Concours "Ecriture en Forêt" Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd'hui : Bénédicte R. Coup de cœur lycéen

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Bénédicte R.
(Première S4, promotion 2014-2015), coup de cœur lycéen :

_

« Pour un rebut »

par Bénédicte R.
Classe de Première S4
Coup de cœur lycéen


De septembre à février
Les perdrix ont grandi dans la forêt
Lâchées comme des soldats adverses
Pour être tuées dans les bruyères.
Les derniers faisans se réfugient là où la paix réside
Parmi le soir, parmi le givre.

Les lapins qui auparavant
Avaient une vie paisible
Sont devenus chair à canon
Car ils ne plaisent plus à ceux qui tuent
Voilà la cause de ces soldats chasseurs
Même parmi le soir, même parmi le givre.

L’un tente de sauver sa vie
Jusqu’à son dernier faux pas
L’autre avec un silence pesant derrière lui
Est froidement abattu
Pour amuser dans un repas d’amis et finir au rebut
Parmi le soir, parmi le givre.

nuit d'hiver chasse_4« L’autre avec un silence pesant derrière lui
Est froidement abattu…
Parmi le soir, parmi le givre.
 »

Illustration : © Bruno Rigolt

_

NOTE D’INTENTION

En participant au concours « Ecriture en forêt », l’idée de parler des animaux m’est venu presque spontanément..

J’ai privilégié comme sujet d’évocation mon engagement contre la chasse. Ce combat pour la cause animale me tient particulièrement à cœur car la chasse, notamment le braconnage, constitue selon moi une profonde violence qui va à l’encontre du droit animal.

En rédigeant cet écrit d’invention, je me suis rappelée mes promenades dans les forêts ou les bois qui m’entourent, lorsque j’étais enfant, et pendant lesquelles je voyais toujours des animaux, alors qu’il me semble que de nos jours plus aucun animal n’est visible dans nos forêts, bois et champs.

Plusieurs vers résultent des ces évocations et d’autres souvenirs de mon enfance passée dans une maison accueillante pour tous les animaux.

En opposition à cette vision paisible et nostalgique, la chasse est associée dans mon poème à la guerre : dans la première strophe par exemple, j’utilise la comparaison avec le thème de la bataille : « lâchées comme des soldats adverses ». Cette dimension émotionnelle renforce la problématique de ce poème.

J’ai voulu également faire ressentir tout le pathétique de la chasse par des contrastes stylistiques : « Pour amuser dans un repas d’amis et finir au rebut/Parmi le soir, parmi le givre »… Faisant alterner le réalisme le plus froid et un profond lyrisme, ces contrastes ont en effet pour but de toucher le lecteur, et l’inviter à prendre part à la cause que je défends.

© 2015, Bénédicte R.

Concours « Ecriture en Forêt » Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd’hui : Bénédicte R. Coup de cœur lycéen

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Bénédicte R.
(Première S4, promotion 2014-2015), coup de cœur lycéen :

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« Pour un rebut »

par Bénédicte R.
Classe de Première S4
Coup de cœur lycéen


De septembre à février
Les perdrix ont grandi dans la forêt
Lâchées comme des soldats adverses
Pour être tuées dans les bruyères.
Les derniers faisans se réfugient là où la paix réside
Parmi le soir, parmi le givre.

Les lapins qui auparavant
Avaient une vie paisible
Sont devenus chair à canon
Car ils ne plaisent plus à ceux qui tuent
Voilà la cause de ces soldats chasseurs
Même parmi le soir, même parmi le givre.

L’un tente de sauver sa vie
Jusqu’à son dernier faux pas
L’autre avec un silence pesant derrière lui
Est froidement abattu
Pour amuser dans un repas d’amis et finir au rebut
Parmi le soir, parmi le givre.

nuit d'hiver chasse_4« L’autre avec un silence pesant derrière lui
Est froidement abattu…
Parmi le soir, parmi le givre.
 »

Illustration : © Bruno Rigolt

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NOTE D’INTENTION

En participant au concours « Ecriture en forêt », l’idée de parler des animaux m’est venu presque spontanément..

J’ai privilégié comme sujet d’évocation mon engagement contre la chasse. Ce combat pour la cause animale me tient particulièrement à cœur car la chasse, notamment le braconnage, constitue selon moi une profonde violence qui va à l’encontre du droit animal.

En rédigeant cet écrit d’invention, je me suis rappelée mes promenades dans les forêts ou les bois qui m’entourent, lorsque j’étais enfant, et pendant lesquelles je voyais toujours des animaux, alors qu’il me semble que de nos jours plus aucun animal n’est visible dans nos forêts, bois et champs.

Plusieurs vers résultent des ces évocations et d’autres souvenirs de mon enfance passée dans une maison accueillante pour tous les animaux.

En opposition à cette vision paisible et nostalgique, la chasse est associée dans mon poème à la guerre : dans la première strophe par exemple, j’utilise la comparaison avec le thème de la bataille : « lâchées comme des soldats adverses ». Cette dimension émotionnelle renforce la problématique de ce poème.

J’ai voulu également faire ressentir tout le pathétique de la chasse par des contrastes stylistiques : « Pour amuser dans un repas d’amis et finir au rebut/Parmi le soir, parmi le givre »… Faisant alterner le réalisme le plus froid et un profond lyrisme, ces contrastes ont en effet pour but de toucher le lecteur, et l’inviter à prendre part à la cause que je défends.

© 2015, Bénédicte R.

Concours "Ecriture en Forêt" Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd'hui : Wendy M. Deuxième accessit

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Wendy M.
(Première S4, promotion 2014-2015), deuxième accessit :

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« Rêve d’espérance et de paix »

par Wendy M.
Classe de Première S4
Deuxième accessit


À l’aube d’un jour nouveau, la magie recommence
Dans mon refuge secret, la forêt se transforme
Au souffle de mes pensées, l’imagination fleurit en liberté

Le soleil s’infiltre là où se tient le vent :
Entre les feuilles, entre les branches.
De sa lumière étincelante de pureté

Il éclaire chaque jour d’immenses allées de solitude
Où saules, bouleaux, sapins et charmes,
Strient de leurs cernes les sentiers de mon âme

Murmure silencieux du vent dans les fourrés,
Mélodie somptueuse d’un rêve oublié d’espérance et de paix
Comme ces oiseaux qui s’effeuillent dans les feuillages…

forêt_magique_2« Mélodie somptueuse d’un rêve oublié d’espérance et de paix
Comme ces oiseaux qui s’effeuillent dans les feuillages… »

Illustration : © Bruno Rigolt, août 2015

_

NOTE D’INTENTION

J’ai souhaité participer au concours proposé par notre lycée car, je dois l’avouer, j’ai rarement écrit de poésies et j’ai souhaité ainsi m’essayer à cet exercice difficile. De plus, le thème de la forêt m’inspirait d’autant plus que j’habite moi-même à côté de la forêt de Montargis depuis toute petite. La forêt est pour moi un refuge, un ressourcement des émotions. Quand je rentrais de l’école ou maintenant du Lycée, les arbres inspirent à celui qui sait les contempler une profonde source d’inspiration. C’est ce que j’ai voulu expliquer en choisissant comme tire : « Rêve d’espérance et de paix ».

