75 minutes BTS "Paroles, échanges, conversations et révolution numérique" : Internet comme nouvel espace de prise de parole

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Le « 75 minutes », c’est quoi ?

Pour vous aider dans vos révisions, je vous propose 1 à 2 fois par semaine jusqu’à l’épreuve, un « 75 minutes » sur l’un des deux thèmes proposés à l’examen. Obligez-vous à respecter le timing : 1h15 pas plus, pour confronter trois documents, faire une fiche de synthèse à partir de la problématique abordée, et vous entraîner en temps limité sur quelques sujets-type. Bien entendu, rien ne vous empêche ensuite d’approfondir un ou plusieurs aspects, mais obligez-vous la première fois à travailler dans le temps imparti : 75 minutes ! Chronométrez-vous en n’oubliant pas qu’un temps limité est toujours mieux utilisé !

Révisions Thème 1 2013>14
Paroles, échanges, conversations et révolution numérique

Problématique de ce « 75 Minutes » : Internet comme nouvel espace de prise de parole ; nouveaux outils de communication et nouveaux modes d’action collective

Pour ce dernier « 75 minutes », et pour le cas où le thème « Paroles, échanges, conversations et révolution numérique » tomberait à l’examen, je vous suggère de vous entraîner à partir des trois documents que j’ai sélectionnés et qui amènent tous à réfléchir sur les changements profonds liés à l’apparition de la notion d’identité numérique. De fait, la multiplication de la prise de parole, des échanges virtuels partagés, de la circulation de l’information, avec l’avènement des blogs et des réseaux sociaux, est en train de modifier les modes d’action collective et d’engagement.

La sociologue Monique Dagnaud (document 1) n’hésite pas à suggérer par exemple combien « le web a révolutionné [notre] façon de regarder le monde et de s’y projeter. Émergence d’une « identité numérique expressive », conversation en continu, productions artistiques amateurs, culture lol, raids de hackers, actions protestataires, attachement à une économie du gratuit : se dessinent ainsi de nouveaux profils psychologiques, une façon inédite de vivre ensemble […] »(Source : Fiche éditeur).

Les deux autres documents sont également très intéressants à travailler : tirés d’ouvrages québécois, ils amènent à réfléchir à cette mutation sans précédent de l’environnement médiatique. Comme Monique Dagnaud, Serge Proulx insiste sur l’aspect révolutionnaire d’Internet, « au même titre que l’avait été la Révolution française ». Quant à Serge Proulx, il s’intéresse particulièrement à la façon dont les « nouveau modes de création et de distribution des contenus », basés sur la culture participative, vont bouleverser les pratiques de communication et d’échange distancié.

Bruno Rigolt

 Étape 1 : la prise de notes (45 minutes) : consacrez 15 minutes à la lecture de chaque document. Lisez les textes en relevant les informations vous paraissant les plus utiles au traitement de la problématique : relevez synthétiquement le thème précis, la thèse de l’auteur ou l’enjeu posé, ainsi que quelques arguments ou exemples représentatifs. Ne rentrez pas dans les détails : allez toujours vers l’interprétation textuelle GLOBALE.

1. Monique Dagnaud, Génération Y : Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion, Les Presses de Sciences Po (Collection « Nouveaux débats »), Paris 2011.

 Passage à lire : depuis la page 110 (« Le lol : contrat de lecture« ) jusqu’à la page 112 (« à la désacralisation et à l’ébranlement de tous les pouvoirs« ).
NB : la mise en page originale n’est pas respectée sur Google-livres.

2. Le deuxième document sur lequel je vous invite à réfléchir est tiré du livre du journaliste canadien Pascal Lapointe, spécialisé en sciences et en nouvelles technologies, Utopie.net. La réalité Internet après le rêve (Éditions MultiMondes, Québec, Canada 2002).

 Lisez particulièrement les pages 17 à 20. Depuis « Howard Rheingold, qui sera l’un des premiers à se faire consacrer gourou d’Internet » (bas de la page 17) jusqu’à « Une nouvelle communauté à laquelle se joindre » (bas de la page 20).

3. Enfin, lisez ce passage d’un chapitre de La Révolution Internet, ouvrage collectif publié sous la direction d’Antoine Char et Roch Côté (Presses de l’Université du Québec, 2009). 

 Passage à lire : Serge Proulx, « L’émergence des médias individuels de communication de masse. Vers une coopération conflictuelle avec les médias mainstream ? ». Depuis le début de la page 64 (« Dans le cadre de la mutation actuelle de l’environnement médiatique ») jusqu’au bas de la page 65.

 
→ Étape 2 : le réinvestissement des notes (30 minutes)

  • Essayez d’abord de répondre très brièvement aux questions suivantes en vous obligeant à réinvestir vos notes pour chacune de vos réponses, qui seront structurées autour d’un argument, illustré par un exemple précis.

