10 citations clés de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne à exploiter pour la dissertation et l’essai au Bac :
Si vous travaillez sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, voici 10 citations clés expliquées et commentées. Elles vous aideront à enrichir vos démonstration (dissertation sur programme). Si vous êtes en Première technologique, ces citations vous aideront également à étayer vos raisonnements dans l’essai argumentatif.
- Pourquoi apprendre et utiliser des citations ? Une citation bien choisie vient renforcer un argument en s’appuyant sur l’oeuvre au programme. Cela montre au correcteur votre connaissance de l’oeuvre et donne plus d’intérêt à votre raisonnement.
- Comment bien utiliser une citation ? Pour être pertinente, la citation doit être en lien direct avec l’argument développé et ne doit pas être placée au hasard. Pensez également à l’introduire correctement : vous pouvez l’amener par une phrase comme : Selon…, D’après…, À ce sujet, Olympe de Gouges affirme que «…» ; Comme le dit si bien OdG, «…»).
- Conseil : une citation ne doit pas être placée sans commentaire. Il faut toujours l’expliquer et montrer comment elle illustre votre propre raisonnement.
I) « Préambule » de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne :
« Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? ». DDFC, Préambule
- Dans ce passage, Olympe de Gouges dénonce l’injustice de la domination masculine en soulignant son absence de fondement légitime. Elle apostrophe violemment les hommes en posant plusieurs questions rhétoriques mettant en cause les fondements du pouvoir masculin, et suggérant qu’il repose sur la force physique ou les préjugés, plutôt que sur une véritable légitimité morale ou intellectuelle : « Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? ». Olympe de Gouges emploie le champ lexical de la tyrannie pour renforcer cette idée avec les mots : « souverain », « empire » et « opprimer ».
- L’autrice remet ainsi en cause l’équité des hommes en matière de droits et d’égalité, en soulignant que la question vient d’une femme, ce qui souligne son droit à la parole. En mettant en avant l’injustice de cette oppression , elle invite à une réflexion sur les droits des femmes et leur accès à la justice et à la citoyenneté.
- Dans ce passage, l’emprise de l’homme sur la femme est assimilée aux formes les plus contestables du pouvoir, que la Révolution prétendait pourtant abattre. Le registre employé est le registre polémique et satirique. L’homme est ici violemment attaqué et ridiculisé : interpellation directe, ton accusateur, questions rhétoriques forçant l’interlocuteur à se justifier.
« Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, il [l’homme] veut commander en despote » […]. DDFC, Préambule
- Dans cet extrait du Préambule, Olympe de Gouges critique violemment l’attitude des hommes face à la domination qu’ils exercent sur les femmes. D’emblée, l’autrice souligne l’incohérence entre l’époque des Lumières, censée être marquée par le progrès et la raison (« ce siècle de lumières et de sagacité »), et l’ignorance persistante des hommes quant à l’égalité des sexes. Elle brosse un portrait dévalorisant de l’arrogance intellectuelle des hommes à travers une accumulation de qualificatifs péjoratifs (bizarre, aveugle, boursouflé),
- L’image du despote souligne l’injustice et l’abus de pouvoir, mettant en parallèle la domination des hommes sur les femmes avec les tyrannies politiques combattues par les Lumières. L’extrait met donc en évidence l’hypocrisie des Révolutionnaires qui prônent la raison et la liberté, tout en maintenant les femmes dans la soumission
- Le registre dominant est le registre polémique, renforcé par une tonalité satirique : le portrait caricatural de l’homme (boursouflé de sciences et dégénéré) le ridiculise, soulignant son incohérence et son ignorance malgré son savoir apparent. La tonalité satirique dénonce avec force l’obscurantisme des hommes dans un siècle qui se prétend « éclairé ».
« Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale ». DDFC, Préambule
- Dans cet extrait du Préambule, Olympe de Gouges revendique explicitement la participation des femmes à la vie politique. En reprenant le vocabulaire institutionnel de la Révolution française, l’autrice réclame pour les femmes les mêmes droits de représentation que les hommes. L’énumération « Les mères, les filles, les sœurs » souligne que les femmes, en tant que citoyennes et membres de la société, doivent bénéficier des mêmes droits politiques que les hommes. Le parallèle avec la Révolution est explicite2: En les désignant comme représentantes de la nation, Olympe de Gouges insiste sur l’appropriation par les femmes d’un rôle jusqu’alors réservé aux hommes, contestant ainsi leur exclusion du pouvoir.