Comme vous le voyez, mon poème est donc une description méliorative de la forêt. J’ai souhaité en effet montrer la forêt comme un lieu d’idéalisation du réel. Pour cela, j’ai privilégié certaines figures de style, comme la métaphore. Lorsque je dis par exemple que la forêt est un lieu où « l’imagination fleurit en liberté », j’ai souhaité par cette image amener à l’idée que la forêt est non seulement une source d’inspiration mais aussi un lieu de dépaysement. De même, les « immenses allées de solitude » et le mot « paix » rappellent le côté calme et paisible des arbres, prompt à la méditation lyrique.

Une image à laquelle je tiens particulièrement est celle-ci : « Strient de leurs cernes les sentiers de mon âme » qui entraîne une réflexion, une implication et une identification personnelle grâce à la personnification. J’ai voulu embellir l’image qu’on peut en avoir car, pour moi, la forêt a quelque chose qui relève de la « magie » : c’est un lieu qu’on ne contrôle pas et qui reste de ce fait extraordinaire. J’ai souhaité montrer qu’elle peut apporter du réconfort à ceux qui souffrent de « solitude » avec l’idée du « refuge », comme un foyer accueillant. J’ai également essayé de jouer avec les sonorités, d’abord avec les rimes pour renforcer le sens de mon poème, telles que :

Murmure silencieux du vent dans les fourrés,
Mélodie somptueuse d’un rêve oublié d’espérance et de paix

J’ai également tenu à parler du « Murmure silencieux du vent » représentant une « mélodie somptueuse » : comme si le vent à lui seul pouvait constituer un chant presque mystique, qu’on ne pourrait se lasser d’écouter, une voix qui ne s’entendrait pas pour quelqu’un qui considérerait la forêt seulement comme un environnement, mais qui deviendrait sublime pour celui qui, sachant prendre le temps de s’arrêter et d’écouter, est à même de considérer la forêt comme quelque chose de plus sensible, de plus humanisé qu’un simple paysage.

Enfin, j’ai voulu finir par une comparaison de cette mélodie avec le bruit des « oiseaux qui s’effeuillent dans les feuillages », pour rappeler que si le vent seul peut former une mélodie, la forêt tout entière et ceux qui l’habitent peuvent également en être une. Comme le lecteur peut le constater, ce poème m’a surtout été inspiré par le courant du romantisme et par le symbolisme. Je souhaite que les personnes qui le lisent soient sensibles à une image moins préconçue de la forêt. Comme je le suggérais précédemment, certains sont en effet fixés sur des préjugés désignant la forêt seulement comme environnement, un lieu géographique sans intérêts particulier, et j’ai voulu lui conférer une identité en communion avec l’identité de l’Homme.

C’est pourquoi j’en ai conçu une version idéalisée qui parle plus à mon cœur, car elle est invisible au visiteur de passage. Pour comprendre la forêt, il faut la ressentir intimement. Ce déchiffrement, le lecteur l’aura compris, puise son inspiration dans le Symbolisme. La forêt est certes un refuge, un lieu de réflexion sur la vie mais aussi un lieu allégorique : un endroit personnel, on pourrait ici parler de forêt de sentiments qui mène à l’idéal. Marcel Aymé a dit : « La forêt, c’est encore un peu du paradis perdu. » : lieu fascinant, singulier et à jamais paisible… Un paradis pour chaque personne qui veut bien accomplir le chemin. Aller dans la forêt est, de fait, un parcours symbolique, prompt à une infinie réflexion…

© 2015, Wendy M.

Concours « Ecriture en Forêt » Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd’hui : Wendy M. Deuxième accessit

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Wendy M.
(Première S4, promotion 2014-2015), deuxième accessit :

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« Rêve d’espérance et de paix »

par Wendy M.
Classe de Première S4
Deuxième accessit


À l’aube d’un jour nouveau, la magie recommence
Dans mon refuge secret, la forêt se transforme
Au souffle de mes pensées, l’imagination fleurit en liberté

Le soleil s’infiltre là où se tient le vent :
Entre les feuilles, entre les branches.
De sa lumière étincelante de pureté

Il éclaire chaque jour d’immenses allées de solitude
Où saules, bouleaux, sapins et charmes,
Strient de leurs cernes les sentiers de mon âme

Murmure silencieux du vent dans les fourrés,
Mélodie somptueuse d’un rêve oublié d’espérance et de paix
Comme ces oiseaux qui s’effeuillent dans les feuillages…

forêt_magique_2« Mélodie somptueuse d’un rêve oublié d’espérance et de paix
Comme ces oiseaux qui s’effeuillent dans les feuillages… »

Illustration : © Bruno Rigolt, août 2015

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NOTE D’INTENTION

J’ai souhaité participer au concours proposé par notre lycée car, je dois l’avouer, j’ai rarement écrit de poésies et j’ai souhaité ainsi m’essayer à cet exercice difficile. De plus, le thème de la forêt m’inspirait d’autant plus que j’habite moi-même à côté de la forêt de Montargis depuis toute petite. La forêt est pour moi un refuge, un ressourcement des émotions. Quand je rentrais de l’école ou maintenant du Lycée, les arbres inspirent à celui qui sait les contempler une profonde source d’inspiration. C’est ce que j’ai voulu expliquer en choisissant comme tire : « Rêve d’espérance et de paix ».

Comme vous le voyez, mon poème est donc une description méliorative de la forêt. J’ai souhaité en effet montrer la forêt comme un lieu d’idéalisation du réel. Pour cela, j’ai privilégié certaines figures de style, comme la métaphore. Lorsque je dis par exemple que la forêt est un lieu où « l’imagination fleurit en liberté », j’ai souhaité par cette image amener à l’idée que la forêt est non seulement une source d’inspiration mais aussi un lieu de dépaysement. De même, les « immenses allées de solitude » et le mot « paix » rappellent le côté calme et paisible des arbres, prompt à la méditation lyrique.

Une image à laquelle je tiens particulièrement est celle-ci : « Strient de leurs cernes les sentiers de mon âme » qui entraîne une réflexion, une implication et une identification personnelle grâce à la personnification. J’ai voulu embellir l’image qu’on peut en avoir car, pour moi, la forêt a quelque chose qui relève de la « magie » : c’est un lieu qu’on ne contrôle pas et qui reste de ce fait extraordinaire. J’ai souhaité montrer qu’elle peut apporter du réconfort à ceux qui souffrent de « solitude » avec l’idée du « refuge », comme un foyer accueillant. J’ai également essayé de jouer avec les sonorités, d’abord avec les rimes pour renforcer le sens de mon poème, telles que :

Murmure silencieux du vent dans les fourrés,
Mélodie somptueuse d’un rêve oublié d’espérance et de paix

J’ai également tenu à parler du « Murmure silencieux du vent » représentant une « mélodie somptueuse » : comme si le vent à lui seul pouvait constituer un chant presque mystique, qu’on ne pourrait se lasser d’écouter, une voix qui ne s’entendrait pas pour quelqu’un qui considérerait la forêt seulement comme un environnement, mais qui deviendrait sublime pour celui qui, sachant prendre le temps de s’arrêter et d’écouter, est à même de considérer la forêt comme quelque chose de plus sensible, de plus humanisé qu’un simple paysage.

