Aujourd’hui, lundi 19 juin, la contribution de Selen et Perrine (Première STMG2)

Pour la troisième année consécutive, l’exposition « Dis-moi un Po-aime » est de retour ! Les classes de Première S2 et Première STMG2 du Lycée en Forêt sont fières de vous présenter cette édition 2017 qui a tout d’un grand millésime : l’exposition a été l’occasion d’un travail soutenu mêlant inspiration, invention et revendications intellectuelles ou esthétiques.

Chaque poème est accompagné d’une note d’intention dans laquelle les auteur-e-s expliquent leurs choix esthétiques, précisent le fil conducteur méthodologique, éclairent certains aspects autobiographiques… Le travail ainsi entrepris permet de pousser la lecture de la poésie au-delà des lieux communs pour en faire une authentique quête de vérité. Loin de la lire de l’extérieur, le lecteur curieux pourra au contraire chercher le sens profond que les jeunes auteur-e-s ont voulu conférer à cette expérience esthétique et littéraire.

Plusieurs fois par semaine jusqu’au début du mois de juillet, les élèves vous inviteront à partager une de leurs créations poétiques…

Bonne lecture !

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Aujourd’hui, lundi 19 juin, la contribution de Selen F. et Perrine B
(Première STMG-2)

Mardi 20 juin : Léna D. (Première S-2) ; 

-)

« À Çınarcık¹
contemplant la côte d’en face
 »

par Selen F. et Perrine B.
Classe de Première STMG-2

Marchant au bord de la mer à Çınarcık¹
Contemplant la côte d’en face
Pleine de lumières, je cherchais celles qui allaient s’éteindre :
La vue n’a pas changé en dix ans d’absence
Je marchais là, sans trop savoir où aller… le regard vide
L’odeur des  simits² et du çay³ m’enivrait de plaisir
La rue était pleine de monde qui déambulait sans admirer le Bosphore Illuminé tel un spectacle de lumière :
Istanbul partagée en deux continents…

Marchant au bord de la mer à Çınarcık¹
Contemplant la côte d’en face
Alors j’aperçus un escalier menant à la plage
Un groupe de jeunes jouait de la guitare et chantait près d’un feu de camp
Je me suis installée à quelques mètres d’eux
Le sable me rafraîchissait,
Au-dessus de moi un océan d’étoiles baignait la nuit endormie
Je restais pensive, allongée là pendant des heures
Le bruit des vagues qui finissaient leur course sur les rochers me berçait

Rêvant au bord de la mer à Çınarcık¹
Contemplant la côte d’en face…

1. Çınarcık (Cinarcik) : située à 30 minutes d’Istanbul en ferry, Cinarcik est une ville de la province de Yalova, dans la région de Marmara en Turquie. Jouissant de nombreuses plages, comme celle d’Esenkoye, c’est une station balnéaire réputée, qui attire de plus en plus le tourisme de masse.
2. simit : pain de forme circulaire, aux graines de sésame, très répandu en Turquie, en Arménie, en Grèce, et dans les Balkans. Les simits sont souvent proposés dans la rue par des vendeurs qui les transportent sur un chariot ou sur leur tête. Source : Wikipedia.
3. çay : thé préparé en Turquie à partir des feuilles de l’arbuste du même nom.

« Rêvant au bord de la mer à Çınarcık
Contemplant la côte d’en face...
 »

Illustration : © Bruno Rigolt, 2012, juin 2017
Selen et Perrine avaient choisi une photographie dont la qualité insuffisante n’a pas permis sa mise en ligne.
Elle a été remplacée par ce cliché personnel. 

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Le point de vue des auteures…

Si vous allez à Istanbul, n’hésitez pas à prendre le ferry sur la mer de Marmara. D’Istanbul à Çınarcık, situé à l’ouest de Yalova, le trajet est un enchantement. Istanbul est en effet la seule mégapole mondiale située à cheval sur deux continents : le détroit du Bosphore qui relie la mer de Marmara et la mer Noire, donc l’Europe orientale et l’Asie mineure, plonge le visiteur dans un dépaysement inimaginable.

L’idée de ce poème nous est venue lors d’une discussion alors que nous cherchions un sujet d’écriture. D’anecdotes en souvenirs de voyage, il nous a paru intéressant d’évoquer ces lieux magiques, marqués par l’histoire mais aussi la rêverie, le voyage et l’esprit d’aventure…  Le texte privilégie la narration et le point de vue d’une jeune fille ayant quitté ce lieu depuis plusieurs années. De retour, elle contemple le spectacle qui s’offre à ses yeux et s’interroge sur sa vie :

La vue n’a pas changé en dix ans d’absence
Je marchais là, sans trop savoir où aller…

C’est sur le mode de l’anecdote intimiste que se déroule le récit : nous suivons la voyageuse dans son périple nocturne qui la conduit au bord de la mer : nous imaginons sa rêverie en « contemplant la côte d’en face/Pleine de lumières »… Mêlant les effets de réel (« l’odeur des simits et du çay ») au songe éveillé (« Je restais pensive, allongée là pendant des heures »), le texte invite le lecteur, l’espace d’une lecture, à s’aventurer sur « la côte d’en face »…

© Selen F. et Perrine B.
Classe de Première STMG-2 (promotion 2016-2017), juin 2017.

Espace Pédagogique Contributif

Illustration : © Bruno Rigolt, 2012, juin 2017

Publié par

brunorigolt

- Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines (Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris) - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques