Support de cours BTS… Le phénomène E-Sport : de la convivialité à la post-humanité…

Le phénomène E-Sport
Ou le sport « métaphore » : de la convivialité à la post-humanité

Comme nous l’avons vu tout au long de nos entraînements¹, le sport se confond avec l’histoire culturelle, l’histoire de la citoyenneté et des idéologies ; en ce sens, il est révélateur du social et fait désormais partie de la vie quotidienne, à travers toutes les couches de la société.

Il serait à ce titre intéressant d’étudier le sport dans une perspective évolutionniste depuis les Lumières par exemple : c’est ainsi qu’à mesure que la bourgeoisie s’élevait et que son pouvoir s’affermissait, l’image du sportif changeait ; le sportif idéal n’était plus princier mais bourgeois. De même le sport a été le reflet de la rationalisation bureaucratique : que l’on songe par exemple à l’URSS transformant le sportif en travailleur. Pareillement, les fascismes ont pris le sport comme référence en lui ajoutant l’exaltation démesurée du sentiment national, ou la valeur de la pureté et de la race. Plus près de nous, avec la crise de l’État providence, c’est l’idée du sportif managérial qui domine la société mondialisée. Enfin, avec la fin du modèle politique et la transformation sans précédent des sociétés occidentales, les sports virtuels² accompagnent la numérisation du monde. Dès lors, une question se pose : quelles sont les implications culturelles et sociales des sports virtuels ?

À n’en pas douter, le passage du sport réel —lieu de la réalité— au sport virtuel aura une portée considérable quant à « l’être ensemble » et au « vivre ensemble ». Souvent prescriptif, le sport réel semble en effet affaire de rationalité. Les sports virtuels en revanche se départissent de cette image tournée vers la performativité pour s’inscrire davantage dans un contexte convivial mettant en valeur le moi en relation avec les autres. Comme il a été justement remarqué, « les sports virtuels, tout en continuant à donner la sensation de pratiquer un sport et en provoquant un certain mouvement chez ceux qui les pratiquent, excluent les dynamiques qui caractérisent le paradigme sportif qui fonde son projet éducatif et sa table de valeurs avant tout sur la réalité de la compétition, c’est-à-dire sur des adversaires existant physiquement, ainsi que sur le respect concret des règles et sur l’actualité du contact physique qui, par ce biais, précisément, devient une opportunité éducative.  Le risque de la virtualité est qu’elle peut finir par constituer le pas en avant ultérieur sur le chemin progressif du dépouillement des valeurs […] »
(Aldo Aledda, « La primauté de l’éthique en sport, un chemin tourmenté », in The Primacy of Ethics. Also in sports ? (collectif). Franco Angeli Edizioni, Milan 2011. Page 144).

Les sports virtuels à l’heure de l’éthique du care : le retour de l’émotionnel

Faut-il pour autant craindre cette déréalisation ? La différence avec les anciens systèmes de valeur du sport est en effet frappante. Il n’est pas étonnant que les ports virtuels par exemple soient contemporains d’une crise du modèle occidental, qui est avant tout une crise de l’homme occidental : l’homo œconomicus, structuré seulement par l’intérêt et la maximisation des besoins. À cet égard, ce qu’on a appelé l’éthique du care³ (« caring attitude ») est caractéristique d’une féminisation de la société occidentale : en se départissant de plus en plus de l’arrogance machiste traditionnelle pour repenser le sens du lien social, la féminisation de la société, fortement ancrée dans l’affectivité et l’attention à autrui, a déplacé les frontières établies entre les sphères privée et publique : au modèle égocentrique de l’individualisme libéral tourné vers la performativité, domine un autre modèle apte à repenser la sociabilité : celui du moi en relation avec les autres. C’est ainsi qu’on peut affirmer par exemple que la console Wii, en tant qu’espace de rencontre et de partage, s’inscrit dans une nouvelle anthropologie qui combine la performativité et la relationalité.