- Ce passage s’inscrit dans une logique d’émancipation féminine et constitue une critique implicite de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), qui n’accordait aucun droit politique aux femmes. Il permet en outre à l’autrice d’affirmer avec force l’exigence d’une reconnaissance politique des femmes, en l’inscrivant dans les idéaux de liberté et d’égalité portés par la Révolution française.
- Le registre dominant ici est le registre argumentatif : la démonstration repose sur une logique d’égalité, en s’appuyant sur les principes révolutionnaires pour justifier la légitimité des revendications féminines. L’usage de verbes d’action forts (demandent d’être constituées) illustre une volonté de changement et une prise de parole directe.
II) Articles de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne :
« La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». DDFC, art. 1
- L’article 1 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne reprend presque mot pour mot l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), mais en y intégrant explicitement les femmes. En reprenant la formulation de la déclaration de 1789, Olympe de Gouges met en évidence les insuffisances d’un texte qui prône l’égalité tout en excluant la moitié de l’humanité.
- Cette affirmation du principe d’égalité pose donc un principe fondamental : les femmes ont, dès leur naissance, les mêmes droits que les hommes. Cet article est particulièrement marquant car il constitue un manifeste politique en faveur de l’émancipation des femmes, en réclamant pour elles un statut juridique et citoyen équivalent à celui des hommes. Ce premier article fixe donc le cadre de toute la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : une réhabilitation des droits des femmes dans un contexte révolutionnaire qui les a laissées de côté.
- Le registre dominant est didactique et juridique : l’énoncé adopte un ton solennel, propre aux textes fondateurs, et pose par l’emploi du présent de vérité générale un principe universel et intemporel relevant du droit naturel1. La tonalité est par ailleurs revendicative : Il s’agit d’un acte politique fort qui défie directement l’ordre établi et demande une refonte constitutionnelle.
« […] l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. » DDFC, art. 4
- Dans cet article, Olympe de Gouges dénonce les limites arbitraires imposées aux femmes et réclame une réforme fondée sur des principes universels relevant du « droit naturel »1. L’autrice affirme tout d’abord que les seules restrictions aux droits des femmes résultent d’une « tyrannie perpétuelle » exercée par les hommes. Elle met ainsi en lumière l’injustice de la Révolution qui entrave la liberté des femmes.
- Cet article constitue par ailleurs un appel à une réforme législative : en proposant que ces limites injustes soient corrigées, Olympe de Gouges s’appuie sur « les lois de la nature et de la raison », principes chers aux philosophes des Lumières. Cela suggère que l’égalité entre les sexes est une exigence rationnelle et naturelle, et non une construction sociale. En invoquant la raison, l’autrice rejette par ailleurs les arguments traditionnels (force physique, coutumes, religion) qui justifieraient l’infériorisation des femmes. Ce passage s’inscrit donc dans une démarche révolutionnaire et juridique, visant à inscrire l’égalité des sexes dans le droit naturel et non dans un système de domination arbitraire.
- Le registre dominant est le registre polémique. L’expression « tyrannie perpétuelle » souligne la violence et l’injustice de la domination masculine. La dimension argumentative est également essentielle : l’autrice ne se contente pas de dénoncer, elle propose une réforme fondée sur la nature et la raison : valeurs universelles qui renforcent la légitimité de sa revendication.
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune […] ». DDFC, art. 10
- Cet article est essentiel : Olympe de Gouges revendique la liberté d’expression pour les femmes et met en évidence l’injustice de leur exclusion des droits politiques. En reprenant le principe révolutionnaire de liberté d’opinion, Olympe de Gouges souligne que ce droit doit s’appliquer à tous, y compris aux femmes.
