Classe de Seconde 7
année scolaire 2012-2013
Espace élèves
Bienvenue à toutes et à tous dans cet Espace pédagogique offrant un support d’accès libre pour assimiler et enrichir l’enseignement du Français et de la littérature en classe de Seconde. Vous y trouverez de nombreuses ressources consultables en ligne qui complèteront le cours, ainsi qu’un descriptif des activités menées pendant l’année scolaire.
Activités et ressources…
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Comprendre et s’adapter aux rythmes de travail au lycée : apprendre à planifier son travail.
Du temps linéaire…
Arrivés au Lycée, de nombreux élèves éprouvent des difficultés à planifier leur emploi du temps. De là des retards parfois importants et préjudiciables au bon déroulement de leur scolarité. La raison tient au fait que les élèves ont pris la (mauvaise) habitude d’utiliser (comme dans les “petites classes”) un agenda ou un cahier de texte qui est une méthode de planification du travail assez sommaire. Explication : la représentation du temps sur un agenda est “linéaire” : elle ne permet pas de visualiser le temps dans son ensemble. De là une vision à très court terme, qui n’offre ni anticipation, ni projection, ni planification.
… au temps stratégique
Ce “temps linéaire” est donc un temps partiel, hérité de la petite école ou du collège : on regarde le lundi ce qu’il y a à faire pour le mardi, le mercredi ce qu’il y a à rendre le jeudi ou le vendredi, etc. Tout fonctionne à peu près bien quand la charge de travail est minime. En revanche, dès que le rythme et la densité des exercices augmentent, la méthode ne marche plus, pour la simple raison que ce n’est pas une méthode de travail. Je vous propose un processus qui a fait ses preuves à 100% à haut niveau : il consiste à gérer son temps de façon “stratégique”, c’est-à-dire à visualiser les activités sur une longue période. Au lieu de regarder les activités jour après jour, on les visualise dans leur intégralité selon un principe de planification stratégique. Regardez comment ça marche…
Une méthode efficace et simple
Prenez une grande copie double et faites-vous un calendrier sur un mois (très rapidement… Ne passez pas 10 heures dessus évidemment!). Ensuite, dès que vous notez un travail à faire, une leçon à apprendre dans votre agenda, prenez l’habitude de reporter le travail à faire sur votre tableau : affichez-le près de votre bureau chaque jour afin de bien visualiser l’ensemble des tâches à accomplir.
Très important : prenez l’habitude de “hiérarchiser” les activités en utilisant des codes de couleur : par exemple, préparer une dissertation de français à la maison demande au moins six heures : j’attribue donc un code rouge! J’attribuerai le rouge à tous les exercices nécessitant un lourd investissement. On peut attribuer le code “bleu” aux exercices nécessitant moins de temps (2 à 3 heures par exemple) et le code “vert” aux travaux qu’on peut effectuer encore plus rapidement.
Savoir anticiper…
Si vous regardez attentivement le calendrier, vous voyez que les quinze premiers jours du mois sont relativement calmes. En revanche, tout s’accélère ensuite. Sur un agenda traditionnel, la visualisation linéaire empêche une bonne planification. En revanche ici, vous pouvez d’avance préparer certains exercices afin d’éviter les retards : dans cet exemple, le contrôle d’histoire-géo le 20, le commentaire de Français le 22, le DST en LV1 le 23 et la prépa de Maths doivent évidemment être planifiés avant : si vous attendez, bonjour la catastrophe !
Pour ce qui me concerne, j’ai été ahuri de voir des élèves de Première affirmer le plus tranquillement du monde qu’ils n’avaient pas eu le temps en 3 semaines de consacrer ne serait-ce que trois heures à préparer une dissertation… Plutôt qu’un relâchement, je préfère voir un gros problème lié à l’organisation du temps de travail. C’est la raison pour laquelle je vous propose cette méthode de planification stratégique. Si vous la suivez, vous n’aurez aucun mal à vous organiser. Je l’ai utilisée même quand j’étais en Doctorat, je l’utilise toujours quand j’ai beaucoup d’activités à finaliser : elle garantit la réussite à 100%. De plus, elle vous amène (plus tard, professionnellement) à mieux vous organiser en améliorant votre efficience afin de favoriser l’atteinte de vos objectifs, à gérer votre travail selon une logique « d’entreprise » en vous fixant des objectifs de réussite. L’avantage du calendrier que je vous propose est qu’il offre en effet une bonne adaptation à la fois à l’environnement externe (les travaux qu’on vous donne, les tâches que vous devez accomplir) et à vos ressources et vos compétences internes (votre capacité et votre rythme de travail) : en planifiant, vous êtes sûr(e) d’y arriver !
- Mardi 4 septembre.
– Heure et Vie de Classe : réglement intérieur du Lycée.
– Liste des fournitures : 1 grand classeur (PAS de cahier), des intercalaires, des copies (à grands carreaux de préférence), des pochettes plastique (indispensable), 1 répertoire
– Fonctionnement du cours. Cliquez ici si vous souhaitez davantage de précisions, en particulier pour ce qui concerne les modalités d’évaluation.