– Monique Dagnaud (document 1) compare la « culture lol » à certains pamphlets révolutionnaires du XVIIIe siècle. Justifiez cette comparaison en étayant votre démonstration à partir d’exemples empruntés à l’ouvrage de Pascal Lapointe (doc. 2).
– Dans quelle mesure Internet et plus largement les outils numériques ont-ils facilité de nouvelles pratiques collaboratives de communication et d’échange ? Expliquez à partir du corpus de documents.
– La démultiplication de la parole sur Internet est-elle un risque ? Voyez également à ce sujet le support de cours que j’ai mis en ligne : « Du bavardage, entre vacuité et vérité »
– On a parfois mis en parallèle l’invention de l’imprimerie et la diffusion des échanges sur Internet. Cette comparaison vous paraît-elle fondée ?
– Pour de nombreux spécialistes, la prise de parole sur Internet semble correspondre fondamentalement à un enjeu de contre-pouvoir. À l’heure actuelle, les échanges sur Internet vous paraissent-ils répondre uniquement à cet objectif militant ?

  • Enfin, choisissez l’un de ces questionnements et essayez de construire un plan d’écriture personnelle en moins de 10 minutes.

Bon courage à toutes et à tous pour l’examen ! 

75 minutes BTS « Paroles, échanges, conversations et révolution numérique » : Internet comme nouvel espace de prise de parole

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Le « 75 minutes », c’est quoi ?

Pour vous aider dans vos révisions, je vous propose 1 à 2 fois par semaine jusqu’à l’épreuve, un « 75 minutes » sur l’un des deux thèmes proposés à l’examen. Obligez-vous à respecter le timing : 1h15 pas plus, pour confronter trois documents, faire une fiche de synthèse à partir de la problématique abordée, et vous entraîner en temps limité sur quelques sujets-type. Bien entendu, rien ne vous empêche ensuite d’approfondir un ou plusieurs aspects, mais obligez-vous la première fois à travailler dans le temps imparti : 75 minutes ! Chronométrez-vous en n’oubliant pas qu’un temps limité est toujours mieux utilisé !

Révisions Thème 1 2013>14
Paroles, échanges, conversations et révolution numérique

Problématique de ce « 75 Minutes » : Internet comme nouvel espace de prise de parole ; nouveaux outils de communication et nouveaux modes d’action collective

Pour ce dernier « 75 minutes », et pour le cas où le thème « Paroles, échanges, conversations et révolution numérique » tomberait à l’examen, je vous suggère de vous entraîner à partir des trois documents que j’ai sélectionnés et qui amènent tous à réfléchir sur les changements profonds liés à l’apparition de la notion d’identité numérique. De fait, la multiplication de la prise de parole, des échanges virtuels partagés, de la circulation de l’information, avec l’avènement des blogs et des réseaux sociaux, est en train de modifier les modes d’action collective et d’engagement.

La sociologue Monique Dagnaud (document 1) n’hésite pas à suggérer par exemple combien « le web a révolutionné [notre] façon de regarder le monde et de s’y projeter. Émergence d’une « identité numérique expressive », conversation en continu, productions artistiques amateurs, culture lol, raids de hackers, actions protestataires, attachement à une économie du gratuit : se dessinent ainsi de nouveaux profils psychologiques, une façon inédite de vivre ensemble […] »(Source : Fiche éditeur).

Les deux autres documents sont également très intéressants à travailler : tirés d’ouvrages québécois, ils amènent à réfléchir à cette mutation sans précédent de l’environnement médiatique. Comme Monique Dagnaud, Serge Proulx insiste sur l’aspect révolutionnaire d’Internet, « au même titre que l’avait été la Révolution française ». Quant à Serge Proulx, il s’intéresse particulièrement à la façon dont les « nouveau modes de création et de distribution des contenus », basés sur la culture participative, vont bouleverser les pratiques de communication et d’échange distancié.

Bruno Rigolt

 Étape 1 : la prise de notes (45 minutes) : consacrez 15 minutes à la lecture de chaque document. Lisez les textes en relevant les informations vous paraissant les plus utiles au traitement de la problématique : relevez synthétiquement le thème précis, la thèse de l’auteur ou l’enjeu posé, ainsi que quelques arguments ou exemples représentatifs. Ne rentrez pas dans les détails : allez toujours vers l’interprétation textuelle GLOBALE.

1. Monique Dagnaud, Génération Y : Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion, Les Presses de Sciences Po (Collection « Nouveaux débats »), Paris 2011.

 Passage à lire : depuis la page 110 (« Le lol : contrat de lecture« ) jusqu’à la page 112 (« à la désacralisation et à l’ébranlement de tous les pouvoirs« ).
NB : la mise en page originale n’est pas respectée sur Google-livres.

2. Le deuxième document sur lequel je vous invite à réfléchir est tiré du livre du journaliste canadien Pascal Lapointe, spécialisé en sciences et en nouvelles technologies, Utopie.net. La réalité Internet après le rêve (Éditions MultiMondes, Québec, Canada 2002).

 Lisez particulièrement les pages 17 à 20. Depuis « Howard Rheingold, qui sera l’un des premiers à se faire consacrer gourou d’Internet » (bas de la page 17) jusqu’à « Une nouvelle communauté à laquelle se joindre » (bas de la page 20).