- Par ailleurs, cet article met en évidence une contradiction : les femmes subissent les peines les plus lourdes (comme la peine de mort) mais sont privées de droits politiques. Si « la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune » : par cette antithèse frappante, l’autrice dénonce les insuffisances du système révolutionnaire qui prône l’égalité, mais qui continue à exclure les femmes des droits citoyens. La Tribune, symbole du pouvoir et de la prise de parole publique, représente ici l’accès des femmes aux débats et à la vie politique.
- Le registre dominant est le registre polémique et didactique. Polémique car l’opposition entre l’échafaud et la tribune est particulièrement provocante et force à une prise de conscience quant à l’incohérence du système. D’un point de vue argumentatif, l’autrice s’appuie sur un principe fondamental de la Révolution française (liberté d’opinion) pour revendiquer l’égalité des droits entre hommes et femmes, notamment en matière de participation politique.
« La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration ». DDFC, art. 15
- Ce passage de l’article 15 de la Déclaration d’Olympe de Gouges revendique le droit des femmes à participer à la vie politique et à exiger des comptes des dirigeants, tout comme les hommes. En s’appuyant sur le principe fondamental de la souveraineté du peuple, l’autrice dénonce l’exclusion des femmes de la citoyenneté active et affirme qu’elles contribuent à la société (par le travail, les impôts, etc.), et doivent donc bénéficier des mêmes droits politiques, notamment celui de contrôle des affaires publiques (« a le droit de demander compte à tout agent public, de son administration »).
- Ce passage est porteur d’une forte dimension revendicative. L’expression « la masse des femmes » souligne leur exclusion massive du pouvoir. De même, l’idée de « demander compte » est largement polémique face aux injustices du régime politique. Sur le plan argumentatif, le raisonnement est imparable : si les femmes contribuent à l’État, elles doivent avoir un droit de regard sur son administration. La tournure impersonnelle de la phrase cherche à convaincre, en plaçant les femmes dans un cadre collectif et légitime, qui ne peut être ignoré.
« Toute société, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ; la Constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la nation, n’a pas coopéré à sa rédaction. » DDFC, art. 16
- Cet article affirme un principe démocratique essentiel : une société ne peut être considérée comme légitime et conforme aux principes de justice que si les droits fondamentaux de tous sont garantis et que la séparation des pouvoirs est clairement définie. Inspirée par Montesquieu, Olympe de Gouges rappelle que sans séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), une Constitution n’a aucune valeur réelle et ne peut être considérée comme valide.
- L’originalité du texte d’Olympe de Gouges réside en outre dans l’ajout d’une condition essentielle à la légitimité d’une Constitution : la participation de la majorité des individus qui composent la nation à sa rédaction. Olympe de Gouges souligne donc implicitement que les femmes sont exclues de ce processus, alors qu’elles constituent une part essentielle de la population. Elle dénonce ainsi le caractère illégitime d’une constitution qui ne prendrait pas en compte les droits des femmes et ne serait élaborée que par les hommes. Olympe de Gouges défend ainsi un véritable principe d’égalité et de souveraineté populaire, soulignant que la démocratie ne peut exister sans la participation de tous. Cette vision anticipe les revendications féministes modernes en faveur du droit de vote et de l’égalité politique.
- Le registre didactique et polémique domine largement : Olympe de Gouges utilise tout d’abord un raisonnement logique (« garantie des droits » pour tous et « séparation des pouvoirs ») pour établir la légitimité d’une Constitution. L’affirmation « n’a point de Constitution » et « la Constitution est nulle » pose un principe absolu, renforcé par l’utilisation du présent de vérité générale qui donne une dimension universelle à son raisonnement. Le registre polémique est également très marqué : la phrase « si la majorité des individus qui composent la nation, n’a pas coopéré à sa rédaction » comporte une critique implicite des Révolutionnaires qui excluent les femmes du processus législatif. L’emploi du qualificatif « nulle » est particulièrement polémique : il ne s’agit pas seulement d’un manquement, mais d’une invalidation complète de la Constitution si les femmes ne sont pas impliquées.