Enfin, j’ai voulu finir par une comparaison de cette mélodie avec le bruit des « oiseaux qui s’effeuillent dans les feuillages », pour rappeler que si le vent seul peut former une mélodie, la forêt tout entière et ceux qui l’habitent peuvent également en être une. Comme le lecteur peut le constater, ce poème m’a surtout été inspiré par le courant du romantisme et par le symbolisme. Je souhaite que les personnes qui le lisent soient sensibles à une image moins préconçue de la forêt. Comme je le suggérais précédemment, certains sont en effet fixés sur des préjugés désignant la forêt seulement comme environnement, un lieu géographique sans intérêts particulier, et j’ai voulu lui conférer une identité en communion avec l’identité de l’Homme.

C’est pourquoi j’en ai conçu une version idéalisée qui parle plus à mon cœur, car elle est invisible au visiteur de passage. Pour comprendre la forêt, il faut la ressentir intimement. Ce déchiffrement, le lecteur l’aura compris, puise son inspiration dans le Symbolisme. La forêt est certes un refuge, un lieu de réflexion sur la vie mais aussi un lieu allégorique : un endroit personnel, on pourrait ici parler de forêt de sentiments qui mène à l’idéal. Marcel Aymé a dit : « La forêt, c’est encore un peu du paradis perdu. » : lieu fascinant, singulier et à jamais paisible… Un paradis pour chaque personne qui veut bien accomplir le chemin. Aller dans la forêt est, de fait, un parcours symbolique, prompt à une infinie réflexion…

© 2015, Wendy M.

Concours "Ecriture en Forêt" Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd'hui : Mélanie J. Premier accessit

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Mélina J.
(Première S4, promotion 2014-2015), premier accessit :

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« Mélodie forestière »

par Mélanie J.
Classe de Première S4
Premier accessit


Je suis là, ne m’entends-tu pas ?
Penche-toi, écoute dans le vent
Ce doux chant mélodieux,
Parti d’un simple oiseau, d’un simple aveu
Il passe entre pins et bouleaux.
Moi, aujourd’hui feuille de papier
Je peux te raconter,
Car du chêne majestueux
Grand chef d’orchestre de cette forêt je suis née.

La forêt s’organise, cuivres, vents et cordes
Trouvent leurs échos. Les bruits de pas sourds
Annoncent le début d’une nouvelle mélodie.
Les animaux battent la mesure,
Les feuilles glissent dans le vent, volent dans l’azur
Les troncs, magnifiques caisses de résonance
Amplifient les cris des écureuils.
Les fougères se mêlent à la danse.
Entraînées par le chant des grenouilles et des insectes.

Toute cette cacophonie organisée
Crée un chant magique.
Maintenant, l’entends­-tu ?
Prends ta partition, écris les feuilles, écris la pluie :
Mais ce ne sera jamais la même
Car seules mes sœurs et moi portons le secret
De cette chanson unique,
Quelques notes de musique,
Cette ode à l’enchantement.

 

mélodie_forestière_2015_a« Prends ta partition, écris les feuilles, écris la pluie… »

Illustration : © Bruno Rigolt

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NOTE D’INTENTION

Dans ce texte, j’ai voulu évoquer la forêt en la comparant à un orchestre.L’idée m’est venue alors que je cherchais une problématique pour le concours. Ne trouvant pas, j’ai décidé avant de rentrer chez­ moi de me promener dans la forêt : peut être trouverais­-je l’inspiration ?

L’air était doux en ce milieu d’automne et de nombreuses feuilles tombaient des arbres, je les entendais crisser sous mes pas. Le soleil était déjà bas dans le ciel et renforçait les couleurs rouge-orangé de la forêt. J’étais émerveillée de voir combien les arbres se transformaient et se paraient de couleurs tour à tour éclatantes, estompées, ensorceleuses…

C’est alors que je me suis arrêtée un instant pour écouter. Près de moi il m’a semblé qu’un oiseau chantait ; je l’ai cherché sans le trouver au début, puis je me suis laissée guider par son chant et j’ai remarqué que l’oiseau était posé sur l’une des branches d’un grand chêne qui se trouvait juste devant mes yeux. Je me suis avancée pour aller m’asseoir au pied de l’arbre, et j’ai entendu les bruits de pas des animaux, le coassement des grenouilles, le bruit du vent dans les branchages et les chants plus ténus des insectes.

Couronnée de brume, la forêt semblait un écrin tombé du ciel automnal, et toutes ces frondaisons flamboyantes paraissaient autant de joyaux. De retour chez ­moi, je me suis assise au piano. C’est de là qu’est partie l’idée de la musique puis de l’orchestre. Mes doigts glissaient sur le clavier, tantôt pour reproduire la mélodie dissonante du vent que j’avais entendue, tantôt pour retrouver l’harmonie de cet après­-midi d’automne.

Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai choisi d’écrire un poème se rattachant au mouvement romantique. Celui­ci met en avant le rêve et la communion avec la nature, ce sont, me semble-t-­il, deux aspects essentiels de mon poème. Vous comprendrez aussi pourquoi les différentes figures de style que j’ai utilisées sont si importantes à mes yeux : l’oxymore « cacophonie organisée » (v.19) traduit par exemple les grandes bourrasques du vent. De même, la métaphore du « chêne majestueux » comparé à un « grand chef d’orchestre » (v.9) exprime cette musicalité de la forêt.

Celle­-ci m’a permis de renforcer l’atmosphère de mystère que je voulais créer et m’a aidée à opérer des comparaisons plus légères, en harmonie avec l’atmosphère du tableau automnal que j’avais encore en mémoire, et qui était pour moi autant une profonde symphonie qu’une merveilleuse « méditation poétique ».

© 2015, Mélanie J.

Concours « Ecriture en Forêt » Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd’hui : Mélanie J. Premier accessit

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Mélina J.
(Première S4, promotion 2014-2015), premier accessit :

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« Mélodie forestière »

par Mélanie J.
Classe de Première S4
Premier accessit


Je suis là, ne m’entends-tu pas ?
Penche-toi, écoute dans le vent
Ce doux chant mélodieux,
Parti d’un simple oiseau, d’un simple aveu
Il passe entre pins et bouleaux.
Moi, aujourd’hui feuille de papier
Je peux te raconter,
Car du chêne majestueux
Grand chef d’orchestre de cette forêt je suis née.

La forêt s’organise, cuivres, vents et cordes
Trouvent leurs échos. Les bruits de pas sourds
Annoncent le début d’une nouvelle mélodie.
Les animaux battent la mesure,
Les feuilles glissent dans le vent, volent dans l’azur
Les troncs, magnifiques caisses de résonance
Amplifient les cris des écureuils.
Les fougères se mêlent à la danse.
Entraînées par le chant des grenouilles et des insectes.

