comprendre le contexte, identifier le genre du texte, etc.).
  • Essayez ensuite de repérer le thème (de quoi parle le texte ?) ainsi que la thèse défendue par l’auteur (et le cas échéant, la thèse réfutée) : soutient-il sa thèse explicitement ou implicitement ?
  • Intéressez-vous également à l’énonciation que vous devrez restituer fidèlement : utilisez le « je » si le texte est à la 1ère personne. Quels jugements de valeurs sont exprimés ? L’art de la persuasion fait reposer son efficacité sur la dimension affective, des termes mélioratifs ou péjoratifs : par exemple, l’auteur peut marquer sa présence en mettant en avant ses émotions, ses jugements pour mieux persuader. Il peut également s’adresser directement au lecteur pour l’impliquer avec l’apostrophe, des questions ou les pronoms de la 2e personne. Mais le point de vue peut être nuancé, avec des verbes d’opinion (affirmer, douter), des adverbes (« assurément », « peut-être »), etc. Il arrive parfois que l’auteur s’efface afin de donner une dimension plus universelle à son argumentation. Il emploie alors le pronom indéfini « on » ou la première personne du pluriel « nous » qui implique une connivence avec le lecteur. Dans tous les cas, vous devrez vous mettre à la place de l’auteur l’auteur et adopter la même position et le même ton que lui.

La lecture approfondie du texte

Relisez soigneusement le texte afin d’en établir précisément le plan :

  • Encadrez les mots clés c’est-à-dire les mots importants du texte (qu’on ne peut remplacer par un synonyme satisfaisant sans en altérer le sens).
  • Surlignez les principaux arguments du texte : ils ont pour fonction d’étayer la thèse défendue par l’auteur (et le cas échéant, la thèse réfutée). C’est une étape essentielle : n’oubliez pas que le but d’un texte argumentatif est de convaincre au moyen de preuves objectives, de raisonnements et d’arguments. Il vous donc identifier les différentes étapes de l’argumentation en veillant à hiérarchiser les idées relevées.
  • Repérez également les exemples : contrairement aux arguments qui portent sur des idées générales, les exemples portent sur des faits particuliers ou concrets : ne les retenez que s’ils ont une valeur illustrative. Les exemples à valeur illustrative sont souvent reliés à la thèse par des connecteurs logiques de conséquence (« ainsi », « par exemple », etc.).
  • Encadrez les connecteurs logiques
  • Barrez les éléments non essentiels à la contraction.

La rédaction de la contraction

RAPPEL : vous devez conserver les marques d’énonciation du texte. Si l’auteur dit « je », votre contraction doit être à la première personne. Surtout n’écrivez pas « l’auteur dit que » : c’est une maladresse lourdement sanctionnée. Vous devez vous mettre à la place de l’auteur.

  • N’oubliez pas que la contraction est un exercice de logique : elle doit donc comporter les idées essentielles du texte et respecter les étapes de la démonstration de l’auteur. N’ajoutez aucune idée personnelle : la nécessité de l’objectivité est impérative.
  • Votre contraction doit être concise : le montage de citations est interdit : vous ne devez pas reprendre les expressions utilisées par l’auteur. Vous devez donc reformuler en dégageant l’essentiel : la  reprise des formulations du texte, sauf si elle se justifie (mots clés, dont la suppression empêcherait la compréhension du message), contrevient aux principes de l’exercice. L’effort de reformulation est donc indispensable, ce qui exige de la part du candidat un langage concis, précis et diversifié.

2 erreurs majeures à éviter : 

  • conserver la syntaxe (c’es-à-dire calquer la structure des phrases) en remplaçant chaque mot par un synonyme ;
  • faire un « montage de citations » en collant bout à bout des phrases du texte d’origine.

Ce qu’il faut faire :

  • Respectez l’articulation et le mouvement du texte : votre contraction doit mettre en évidence l’organisation de l’argumentation en repérant les grandes articulations de la démonstration. Vous devez en effet conserver l’ordre des idées afin d’exposer le plus rigoureusement toutes les étapes du raisonnement mis en œuvre par l’auteur. Par exemple, si le texte comporte 3 paragraphes, cela signifie que vous devrez faire 3 paragraphes dans votre résumé.
  • Attention toutefois : certains textes comportent de nombreux paragraphes, parfois très courts : cela ne veut pas dire que vous devez faire autant de paragraphes, ce qui nuirait à la cohérence de votre contraction. il est préférable de repérer l’articulation logique de la démonstration afin de rendre compte de cette articulation dans votre contraction.

Avant de recopier au propre votre contraction…

  • Comptez très attentivement vos mots en ne dépassant pas l’écart toléré de 10%
  • Rédigez intégralement votre contraction (pas d’abréviations)
  • Relisez soigneusement votre texte qui doit être compréhensible et rédigé très clairement. Attention : l’orthographe et la syntaxe sont pénalisantes. 
choix du sujet + étape préparatoire 40 minutes
Lecture approfondie du texte + notes 40 minutes
Rédaction de la contraction + comptage + relecture 40 minutes

Pour vous entraîner… Regardez ces 2 corrigés de contractions :

2. L’essai argumentatif (noté sur 10 points)

Après la contraction de texte, il vous faut rédiger un « essai ». Cet exercice noté sur 10 points relève de l’argumentation. Il est basé sur un thème défini abordé lors de la contraction de texte. Le sujet amène le plus souvent le candidat à soutenir un raisonnement illustré par des exemples répondant à une problématique dans le but de convaincre un lecteur en justifiant ou en confrontant des thèses successives. 