– Programme de l’enseignement commun de Français en classe de Seconde (Bulletin officiel spécial n°9 du 30 septembre 2010).
Le cours de Français au Lycée a été conçu pour développer les capacités de réflexion, d’analyse et d’expression écrite et orale qui sont nécessaires pour la formation de la sensibilité, de l’esprit critique et plus largement de la citoyenneté. Il obéit ainsi à une triple finalité :
- instruire et socialiser en approfondissant la formation d’une culture,
- donner à comprendre et qualifier par des méthodes de pensée et de travail,
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viser à une pratique raisonnée de la langue, apte à favoriser sur le plan conceptuel et pratique l’expression et la communication.
- La poésie du XIXème au XXème siècle : du Romantisme au Surréalisme
- Le roman et la nouvelle au XIXème siècle : Réalisme et Naturalisme
- La tragédie et la comédie au XVIIème siècle : le Classicisme
- Genres et formes de l’argumentation : XVIIème et XVIIIème siècle
Séquence introductive
Approches du texte littéraire
Textes support :
– Emile Zola, incipit/excipit de Germinal
– Marguerite Duras, “Le Coupeur d’eau“
Objectifs de la séquence :
Méthodes de pensée et de travail : approches de la lecture analytique
Formation d’une culture : Qu’est-ce qu’un texte « littéraire », le travail de l’écrivain : la question du style durassien, les contraintes stylistiques et formelles de la nouvelle.
Pratique raisonnée de la langue : les relations entre les mots, les éléments de la communication, les marques de l’énonciation
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- Jeudi 6 septembre-Vendredi 7 septembre.
– Initiation à la lecture analytique. Texte support : incipit de Germinal
– Apprendre à “problématiser” : formuler des hypothèses de lecture ; l’horizon d’attente du lecteur.
– Cours : Dénotation et Connotation.
Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n’avait la sensation de l’immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d’arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres.
L’homme était parti de Marchiennes vers deux heures. Il marchait d’un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. Un petit paquet, noué dans un mouchoir à carreaux, le gênait beaucoup ; et il le serrait contre ses flancs, tantôt d’un coude, tantôt de l’autre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains à la fois, des mains gourdes que les lanières du vent d’est faisaient saigner. Une seule idée occupait sa tête vide d’ouvrier sans travail et sans gîte, l’espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. Depuis une heure, il avançait ainsi, lorsque sur la gauche, à deux kilomètres de Montsou, il aperçut des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus. D’abord, il hésita, pris de crainte ; puis, il ne put résister au besoin douloureux de se chauffer un instant les mains.
Un chemin creux s’enfonçait. Tout disparut. L’homme avait à droite une palissade, quelque mur de grosses planches fermant une voie ferrée ; tandis qu’un talus d’herbe s’élevait à gauche, surmonté de pignons confus, d’une vision de village aux toitures basses et uniformes. Il fit environ deux cents pas. Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu’il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareils à des lunes fumeuses. Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l’arrêter. C’était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d’où se dressait la silhouette d’une cheminée d’usine ; de rares lueurs sortaient des fenêtres encrassées, cinq ou six lanternes tristes étaient pendues dehors, à des charpentes dont les bois noircis alignaient vaguement des profils de tréteaux gigantesques, et, de cette apparition fantastique, noyée de nuit et de fumée, une seule voix montait, la respiration grosse et longue d’un échappement de vapeur, qu’on ne voyait point.
Alors, l’homme reconnut une fosse.
- Lundi 10 septembre.
– Cours : Signifiant, Signifié, Arbitraire du signe. - Jeudi 13 septembre.
– Lecture d’une nouvelle de Marguerite Duras : “Le Coupeur d’eau“ Notions vues : les caractéristiques de la nouvelle, parataxe, oxymore. L’engagement en littérature.
Visite du CDI le lundi 24 septembre. Utilisation de BCDI.
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- Vendredi 14 septembre.
– Cours : la situation de communication, les objectifs de la communication (les fonctions du langage)
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- Lundi 17 septembre. GROUPE
– La relation entre l’incipit et l’excipit. Texte support : excipit de Germinal (Zola). Notion vue : la métaphore filée.
Approfondissement et entraînement à l’évaluation du jeudi 4 octobre
Question possible : en vous aidant de vos connaissances du cours sur le signifiant et le signifié, quelles remarques pouvez-vous faire sur ce document ? →
Réponse : Ce document représente un signe appelé “pictogramme”. Un pictogramme est la réunion d’une image visuelle, appelée « signifiant » graphique, et d’une idée, d’un sens, appelé « signifié ». La fonction exprimée par ce pictogramme est la fonction référentielle (car il renvoie à un contexte précis et clairement défini). On peut évoquer aussi la fonction impressive (ou conative) car il pousse le récepteur à agir d’une certaine façon (ne pas fumer). Le lien qui unit le signifiant au signifié est le plus souvent “arbitraire” dans la mesure où il n’existe pas forcément de rapport logique entre l’image et le sens auquel elle est associée. Ainsi, le signifiant visuel « cigarette » est indépendant du signifié qu’il représente, à savoir l’action de fumer. C’est par convention qu’on comprend que le signifiant graphique renvoie à un signifié, admis de façon codée.