Les sports virtuels, reflet de la cyberculture

Le sport virtuel constitue donc une nouvelle modalité de la tradition sportive : en réinvestissant la pratique du jeu et du rituel et en tissant différemment le lien culturel, il est moins un sport au sens traditionnel du terme qu’une pratique de communication interactive. Les publicités pour la console Wii sont à ce titre très illustratives d’un tel changement : en cherchant à promouvoir d’autres logiques portant à un plus haut degré les théories du contrat social, les sports virtuels remettent en cause les fondements du libéralisme occidental construit à partir du dix-huitième siècle sur des logiques de cloisonnement et de discrimination, pour créer un espace environnant qui prend forme dans l’interaction sociale (sans doute aurez-vous noté l’aspect très « chorégraphique » de la publicité pour la Wii, qui met en avant la corporéité relationnelle).

Ce retour de l’émotionnel et du sensible va à l’encontre de l’instrumental qui a été le fondement de l’économie capitaliste. Ainsi, la Wii réintroduit le ludique mais aussi le communautaire, le métissage et le tribal. Comme le note très justement Emmanuelle Jacques, « la console de jeu Wii, comme la Xbox 360 Kinect et la PlayStation Move, bouleversent les modalités d’interaction des objets informatiques que nous utilisons. Dans nos salons s’installe une console de jeux qui connecte une petite barre de caméras infrarouges à un accéléromètre pour venir capter le corps en mouvement. Le canapé est poussé et l’agencement des meubles modifié, le temps d’un moment entre amis. Avec ces interfaces tangibles apparaît donc le « toucher » dans l’interaction homme-ordinateur et le plaisir de jouer ensemble »
Emmanuelle Jacques, « Le plaisir de jouer ensemble. Facilitation technique, expression du corps et convivialité » in Virtu@lité et Sport. Écrans multiples, vidéo et cybersport (28e Université Sportive d’été. Aix-en-Provence, 2010). Page 81.

Les sports virtuels en ce sens constituent un excellent reflet de la cyberculture, qui est avant tout une culture en réseau, apte à transformer l’espace et l’environnement traditionnels. À l’opposé des modèles de représentation dominants, les cybersports ont donc profondément modifié le cadre socio-culturel du sport.

Le sportif virtuel ou l’homme démiurge…

Ces mutations de plus en plus complexes vont certainement produire d’autres environnements, remettant en cause l’idée même de l’espace et du corps comme lieu maîtrisable, totalisable, bref comme lieu statique, comme lieu d’appartenance. On ne saurait en effet penser les sports virtuels comme une simple simulation du sport, mais comme un substitut qui attache au corps une définition beaucoup plus dynamique et mouvante. Ainsi que le notait avec une grande finesse Roberto Dodiato, « […] le corps virtuel accomplit un pas de plus, qui dans ses conséquences extrêmes, l’apparente à une mimesis non imitative ». (Roberto Dodiato, Esthétique du virtuel, traduit de l’italien par Hélène Goussebayle. Librairie Philosophique Vrin « Matière Étrangère »). Affranchi des contraintes physiques et investi par des millions de gens interconnectés dans un espace où la téléprésence remplace la présence, le corps virtuel offre un champ de pratiques sportives certes plus ouvert, plus participatif que dans les sports classiques, mais également plus complexe à circonscrire dans la mesure où il déplace l’attention sur le concept d’espace-temps virtuel et d’identité hybride.  

Sans être technophobe, il est certain que derrière une indéniable convivialité, les sports virtuels soustraient le corps à l’espace réel pour l’installer dans un univers projectif, qui fait échapper l’homme à la précarité de sa condition. Univers qui contribue à un retour au narcissisme dans lequel les limites du corps et de l’espace sont abolies. Gérard Dubey souligne à ce titre combien, « à travers les mondes virtuels qu’il côtoie et manipule, l’homme moderne se sent à l’abri de la mort et des assauts du temps. Il se sent et se perçoit invulnérable » (Le Lien social à l’ère du virtuel, PUF, Paris 2001. Page 135).

C’est dans ce contexte de postmodernité qu’il est donc intéressant de situer les sports virtuels, qui répondent d’abord et surtout à une quête identitaire, une quête de représentation parfaite de soi-même grâce à l’affinement des moyens techniques. Au fond, ce qui a changé, ce n’est pas intrinsèquement le sport mais l’environnement, de plus en plus surmédiatisé et technologisé. Un exemple me semble très caractéristique de cette évolution : c’est la publicité pour Red Bull. Flattant l’ego du spectateur qui devient presque démiurge, à l’écart des réalités externes, elle le présente comme un sportif surhomme maîtrisant le monde.