3. Enfin, lisez ce passage d’un chapitre de La Révolution Internet, ouvrage collectif publié sous la direction d’Antoine Char et Roch Côté (Presses de l’Université du Québec, 2009). 

 Passage à lire : Serge Proulx, « L’émergence des médias individuels de communication de masse. Vers une coopération conflictuelle avec les médias mainstream ? ». Depuis le début de la page 64 (« Dans le cadre de la mutation actuelle de l’environnement médiatique ») jusqu’au bas de la page 65.

 

→ Étape 2 : le réinvestissement des notes (30 minutes)

  • Essayez d’abord de répondre très brièvement aux questions suivantes en vous obligeant à réinvestir vos notes pour chacune de vos réponses, qui seront structurées autour d’un argument, illustré par un exemple précis.

– Monique Dagnaud (document 1) compare la « culture lol » à certains pamphlets révolutionnaires du XVIIIe siècle. Justifiez cette comparaison en étayant votre démonstration à partir d’exemples empruntés à l’ouvrage de Pascal Lapointe (doc. 2).
– Dans quelle mesure Internet et plus largement les outils numériques ont-ils facilité de nouvelles pratiques collaboratives de communication et d’échange ? Expliquez à partir du corpus de documents.
– La démultiplication de la parole sur Internet est-elle un risque ? Voyez également à ce sujet le support de cours que j’ai mis en ligne : « Du bavardage, entre vacuité et vérité »
– On a parfois mis en parallèle l’invention de l’imprimerie et la diffusion des échanges sur Internet. Cette comparaison vous paraît-elle fondée ?
– Pour de nombreux spécialistes, la prise de parole sur Internet semble correspondre fondamentalement à un enjeu de contre-pouvoir. À l’heure actuelle, les échanges sur Internet vous paraissent-ils répondre uniquement à cet objectif militant ?

  • Enfin, choisissez l’un de ces questionnements et essayez de construire un plan d’écriture personnelle en moins de 10 minutes.

Bon courage à toutes et à tous pour l’examen ! 

75 minutes BTS « Cette part de rêve que chacun porte en soi » Rêve et bovarysme : de l'idéal aux clichés romanesques

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Le « 75 minutes », c’est quoi ?

Pour vous aider dans vos révisions, je vous propose 1 à 2 fois par semaine jusqu’à l’épreuve, un « 75 minutes » sur l’un des deux thèmes proposés à l’examen. Obligez-vous à respecter le timing : 1h15 pas plus, pour confronter trois documents, faire une fiche de synthèse à partir de la problématique abordée, et vous entraîner en temps limité sur quelques sujets-type. Bien entendu, rien ne vous empêche ensuite d’approfondir un ou plusieurs aspects, mais obligez-vous la première fois à travailler dans le temps imparti : 75 minutes ! Chronométrez-vous en n’oubliant pas qu’un temps limité est toujours mieux utilisé !

Révisions Thème 2
Cette part de rêve que chacun porte en soi…

Voir aussi : « BTS : Rêve et Publicité… Étude de l’image »
→ Support de cours. Pour accéder au document, cliquez ici.

Problématique de ce « 75 Minutes » : rêve et bovarysme

mots clés : Rêve ; Idéal ; Bovarysme ; romanesque ; clichés

Le terme bovarysme dérive du célèbre roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, publié en 1856 et c’est à Jules de Gauthier (1911) que l’on doit le concept de bovarysme. On désigne sous ce terme un état d’insatisfaction affective et sociale amenant à rêver à un bonheur souvent illusoire et inaccessible. Le Petit Larousse (2000) propose ainsi la définition suivante : « comportement qui consiste à fuir dans le rêve l’insatisfaction éprouvée dans la vie ». 

Mais le terme de bovarysme se double également d’un autre sens, proche du premier, et qui le complète utilement : c’est celui de mettre en dérision le rêve, et plus particulièrement les clichés romanesques voire romantiques qui s’y trouvent : ainsi, dans le premier document, Flaubert relate de façon assez ironique et quelque peu caricaturale les rêveries d’Emma, qui, malheureuse dans sa vie de couple, rêve d’une lune de miel. Loin d’être personnel, son discours est une succession de lieux communs de lecture.

Le deuxième extrait tiré du roman de Maupassant Une Vie accentue plus encore ce bovarysme : l’héroïne Jeanne vient de sortir du couvent où son père (un vieux baron adepte de Rousseau) l’a tenue enfermée, moins par conformisme religieux, que pour l’écarter des vices du monde. Le passage que je vous présente se situe à la fin du premier chapitre : de retour au château familial et ne parvenant pas à trouver le sommeil tant elle est excitée d’avoir quitté « pour toujours » le couvent, la jeune fille se met à « rêver d’amour »…

Quant au troisième document, il n’est pas non plus éloigné de ce bovarysme amoureux que j’évoquais à l’instant. Regardez par exemple les cœurs ! Il y en a de partout : le collier, le pendentif, la bague, et bien sûr le produit lui-même ainsi que les traits qui encadrent le flacon. Tous ces cœurs figurent une plongée dans la rêverie, et sont autant d’invitations au voyage fictionnel dans un conte amoureux, qui n’est pas loin d’évoquer une certaine image d’Épinal de la féminité. 