Les Instructions officielles précisent : « Le sujet de l’essai porte sur le thème ou la question que le texte partage avec l’œuvre et le parcours étudiés durant l’année dans le cadre de l’objet d’étude La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle. Pour développer son argumentation, le candidat s’appuie sur sa connaissance de l’œuvre et des textes étudiés pendant l’année ; il peut en outre faire appel à ses lectures et à sa culture personnelles« .
Source : https://www.education.gouv.fr/bo/20/Special7/MENE2019312N.htm

Analyser le sujet et trouver une problématique

Lisez attentivement le sujet afin de déterminer le type de plan qu’il vous faudra utiliser.

  1. Le plan dialectique : ce plan est pratiqué quand le sujet invite à mettre en débat une opinion : il invite le plus souvent à défendre un point de vue dans la thèse (votre première partie) en trouvant au moins deux arguments illustrés d’exemples, et à le nuancer dans l’antithèse (votre deuxième partie) en trouvant également deux arguments illustrés d’exemples.
  2. Le plan thématique : à la différence du plan dialectique, ce type de plan n’amène pas à une discussion mais à analyser un problème clairement identifiable dans l’énoncé, ou à étayer (= soutenir) la validité d’une thèse donnée. Les différents paragraphes de votre travail abordent chacun un aspect particulier du sujet.

Convaincre et persuader… Quel que soit le type de sujet, il s’agit de proposer des pistes de réflexion à partir desquelles le lecteur construira sa propre opinion en pesant par exemple le pour et le contre. À la différence de la contraction qui exige une stricte neutralité, vous devez clairement affirmer votre opinion.

Pensez à mettre en valeur votre démarche argumentative : vos arguments doivent toujours être illustrés par un ou plusieurs exemples tirés du texte à contracter, des œuvres étudiées en classe (notamment l’œuvre étudiée et le parcours associé).ou de votre culture générale (littérature, arts, actualité…) : le but étant de séduire votre lecteur par votre force de conviction.

L’introduction

Elle doit comporter :

  • L’entrée en matière. Appelée également « amorce », ou « accroche », l’entrée en matière a pour but d’éveiller l’intérêt du lecteur et situer le cadre du sujet.
  • L’annonce du sujet : vous devez rappeler l’intitulé du sujet. N’hésitez pas à reformuler (brièvement, de façon claire et concise) le sujet afin de fournir un éclaircissement. Essayez ensuite de formuler une problématique. Cette deuxième étape est essentielle puisqu’elle amène à poser la question à laquelle votre devoir va répondre.
  • L’annonce du plan : c’est évidemment une étape incontournable puisqu’il s’agit pour le candidat d’annoncer la manière dont il va traiter le sujet, en lien avec la problématique. Surtout, ne rentrez pas dans le détail des arguments. Annoncez synthétiquement les grands axes de votre réflexion.

Le développement

Rédigez ensuite votre développement en reprenant le plan que vous avez établi au brouillon. Votre développement doit comporter entre 2 et 4 paragraphes (par exemple, s’il y a 2 parties, chaque partie comportera 2 paragraphes).

Le paragraphe argumentatif doit respecter certaines règles simples :

  1. Annoncer l’idée (au moyen d’un connecteur logique marquant la relation au paragraphe précédent) en une ou deux phrases succinctes dans un souci de clarté. Il faut qu’en vous lisant le correcteur (et n’importe quel lecteur) puisse répondre spontanément à la question : « De quoi est-il question dans ce paragraphe ? » Votre formulation se doit donc d’être précise et claire.
  2. Développer l’idée. C’est la phase d’approfondissement et d’explicitation : de fait, il est très maladroit de trouver dans certaines copies un argument certes pertinent, mais qui n’est pas développé. D’où une impression de superficialité, puisque le lecteur n’a pas pu suivre et donc comprendre votre logique démonstrative. Avant de passer à l’exemple, il est donc impératif d’étayer l’idée annoncée.
  3. Illustrer l’idée. C’est la fonction des exemples. Vous ne devez pas les multiplier afin d’éviter l’impression de « catalogue » que présentent certaines mauvaises copies : un ou deux exemples bien ciblés et rattachés à la problématique sont préférables à une succession d’exemples qui feraient perdre au paragraphe son unité de composition et de sens. Pensez à développer votre exemple : soyez tout d’abord précis dans vos références (titre de l’œuvre, numéro de chapitre, référence de partie, etc.) ; commentez, même brièvement l’exemple choisi en montrant en quoi il vient illustrer l’argument avancé.

La conclusion
Elle se doit d’être brève et synthétique. Elle comporte en général deux étapes :

  • Le bilan : il ne s’agit pas de rappeler les étapes du raisonnement, ce qui vous amènerait à d’inévitables redites, mais les résultats auxquels vous êtes parvenu au terme de votre démonstration. Rappelez-vous que la ou les questions posées par la problématique dans l’introduction doivent trouver en conclusion leur réponse. La conclusion doit donc vous amener à une prise de position.
  • L’ouverture (ou élargissement). Cette question fait souvent débat : est-il utile d’ouvrir les perspectives par un nouveau questionnement, sans tomber dans des considérations qui n’auraient plus aucun rapport avec le sujet ? Oui, à la condition que ce questionnement ait une légitimité, une justification. Or, force est de reconnaître que beaucoup de conclusions débouchent sur des élargissements peu probants d’un point de vue intellectuel, ce qui est pénalisant, particulièrement en fin de devoir : si vous manquez d’inspiration, évitez d’élargir. Certes, il est possible d’ouvrir une perspective, mais en restant dans les limites de la problématique posée, au risque de laisser le correcteur sur une mauvaise impression.

Analyse du sujet et choix de la problématique 30 minutes
Recherche des idées/exemples + élaboration du plan 45 minutes
Rédaction au propre + relecture 45 minutes

Pour vous entraîner… Regardez ces 2 corrigés d’essais :