C’est ainsi que la réflexion sur les sports virtuels amène à une réflexion essentielle sur l’idée de progrès ou sur la notion d’utopie. Comme le rappellent les Instructions Officielles, « les débats actuels sur le sport offrent un reflet de nos espoirs et de nos peurs quant à l’avenir de notre société ». Dans les sports virtuels par exemple, l’identification à un avatar peut s’interpréter, dans une perspective eschatologique, comme une façon de se réinventer grâce à l’informatique. Cette mise en suspens du principe de réalité est très caractéristique de la cyberculture contemporaine, partagée entre l’intime et l’impersonnel, entre la survalorisation du corps, son immatérialité (le cybercorps du cybersportif) et sa finitude (le corps « réel », biologique), forcément décevante et anachronique au regard des nouvelles technologies.

Conclusion

Ainsi, les sports virtuels, prisonniers d’un certain darwinisme  social, apparaissent comme le rêve sécularisé de  l’homme créé à l’image de Dieu. Cette fusion entre eugénisme high-tech et postmodernité amène évidemment à une nécessaire réflexion éthique et morale. Même s’ils se réclament toujours de l’esprit sportif, les sports virtuels renvoient malgré eux à un monde au-delà du monde, à un homme au-delà de l’homme

© Bruno Rigolt, avril 2013
Espace Pédagogique Contributif / Lycée en Forêt (Montargis, France)


Documents d’accompagnement

  • Corinne Plantin, Américanisation culturelle, les cultures urbaines états-uniennes dans l’agglomération foyalaise (*) : exemples du hip-hop, du body system et de la glisse urbaine (1999-2002). Éditions Publibook Université (« Sciences Humaines et Sociales), 2011.
    Depuis : « La machinisation n’engendre-t-elle pas une artificialisation des efforts physiques et créatifs ? » (page 140) jusqu’à : « Ainsi les pratiquants se spécialisent également. » (page 141).

    (*) Foyalais(e) :  qui se rapporte à la commune de Fort-de-France.

  • Collectif (Alain Berthoz, Jean-François Caron, Marie-Florence Grenier-Loustalot, Charles-Yannick Guezennec, Pierre Letellier, Claude Lory, Denis Masseglia, Nicolas Puget, Isabelle Queval, Yves Rémond, Fabien Roland, Jean-François Toussaint et Jean-Luc Veuthey), La Chimie et le sport, EDP Sciences 2011. Pages 82-83.

  • Laurent Grelot, « La nécessaire prise en compte du développement durable dans le sport » in Le Modèle sportif français. Bilans et perspectives (collectif sous la direction de Sandra Montchaud et Pierre dantin), Lavoisier, Paris 2008.
    Depuis la page 310 (« Avec les technologies de l’information et de la communication » jusqu’à la page 312 (« En somme, le sport ne s’appartient plus »).


NOTES

1. Entraînements et supports de cours mis en ligne :

Vous trouverez ci-dessous plusieurs entraînements inédits sur le thème du sport(synthèse + écriture personnelle) :
  • Les valeurs du Sport : Excellence ou Sacralisation ? [Coubertin, INA, Caillat, Brohm] : Sujet + Corrigé
  • Sport et Droits de l’Homme [Bolotny, R. Yade, B. Laporte, Amnesty International, Lemieux, Collectif pour le Boycott des JO de Pékin 2008] : Sujet
  • Sport et discriminations de genre [Collectif, SOS Homophobie, Bodin, Robène, Héas, Mennesson, Kay, Jeanes + nombreux documents complémentaires] : Sujet
  • Sport et accomplissement [Lancelotti, Montherlant, Bollon, Andrieu] : Sujet
  • L’Art et le sport [Bégaudeau, De La Porte, Gaucher, Bellows, Boutrin] : Sujet
  • Sports de masse et Surmédiatisation [Thibon, Giono, Brohm, Couture] : Sujet + Corrigé
  • Le sport, reflet du capitalisme ? [Bodin, Sempé, Fatien, Fontanel, Joffard] Support de cours+ Sujet d’entraînement

2. « Le virtuel peut se définir comme « l’ensemble des technologies visant à construire des mondes virtuels et à y interfacer un être humain en lui procurant l’impression qu’il y perçoit et agit de manière naturelle » (Denis Berthier, Méditations sur le réel et le virtuel, L’Harmattan, Paris 2004, page 111).