Toute cette cacophonie organisée
Crée un chant magique.
Maintenant, l’entends­-tu ?
Prends ta partition, écris les feuilles, écris la pluie :
Mais ce ne sera jamais la même
Car seules mes sœurs et moi portons le secret
De cette chanson unique,
Quelques notes de musique,
Cette ode à l’enchantement.

 

mélodie_forestière_2015_a« Prends ta partition, écris les feuilles, écris la pluie… »

Illustration : © Bruno Rigolt

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NOTE D’INTENTION

Dans ce texte, j’ai voulu évoquer la forêt en la comparant à un orchestre.L’idée m’est venue alors que je cherchais une problématique pour le concours. Ne trouvant pas, j’ai décidé avant de rentrer chez­ moi de me promener dans la forêt : peut être trouverais­-je l’inspiration ?

L’air était doux en ce milieu d’automne et de nombreuses feuilles tombaient des arbres, je les entendais crisser sous mes pas. Le soleil était déjà bas dans le ciel et renforçait les couleurs rouge-orangé de la forêt. J’étais émerveillée de voir combien les arbres se transformaient et se paraient de couleurs tour à tour éclatantes, estompées, ensorceleuses…

C’est alors que je me suis arrêtée un instant pour écouter. Près de moi il m’a semblé qu’un oiseau chantait ; je l’ai cherché sans le trouver au début, puis je me suis laissée guider par son chant et j’ai remarqué que l’oiseau était posé sur l’une des branches d’un grand chêne qui se trouvait juste devant mes yeux. Je me suis avancée pour aller m’asseoir au pied de l’arbre, et j’ai entendu les bruits de pas des animaux, le coassement des grenouilles, le bruit du vent dans les branchages et les chants plus ténus des insectes.

Couronnée de brume, la forêt semblait un écrin tombé du ciel automnal, et toutes ces frondaisons flamboyantes paraissaient autant de joyaux. De retour chez ­moi, je me suis assise au piano. C’est de là qu’est partie l’idée de la musique puis de l’orchestre. Mes doigts glissaient sur le clavier, tantôt pour reproduire la mélodie dissonante du vent que j’avais entendue, tantôt pour retrouver l’harmonie de cet après­-midi d’automne.

Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai choisi d’écrire un poème se rattachant au mouvement romantique. Celui­ci met en avant le rêve et la communion avec la nature, ce sont, me semble-t-­il, deux aspects essentiels de mon poème. Vous comprendrez aussi pourquoi les différentes figures de style que j’ai utilisées sont si importantes à mes yeux : l’oxymore « cacophonie organisée » (v.19) traduit par exemple les grandes bourrasques du vent. De même, la métaphore du « chêne majestueux » comparé à un « grand chef d’orchestre » (v.9) exprime cette musicalité de la forêt.

Celle­-ci m’a permis de renforcer l’atmosphère de mystère que je voulais créer et m’a aidée à opérer des comparaisons plus légères, en harmonie avec l’atmosphère du tableau automnal que j’avais encore en mémoire, et qui était pour moi autant une profonde symphonie qu’une merveilleuse « méditation poétique ».

© 2015, Mélanie J.

Concours "Ecriture en Forêt" Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd'hui : Mélissa L. Troisième Prix

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Mélissa L.
(Première S4, promotion 2014-2015), troisième prix :

_

« Exaltation des sens »

par Mélissa L.
Classe de Première S4
Troisième prix


Quand je ferme les yeux,
J’entends cette pluie ardente
Battant ton sol avec force.
Singes hurleurs et oiseaux siffleurs
M’envahissent et me perdent.

J’ouvre les yeux,
L’immense bois-cathédrale et ses lianes envahissantes
Impose ta force et ta puissance.
Parmi eux se cache une douce et blanche orchidée
Liée au rouge vif du balisier.

Lorsque je respire l’air,
Dans cette chaleur humide et étouffante,
Des fragrances enivrantes
De fleurs et de fruits exotiques
M’emportent dans ta passion et ta folie.

Je m’aventure dans la jungle,
Les bras blessés par les épines d’awara.
Mes pieds s’entremêlent dans les racines,
Je m’enfonce dans ta végétation luxuriante
Et disparais tel un papillon éphémère.

Forêt tropicale_5« Je m’enfonce dans ta végétation luxuriante
Et disparais tel un papillon éphémère… »

Illustration : © Bruno Rigolt

_

NOTE D’INTENTION

« Exaltation des sens » est un poème en prose. Pour l’écrire, je me suis tout d’abord inspirée de ma terre natale, la Guyane, et particulièrement de la forêt amazonienne. Comme l’indique le titre, le texte est une exaltation des différentes émotions du corps humain : l’ouïe, la vue, l’odorat et le toucher. Pour moi, la forêt renvoie à une perception profonde et sensuelle de la beauté. Par exemple, pour montrer que la forêt est vivante, j’ai utilisé différents contrastes : force /douceur ; fraîcheur / humidité.

Cette musique des sens m’a été également inspirée par le romantisme : comment ne pas vouloir entrer en communion avec la nature et s’abandonner au grand lyrisme de la forêt ? Cette idée d’une communion de l’homme avec le « grand tout », qui est un aspect clef du primitivisme romantique, est essentielle dans le texte :

« J’ouvre les yeux,
L’immense Bois-cathédrale et ses lianes envahissantes
Impose ta force et ta puissance. »

Avec l’assonance du phonème |ᾶ|, et l’allitération en |s|, je mets l’accent sur l’emprise, la grandeur et la puissance de la forêt.

Comme on le voit, au-delà du dépaysement exotique, la recherche de l’immensité et d’un certain panthéisme se retrouvent à la lecture du texte.Voilà ce que j’ai voulu exprimer : l’amour pour ma Guyane natale, et surtout faire de mon poème un voyage vers l’ailleurs, vers un autre horizon, si cher à mon cœur…

© 2015, Mélissa L.

Concours « Ecriture en Forêt » Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd’hui : Mélissa L. Troisième Prix

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Mélissa L.
(Première S4, promotion 2014-2015), troisième prix :

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« Exaltation des sens »

par Mélissa L.
Classe de Première S4
Troisième prix


Quand je ferme les yeux,
J’entends cette pluie ardente
Battant ton sol avec force.
Singes hurleurs et oiseaux siffleurs
M’envahissent et me perdent.

J’ouvre les yeux,
L’immense bois-cathédrale et ses lianes envahissantes
Impose ta force et ta puissance.
Parmi eux se cache une douce et blanche orchidée
Liée au rouge vif du balisier.

Lorsque je respire l’air,
Dans cette chaleur humide et étouffante,
Des fragrances enivrantes
De fleurs et de fruits exotiques
M’emportent dans ta passion et ta folie.

Je m’aventure dans la jungle,
Les bras blessés par les épines d’awara.
Mes pieds s’entremêlent dans les racines,
Je m’enfonce dans ta végétation luxuriante
Et disparais tel un papillon éphémère.