Bruno Rigolt

Étape 1  : la prise de notes (45 minutes) : Documents 1 à 3 : 15 minutes par document. Lisez les deux textes en relevant les informations vous paraissant les plus utiles au traitement de la problématique : relevez synthétiquement le thème précis, la thèse de l’auteur ou l’enjeu posé, ainsi que quelques arguments ou exemples représentatifs. Pour le document 3, aidez-vous de l’analyse d’image publiée sur ce site. Ne rentrez pas dans les détails : allez toujours vers l’interprétation textuelle GLOBALE

1. Gustave Flaubert, Madame Bovary (1856). Deuxième partie, chapitre 12

Dans ce passage, Flaubert relate de façon assez ironique et quelque peu caricaturale les rêveries d’Emma qui, malheureuse dans sa vie de couple avec Charles (le type même de l’homme ordinaire), rêve d’une « lune de miel ». Loin d’être personnel, son discours qui est une succession de lieux communs, « représente l’attente et le fantasme romantique de trouver le prince charmant conforme aux clichés des œuvres littéraires de l’époque » (L. Schmitt).

Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie ; et, tandis qu’il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves.

Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d’où ils ne reviendraient plus. Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d’une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes. On marchait au pas, à cause des grandes dalles, et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s’envolant rafraîchissait des tas de fruits, disposés en pyramide au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets d’eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, où des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C’est là qu’ils s’arrêteraient pour vivre ; ils habiteraient une maison basse, à toit plat, ombragée d’un palmier, au fond d’un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu’ils contempleraient. Cependant, sur l’immensité de cet avenir qu’elle se faisait apparaître, rien de particulier ne surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et cela se balançait à l’horizon, infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil. Mais l’enfant se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et Emma ne s’endormait que le matin, quand l’aube blanchissait les carreaux et que déjà le petit Justin, sur la place, ouvrait les auvents de la pharmacie.

2. Guy de Maupassant, Une Vie, 1883. Chapitre 1

Dans ce passage, qui se situe à la fin du premier chapitre, l’héroïne Jeanne vient de sortir du couvent où son père (un vieux baron adepte de Rousseau) l’a tenue enfermée, moins par conformisme religieux, que pour l’écarter des vices du monde.  De retour au château familial et ne parvenant pas à trouver le sommeil tant elle est excitée d’avoir quitté « pour toujours » le couvent, la jeune fille se met à « rêver d’amour »…

La jeune fille s’abandonna au bonheur de respirer ; et le repos de la campagne la calma comme un bain frais.
Toutes les bêtes qui s’éveillent quand vient le soir et cachent leur existence obscure dans la tranquillité des nuits, emplissaient les demi-ténèbres d’une agitation silencieuse. De grands oiseaux qui ne criaient point fuyaient dans l’air comme des taches, comme des ombres ; des bourdonnements d’insectes invisibles effleuraient l’oreille ; des courses muettes traversaient l’herbe pleine de rosée ou le sable des chemins déserts.
Seuls quelques crapauds mélancoliques poussaient vers la lune leur note courte et monotone.
Il semblait à Jeanne que son cœur s’élargissait, plein de murmures comme cette soirée claire, fourmillant soudain de mille désirs rôdeurs, pareils à ces bêtes nocturnes dont le frémissement l’entourait. Une affinité l’unissait à cette poésie vivante ; et dans la molle blancheur de la nuit, elle sentait courir des frissons surhumains, palpiter des espoirs insaisissables, quelque chose comme un souffle de bonheur.
Et elle se mit à rêver d’amour.
L’amour ! Il l’emplissait depuis deux années de l’anxiété croissante de son approche. Maintenant elle était libre d’aimer ; elle n’avait plus qu’à le rencontrer, lui !
Comment serait-il ? Elle ne le savait pas au juste et ne se le demandait même pas. Il serait lui, voilà tout.
Elle savait seulement qu’elle l’adorerait de toute son âme et qu’il la chérirait de toute sa force. Ils se promèneraient par les soirs pareils à celui-ci, sous la cendre lumineuse qui tombait des étoiles. Ils iraient, les mains dans les mains, serrés l’un contre l’autre, entendant battre leurs cœurs, sentant la chaleur de leurs épaules, mêlant leur amour à la simplicité suave des nuits d’été, tellement unis qu’ils pénétreraient aisément, par la seule puissance de leur tendresse, jusqu’à leurs plus secrètes pensées.
Et cela continuerait indéfiniment, dans la sérénité d’une affection indescriptible.

3. Publicité pour le parfum « Princess » (Vera Wang)
→ Pour accéder à l’analyse d’image, cliquez ici.

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→ Étape 2  : le réinvestissement des notes (30 minutes)

  • Essayez d’abord de répondre très brièvement aux questions suivantes en vous obligeant à réinvestir vos notes pour chacune de vos réponses, qui seront structurées autour d’un argument, illustré par un exemple précis.