3. Voir à ce sujet le remarquable ouvrage de Fabienne Brugère : L’Éthique du care, PUF « Que sais-je », Paris 2011.

Licence Creative CommonsNetÉtiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans l’Espace Pédagogique Contributif, cet article est protégé par copyright. Ils est mis à disposition des internautes selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 2.0 France. La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le nom de l’auteur ainsi ainsi que la référence complète de l’article cité (URL de la page).


© Bruno Rigolt, EPC avril 2013__

Classe de Première S4… George Sand Lecture analytique de la "Lettre six"

George Sand Lettres à Marcie,
« Lettre six », 27 mars 1837

J’informe les étudiant(e)s de Première S4 que la lecture analytique du passage présenté à l’oral de l’EAF vient d’être mise en ligne. Elle est consultable sur le Cahier de texte de la classe ou en cliquant ici.

Bon courage à toutes et à tous pour les oraux blancs. Rappel du déroulement de l’épreuve (exposé + entretien) en cliquant ici.


Classe de Première S4… George Sand Lecture analytique de la « Lettre six »

George Sand Lettres à Marcie,
« Lettre six », 27 mars 1837

J’informe les étudiant(e)s de Première S4 que la lecture analytique du passage présenté à l’oral de l’EAF vient d’être mise en ligne. Elle est consultable sur le Cahier de texte de la classe ou en cliquant ici.

Bon courage à toutes et à tous pour les oraux blancs. Rappel du déroulement de l’épreuve (exposé + entretien) en cliquant ici.


Entraînement BTS L'Art et le Sport

L’Art et le Sport

Présentation

L’entraînement que je propose aujourd’hui aux étudiant(e)s porte sur la dynamique existant entre l’art et le sport. Si cette relation peut sembler de prime abord peu évidente, elle est néanmoins essentielle : comme l’art, le sport est un fait social majeur qui participe à la mise en place de signes identitaires forts. Il répond en effet aux conventions sociales de la fête, du spectaculaire, mais aussi à la valorisation de la corporalité (individuelle et collective), à l’esthétique du mouvement, du geste, de l’effort (pensez au fameux Discobole de Myron, archétype de l’athlète idéal), voire à une sorte de mystique du dépassement dont on ne saurait nier les fondements moralisants : « dévoiler l’âme sous les artifices du corps¹ » (voir à ce sujet l’entraînement que j’ai consacré au thème : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« ).

Comme le remarque avec une grande pertinence Pierre Chazaud², « il devient indispensable de s’interroger précisément sur le rôle d’une esthétique du Sport, au moment même où des artistes, de plus en plus nombreux, utilisent la thématique sportive dans leur œuvre et dans la mesure où certaines institutions fédérales adoptent désormais le support de l’art pour valoriser leur discipline. l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? Et de quelles valeurs ? Le Sport peut-il produire une esthétique et laquelle ? Est-elle spécifique ou, au contraire, se rattache-t-elle à une esthétique plus générale du jeu et de la fête ? Quels sont les mythes fondateurs de l’humanité qui pourraient être remis en œuvre voire même réactualisés dans une représentation artistique du Sport ? »

De façon plus critique, et que nous n’aborderons pas dans ce corpus, l’analogie entre l’art et le sport invite aussi à une réflexion sur leur démocratisation, particulièrement sensible depuis les Trente Glorieuses. À la sérialisation de l’œuvre d’art, rabaissée à n’être qu’un bien de consommation répond le gigantisme, la rentabilité, la marchandisation du sport ( voir ce support de cours : « Le sport, reflet du capitalisme ?« ). L’hypertrophisation du simulacre lors de certains rassemblements sportifs par exemple est tout à fait illustrative du culte de la performativité technique qui accompagne de nos jours le développement de l’art virtuel.