Forêt tropicale_5« Je m’enfonce dans ta végétation luxuriante
Et disparais tel un papillon éphémère… »

Illustration : © Bruno Rigolt

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NOTE D’INTENTION

« Exaltation des sens » est un poème en prose. Pour l’écrire, je me suis tout d’abord inspirée de ma terre natale, la Guyane, et particulièrement de la forêt amazonienne. Comme l’indique le titre, le texte est une exaltation des différentes émotions du corps humain : l’ouïe, la vue, l’odorat et le toucher. Pour moi, la forêt renvoie à une perception profonde et sensuelle de la beauté. Par exemple, pour montrer que la forêt est vivante, j’ai utilisé différents contrastes : force /douceur ; fraîcheur / humidité.

Cette musique des sens m’a été également inspirée par le romantisme : comment ne pas vouloir entrer en communion avec la nature et s’abandonner au grand lyrisme de la forêt ? Cette idée d’une communion de l’homme avec le « grand tout », qui est un aspect clef du primitivisme romantique, est essentielle dans le texte :

« J’ouvre les yeux,
L’immense Bois-cathédrale et ses lianes envahissantes
Impose ta force et ta puissance. »

Avec l’assonance du phonème |ᾶ|, et l’allitération en |s|, je mets l’accent sur l’emprise, la grandeur et la puissance de la forêt.

Comme on le voit, au-delà du dépaysement exotique, la recherche de l’immensité et d’un certain panthéisme se retrouvent à la lecture du texte.Voilà ce que j’ai voulu exprimer : l’amour pour ma Guyane natale, et surtout faire de mon poème un voyage vers l’ailleurs, vers un autre horizon, si cher à mon cœur…

© 2015, Mélissa L.

Concours "Ecriture en Forêt" Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd'hui : Maud C. Deuxième Prix

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Maud C.
(Première S1, promotion 2014-2015), deuxième prix :

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« Profondeur des bois »

par Maud C.
Classe de Première S1
Deuxième prix


Un chemin volatile s’enfonce, sinueux, invisible, traverse futile
D’une rive à un port. Un homme marche, son corps, accord
Frissonnant des feuilles mortes sous ses pas fébriles.

Un chemin volubile s’efface ; revient à la vie, souvenir putride
De l’autre monde, la complainte des morts,
Rouet sans fin sur cette terre humide
Qui si vite sous ses charmes enfouit le cadavre, le spectre et le corps.

Toi qui lui as donné la vie, oh combien tu sais comme elle est courte et dure,
Maîtresse forêt, qui dans tes branches, enfantant des fleurs, le protège et l’accueille
Lui offrant florilège de douceurs, sachant que cela ne dure
Tu comptes les heures, glorifiant son cercueil.

Des moisissures vermeilles enserrent ses chairs incises
Véritables griffes d’aigle, elles le rongent, le déchirent
L’entraînant par delà des latitudes exquises
Où les flammes mordantes jusqu’aux feuilles font rougir

Et toi, forêt, tu joues, offrant et prenant la vie
Baignant d’une trompeuse lumière bleutée les meurtres commis
Tu composes un être en ton sein
Sachant déjà son funeste lendemain

La proie des oiseaux charognards, vermine boueuse des coléoptères,
Aux couleurs fanées et à l’odeur infâme, n’était plus qu’un rêve,
Souvenir vibrant d’une note éphémère
Dans le silence, lorsque la symphonie s’achève.

Et de linceul à voile l’obscurité changea
Et sous l’humus fertile, insolent,
Un arbrisseau lança, élégant
Une petite branche innocente dans la tiédeur du soir.

Lueur d’espoir, cycle infini de sa main sur nos vies, elle compose
Au fil de l’air, de l’eau, du vent, elle décompose
Insectes parmi les feuilles, poussières dans le lointain.

foret_magique_1.1300625982.jpg« Au fil de l’air, de l’eau, du vent, elle décompose
Insectes parmi les feuilles, poussières dans le lointain… »

Illustration : © Bruno Rigolt

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NOTE D’INTENTION

Il était presque dix-huit heures, cet hiver. La nuit commençait à tomber. Il pleuvait. De grosses gouttes s’écrasaient sur ma terrasse, formant un clapotis régulier dans le silence alentour. Personne à la maison, personne dans la rue, aucun bruit, à peine celui d’une voiture roulant dans les flaques du bas coté, formant des gerbes d’eau sur son passage. L’herbe du jardin était trempée, couverte d’un tapis de feuilles mortes, d’un brun sale, presque noir, à moitié pourri.

J’ai froid, l’atmosphère est sinistre, grise. Je n’ai pas les clés. Je suis à la porte. Rien à faire, j’attends. Je m’assois sous la marquise de l’entrée, avec mon sac de cours. Je respire l’air humide, le parfum si caractéristique des arbres l’hiver me parvient. Je sens, j’observe, les mots se bousculent dans ma tête, farandole de noms et d’adjectifs, de verbes puissants, trop forts. Mon énervement transparaît, je n’aime pas ce temps. Je suis seule.

Je sors une feuille de mon sac, écris tout les mots qui me passent devant les yeux : « lac, cycle, pluie, amers, tapis, attendre, humus, finitude, pourriture, néant, refuge, ardu, erreur, mensonge, grisâtre, fumée, volatil, assassin, meurtre, spectre, pente, chaleur, enseveli, putride, plume, détruire… » Alors je commence à écrire, j’ai les doigts gelés mais j’écris le premier vers, sans savoir où je vais. Je n’ai rien à perdre, rien d’autre à faire. Ainsi, mes pensées se canalisent et j’évite de me torturer la tête avec mes problèmes quotidiens, bien futiles pour certains : histoires d’enfant, d’amis, d’amours…

J’écris un chemin, j’écris sa naïveté. Et puis les phrases affluent et apparaissent d’elles-mêmes, des vers, des rimes, une structure prend forme, toute seule. Les minutes passent. Personne n’arrive. J’ai de plus en plus froid, alors j’écris : j’écris la décomposition sous mes yeux, j’écris la haine qu’elle m’inspire. Les mots sont trop forts, sanglants, infâmes. Je me laisse emporter, ça n’a pas de sens. Je les changerai par la suite pour quelque chose de plus sale et de moins fort, quand je déciderai de mon but. Dans un premier temps, j’ai écrit, sans réel objectif, tout simplement.

Une voiture. Maman, enfin ! Je rentre chez moi, me sèche. Et puis je réalise le sujet de ce concours… Pourquoi pas ? Je reprends ce que j’ai écrit et je vois enfin le fil, je le suis, dans ma tête, puis écris la suite sur le papier.

Le soir même, je suis conduite à mon cours de piano. Dans la voiture, je n’arrive pas à m’arrêter, il n’était plus qu’un rêve, souvenir vibrant d’une note, lorsque la symphonie s’achève. Certes, il faudrait que je cesse d’écrire, que je me concentre sur la musique que je vais devoir interpréter dans quelques minutes. Trouver une issue, me libérer de ces mots trompeurs. Qu’est ce que m’évoque la forêt, simplement la décomposition ? Non c’est également la renaissance, le printemps quand poussent les fleurs et les arbres, un tapis de feuilles bienveillant. Je termine les derniers vers, tant pis, je serai en retard, j’ai trop peur d’oublier. Un cycle, un espoir, la vie. Les vers de Victor Hugo me reviennent, ils sont doux, la forêt est un grand réseau de vie, et non pas une meurtrière.