De même, imaginez un panneau représentant un “M” à Paris. On comprendrait que “M” est la première lettre du mot “Métro”, mais c’est seulement dans un contexte urbain qu’on comprend ce “M”. Le même pictogramme en plein milieu de la forêt amazonienne deviendrait évidemment complètement décalé. Notez que l’humour ou la poésie peut jouer sur ces décalages de code (imaginez le même pictogramme en plein milieu de la mer…).
La relation entre chaque signifiant et son signifié est donc une relation arbitraire. Pourquoi un couteau et une fourchette signifieraient forcément un restaurant ? De même, c’est par habitude qu’on interprète un homme et une femme côte à côte comme désignant l’emplacement de toilettes mixtes. Mais il est évident que ce signifié pourrait être interprété bien différemment dans un autre contexte !
La compréhension du signe demande forcément la connaissance d’un code. Imaginons un Zoulou d’Afrique du sud, ou un Aborigène d’Australie apercevant pour la première fois ces pictogrammes… En quoi ces personnes pourraient-elles deviner si on ne le leur a pas déchiffré, qu’une voiture avec un insigne rectangulaire sur le toit signifie un taxi ? Ces signes peuvent en effet ne pas être compris par tout le monde, dans la mesure où les cultures sont différentes : chacun de nous est marqué, influencé par des codes, le plus souvent des codes sociaux et culturels.
L’arbitraire du signe : vous connaissez sans doute la toile célèbre du peintre Magritte, « La Trahison des images », exposée au County Museum of Art de Los Angeles. Le tableau est en effet révélateur du profond bouleversement introduit par l’art du vingtième siècle. Peint en 1929, il repose sur une véritable “mystification” : il représente une pipe, accompagnée de la légende suivante : “Ceci n’est pas une pipe”. L’intention la plus évidente de Magritte est de montrer que, même peint de la manière la plus réaliste qui soit, un tableau qui représente une pipe n’est pas une pipe. Il n’en est que l’image, la représentation. Au-delà de l’humour évident, ce discours sur le rapport arbitraire du signifiant visuel au signifié s’inscrit évidemment dans le vaste mouvement critique et subversif de détournement des codes sociaux, qui a permis à l’art moderne de devenir un véritable ferment d’idées.
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Jeudi 20 septembre. Méthodologie.
– Fin du cours sur les fonctions du langage.
– Travail sur les fonctions du langage, et le signifié connoté. Exercice pratique : interprétation d’une publicité Panzani (1964). Connotations clés chez Roland Barthes : italianité, fraîcheur, authenticité.
Document complémentaire :
Roland Barthes “Rhétorique de l’image”
(Communication, n°4, 1964, p. 41-42)Voici une publicité Panzani : des paquets de pâtes, une boîte, un sachet, des tomates, un champignon, le tout sortant d’un filet à demi ouvert, dans des teintes jaunes et vertes sur fond rouge. Essayons d’ “écrémer” les différents messages qu’elle peut contenir.
L’image nous livre tout de suite un premier message, dont la substance est linguistique : les supports en sont la légende, marginale, et les étiquettes, qui, elles, sont insérées dans le naturel de la scène, comme « en abyme » : le code dans lequel est prélevé ce message n’est autre que celui de la langue française ; pour être déchiffré, ce message n’exige d’autre savoir que la connaissance de l’écriture et du Français. À vrai dire, ce message peut encore se décomposer, car le signe Panzani ne livre pas seulement le nom de la firme, mais aussi, par son assonance, un signifié supplémentaire qui est, si l’on veut, l’« italianité ».[…]
Le message linguistique mis de côté, il reste l’image pure (même si les étiquettes en font partie à titre anecdotique). Cette image livre aussitôt une série de signes discontinus. Voici d’abord (cet ordre est indifférent, car ces signes ne sont pas linéaires), l’idée qu’il s’agit, dans la scène représentée, d’un retour de marché ; ce signifié implique lui-même deux valeurs euphoriques : celle de la fraîcheur des produits et celle de la préparation purement ménagère à laquelle ils sont destinés ; son signifiant est le filet entrouvert qui laisse s’épandre les provisions sur la table, comme « au déballé ». Pour lire ce premier signe, il suffit d’un savoir en quelque sorte implanté dans les usages d’une civilisation très large, où « faire soi-même son marché » s’oppose à l’approvisionnement expéditif (conserve, frigidaire) d’une civilisation plus « mécanique ». Un second signe est à peu près aussi évident ; son signifiant est la réunion de la tomate, du poivron et de la teinte tricolore (jaune, vert, rouge) de l’affiche ; son signifié est l’Italie, ou plutôt l’italianité ; ce signe est dans un rapport de redondance avec le signe connoté du message linguistique (l’assonance italienne du nom Panzani) ; le savoir mobilisé par ce signe est déjà plus particulier : c’est un savoir proprement « français » […] fondé sur une connaissance de stéréotypes linguistiques. Continuant d’explorer l’image (ce qui ne veut pas dire qu’elle soit entièrement claire du premier coup), on y découvre sans peine au moins deux autres signes ; dans l’un, le rassemblement serré d’objets différents transmet l’idée d’un service culinaire total, comme si d’une part Panzani fournissait tout ce qui est nécessaire à un plat composé, et comme si d’autre part le concentré de la boîte égalait les produits naturels qui l’entourent, la scène faisant le pont en quelque sorte entre l’origine des produits et leur dernier état ; dans l’autre signe, la composition, évoquant le souvenir de tant de peintures alimentaires, renvoie à un signifié esthétique : c’est la « nature morte » ou comme il est mieux dit dans d’autres langues, le « still life » ; le savoir nécessaire est ici fortement culturel.