Dans une perspective évolutionniste par exemple, on pourrait affirmer que les sports virtuels (qui voient l’émergence d’une nouvelle corporalité, mettant en scène un sportif dématérialisé, dé-substantialisé, privé de sa réalité) accompagnent la numérisation de l’art : dans les deux cas, l’activité de l’homme semble subordonnée à celle de la machine. Devenu « profane », le sport a perdu sa dimension élitaire et sacrée, festive, humaniste et démiurgique, à laquelle se réfère encore le coubertinisme olympien ( voir cet entraînement BTS : Sport et sacralisation). Dans ce processus de sécularisation où se mêlent à la fois l’attraction du corps et son abstraction, le sport amène donc à un questionnement fondamental sur notre modernité…

Bruno Rigolt

NOTES
1. Laurent Baridon, Martial Guédron, Corps et Arts. Physionomies et physiologies dans les arts visuels, L’Harmattan Paris 1999 ‘Histoire des sciences humaines », Introduction page 11.
2. Pierre Chazaud est maître de conférences à l’Université Lyon I UFR-APS. Je vous recommande fortement la lecture de son article : « L’expression artistique du sport comme contribution à une anthropologie culturelle« ).

À lire aussi la présentation de cet ouvrage : L’Art et le sport : actes du XIIe colloque international du Comité européen pour l’histoire du sport, Lorient, 2007 (Editeur :  Atlantica, Biarritz ; Musée national du sport, Paris).

Le sport a de tout temps revendiqué, à moins qu’on ne les lui ait prêtées, des qualités physiques et morales. Nombre de valeurs véhiculées sont probablement inhérentes à la pratique sportive, mais certaines sont construites, notamment par les règles, qui encadrent ou entravent les évolutions des corps – le vecteur premier où s’inscrit l’identité de chacun -, mais probablement aussi par la manière dont on les représente. Comment les peint-on, les sculpte-t-on, les photographie-t-on, les dessine-t-on, les filme-t-on… ? Comment les exerce-t-on, ou plutôt même, comment les danse-t-on ? Comment en parle-t-on, enfin, ou plutôt même encore, les chantons-nous ?
On s’intéresse ici à la dialectique entre le sport et l’art, au sens de « sport(s) dans les arts », où « arts » est à prendre dans son acception la plus large – qu’est-ce que ces formes artistiques nous disent du sport et que veulent-elles nous en dire ; qu’est-ce qui est « réalité », qu’est-ce qui est « construction », qu’est-ce qui est « médiation » ? – mais aussi au sens de « sport(s) en tant qu’art » : art de la guerre ou art martial certes, mais d’abord et avant tout au sens de forme d’expression corporelle, car tout sport est construction artistique, en rapport dialectique avec ses représentations.


Sport et Art
Entraînement BTS

Corpus

  • Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, 2007
  • Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, 2005
  • Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey, 1909.
  • Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. 1997.

Sujet

  • Vous ferez des documents suivants, une synthèse concise, objective et ordonnée.

Écriture personnelle

  • Dans quelle mesure selon vous « l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? » (J’emprunte l’expression à Pierre Chazaud, op.cit.)

Niveau de difficulté : *** (difficile)

Voir aussi cet autre entraînement : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« 

 

Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, éd. Calmann-Lévy, Paris 2007. « Introduction« .

       

Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, L’Harmattan Paris 2005. Coll. « Espaces et Temps du sport ». Depuis la page 22 (« L’écriture du sport, une écriture du corps ») jusqu’à la page 25 (« Il s’agirait de dire plus vite et plus succinctement une vérité d’ordre physiologique, anatomique et biomécanique ».

          

Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey (Stag at Sharkey’s), 1909. Cleveland (États-Unis), Museum of Art.
George Bellows (1882-1925) est un peintre réaliste américain, très célèbre pour ses représentations de combats de boxe d’une rare intensité.

          

Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. L’Harmattan, Paris 1997. Depuis la page 124 (« Le sportif que l’on compare à un artiste, réalise l’œuvre sous nos yeux ») jusqu’à la page 125 (« Ce Beau-là, c’est lui qui restera immortalisé dans nos mémoires. »).