Je ne demande pas autre chose aux forêts
Que de faire silence autour des antres frais
Et de ne pas troubler la chanson des fauvettes.
Je veux entendre aller et venir les navettes
De Pan, noir tisserand que nous entrevoyons
Et qui file, en tordant l’eau, le vent, les rayons,
Ce grand réseau, la vie, immense et sombre toile
Où brille et tremble en bas la fleur, en haut l’étoile.

Je termine : « Elle compose… décompose /Insectes parmi les feuilles, poussières dans le lointain. » Après mon cours de piano, je relis à haute voix mon poème, je m’écoute trop, c’est trop ma voix. Je supprime des mots, les remplace, lis autrement et ressens le poème d’une autre manière, moins morbide.

Quarante vers. Mon poème est trop long. Comment vais-je faire ? Il faut que je supprime un quart de ce que j’ai écrit. Je n’y arrive pas. Quelle torture de devoir sélectionner, élaguer. J’ai du mal, je réfléchis beaucoup. Peut être ne vais-je finalement rien présenter au concours ? Il faut que j’écrive autre chose, mais je n’ai pas le temps et puis je me répète et n’ai plus le contexte satisfaisant. Je commence à écrire et le poème prend une autre tournure, parle d’autre chose, s’égare, et je n’ai pas le cœur de le changer, je le termine, le laisse tel que, il est hors sujet. Je me résigne et reviens à mon poème de départ, coupe et colle, fais des assemblages, perd le fil conducteur puis finalement le retrouve. Je réussis à supprimer deux quatrains. Il y a encore deux vers de trop. Tant pis, je romps avec la forme choisie au départ. Je ne sais pas si cela est important, ou encore une fois futile. Je n’arrive pas à faire autrement.

Le résultat me déçoit. Certain vers sont seuls, isolés, presque nus sans leurs compagnons de strophes. Mais il faut bien respecter la forme imposée. Et puis, j’ai toujours la version première pour moi, celle que je garderai…

© 2015, Maud C.

Concours « Ecriture en Forêt » Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd’hui : Maud C. Deuxième Prix

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4)  Lire en ligne
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Maud C.
(Première S1, promotion 2014-2015), deuxième prix :

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« Profondeur des bois »

par Maud C.
Classe de Première S1
Deuxième prix


Un chemin volatile s’enfonce, sinueux, invisible, traverse futile
D’une rive à un port. Un homme marche, son corps, accord
Frissonnant des feuilles mortes sous ses pas fébriles.

Un chemin volubile s’efface ; revient à la vie, souvenir putride
De l’autre monde, la complainte des morts,
Rouet sans fin sur cette terre humide
Qui si vite sous ses charmes enfouit le cadavre, le spectre et le corps.

Toi qui lui as donné la vie, oh combien tu sais comme elle est courte et dure,
Maîtresse forêt, qui dans tes branches, enfantant des fleurs, le protège et l’accueille
Lui offrant florilège de douceurs, sachant que cela ne dure
Tu comptes les heures, glorifiant son cercueil.

Des moisissures vermeilles enserrent ses chairs incises
Véritables griffes d’aigle, elles le rongent, le déchirent
L’entraînant par delà des latitudes exquises
Où les flammes mordantes jusqu’aux feuilles font rougir

Et toi, forêt, tu joues, offrant et prenant la vie
Baignant d’une trompeuse lumière bleutée les meurtres commis
Tu composes un être en ton sein
Sachant déjà son funeste lendemain

La proie des oiseaux charognards, vermine boueuse des coléoptères,
Aux couleurs fanées et à l’odeur infâme, n’était plus qu’un rêve,
Souvenir vibrant d’une note éphémère
Dans le silence, lorsque la symphonie s’achève.

Et de linceul à voile l’obscurité changea
Et sous l’humus fertile, insolent,
Un arbrisseau lança, élégant
Une petite branche innocente dans la tiédeur du soir.

Lueur d’espoir, cycle infini de sa main sur nos vies, elle compose
Au fil de l’air, de l’eau, du vent, elle décompose
Insectes parmi les feuilles, poussières dans le lointain.

foret_magique_1.1300625982.jpg« Au fil de l’air, de l’eau, du vent, elle décompose
Insectes parmi les feuilles, poussières dans le lointain… »

Illustration : © Bruno Rigolt

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NOTE D’INTENTION

Il était presque dix-huit heures, cet hiver. La nuit commençait à tomber. Il pleuvait. De grosses gouttes s’écrasaient sur ma terrasse, formant un clapotis régulier dans le silence alentour. Personne à la maison, personne dans la rue, aucun bruit, à peine celui d’une voiture roulant dans les flaques du bas coté, formant des gerbes d’eau sur son passage. L’herbe du jardin était trempée, couverte d’un tapis de feuilles mortes, d’un brun sale, presque noir, à moitié pourri.

J’ai froid, l’atmosphère est sinistre, grise. Je n’ai pas les clés. Je suis à la porte. Rien à faire, j’attends. Je m’assois sous la marquise de l’entrée, avec mon sac de cours. Je respire l’air humide, le parfum si caractéristique des arbres l’hiver me parvient. Je sens, j’observe, les mots se bousculent dans ma tête, farandole de noms et d’adjectifs, de verbes puissants, trop forts. Mon énervement transparaît, je n’aime pas ce temps. Je suis seule.

Je sors une feuille de mon sac, écris tout les mots qui me passent devant les yeux : « lac, cycle, pluie, amers, tapis, attendre, humus, finitude, pourriture, néant, refuge, ardu, erreur, mensonge, grisâtre, fumée, volatil, assassin, meurtre, spectre, pente, chaleur, enseveli, putride, plume, détruire… » Alors je commence à écrire, j’ai les doigts gelés mais j’écris le premier vers, sans savoir où je vais. Je n’ai rien à perdre, rien d’autre à faire. Ainsi, mes pensées se canalisent et j’évite de me torturer la tête avec mes problèmes quotidiens, bien futiles pour certains : histoires d’enfant, d’amis, d’amours…

J’écris un chemin, j’écris sa naïveté. Et puis les phrases affluent et apparaissent d’elles-mêmes, des vers, des rimes, une structure prend forme, toute seule. Les minutes passent. Personne n’arrive. J’ai de plus en plus froid, alors j’écris : j’écris la décomposition sous mes yeux, j’écris la haine qu’elle m’inspire. Les mots sont trop forts, sanglants, infâmes. Je me laisse emporter, ça n’a pas de sens. Je les changerai par la suite pour quelque chose de plus sale et de moins fort, quand je déciderai de mon but. Dans un premier temps, j’ai écrit, sans réel objectif, tout simplement.

Une voiture. Maman, enfin ! Je rentre chez moi, me sèche. Et puis je réalise le sujet de ce concours… Pourquoi pas ? Je reprends ce que j’ai écrit et je vois enfin le fil, je le suis, dans ma tête, puis écris la suite sur le papier.