III) Postambule de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne :
« Femme, réveille-toi ! Le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits ». DDFC, Postambule
- Olympe de Gouges lance ici un appel vibrant aux femmes pour qu’elles prennent conscience de leur oppression et revendiquent leurs droits. On notera tout d’abord l’appel à la prise de conscience : l’impératif « Femme, réveille-toi ! » constitue une injonction directe. Il suggère que les femmes ont été maintenues dans une forme de passivité et qu’il est temps pour elles de s’émanciper.
- Les références aux Lumières sont par ailleurs nombreuses : l’image du « tocsin », évoque une alarme ou un appel à la mobilisation, qui rappelle les grands événements de la Révolution française et donne à ce discours une dimension combative. De même, la référence à la raison est essentielle : la raison et la lutte pour l’égalité sont en effet l’arme des philosophes dans leurs combats contre l’obscurantisme. C’est en effet au nom de la raison qu’Olympe de Gouges dénonce les inégalités hommes-femmes. La raison évoque donc l’idée d’éclairer les hommes par la connaissance et l’accès au savoir. L’expression « se fait entendre dans tout l’univers » suggère enfin que la lutte pour l’égalité dépasse le cadre français et concerne toutes les femmes du monde. Ce passage s’inscrit donc dans une logique d’éveil et d’émancipation des femmes, les incitant à revendiquer activement leurs droits au même titre que les hommes l’ont fait lors de la Révolution.
- Le registre dominant est le registre oratoire dont le but est de convaincre par la parole : recours à l’apostrophe, à la métaphore et à l’hyperbole, amplification rythmique de la phrase, ton emphatique, etc. L’usage d’impératifs et d’images fortes donne par ailleurs au texte un ton solennel destiné à frapper le lecteur autant qu’à satisfaire la logique. Le champ lexical de l’alerte (« tocsin ») et de la revendication (« reconnais tes droits ») rappelle les appels à la mobilisation du peuple pendant la Révolution.
« Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir ». DDFC, Postambule
- Dans cet extrait du Postambule, Olympe de Gouges adresse un message d’espoir et d’émancipation aux femmes, en les incitant à agir pour leur liberté. L’expression « Quelles que soient les barrières » montre que l’oppression des femmes est réelle et multiple, mais pas insurmontable : l’autrice insiste sur le fait que ces obstacles ne doivent pas être acceptés comme une fatalité. Le passage souligne en effet que la clé de l’émancipation des femmes réside dans leur propre volonté : « il est en votre pouvoir de les affranchir ». Cette phrase renforce l’idée que les femmes ne sont pas condamnées à subir, mais qu’elles peuvent agir et se libérer elles-mêmes. Le verbe « vouloir » est une exhortation à l’action : il met l’accent sur la prise de conscience et la détermination individuelle et collective nécessaires pour atteindre l’égalité. Ce passage traduit donc une vision volontariste et engagée de la lutte féministe, insistant sur la nécessité pour les femmes de s’impliquer activement dans leur propre libération.
- Le registre dominant est le registre exhortatif (exhortatif : qui incite à agir et pousse à l’action) et engagé. Olympe de Gouges lance un appel aux femmes dans le but de les sensibiliser, les inciter, les mobiliser pour qu’elles se révoltent contre leur condition. Ce texte constitue donc un appel à l’action et à l’engagement.
© Bruno Rigolt, janvier 2025.
1. Le droit naturel désigne une théorie essentielle de la philosophie du droit selon laquelle il existe des droits fondamentaux inhérents à la nature humaine, indépendants des lois créées par les sociétés humaines. Ces droits sont considérés comme universels, inaliénables et intemporels. Ils sont souvent associés à des principes éhiques et moraux, et se trouvent au-delà du « droit positif » (créé par les autorités humaines et variable dans le temps).
2. Le « Serment du Jeu de Paume » : le 20 juin 1789, les députés du Tiers-État, se voyant empêchés de se réunir dans la salle des États généraux, font le serment de ne pas se séparer avant d’avoir rédigé une constitution pour le royaume. Ce serment marque le début de l’Assemblée nationale constituante. Par la suite, cette Assemblée a travaillé sur l’élaboration de textes fondateurs, dont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui sera adoptée le 26 août 1789. Ce texte fondamental pose les principes de liberté, d’égalité, de fraternité, et affirme les droits naturels et imprescriptibles de l’homme, notamment la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.


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