Vous trouverez ci-dessous plusieurs entraînements inédits sur le thème du sport(synthèse + écriture personnelle) :
  • Les valeurs du Sport : Excellence ou Sacralisation ? [Coubertin, INA, Caillat, Brohm] : Sujet + Corrigé
  • Sport et Droits de l’Homme [Bolotny, R. Yade, B. Laporte, Amnesty International, Lemieux, Collectif pour le Boycott des JO de Pékin 2008] : Sujet
  • Sport et discriminations de genre [Collectif, SOS Homophobie, Bodin, Robène, Héas, Mennesson, Kay, Jeanes + nombreux documents complémentaires] : Sujet
  • Sport et accomplissement [Lancelotti, Montherlant, Bollon, Andrieu] : Sujet
  • L’Art et le sport [Bégaudeau, De La Porte, Gaucher, Bellows, Boutrin] : Sujet
  • Sports de masse et Surmédiatisation [Thibon, Giono, Brohm, Couture] : Sujet + Corrigé
  • Le sport, reflet du capitalisme ? [Bodin, Sempé, Fatien, Fontanel, Joffard] Support de cours + Sujet d’entraînement
  • Le phénomène E-Sport : de la convivialité à la post-humanité… Support de cours + documents d’accompagnement

Entraînement BTS L’Art et le Sport

L’Art et le Sport

Présentation

L’entraînement que je propose aujourd’hui aux étudiant(e)s porte sur la dynamique existant entre l’art et le sport. Si cette relation peut sembler de prime abord peu évidente, elle est néanmoins essentielle : comme l’art, le sport est un fait social majeur qui participe à la mise en place de signes identitaires forts. Il répond en effet aux conventions sociales de la fête, du spectaculaire, mais aussi à la valorisation de la corporalité (individuelle et collective), à l’esthétique du mouvement, du geste, de l’effort (pensez au fameux Discobole de Myron, archétype de l’athlète idéal), voire à une sorte de mystique du dépassement dont on ne saurait nier les fondements moralisants : « dévoiler l’âme sous les artifices du corps¹ » (voir à ce sujet l’entraînement que j’ai consacré au thème : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« ).

Comme le remarque avec une grande pertinence Pierre Chazaud², « il devient indispensable de s’interroger précisément sur le rôle d’une esthétique du Sport, au moment même où des artistes, de plus en plus nombreux, utilisent la thématique sportive dans leur œuvre et dans la mesure où certaines institutions fédérales adoptent désormais le support de l’art pour valoriser leur discipline. l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? Et de quelles valeurs ? Le Sport peut-il produire une esthétique et laquelle ? Est-elle spécifique ou, au contraire, se rattache-t-elle à une esthétique plus générale du jeu et de la fête ? Quels sont les mythes fondateurs de l’humanité qui pourraient être remis en œuvre voire même réactualisés dans une représentation artistique du Sport ? »

De façon plus critique, et que nous n’aborderons pas dans ce corpus, l’analogie entre l’art et le sport invite aussi à une réflexion sur leur démocratisation, particulièrement sensible depuis les Trente Glorieuses. À la sérialisation de l’œuvre d’art, rabaissée à n’être qu’un bien de consommation répond le gigantisme, la rentabilité, la marchandisation du sport ( voir ce support de cours : « Le sport, reflet du capitalisme ?« ). L’hypertrophisation du simulacre lors de certains rassemblements sportifs par exemple est tout à fait illustrative du culte de la performativité technique qui accompagne de nos jours le développement de l’art virtuel.

Dans une perspective évolutionniste par exemple, on pourrait affirmer que les sports virtuels (qui voient l’émergence d’une nouvelle corporalité, mettant en scène un sportif dématérialisé, dé-substantialisé, privé de sa réalité) accompagnent la numérisation de l’art : dans les deux cas, l’activité de l’homme semble subordonnée à celle de la machine. Devenu « profane », le sport a perdu sa dimension élitaire et sacrée, festive, humaniste et démiurgique, à laquelle se réfère encore le coubertinisme olympien ( voir cet entraînement BTS : Sport et sacralisation). Dans ce processus de sécularisation où se mêlent à la fois l’attraction du corps et son abstraction, le sport amène donc à un questionnement fondamental sur notre modernité…

Bruno Rigolt

NOTES
1. Laurent Baridon, Martial Guédron, Corps et Arts. Physionomies et physiologies dans les arts visuels, L’Harmattan Paris 1999 ‘Histoire des sciences humaines », Introduction page 11.
2. Pierre Chazaud est maître de conférences à l’Université Lyon I UFR-APS. Je vous recommande fortement la lecture de son article : « L’expression artistique du sport comme contribution à une anthropologie culturelle« ).