Le soir même, je suis conduite à mon cours de piano. Dans la voiture, je n’arrive pas à m’arrêter, il n’était plus qu’un rêve, souvenir vibrant d’une note, lorsque la symphonie s’achève. Certes, il faudrait que je cesse d’écrire, que je me concentre sur la musique que je vais devoir interpréter dans quelques minutes. Trouver une issue, me libérer de ces mots trompeurs. Qu’est ce que m’évoque la forêt, simplement la décomposition ? Non c’est également la renaissance, le printemps quand poussent les fleurs et les arbres, un tapis de feuilles bienveillant. Je termine les derniers vers, tant pis, je serai en retard, j’ai trop peur d’oublier. Un cycle, un espoir, la vie. Les vers de Victor Hugo me reviennent, ils sont doux, la forêt est un grand réseau de vie, et non pas une meurtrière.

Je ne demande pas autre chose aux forêts
Que de faire silence autour des antres frais
Et de ne pas troubler la chanson des fauvettes.
Je veux entendre aller et venir les navettes
De Pan, noir tisserand que nous entrevoyons
Et qui file, en tordant l’eau, le vent, les rayons,
Ce grand réseau, la vie, immense et sombre toile
Où brille et tremble en bas la fleur, en haut l’étoile.

Je termine : « Elle compose… décompose /Insectes parmi les feuilles, poussières dans le lointain. » Après mon cours de piano, je relis à haute voix mon poème, je m’écoute trop, c’est trop ma voix. Je supprime des mots, les remplace, lis autrement et ressens le poème d’une autre manière, moins morbide.

Quarante vers. Mon poème est trop long. Comment vais-je faire ? Il faut que je supprime un quart de ce que j’ai écrit. Je n’y arrive pas. Quelle torture de devoir sélectionner, élaguer. J’ai du mal, je réfléchis beaucoup. Peut être ne vais-je finalement rien présenter au concours ? Il faut que j’écrive autre chose, mais je n’ai pas le temps et puis je me répète et n’ai plus le contexte satisfaisant. Je commence à écrire et le poème prend une autre tournure, parle d’autre chose, s’égare, et je n’ai pas le cœur de le changer, je le termine, le laisse tel que, il est hors sujet. Je me résigne et reviens à mon poème de départ, coupe et colle, fais des assemblages, perd le fil conducteur puis finalement le retrouve. Je réussis à supprimer deux quatrains. Il y a encore deux vers de trop. Tant pis, je romps avec la forme choisie au départ. Je ne sais pas si cela est important, ou encore une fois futile. Je n’arrive pas à faire autrement.

Le résultat me déçoit. Certain vers sont seuls, isolés, presque nus sans leurs compagnons de strophes. Mais il faut bien respecter la forme imposée. Et puis, j’ai toujours la version première pour moi, celle que je garderai…

© 2015, Maud C.

Concours "Ecriture en Forêt" Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd'hui : Léa R. Premier Prix

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4) 
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Léa R.
(Première S4, promotion 2014-2015), premier prix :

_

« Complainte
d’une feuille hivernale »

par Léa R.
Classe de Première S4
Premier prix


Au pied de ce chêne, je suis mélancolique.
Passe le temps, m’assourdit le calme
Gicle la lumière des branches dénudées
Et vient m’aveugler la voix du vent criant mon nom.
Plongée dans l’hiver, l’écorce brune de la forêt
M’emporte au large, vers l’arrière pays du ciel.

Alors que le jour a fermé ses paupières ; je me sens si seule
Dans cet océan où voyageaient d’autres feuilles.
Elles aussi allaient vers d’autres matins.
Mon corps aride frémit de son inapparence,
Je me sens prisonnière de sa blessure
Je vis au jour le jour, au soir le soir,

Les saisons sont ma parure, les années ma beauté désertée.
Ô qu’un instant, le temps s’arrête : je serais reine de cette forêt
De cette nature couleur de brume et de chagrin,
Reine de ce matin au toit de neige,
De ce temps inexorable comme l’hiver et l’été
Reine de ce monde qui n’est à présent, plus le mien.

Arbres sur le Loing_Bruno Rigolt« Plongée dans l’hiver, l’écorce brune de la forêt
M’emporte au large, vers l’arrière pays du ciel… »

Illustration : © Bruno Rigolt
Au bord du Loing, en hiver, un soir

_

NOTE D’INTENTION

L’idée de ce poème m’est venue en regardant par ma fenêtre, alors que je cherchais l’inspiration: c’est alors que j’ai aperçu cet amas de feuilles auprès de mon arbre. Cela m’a donné l’idée de faire d’une feuille la narratrice de mon poème. N’est-il pas vrai d’ailleurs que celle-ci suit l’arbre tout au long des saisons et lui donne sa beauté ? J’ai donc intitulé ce poème « Complainte d’une feuille hivernale », car je voulais transmettre par ce titre les émotions que je peux éprouver durant l’hiver à travers un élément infiniment petit de la forêt : une simple feuille d’arbre. De même, le choix du mot « complainte » n’est pas un hasard. J’apprécie particulièrement les complaintes : leur registre élégiaque me plonge dans une tristesse indéfinie teintée d’indicible nostalgie.

De fait, comme vous l’avez sans doute compris en lisant le texte, mon poème repose sur une double énonciation: si le narrateur est la feuille au pied de l’arbre, on devine également que derrière cette apparence parfois, c’est l’auteure qui s’exprime. Comme par exemple dans ce passage c’est bien moi qui parle à travers la feuille :

« Au pied de ce chêne, je suis mélancolique.
Passe le temps, m’assourdit le calme
Gicle la lumière des branche dénudées
Et vient m’aveugler la voix du vent criant mon nom ».

En second lieu, je définirai mon poème comme un voyage poétique et métaphorique. La forêt, à elle seule, est une frontière, un voyage. Partir en forêt, c’est se dire : « Est-ce que je vais revenir ? Et si je me perdais ? Si je dérivais? » J’ai voulu faire sentir ces impressions en écrivant par exemple:

« M’emporte au large, vers l’arrière-pays du ciel »

Ou encore:

« Dans cet océan où voyageaient d’autres feuilles.
Elles aussi allaient vers d’autres matins. »

Quoi qu’on puisse penser, les forêts ne se ressemblent jamais, elles sont autant de cheminements à jamais recommencés et réinventés. Les saisons participent à cet infini voyage, qui nous emporte ailleurs. J’ai à ce titre privilégié la métaphore car cette figure de style est à même de nous faire passer d’une réalité à une autre réalité :

« De cette nature couleur de brume et de chagrin
Reine de ce matin au toit de neige… »

La métaphore apporte ici une sensibilité que je trouve intéressant d’exploiter car elle métamorphose le réel.