- Travail à rendre par écrit le jeudi 27 septembre 2012. (coefficient 1)
I Quelle(s) fonction(s) du langage vous paraissent exprimées dans ces textes ? Vous justifierez obligatoirement vos réponses. 5 points.
1. « Omo Micro, tutti riquiqui, mais maousse costaud… » (Slogan publicitaire pour la lessive Omo)
2.
C’était pas un chien de chasse, il savait pas chasser. C’était pas un chien de garde, Il savait pas garder C’était pas un chien de berger, Des moutons il s’en occupait pas. Bon, alors euh… C’était un chien qui était bon à rien.
3. “Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d’une salle où l’on a dîné ; elle pue le service, l’office, l’hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l’on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu’y jettent les atmosphères catarrhales de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien, malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l’être un boudoir. Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd’hui, qui forme un fond sur lequel la crasse a imprimé ses couches de manière à y dessiner des figures bizarres. Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d’assiettes en porcelaine épaisse, à bords bleus, fabriquées à Tournai.”
Honoré de Balzac, Le Père Goriot
4. “Dépêchez-vous dépêchez-vous, c’est la saison des pêches !” (slogan publicitaire)
II Signifiant, signifié, arbitraire du signe…
En quoi cet idéogramme chinois et la légende qui l’accompagne vous paraissent-ils intéressants ? Vous expliquerez de façon très détaillée. 5 points
Bonheur
Happiness
III Dénotation, Connotations…
Publicité pour un parfum pour femme (Guy Laroche). Slogan : « La femme est une île, Fidji est son parfum »
Question : En quoi ces messages (linguistique et iconique) sont-ils particulièrement connotés ? Vous répondrez dans un paragraphe argumenté.
10 points.
Restitution des travaux corrigés et mise en ligne des résultats sur Pronote : lundi 1er octobre.
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- Jeudi 4 octobre 2012.
Évaluation : 1h15 (coefficient 2). Notions à réviser : Dénotation/Connotation ; Signifiant/Signifié/Arbitraire du signe ; Fonctions du langage ; Métaphore filée
- Vendredi 21 septembre. Bilan de la séquence introductive : la langue comme “fait social”. En tant qu’institution humaine par exemple, le langage a un rapport étroit avec les codes sociaux : le verlan ou l’argot permettent ainsi de mieux comprendre le rapport du locuteur à la norme.
- Lundi 24 septembre. Groupes. Visite du CDI. Utilisation de BCDI.
Section 1 : du Romantisme au Surréalisme
(référence manuel : p. 221-299)Séquence 1 : des Lumières au Romantisme
- Jeudi 27 septembre.
– Le contexte culturel et social du Romantisme.
– Des Lumières au Romantisme : Lecture analytique : Dumarsais, article “Philosophe” : la fonction sociale du philosophe ; la condamnation du moi ; l’éloge du rationalisme.
TEXTE
Le philosophe est une machine humaine comme un autre homme ; mais c’est une machine qui, par sa constitution mécanique, réfléchit sur ses mouvements. Les autres hommes sont déterminés à agir sans sentir ni connaître les causes qui les font mouvoir, sans même songer qu’il y en ait.Le philosophe, au contraire, démêle les causes autant qu’il est en lui, et souvent même les prévient, et se livre à elles avec connaissance : c’est une horloge qui se monte, pour ainsi dire, quelquefois elle-même. Ainsi il évite les objets qui peuvent lui causer des sentiments qui ne conviennent ni au bien-être, ni à l’être raisonnable, et cherche ceux qui peuvent exciter en lui des affections convenables à l’état où il se trouve. […]Les autres hommes sont emportés par leurs passions, sans que les actions qu’ils font soient précédées de la réflexion ; ce sont des hommes qui marchent dans les ténèbres, au lieu que le philosophe, dans ses passions même, n’agit qu’après la réflexion ; il marche la nuit, mais il est précédé d’un flambeau.Le philosophe forme ses principes sur une infinité d’observations particulières ; le peuple adopte le principe sans penser aux observations qui l’ont produit : il croit que la maxime existe, pour ainsi dire, par elle-même ; mais le philosophe prend la maxime dès sa source ; il en examine l’origine, il en connaît la propre valeur, et n’en fait que l’usage qui lui convientDe cette connaissance que les principes ne naissent que des observations particulières, le philosophe en conçoit de l’estime pour la science des faits ; il aime à s’instruire des détails et de tout ce qui ne se devine point. Ainsi il regarde comme une maxime très opposée au progrès des lumières de l’esprit, que de se borner à la seule méditation, et de croire que l’homme ne tire la vérité que de son propre fonds.