À lire aussi la présentation de cet ouvrage : L’Art et le sport : actes du XIIe colloque international du Comité européen pour l’histoire du sport, Lorient, 2007 (Editeur :  Atlantica, Biarritz ; Musée national du sport, Paris).

Le sport a de tout temps revendiqué, à moins qu’on ne les lui ait prêtées, des qualités physiques et morales. Nombre de valeurs véhiculées sont probablement inhérentes à la pratique sportive, mais certaines sont construites, notamment par les règles, qui encadrent ou entravent les évolutions des corps – le vecteur premier où s’inscrit l’identité de chacun -, mais probablement aussi par la manière dont on les représente. Comment les peint-on, les sculpte-t-on, les photographie-t-on, les dessine-t-on, les filme-t-on… ? Comment les exerce-t-on, ou plutôt même, comment les danse-t-on ? Comment en parle-t-on, enfin, ou plutôt même encore, les chantons-nous ?
On s’intéresse ici à la dialectique entre le sport et l’art, au sens de « sport(s) dans les arts », où « arts » est à prendre dans son acception la plus large – qu’est-ce que ces formes artistiques nous disent du sport et que veulent-elles nous en dire ; qu’est-ce qui est « réalité », qu’est-ce qui est « construction », qu’est-ce qui est « médiation » ? – mais aussi au sens de « sport(s) en tant qu’art » : art de la guerre ou art martial certes, mais d’abord et avant tout au sens de forme d’expression corporelle, car tout sport est construction artistique, en rapport dialectique avec ses représentations.


Sport et Art
Entraînement BTS

Corpus

  • Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, 2007
  • Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, 2005
  • Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey, 1909.
  • Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. 1997.

Sujet

  • Vous ferez des documents suivants, une synthèse concise, objective et ordonnée.

Écriture personnelle

  • Dans quelle mesure selon vous « l’Art peut-il se révéler porteur et créateur de valeurs pour le Sport ? » (J’emprunte l’expression à Pierre Chazaud, op.cit.)

Niveau de difficulté : *** (difficile)

Voir aussi cet autre entraînement : « Sport et accomplissement : De l’exploit à la quête de soi« 

 

Document 1. François Bégaudeau, Xavier De La Porte, Le Sport par les gestes, éd. Calmann-Lévy, Paris 2007. « Introduction« .

       

Document 2. Julie Gaucher, L’Écriture de la sportive : identité du personnage littéraire chez Paul Morand et Henry de Montherlant, L’Harmattan Paris 2005. Coll. « Espaces et Temps du sport ». Depuis la page 22 (« L’écriture du sport, une écriture du corps ») jusqu’à la page 25 (« Il s’agirait de dire plus vite et plus succinctement une vérité d’ordre physiologique, anatomique et biomécanique ».

          

Document 3. George Bellows, Rencontre de boxe chez Sharkey (Stag at Sharkey’s), 1909. Cleveland (États-Unis), Museum of Art.
George Bellows (1882-1925) est un peintre réaliste américain, très célèbre pour ses représentations de combats de boxe d’une rare intensité.

          

Document 4. Louis Boutrin, Le Sport à la Martinique : approches historique et organisationnelle, enjeux. L’Harmattan, Paris 1997. Depuis la page 124 (« Le sportif que l’on compare à un artiste, réalise l’œuvre sous nos yeux ») jusqu’à la page 125 (« Ce Beau-là, c’est lui qui restera immortalisé dans nos mémoires. »).