– Le bovarysme a été défini comme un comportement consistant à fuir dans le rêve. Trouvez deux exemples (dans la publicité ou dans certaines émissions de télé-réalité) illustrant ce concept.
– Montrez que les aventures des deux héroïnes dans les textes de Flaubert et de Maupassant reposent sur un romantisme « à l’eau de rose ».
– À la lecture des documents, commentez ces paroles de la chanson « Foule sentimentale » d’Alain Souchon (1993) : « On a soif d’idéal/Attirés par les étoiles, les voiles/Que des choses pas commerciales ».
– Le poète Gérard de Nerval dit du rêve qu’il « est une seconde vie » (Aurélia, voir ce « 75 minutes » : Comprendre les rêves : 1/2) : opposez la conception du rêve dont parle Gérard de Nerval au bovarysme : si le rêve permet aux héroïnes d’accéder à « une seconde vie », quels sont néanmoins les dangers de cette pathologie de l’imaginaire ?
– Dans quelle mesure la publicité pour le parfum « Princess » (doc. 3) peut-elle être interprétée comme une réécriture des contes de fée ?
– Dans quelle mesure pourrait-on reprocher à certains magazines féminins à grand tirage leur bovarysme ?
– Peut-on dire de la télé-réalité et plus particulièrement des émissions people que c’est un bovarysme « à grande échelle » ?
– Pourrait-il y avoir un bovarysme réussi et positif ?

  • Enfin, choisissez l’un de ces questionnements et essayez de construire un plan d’écriture personnelle en 15 minutes.

Bon courage à toutes et à tous pour l’examen !

75 minutes BTS « Cette part de rêve que chacun porte en soi » Rêve et bovarysme : de l’idéal aux clichés romanesques

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Le « 75 minutes », c’est quoi ?

Pour vous aider dans vos révisions, je vous propose 1 à 2 fois par semaine jusqu’à l’épreuve, un « 75 minutes » sur l’un des deux thèmes proposés à l’examen. Obligez-vous à respecter le timing : 1h15 pas plus, pour confronter trois documents, faire une fiche de synthèse à partir de la problématique abordée, et vous entraîner en temps limité sur quelques sujets-type. Bien entendu, rien ne vous empêche ensuite d’approfondir un ou plusieurs aspects, mais obligez-vous la première fois à travailler dans le temps imparti : 75 minutes ! Chronométrez-vous en n’oubliant pas qu’un temps limité est toujours mieux utilisé !

Révisions Thème 2
Cette part de rêve que chacun porte en soi…

Voir aussi : « BTS : Rêve et Publicité… Étude de l’image »
→ Support de cours. Pour accéder au document, cliquez ici.

Problématique de ce « 75 Minutes » : rêve et bovarysme

mots clés : Rêve ; Idéal ; Bovarysme ; romanesque ; clichés

Le terme bovarysme dérive du célèbre roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, publié en 1856 et c’est à Jules de Gauthier (1911) que l’on doit le concept de bovarysme. On désigne sous ce terme un état d’insatisfaction affective et sociale amenant à rêver à un bonheur souvent illusoire et inaccessible. Le Petit Larousse (2000) propose ainsi la définition suivante : « comportement qui consiste à fuir dans le rêve l’insatisfaction éprouvée dans la vie ». 

Mais le terme de bovarysme se double également d’un autre sens, proche du premier, et qui le complète utilement : c’est celui de mettre en dérision le rêve, et plus particulièrement les clichés romanesques voire romantiques qui s’y trouvent : ainsi, dans le premier document, Flaubert relate de façon assez ironique et quelque peu caricaturale les rêveries d’Emma, qui, malheureuse dans sa vie de couple, rêve d’une lune de miel. Loin d’être personnel, son discours est une succession de lieux communs de lecture.

Le deuxième extrait tiré du roman de Maupassant Une Vie accentue plus encore ce bovarysme : l’héroïne Jeanne vient de sortir du couvent où son père (un vieux baron adepte de Rousseau) l’a tenue enfermée, moins par conformisme religieux, que pour l’écarter des vices du monde. Le passage que je vous présente se situe à la fin du premier chapitre : de retour au château familial et ne parvenant pas à trouver le sommeil tant elle est excitée d’avoir quitté « pour toujours » le couvent, la jeune fille se met à « rêver d’amour »…

Quant au troisième document, il n’est pas non plus éloigné de ce bovarysme amoureux que j’évoquais à l’instant. Regardez par exemple les cœurs ! Il y en a de partout : le collier, le pendentif, la bague, et bien sûr le produit lui-même ainsi que les traits qui encadrent le flacon. Tous ces cœurs figurent une plongée dans la rêverie, et sont autant d’invitations au voyage fictionnel dans un conte amoureux, qui n’est pas loin d’évoquer une certaine image d’Épinal de la féminité. 

Bruno Rigolt

Étape 1  : la prise de notes (45 minutes) : Documents 1 à 3 : 15 minutes par document. Lisez les deux textes en relevant les informations vous paraissant les plus utiles au traitement de la problématique : relevez synthétiquement le thème précis, la thèse de l’auteur ou l’enjeu posé, ainsi que quelques arguments ou exemples représentatifs. Pour le document 3, aidez-vous de l’analyse d’image publiée sur ce site. Ne rentrez pas dans les détails : allez toujours vers l’interprétation textuelle GLOBALE

1. Gustave Flaubert, Madame Bovary (1856). Deuxième partie, chapitre 12

Dans ce passage, Flaubert relate de façon assez ironique et quelque peu caricaturale les rêveries d’Emma qui, malheureuse dans sa vie de couple avec Charles (le type même de l’homme ordinaire), rêve d’une « lune de miel ». Loin d’être personnel, son discours qui est une succession de lieux communs, « représente l’attente et le fantasme romantique de trouver le prince charmant conforme aux clichés des œuvres littéraires de l’époque » (L. Schmitt).

Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie ; et, tandis qu’il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves.

Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d’où ils ne reviendraient plus. Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d’une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes. On marchait au pas, à cause des grandes dalles, et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s’envolant rafraîchissait des tas de fruits, disposés en pyramide au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets d’eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, où des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C’est là qu’ils s’arrêteraient pour vivre ; ils habiteraient une maison basse, à toit plat, ombragée d’un palmier, au fond d’un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu’ils contempleraient. Cependant, sur l’immensité de cet avenir qu’elle se faisait apparaître, rien de particulier ne surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et cela se balançait à l’horizon, infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil. Mais l’enfant se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et Emma ne s’endormait que le matin, quand l’aube blanchissait les carreaux et que déjà le petit Justin, sur la place, ouvrait les auvents de la pharmacie.

2. Guy de Maupassant, Une Vie, 1883. Chapitre 1

Dans ce passage, qui se situe à la fin du premier chapitre, l’héroïne Jeanne vient de sortir du couvent où son père (un vieux baron adepte de Rousseau) l’a tenue enfermée, moins par conformisme religieux, que pour l’écarter des vices du monde.  De retour au château familial et ne parvenant pas à trouver le sommeil tant elle est excitée d’avoir quitté « pour toujours » le couvent, la jeune fille se met à « rêver d’amour »…

La jeune fille s’abandonna au bonheur de respirer ; et le repos de la campagne la calma comme un bain frais.
Toutes les bêtes qui s’éveillent quand vient le soir et cachent leur existence obscure dans la tranquillité des nuits, emplissaient les demi-ténèbres d’une agitation silencieuse. De grands oiseaux qui ne criaient point fuyaient dans l’air comme des taches, comme des ombres ; des bourdonnements d’insectes invisibles effleuraient l’oreille ; des courses muettes traversaient l’herbe pleine de rosée ou le sable des chemins déserts.
Seuls quelques crapauds mélancoliques poussaient vers la lune leur note courte et monotone.
Il semblait à Jeanne que son cœur s’élargissait, plein de murmures comme cette soirée claire, fourmillant soudain de mille désirs rôdeurs, pareils à ces bêtes nocturnes dont le frémissement l’entourait. Une affinité l’unissait à cette poésie vivante ; et dans la molle blancheur de la nuit, elle sentait courir des frissons surhumains, palpiter des espoirs insaisissables, quelque chose comme un souffle de bonheur.
Et elle se mit à rêver d’amour.
L’amour ! Il l’emplissait depuis deux années de l’anxiété croissante de son approche. Maintenant elle était libre d’aimer ; elle n’avait plus qu’à le rencontrer, lui !
Comment serait-il ? Elle ne le savait pas au juste et ne se le demandait même pas. Il serait lui, voilà tout.
Elle savait seulement qu’elle l’adorerait de toute son âme et qu’il la chérirait de toute sa force. Ils se promèneraient par les soirs pareils à celui-ci, sous la cendre lumineuse qui tombait des étoiles. Ils iraient, les mains dans les mains, serrés l’un contre l’autre, entendant battre leurs cœurs, sentant la chaleur de leurs épaules, mêlant leur amour à la simplicité suave des nuits d’été, tellement unis qu’ils pénétreraient aisément, par la seule puissance de leur tendresse, jusqu’à leurs plus secrètes pensées.
Et cela continuerait indéfiniment, dans la sérénité d’une affection indescriptible.

3. Publicité pour le parfum « Princess » (Vera Wang)
→ Pour accéder à l’analyse d’image, cliquez ici.

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→ Étape 2  : le réinvestissement des notes (30 minutes)

  • Essayez d’abord de répondre très brièvement aux questions suivantes en vous obligeant à réinvestir vos notes pour chacune de vos réponses, qui seront structurées autour d’un argument, illustré par un exemple précis.

– Le bovarysme a été défini comme un comportement consistant à fuir dans le rêve. Trouvez deux exemples (dans la publicité ou dans certaines émissions de télé-réalité) illustrant ce concept.
– Montrez que les aventures des deux héroïnes dans les textes de Flaubert et de Maupassant reposent sur un romantisme « à l’eau de rose ».
– À la lecture des documents, commentez ces paroles de la chanson « Foule sentimentale » d’Alain Souchon (1993) : « On a soif d’idéal/Attirés par les étoiles, les voiles/Que des choses pas commerciales ».
– Le poète Gérard de Nerval dit du rêve qu’il « est une seconde vie » (Aurélia, voir ce « 75 minutes » : Comprendre les rêves : 1/2) : opposez la conception du rêve dont parle Gérard de Nerval au bovarysme : si le rêve permet aux héroïnes d’accéder à « une seconde vie », quels sont néanmoins les dangers de cette pathologie de l’imaginaire ?
– Dans quelle mesure la publicité pour le parfum « Princess » (doc. 3) peut-elle être interprétée comme une réécriture des contes de fée ?
– Dans quelle mesure pourrait-on reprocher à certains magazines féminins à grand tirage leur bovarysme ?
– Peut-on dire de la télé-réalité et plus particulièrement des émissions people que c’est un bovarysme « à grande échelle » ?
– Pourrait-il y avoir un bovarysme réussi et positif ?

  • Enfin, choisissez l’un de ces questionnements et essayez de construire un plan d’écriture personnelle en 15 minutes.

Bon courage à toutes et à tous pour l’examen !

75 minutes BTS « Cette part de rêve que chacun porte en soi… » La science, entre rêve et cauchemar

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Le « 75 minutes », c’est quoi ?

Pour vous aider dans vos révisions, je vous propose 1 à 2 fois par semaine jusqu’à l’épreuve, un « 75 minutes » sur l’un des deux thèmes proposés à l’examen. Obligez-vous à respecter le timing : 1h15 pas plus, pour confronter trois documents, faire une fiche de synthèse à partir de la problématique abordée, et vous entraîner en temps limité sur quelques sujets-type. Bien entendu, rien ne vous empêche ensuite d’approfondir un ou plusieurs aspects, mais obligez-vous la première fois à travailler dans le temps imparti : 75 minutes ! Chronométrez-vous en n’oubliant pas qu’un temps limité est toujours mieux utilisé !

Révisions Thème 2 
Cette part de rêve que chacun porte en soi…


Problématique de ce « 75 Minutes » : la science, entre rêve et cauchemar

mots clés : Science ; cauchemar scientifique ; mythe du savant fou ; folie prométhéenne ; rêve et mythe

Le credo scientiste, qui se développera à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, ne cessera d’alimenter la littérature qui revendiquera, à l’instar du naturalisme, son caractère « expérimental ». Parallèlement, les travaux de Freud sur le rêve (L’Interprétation des rêves, 1899) et le développement de la psychanalyse vont également considérablement modifier le rapport de l’homme à lui-même et alimenter l’imaginaire des écrivains occidentaux qui ne cesseront d’être fascinés par le côté obscur de l’âme humaine. 

C’est dans ce contexte que L’Étrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde, publié en 1886 par Robert Louis Stevenson, relate avec brio le face-à-face de Jekyll et de son double, représentatif du combat entre le Bien et le Mal : le double incarnant tout à la fois la conscience morale et les mauvais penchants de l’individu. Ce qui est intéressant dans ce récit, c’est aussi la façon dont il semble annoncer le débat sur le moi et le rêve, si important avec la découverte quelques années plus tard de l’inconscient par Freud.

Ce type de personnages prométhéens, mêlant grandeur et perversion, rêve et cauchemar, nous ramène évidemment au Faust de Goethe (1827), véritable coup d’envoi du romantisme noir et du mythe de l’expérimentateur démoniaque qui s’enferme dans son laboratoire pour y créer une vie artificielle¹. Outre qu’il nous fait replonger dans le climat de décadence propre au pessimisme fin de siècle, l’ouvrage suggère également l’angoisse de l’affaiblissement biologique, de la dégénérescence et de la décadence, qui alimentera vers la fin du du XIXe siècle nombre de thèses se réclamant de l’eugénisme².

Mais c’est sans doute Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818), créé par Mary Shelley (1797-1851), qui apparaît comme une œuvre fascinante à plus d’un titre, : « Né d’un cauchemar, [Frankenstein de Mary Shelley] continue de faire rêver. L’absence de clôture du roman qui ne rapporte pas la mort du monstre résolu de s’immoler par le feu sur son radeau de glace ne peut que postuler une suite, mettre en mouvement l’imagination […]. Si un mythe est bien une parole et des images qui entrent dans un rapport étroit avec le sacré, le roman de Mary Shelley, si prolixe en discours et si riche en images, représente bien le mythe originel du savant fou »³.

Comme il a été très justement écrit : « Grâce à la science et à la technologie, l’Homme domine la nature. Il a réalisé le rêve de Prométhée : il a dérobé le feu du ciel. Il a appris à fabriquer des golems, des robots à son service. Il contrôle le vivant, le reproduit, en mieux, et défie la mort. Mais sait-il conjurer la malédiction qui pèse sur Frankenstein ? » [Source]

Comme vous le voyez,  le mythe du savant fou, cher à la littérature fantastique et à la science-fiction, parce qu’il amène à une réflexion originale sur le rêve, oblige à penser le cauchemar : ainsi le jusqu’auboutisme scientiste nous entraîne dans la dérive totalitaire. Au rêve positiviste et irrationnel d’une science comme « fait total » permettant d’atteindre l’idéal répond le célèbre avertissement de Rabelais dès le seizième siècle : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ; autrement dit, la connaissance sans discernement ni examen critique, parce qu’elle empêche l’homme de réfléchir par lui-même, est la pire des extrapolations.

Il s’agit donc, comme nous l’enseigne le précepte rabelaisien, de bien méditer les conséquences et dérapages potentiels de nos rêves et de nos idéaux, quand ils ne s’accompagnent pas d’une conscience morale : 1984 d’Orwell où Le Meilleur des mondes d’Huxley sont sur ce point deux ouvrages riches d’enseignement… La création d’une utopie, c’est-à-dire d’un monde tel qu’il devrait être, trahit toujours le rêve fou de transformer une abstraction en réalité… Comme nous le comprenons, le rêve ne saurait être pensé sans envisager ses rapports éthiques et philosophiques à « cette part de conscience que chacun porte en soi »…

Bruno Rigolt

1. De même, Jules Verne (1828-1905) reprendra à plusieurs reprises (L’Île mystérieuseLes Voyages extraordinaires, etc.) le thème du « savant fou ».
2. NRP (Nouvelle Revue Pédagogique) Lycée n°36 (septembre 2009), page 8.
Pour consulter la revue, cliquez ici.

3. Bibliothèque Chiroux-Croisiers (Liège, Belgique), Centre des paralittératures et du cinéma (Chaudfontaine, Belgique), Actes du colloque Frankenstein littérature/cinémapage 81.

Étape 1 : la prise de notes (40 minutes) : Documents 1 et 3 : 15 minutes. Document 2 : 25 minutes. Lisez les textes en relevant les informations vous paraissant les plus utiles au traitement de la problématique : relevez synthétiquement le thème précis, la thèse de l’auteur ou l’enjeu posé, ainsi que quelques arguments ou exemples représentatifs. Ne rentrez pas dans les détails : allez toujours vers l’interprétation textuelle GLOBALE.

1. Laurent Lemire, Les Savants fous : D’Archimède à nos jours, une histoire délirante des sciences, Paris Robert Laffont 2011

Lisez en particulier le passage suivant : depuis la page 13 (« À partir du XIXe siècle, la science produit chez quelques uns un sentiment de puissance qui confine à la folie« ) jusqu’à la page 14 (« Pour voir où il nous mène et dont on ne peut plus sortir« ). NB : la pagination sur Google-livres est différente de la pagination originale.

2. Susan E. Lederer, Elizabeth Fee, Patricia Tuohy, Frankenstein. Penetrating the Secrets of Nature : an Exhibition by the National Library of MedicineRutgers University Press, 2002. Page 24.

 

3. Philippe Clermont, Darwinisme et littérature de science-fiction, Paris L’Harmattan 2011.
Depuis la
page 133 (« Sur les traces du savant fou »), jusqu’à la page 135 (« (intertextualité plus ou moins explicite avec les récits de Wells et Verne) »).

→ Étape 2 : le réinvestissement des notes (30 minutes)

  • Essayez d’abord de répondre très brièvement aux questions suivantes en vous obligeant à réinvestir vos notes pour chacune de vos réponses, qui seront structurées autour d’un argument, illustré par un exemple précis. 

– Dans quelle mesure le projet de Victor Frankenstein (« créer la vie et déjouer la mort ») est-il intéressant à étudier par rapport au thème du rêve ?
– Parcourez brièvement le début du chapitre 5 de Frankenstein (5 minutes maxi). Comment s’exprime le retournement du rêve éveillé en cauchemar ? Comparez vos remarques avec les éléments de réponse proposés par la NRP (voir l’encart ci-dessous : « 3. Un rêve devenu cauchemar »)
– Qu’est-ce que l’eugénisme ? En quoi ce rêve d’un homme parfait a-t-il alimenté les pires cauchemars dystopiques ?
– H. G. Well a écrit en 1895 un célèbre roman de science-fiction : La Machine à explorer le temps : et si c’était vrai ? Rêve ou cauchemar ?
– Le grand écrivain Georges Bernanos, dans La France contre les robots, dénonçait en ces termes le rêve scientiste : « Nous n’assistons pas à la fin naturelle d’une grande civilisation humaine, mais à la naissance d’une civilisation inhumaine qui ne saurait s’établir que grâce à une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation des valeurs de la vie. […] ». Partagez-vous ce point de vue ?

encart Frankenstein Rêve_cauchemarNRP (Nouvelle Revue PédagogiqueLycée n°36 (septembre 2009), page 43.
Pour consulter la revue, cliquez ici. Pour voir le début du chapitre 5 de Frankensteincliquez ici.

  • Enfin, choisissez l’un de ces questionnements et essayez de construire un plan d’écriture personnelle en 15 minutes.

Bon courage à toutes et à tous pour l’examen !