Notions vues : culte du moi ; mal du siècle
- Vendredi 28 septembre.
Lecture analytique du “lac” de Lamartine (Manuel, page 226)
Pour le jeudi 4 octobre, préparer au brouillon la lecture analytique de “L’Isolement” de Lamartine en centrant vos réflexions sur :
– le décor
– l’importance du moi (lyrisme et tonalité élégiaque)
– la dimension mystique du paysage.
Pour aller plus loin…
Lisez “L’Isolement” dans une édition exceptionnelle des Méditations poétiques de Lamartine et téléchargez gratuitement l’ouvrage (édition de 1823, exemplaire conservé à la New York Public Library).
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire ;
Je ne demande rien à l’immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.
Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
- Lundi 1er octobre. Groupes
– Lecture de l’image : Caspar David Friedrich, « Le Voyageur contemplant une mer de nuages »
– Restitution des DM (du 27 septembre). Résultats sur Pronote.

- Jeudi 4 octobre.
–Evaluation : 1h15L’évaluation initialement prévue le 4 octobre est reportée au lundi 8 octobre (groupes). Durée : 55 minutes.
– Fin de la lecture de l’image : Friedrich, “Le Voyageur contemplant une mer de nuages” (Fiche d’analyse distribuée).
– Cours sur le Romantisme (1/2)
– Distribution d’une fiche de synthèse sur le Romantisme. Cette fiche sera à apprendre, ainsi que toutes les notes de cours pour le jeudi 18 octobre (évaluation). -
Vendredi 5 octobre.
– Élection des délégué(e)s de classe. -
Lundi 8 octobre : évaluation.
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Jeudi 11 octobre.
– Cours sur le Romantisme (2/3)
– Lecture de l’image : Charles-Édouard Crespy Le Prince “Julie et Saint-Preux sur le lac de Léman” (1824), page 227 du manuel.
© Montmorency, musée Jean-Jacques Rousseau, © Direction des musées de France, 2007 Crédit photographique © Robin Laurence
Pour aller plus loin…
- Jeu test “Découvrez votre profil romantique” : amusez-vous en apprenant ! Pour faire le test, cliquez ici.
- Découvrez cette vidéo très bien faite (montage à partir de plusieurs tableaux du peintre Friedrich).
Vous pouvez lire avec profit cette fiche (utilisez les flêches pour centrer et faire défiler le texte). Si les pages du livre ne se chargent pas, réactualisez la page.
Découvrez la musique romantique grâce au lecteur intégré… Ne manquez surtout la célébrissime Sonate pour piano n° 14 en do dièse mineur, opus 27 n° 2 dite « Sonate au clair de lune », de Beethoven. Composée en 1801, elle très représentative de la sensibilité romantique (notez la tonalité lyrique et pathétique).
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Lundi 15 octobre.
– Préparation de la lecture analytique du poème de Lamartine “L’Isolement”.
Pistes de lecture :
– Lyrisme mélancolique ; épanchement
– Solitude du poète et aspiration à l’au-delà
– Questions possibles : À partir de ce poème, expliquez l’importance du “moi” dans la poésie romantique. Montrez la dimension “mystique” du paysage. Dans quelle mesure peut-on dire que ce poème constitue une “élégie“? Vous étudierez le rapport de l’homme à la nature dans “L’isolement” de Lamartine.
- Jeudi 18 octobre.
– Atelier d’écriture poétique : “Un Automne en Poésie”
– Les textes exploiteront obligatoriement la technique de la métaphore. - Vendredi 19 octobre.
– Bilan sur le Romantisme
– Évaluation sur le Romantisme le jeudi 15 novembre. - Lundi 22 octobre-vendredi 26 ocobre.- Rimbaud : “Lettre du Voyant” (à Paul Demeny, 15 mai 1871) ;- « Le bateau ivre » : le rejet de la civilisation et l’exaltation de la nature sauvage
– Questions possibles pour un contrôle : – En quoi “le Bateau ivre” vous paraît-il illustrer cette affirmation de Rimbaud dans la “Lettre du Voyant” : “Je est un autre” ? – Quelle mission Rimbaud assigne-t-il à la poésie dans la “Lettre du Voyant” ?
La lecture du “Bateau ivre” est difficile. Je vous recommande d’écouter très attentivement la lecture magistrale qu’a effectuée Gérard Philippe de ce poème :
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- Lundi 12 novembre.
– Groupes : du Romantisme au Symbolisme. Analyse d’image : Alexandre Séon, “Le Récit” : cliquez ici pour accéder à l’analyse d’image que j’ai proposée.
Pour aller plus loin…
Les élèves les plus curieux pourront lire les supports de cours suivants :
Ouvrages à consulter utilement au CDI…
– A. Chassang, Ch. Senninger, Recueil de textes littéraires français, quatrième partie “Idéalisme et Symbolisme”, p. 452 et suivantes. COTE CDI : 840 “18” CHA
– Dominique Rincé, Bernard Lecherbonnier, Littérature XIXème siècle, Textes et Documents, “La constellation symboliste”, p. 517 et suivantes, Nathan 1986. COTE CDI : 840 “18” RIN
– I. Merlin, Poètes de la révolte de Baudelaire à Michaux, Alchimie de l’être et du verbe, éd. de l’École, Paris 1971. COTE CDI : 840 “18/19” MER
- Jeudi 15 novembre.