Vous trouverez ci-dessous plusieurs entraînements inédits sur le thème du sport(synthèse + écriture personnelle) :
  • Les valeurs du Sport : Excellence ou Sacralisation ? [Coubertin, INA, Caillat, Brohm] : Sujet + Corrigé
  • Sport et Droits de l’Homme [Bolotny, R. Yade, B. Laporte, Amnesty International, Lemieux, Collectif pour le Boycott des JO de Pékin 2008] : Sujet
  • Sport et discriminations de genre [Collectif, SOS Homophobie, Bodin, Robène, Héas, Mennesson, Kay, Jeanes + nombreux documents complémentaires] : Sujet
  • Sport et accomplissement [Lancelotti, Montherlant, Bollon, Andrieu] : Sujet
  • L’Art et le sport [Bégaudeau, De La Porte, Gaucher, Bellows, Boutrin] : Sujet
  • Sports de masse et Surmédiatisation [Thibon, Giono, Brohm, Couture] : Sujet + Corrigé
  • Le sport, reflet du capitalisme ? [Bodin, Sempé, Fatien, Fontanel, Joffard] Support de cours + Sujet d’entraînement
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Le 8 mars, c’est toute l’année ! Aujourd’hui la contribution de Lisa, Flore, Salomé et Océane

Parce que le 8 mars, c’est toute l’année, vous trouverez sur cet Espace Pédagogique Contributif à partir du dimanche 17 mars jusqu’à la fin de l’année scolaire un travail mis en ligne chaque semaine : exposé, article, recherche, affiche… abordant la question du droit des femmes…

Cette semaine, la contribution de Lisa, Flore, Salomé, et Océane, élèves de Seconde 7 (promotion 2012-2013)… Voir aussi le projet de Mélanie et Thaïs !

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Dernière minute…

ce projet en compétition au concours Mix’Art 2013 vient de remporter le Prix de la lutte contre la violence physique ou morale.

                            

       

VIOLENCE FAITE AUX FEMMES…

Attention en regardant la vie :
un arc-en-ciel peut en cacher un autre !

par Lisa, Flore, Salomé, et Océane (projet Lauréat Mix’Art 2013)

Cette affiche a été réalisée dans le cadre du concours Mix’Art 2013.

Quelques mots sur notre projet…
par Lisa, Flore, Salomé et Océane

Cliquez ici pour voir tous les lauréats académiques 2013.

Bleu, Indigo, Violée
Les couleurs de l’arc-en-ciel…

Imaginez les couleurs de l’arc-en-ciel : un arc coloré avec le rouge à l’extérieur et le violet à l’intérieur.
La vie elle-même n’est-elle pas un arc-en-ciel ?
Ne lui a-t-il pas offert des fleurs le lendemain où elle a été hospitalisée ?

La vie arc-en-ciel, c’est la vie rêvée, heureuse, romanesque…
Comme l’arc-en-ciel, la vie contient une infinité de sentiments, une infinité de couleurs. Parmi elles, le bleu comme une invitation au voyage : bleu outremer, bleu des mers du sud, bleu des « je t’aime », un peu, beaucoup, passionnément…

On parle des rêves bleus, des « mots bleus ». Mais le bleu, c’est aussi la couleur des bleus : les bleus sur la joue, sur la lèvre, sur la poitrine trop faible pour se protéger, sur ce bras trop frêle pour esquiver les coups…

Elle en a vu de toutes les couleurs : depuis le bleu des premiers mots blessants, des premiers coups… Depuis, les petits bleus se sont transformés en grandes blessures : couleur indigo comme un hématome.

Bleu indigo, couleur des coups, couleur des larmes, couleur de la mort :
la mort arc-en ciel.
Rouge, Orange, Jaune, Vert, Bleu, Indigo,
Violée.

Parce que la réflexion sur la violence faite aux femmes appelle à une réflexion morale : parce qu’un coup est un viol, et que le viol n’est pas une fatalité, il doit être combattu avec la force des mots, avec la force de tout notre engagement.

Sans doute avez-vous remarqué dans notre dessin le symbole féminin en noir à peine esquissé, comme pour rappeler cette souffrance des femmes.

Attention en regardant la vie : un arc-en-ciel peut en cacher un autre !

© Lisa Poissonet, Flore Dewatine, Salomé Brisson Océane de Araujo
Classe de Seconde 7, Lycée en Forêt (Montargis, France)
Relecture, correction du manuscrit : Bruno Rigolt

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Lycée en Forêt, Lycée en Force__