Enfin, l’an passé, j’avais étudié le mouvement romantique et je dois avouer que je me suis reconnue dans cette expression des sentiments. J’ai voulu rendre hommage à tous ces auteurs qui, de Lamartine à Mallarmé, ont chanté la nostalgie de l’idéal et du spirituel : derrière les arbres de la forêt, il y a en effet le cœur de celui qui la regarde: comme je le disais au début, les arbres, les branches, les fleurs ou comme ici la feuille tombée au sol sont ainsi l’expression de ses sentiments. La forêt est pour ma part, une succession d’émotions, couleurs du temps, couleurs des saisons, de mon humeur… Une forêt couleur de mes larmes, couleur de mes joies… Bref, une forêt qui laisse libre cours aux émotions et à l’imagination et c’est cela qui la rend si spéciale, si précieuse dans un monde où elle est tellement en voie de disparition.

© 2015, Léa R.

Concours « Ecriture en Forêt » Palmarès 2015 et publication des textes primés : catégorie Poésie (classes de Première). Aujourd’hui : Léa R. Premier Prix

concours_eef_2014_logo-1Le Lycée en Forêt a lancé depuis la rentrée 2013 un original concours d’écriture à destination des classes de Seconde et de Première  ayant pour intitulé : « Écritures en Forêt ».

Pour les classes de Première, le sujet portait sur l’écriture d’un poème ayant obligatoirement pour thème la forêt, ainsi que la rédaction d’une note d’intention expliquant la démarche du projet d’écriture ainsi que les particularités stylistiques mises en œuvre. 

Félicitation aux très nombreux participants, particulièrement à mes élèves de Première S4 (promotion 2014-2015), qui se sont remarquablement investis dans le dispositif, et bien sûr Bravo aux lauréats de l’édition 2015 :

  • Premier prix : Léa R. (Première S4) 
  • Deuxième prix : Maud C. (Première S1)  Lire en ligne
  • Troisième prix : Mélissa L. (Première S4)  Lire en ligne
  • Premier accessit : Mélanie J. (Premièe S4)  Lire en ligne
  • Deuxième accessit : Wendy M. (Première S4)  Lire en ligne
  • Troisième accessit : Camille H. (Première L2)
  • Quatrième accessit : Hugo T. (Première L2)
  • Coup de cœur Lycéen : Bénédicte R. (Première S4)  Lire en ligne

Une cérémonie récompensant les élèves primés a eu lieu le mercredi 10 juin 2015 au Lycée en Forêt, sous la présidence de Madame Condracq, Proviseure.
Merci encore au Lycée qui a pu débloquer des fonds importants pour récompenser les lauréats.

frise fleurs horizontale

Découvrez aujourd’hui le poème de Léa R.
(Première S4, promotion 2014-2015), premier prix :

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« Complainte
d’une feuille hivernale »

par Léa R.
Classe de Première S4
Premier prix


Au pied de ce chêne, je suis mélancolique.
Passe le temps, m’assourdit le calme
Gicle la lumière des branches dénudées
Et vient m’aveugler la voix du vent criant mon nom.
Plongée dans l’hiver, l’écorce brune de la forêt
M’emporte au large, vers l’arrière pays du ciel.

Alors que le jour a fermé ses paupières ; je me sens si seule
Dans cet océan où voyageaient d’autres feuilles.
Elles aussi allaient vers d’autres matins.
Mon corps aride frémit de son inapparence,
Je me sens prisonnière de sa blessure
Je vis au jour le jour, au soir le soir,

Les saisons sont ma parure, les années ma beauté désertée.
Ô qu’un instant, le temps s’arrête : je serais reine de cette forêt
De cette nature couleur de brume et de chagrin,
Reine de ce matin au toit de neige,
De ce temps inexorable comme l’hiver et l’été
Reine de ce monde qui n’est à présent, plus le mien.

Arbres sur le Loing_Bruno Rigolt« Plongée dans l’hiver, l’écorce brune de la forêt
M’emporte au large, vers l’arrière pays du ciel… »

Illustration : © Bruno Rigolt
Au bord du Loing, en hiver, un soir

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NOTE D’INTENTION

L’idée de ce poème m’est venue en regardant par ma fenêtre, alors que je cherchais l’inspiration: c’est alors que j’ai aperçu cet amas de feuilles auprès de mon arbre. Cela m’a donné l’idée de faire d’une feuille la narratrice de mon poème. N’est-il pas vrai d’ailleurs que celle-ci suit l’arbre tout au long des saisons et lui donne sa beauté ? J’ai donc intitulé ce poème « Complainte d’une feuille hivernale », car je voulais transmettre par ce titre les émotions que je peux éprouver durant l’hiver à travers un élément infiniment petit de la forêt : une simple feuille d’arbre. De même, le choix du mot « complainte » n’est pas un hasard. J’apprécie particulièrement les complaintes : leur registre élégiaque me plonge dans une tristesse indéfinie teintée d’indicible nostalgie.

De fait, comme vous l’avez sans doute compris en lisant le texte, mon poème repose sur une double énonciation: si le narrateur est la feuille au pied de l’arbre, on devine également que derrière cette apparence parfois, c’est l’auteure qui s’exprime. Comme par exemple dans ce passage c’est bien moi qui parle à travers la feuille :

« Au pied de ce chêne, je suis mélancolique.
Passe le temps, m’assourdit le calme
Gicle la lumière des branche dénudées
Et vient m’aveugler la voix du vent criant mon nom ».

En second lieu, je définirai mon poème comme un voyage poétique et métaphorique. La forêt, à elle seule, est une frontière, un voyage. Partir en forêt, c’est se dire : « Est-ce que je vais revenir ? Et si je me perdais ? Si je dérivais? » J’ai voulu faire sentir ces impressions en écrivant par exemple:

« M’emporte au large, vers l’arrière-pays du ciel »

Ou encore:

« Dans cet océan où voyageaient d’autres feuilles.
Elles aussi allaient vers d’autres matins. »

Quoi qu’on puisse penser, les forêts ne se ressemblent jamais, elles sont autant de cheminements à jamais recommencés et réinventés. Les saisons participent à cet infini voyage, qui nous emporte ailleurs. J’ai à ce titre privilégié la métaphore car cette figure de style est à même de nous faire passer d’une réalité à une autre réalité :

« De cette nature couleur de brume et de chagrin
Reine de ce matin au toit de neige… »

La métaphore apporte ici une sensibilité que je trouve intéressant d’exploiter car elle métamorphose le réel.

Enfin, l’an passé, j’avais étudié le mouvement romantique et je dois avouer que je me suis reconnue dans cette expression des sentiments. J’ai voulu rendre hommage à tous ces auteurs qui, de Lamartine à Mallarmé, ont chanté la nostalgie de l’idéal et du spirituel : derrière les arbres de la forêt, il y a en effet le cœur de celui qui la regarde: comme je le disais au début, les arbres, les branches, les fleurs ou comme ici la feuille tombée au sol sont ainsi l’expression de ses sentiments. La forêt est pour ma part, une succession d’émotions, couleurs du temps, couleurs des saisons, de mon humeur… Une forêt couleur de mes larmes, couleur de mes joies… Bref, une forêt qui laisse libre cours aux émotions et à l’imagination et c’est cela qui la rend si spéciale, si précieuse dans un monde où elle est tellement en voie de disparition.

© 2015, Léa R.