– DS Romantisme (1h50) - Vendredi 16 novembre.
– Concours Mix’Art : élaboration des projets. - Lundi 19 novembre.
– Groupes : Initiation au commentaire littéraire. Texte support : Mallarmé, “Brise marine”. - Jeudi 22 novembre.
Restitution des DS. Première partie du commentaire littéraire : Repérage (questionnement du texte, formulation des hypothèses de lecture)
La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots!
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Vendredi 23 novembre. Préparation des projets Mix’Art. Venue de l’artiste Troke : jeudi 29 novembre
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Lundi 26 novembre.
Correction des évaluations. Les élèves devront rendre par écrit le corrigé de cette évaluation. Le travail sera pris en compte pour le deuxième trimestre. -
Jeudi 29 novembre.
Concours Mix’Art. Réception de l’artiste référent et validation des projets. -
Vendredi 30 novembre.
Travaux de groupe : entraînement au commentaire littéraire : “Brise marine”. Rédaction du développement. -
Lundi 3 décembre.
Travaux de groupe : entraînement au commentaire littéraire : “Brise marine”. Rédaction du développement (suite). -
Lundi 3 décembre.
Travaux de groupe : entraînement au commentaire littéraire : “Brise marine”. Rédaction du développement (suite). -
Jeudi 6 décembre.
Compte-rendu du conseil de classe. -
Vendredi 7 décembre.
Intervention de Madame le Proviseur, pour évoquer le rapport au travail et l’orientation. -
Lundi 10 décembre. Groupes
Méthodologie : la métaphore (in praesentia, in absentia, filée) -
Jeudi 13 décembre.
Fin du cours sur la métaphore + exercices d’application (comparaison, métaphore, allégorie, personnification). -
Vendredi 14 décembre.
Synthèse sur le Symbolisme (entraînement au plan de commentaire à travers le poème d’Anna de Noailles “le Port de Palerme“. Pour consulter un exemple d’excellent commentaire d’élève rédigé l’an passé, cliquez ici.
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Lundi 17 décembre.
Le Surréalisme
Né dans l’entre-deux-guerres, le Surréalisme est un mouvement littéraire, artistique mais aussi politique prônant la surréalité et faisant largement appel à l’inconscient.
Dans Le Manifeste du Surréalisme (1924), André Breton, qui devient le chef de file de ce mouvement, le définit ainsi : « SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »
1. La faillite d’une société : la jeunesse entre révolte et espoirs révolutionnaires.
Dossier : Marinetti et le futurisme italien
Documents :
- Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q. (détail), 1919
- Antonin Artaud, Le Théâtre et son double, préface : “Le théâtre et la culture”, Gallimard, Paris 1938
- René Crevel, L’Esprit contre la raison, Cahiers du Sud, 1927
- Joyce Mansour, Le Grand Jamais, éd. Maeght, Paris 1981
- Site Internet : le Surréalisme sur Site-Magister.com
La poésie futuriste...
Les mots à la “sauce italienne“
Source du document : http://brunorigolt.blog.lemonde.fr/2010/01/02/objectif-culture-generale-je-decouvre-marinetti-et-le-futurisme-italien/ Article protégé par copyright).
Filippo Tommaso Marinetti, “Irredentismo”, 1914 (collage, Lugano, coll. privée) © Tous droits réservés.
Le vingtième siècle est le siècle des avant-gardes artistiques et littéraires : “Art nouveau”, Cubisme, Expressionnisme, Surréalisme, Futurisme, Théâtres de l’Absurde, Existentialisme, Nouveau Roman… Autant de mouvances culturelles qui ont profondément remis en question l’ordre établi ainsi que les structures sociales et politiques. Comme le Surréalisme dont il est assez proche par certains aspects, le Futurisme affichera un goût prononcé pour l’expérimentation de tout ce qui est nouveau : “Changer le monde”, faire table rase du passé. Comme le dit Noëmi Blumenkranz-Onimus, avec le Futurisme, “la subversion de l’écriture, l’éclatement du langage deviennent alors un fait littéraire” (*). Mais jamais à la différence d’autres courants artistiques, le futurisme ne deviendra un mouvement structuré : c’est plutôt une sensibilité artistique, faite d’abord de provocation et d’illogisme.
Filippo Tommaso Marinetti, “Analogie dessinée”
(Zang Tumb Tumb), 1914
Filippo Tommaso Marinetti : “la Caffeina dell’Europa”
La figure centrale du Futurisme est le poète italien Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944). Celui qui se surnommera lui-même “la caféine de l’Europe” est à la fois un anarchiste réfractaire à toute forme de morale et un fervent nationaliste (assez populiste au demeurant), qui revendique haut et fort son “italianité”. Le 20 février 1909 il choisit pourtant Le Figaro pour publier son Manifeste du futurisme, texte provocateur qui fit scandale : Marinetti y faisait entre autres l’apologie de la violence, de la guerre et entendait faire table rase du passé : Marinetti prônait par exemple la destruction des musées et des académies. Au-delà des excès et de son exubérance verbale, ce texte a profondément marqué l’histoire des idées au vingtième siècle.
