Séquence 3 Pourquoi écrire? (Pourquoi lire?) : travail et mission de l’écrivain
Groupement de textes :
- A. Rimbaud, « le poète voyant”, manuel Littérature p. 364
- M. Dib, « Ecrire, jouer sa vie… »
- Jean-Marie Le Clézio, « Écrire »
- Jean-Paul Sartre, “L’écrivain est en situation dans son époque“
- E. Glissant « L’écrivain est un bâtisseur de langage »
- Y. Kemal « Une question à laquelle je n’ai jamais réussi à répondre… »
- Jean Guéhenno « Il y a lire et lire. » Littérature, p. 125
- Lecture cursive : Écrivains en prison, Labor & Fides, 1997. cliquez ici pour accéder au livre.
Objectifs de la séquence :
- Méthodes de pensée et de travail : rédiger un essai argumentatif
- Formation d’une culture : initiation à l’intertextualité, qu’est-ce qu’un écrivain “engagé”?
- Pratique raisonnée de la langue : le discours argumentatif
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- Jeudi 5 novembre.
- Qu’est-ce qu’un écrivain “engagé” ? La notion d’engagement. L’artiste a-t-il une mission ?
- Lecture du corpus.
Pour aller plus loin… Lisez également cette page, très bien faite, sur l’écrivain engagé.
- Samedi 7 novembre.
- Rappel : les travaux à partir de l’ouvrage Écrivains en prison, doivent être achevés pour le samedi 14 novembre, délai de rigueur (cliquez ici pour accéder au livre).
- Lecture du corpus :
- Nina Bouraoui (littérature et quête identitaire)
- Anaïs Nin (littérature et dialogisme)
- Lundi 9 novembre.
- Lecture du texte de J-M Le Clézio (l’écrivain en tant que témoin de son temps).
- Jeudi 12 et samedi 14 novembre.
- Lecture analytique du texte de J-P Sartre : “L’écrivain est en situation dans son époque…”
Puisque l’écrivain n’a aucun moyen de s’évader, nous voulons qu’il embrasse étroitement son époque ; elle est sa chance unique : elle s’est faite pour lui et il est fait pour elle. […] L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. […] Il sait que les mots, comme dit Brice Parain, sont des “pistolets chargés”. S’il parle, il tire. Il peut se taire, mais puisqu’il a choisi de tirer, il faut que ce soit comme un homme, en visant des cibles et non comme un enfant, au hasard, en fermant les yeux et pour le seul plaisir d’entendre les détonations. […] dès à présent nous pouvons conclure que l’écrivain a choisi de dévoiler le monde et singulièrement l’homme aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l’objet ainsi mis à nu leur entière responsabilité. Nul n’est censé ignorer la loi parce qu’il y a un code et que la loi est chose écrite : après cela, libre à vous de l’enfreindre, mais vous savez les risques que vous courez.
Pareillement, la fonction de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne puisse s’en dire innocent. Et comme il s’est une fois engagé dans l’univers du langage, il ne peut plus jamais feindre qu’il ne sache pas parler : si vous entrez dans l’univers des significations, il n’y a plus rien à faire pour en sortir ; qu’on laisse les mots s’organiser en liberté, ils feront des phrases et chaque phrase contient le langage tout entier et renvoie à tout l’univers : le silence même se définit par rapport aux mots, comme la pause en musique, reçoit son sens des groupes de notes qui l’entourent. Ce silence est un moment du langage ; se taire, ce n’est pas être muet, c’est refuser de parler, donc parler encore…”
Jean-Paul Sartre, Situations II, 1948Notions vues :
l’existentialisme et le refus du déterminisme : importance du terme “situation” : l’écrivain doit se situer, c’est-à-dire prendre parti librement et assumer cette liberté (de parler ou de se taire) : il est responsable de ses paroles qui l’engagent devant les autres hommes et devant l’Histoire.
L’écrivain engagé (importance du contexte historique) et le refus de l'”art pour l’art”. Voir aussi cette page pour l’explication du passage.
- Lundi 16 novembre.
- Lecture analytique du texte d’E. Glissant « L’écrivain est un bâtisseur de langage »
“Il faudrait plutôt évoquer le contexte dans lequel toute écriture se manifeste aujourd’hui. D’abord le monde comme totalité, si dangereusement proche du totalitaire. Aucune science ne nous donne une vision réellement globale, ne nous permet d’en approcher l’inouï métissage […]. Nous savons aujourd’hui qu’il n’y a pas de modèle. L’importance de l’ancienne division des « genres » en est considérablement diminuée. Qu’est-ce que le roman et qu’est-ce que le poème ? Nous sommes tentés par d’autres partitions, […] par l’éclat des littératures orales, qui changent désormais l’ordre de l’écrit. Pour les poètes américains comme pour les chanteurs de reggae, pour les romanciers de la Caraïbe comme pour les griots africains, la répétition, la redondance […] ne sont pas des fautes.