Filippo Tommaso Marinetti |
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Pour lire le texte complet, cliquez ici. |
De fait, en tant que mouvement d’avant-garde, le Futurisme apparaît à une époque de profonds bouleversements idéologiques dans la culture européenne. Le culte du progrès et du scientisme, largement célébré dans la poésie futuriste, débouche donc sur l’affirmation d’un renouvellement des idées dans la ligne de l’héritage révolutionnaire et idéaliste du Risorgimento italien. La thématique des poèmes mêle à la fois l’expérience de la “voyance” (le poète est “inspiré”, cf. Rimbaud), et une apologie de la violence, de la vitesse et de la machine. Témoin ces vers extraits d’un poème d’Enrico Cavacchioli : “Sia maledetta la luna” (”Que soit maudite la lune”) :
“Si tu veux vivre, crée un beau cœur mécanique […] / Tu dois faire de la vie un rêve automatique / tourmenté de leviers, de contacts et de fils […] / l’homme sera demain le roi de la machine brute, / dominateur de toutes les choses finies et infinies ! / Que soit maudite la lune !
Cette réflexion esthétique et l’expérience de la guerre va pousser les Futuristes à élaborer un vaste programme théorique. En 1912 Marinetti rédigera le Manifeste technique de la littérature futuriste, texte très intéressant d’un point de vue artistique et sociologique, suivi d’un long supplément quelques mois plus tard. Son auteur y joint un poème (”Bataille Poids + Odeur”) écrit avec la “technique des Mots en Liberté”. Très révolutionnaires tant du point de vue de la forme que des idées, les poèmes de Marinetti se proposent de créer des “analogies dessinées”, sortes de métaphores visuelles qui vont profondément transformer les règles de l’écriture poétique. Sa théorie des “Mots en Liberté” est basée d’abord sur la destruction de la syntaxe : à commencer par l’abolition de la ponctuation et de la structure grammaticale (déjà mise en pratique par des poètes français comme Mallarmé).
“Les mots en liberté” ou l’art de libérer le langage
Pour délivrer le langage de ses règles, Marinetti va forger l’expression de “Mots en liberté” : il s’agit pour lui d’”intégrer à la poésie les récentes conquêtes de la peinture futuriste : la simultanéité et le dynamisme” (**). D’un point de vue typographique, ces “tableaux-poèmes” sont particulièrement intéressants à étudier. Regardez par exemple ce poème au très long titre : “Le soir, couchée sur son lit, elle relit la lettre de son artilleur” (Les Mots en Liberté futuriste, 1919). Ici la surcharge graphique ou au contraire les “blancs” ménagés avec art, l’utilisation des signes, des symboles, des onomatopées, les tailles des polices de caractère, les disproportions typographiques, etc. concourent à créer pour le lecteur une nouvelle expérience de la lecture de poème.
Jean Weisgerber parle à ce titre d’”une redynamisation de la peinture en tant qu’écriture et de la peinture en tant qu’écriture” (***). Cette révolution typographique amène à une sorte de transformation du langage lui-même : l’importance des onomatopées, les déformations de mots ont pour but d’offrir au lecteur une perception globale et synthétique, à la différence de la lecture “linéaire”. Assez proches de certains collages cubistes, les poèmes de Marinetti sont donc intéressants à découvrir et constituent une approche originale des mouvements artistiques avant-gardistes de la première moitié du vingtième siècle.
Crise et déclin du mouvement
Le mouvement initié par Marinetti ne survivra pas à la formation du Dadaïsme et surtout du Surréalisme en France. De plus, le Futurisme va s’orienter à partir des années Vingt vers des solutions radicales (les dérives fascistes en particulier) qui vont l’affaiblir puis le discréditer. Reste une initiative originale et novatrice d’un point de vue littéraire et artistique, qui préfigure la poésie visuelle contemporaine ou certains mouvements de Contreculture comme le Ready made ou le Pop’art, mouvements qui ont revendiqué à leur tour cette fonction contestataire du signe iconique ou linguistique. En désacralisant le mot et “la signification langagière traditionnelle des gestes d’écriture et de graphisme” (****), et en les libérant du culte de la tradition, le Futurisme a du même coup transformé l’acte de lecture du texte : ce n’est plus la lecture linéaire qui importe mais une lecture “spatiale” dominée par la simultanéité : lecture beaucoup plus suggestive et “plurielle” qui permet une multitude d’approches du fait qu’elle renferme une richesse sémantique et symbolique inouïe.
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(*) Noëmi Blumenkranz-Onimus, La Poésie Futuriste italienne, éd. Klincksieck, Paris 1984, page 8.
(**) ibid. p. 25
(***) Jean Weisgerber, Les Avant-gardes littéraires au XXe siècle (Université libre de Bruxelles. Centre d’étude des avant-gardes littéraires, Bruxelles 1984), page 23.
(****) Noëmi Blumenkranz-Onimus, déjà citée, p. 200.
Ce qu’il faut retenir… |
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Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944), Dunes 1914.
Source : Johanna Drucker, The Visible Word : Experimental Typography and Modern Art, 1909-1923. University of Chicago Press, 1994.
Umberto Boccioli (1882-1916), Primavera, poème édité par Zeno Birolli in Umberto Boccioni, 1972 (Umberto Boccioni, Altri inediti e apparati critici. A cura di Zeno Birolli, 1972).
Illustration reproduite par Noëmi Blumenkranz-Onimus, La Poésie Futuriste italienne, éd. Klincksieck, Paris 1984, page 41.
Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944), “Montage + Vallate + Strade x Joffre”, 1915
Francesco Cangiullo (1884-1977) Poesia Pentagrammata (couverture), 1923
Cliquez sur la couverture pour feuilleter les pages dans Google-livres
(Giovanni Lista, Marinetti et le Futurisme, éd. L’Âge d’Homme, Paris 1977)
- Antonin Artaud, Le Théâtre et son double
(préface : “Le théâtre et la culture”), Gallimard, Paris 1938
« Toutes nos idées sur la vie sont à reprendre à une époque où rien n’adhère plus à la vie… »
Jamais, quand c’est la vie elle-même qui s’en va, on n’a autant parlé de civilisation et de culture. Et il y a un étrange parallélisme entre cet effondrement généralisé de la vie qui est à la base de la démoralisation actuelle et le souci d’une culture qui n’a jamais coïncidé avec la vie, et qui est faite pour régenter la vie. Avant d’en revenir à la culture, je considère que le monde a faim, et qu’il ne se soucie pas de la culture ; et que c’est artificiellement que l’on veut ramener vers la culture des pensées qui ne sont tournées que vers la faim. Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l’existence n’a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim.
Man Ray, Photographie d’Antonin Artaud, 1926 →
(Epreuve aux sels d’argent contrecollée sur papier. Marseille, Musée Cantini. © Man Ray Trust/ADAGP)
[..] Si le signe de l’époque est la confusion, je vois à la base de cette confusion une rupture entre les choses, et les paroles, les idées, les signes qui en sont la représentation. [..] On juge un civilisé à la façon dont il se comporte, et il pense comme il se comporte ; mais déjà sur le mot de civilisé il y a confusion ; pour tout le monde un civilisé cultivé est un homme renseigné sur des systèmes, et qui pense en systèmes, en formes, en signes, en représentations. [..] Toutes nos idées sur la vie sont à reprendre à une époque où rien n’adhère plus à la vie. Et cette pénible scission est cause que les choses se vengent, et la poésie qui n’est plus en nous et que nous ne parvenons plus à retrouver dans les choses ressort, tout à coup, par le mauvais côté des choses ; et jamais on n’aura vu tant de crimes, dont la bizarrerie gratuite ne s’explique que par notre impuissance à posséder la vie.”
Antonin Artaud, Le Théâtre et son double
(préface : “Le théâtre et la culture”), Gallimard, Paris 1938
Prémonitoires et révolutionnaires : à coup sûr ces mots d’Antonin Artaud (1896-1948) résonnent comme une provocation dans le Paris de l’avant-guerre et semblent préfigurer les heures les plus sombres de notre histoire. Sa poésie, qu’on connaît moins, le range du côté de Lautréamont, cet autre “anti-poète” exilé du monde, ennemi des normes et de la tradition. Le texte présenté ici est la préface du Théâtre et son double, une œuvre majeure qui vise à redéfinir de fond en comble la dramaturgie. Animée d’un souffle épique et parfois délirant (il arrive à l’auteur de s’égarer dans d’interminables diatribes contre l’Occident), sa prose atteint néanmoins une sorte de grandeur quand il définit ce qu’il nomme le “théâtre total”, un théâtre qui sonne le glas des conventions de mise en scène et de jeu des acteurs jusque-là admises.
Antonin Artaud, « Autoportrait » (décembre 1948)
Crayon sur papier. Paris, Musée national d’Art moderne.
C’est à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931 qu’Artaud découvrira le “gamelan” balinais : un ensemble de gongs et de tambours indonésiens dont la chorégraphie, à l’opposé des canons de la danse occidentale, va lui révéler la puissance transgressive du geste théâtral. C’est ce “bain constant de lumière, d’images, de mouvement et de bruits” qu’il cherchera à recréer dans ses mises en scène. Largement incomprises du public de l’époque car trop avant-gardistes et iconoclastes, la pensée et l’œuvre d’Antonin Artaud n’en ont pas moins bouleversé la littérature dans son ensemble en faisant éclater la notion même de division par genres, responsable d’une séparation des émotions, et en criant l’impérieuse nécessité d’un théâtre libéré des contingences de la scène “à l’italienne”, qui va influencer toutes les dramaturgies contemporaines.
Je vous conseille vivement de consulter en ligne le dossier de presse, très documenté et richement illustré, sur l’exposition que la Bibliothèque nationale de France (BNF) a consacrée à Antonin Artaud du 7 novembre 2006 au 4 février 2007.