C’est que l’aventure commence, pour les langues hier méprisées, langues de l’oralité, langues dominées. […] L’écrivain, par-delà la langue dont il use, est un bâtisseur de langage. […] Concevoir un langage et le mener le plus loin possible, c’est aussi sa manière la plus complète de communiquer vraiment. Je te parle dans ta langue, et c’est dans mon langage que je te comprends.”
Réflexion commune à partir de citations autour de la séquence :
« Un écrivain est essentiellement un homme qui ne se résigne pas à la solitude. Chacun de nous est un désert. » François Mauriac (vingtième siècle)
« Écrire, c’est se défaire par la parole de l’oppression de ce que l’on est. » Paul Valéry (vingtième siècle)
« Écrire, c’est une façon de se souvenir de soi-même. » Yves Bonnefoy (vingtième siècle)
« Moi, j’écris pour agir. » Voltaire (dix-huitième siècle)
« Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire … Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : Suis-je vraiment contraint d’écrire … » Rainer Maria Rilke, (Lettres à un jeune poète, Grasset, 1937)
« Le temps est venu où tous les poètes ont le droit et le devoir de soutenir qu’ils sont profondément enfoncés dans la vie des autres hommes, dans la vie commune. » Paul Éluard (vingtième siècle)
« La fonction de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde, et que nul ne s’en puisse dire innocent. » Jean-Paul Sartre (vingtième siècle)
« L’écrivain est en situation dans son époque, chaque parole a des retentissements, chaque silence aussi. »
Jean-Paul Sartre (vingtième siècle)« Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. (Marguerite Duras, Écrire)
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Travail de préparation… Évaluation Séquence 3 : lundi 30 novembre. L’évaluation portera sur trois compétences :
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La connaissance des auteurs et l’exploitation des citations. Vous pouvez être amené(e) à reformuler, à étayer ou à réfuter une citation.
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La réflexion sur la mission de l’écrivain : la littérature donne à voir. Par “littérature”, il faut entendre l’ensemble des œuvres ayant pour finalité une recherche esthétique au service du sens. D’autres arts comme la musique, la peinture ou le cinéma assument plus ou moins cette fonction plastique et didactique. Mais la spécificité du texte littéraire est de mettre le mot au service du fond, de l’idée. L’écrivain en effet se doit non seulement d’éclairer par ses écrits le monde qui nous entoure, mais de le mettre en forme verbalement. Ce pouvoir accordé au mot, au style, fait la valeur de l’art littéraire : s’il est l’observateur, le témoin particulier, le porte-parole de notre monde, l’écrivain est aussi selon l’expression de l’écrivain Edouard Glissant un “bâtisseur de langage”.
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Votre réflexion personnelle sur la mission de l’écrivain… Pourquoi écrire, selon vous ?
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Mardi 17 novembre.
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Modules : dernière séance consacrée à la sémiologie de l’image publicitaire. Les travaux terminés devront être envoyés par courriel avant les vacances de Noël pour mise sous presse de l’ouvrage collectif fin janvier 2010.
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Jeudi 19 et samedi 21 novembre.
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Séances exceptionnelles : préparation de l’ouvrage collectif sur la sémiologie de l’image publicitaire.
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Très important : tous les élèves doivent avoir rendu les travaux pour le samedi 19 décembre (délai impératif)
L’évaluation prévue le lundi 30 novembre est repoussée au lundi 7 décembre. Elle prendra en compte le travail réalisé le 30 novembre sur le film Les Fils de l’Homme.
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Lundi 23 novembre.
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Présentation à l’amphithéâtre des passages clés du film Les Fils de l’homme (Children of Men, A. Cuarón, 2006).
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Jeudi 26 novembre.
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Premiers commentaires sur le film.
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Samedi 28 novembre.
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Projection de la fin du film : l’interprétation allégorique et symbolique (Naissance de Dylan/Mort de Théo).
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Lundi 30 novembre.
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Diaporama Powerpoint à l’amphithéâtre : Introduction à l’analyse filmique à partir du film Les Fils de l’Homme.
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Plan de cours et problématiques abordées :
- Présentation de l’auteur
- Une libre adaptation d’un roman de science-fiction de Phyllis Dorothy JAMES Les Fils de l’homme (1995)
- L’Histoire et le sujet
- L’illusion référentielle
- Caméra objective et caméra subjective
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Trois scènes clés :
- L’appartement de Jaspers
- L’arche des arts
- Chez la grand-mère russe
- Le camp de Bexhill : l’horreur concentrationnaire
- La dimension allégorique du film
- Les symboles du film : un récit de la nativité contemporaine
- Mort et transfiguration : le film comme parcours initiatique