Exposition de poésies… par la classe de Seconde 6… Deuxième livraison

Poésies du Silence (2/3)

Partez à la rencontre de la parole silencieuse des mots…

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L’exposition des Seconde 6 s’affiche à Time Square… (Lol !)
  
La classe de Seconde 6 du Lycée en Forêt a travaillé sur une nouvelle dense et forte de Marguerite Duras, “Le Coupeur d’eau” (La Vie matérielle, P.O.L. 1987). Ce texte a amené les élèves à s’interroger sur le style si particulier de cette écrivaine : dans Écrire, voici comment Duras présente sa propre conception de l’écriture : “Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Égarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt”.
Cette expression de “mots égarés” a suscité l’intérêt des étudiants qui ont souhaité créer des poèmes dont la langue, très épurée, est comme une réponse au vœu de l’auteure… La classe de Seconde 6 a par ailleurs voulu exprimer dans les textes rédigés cet « Absolu du Verbe » qu’a tant cherché Marguerite Duras : c’est dans le silence que paradoxalement la parole est la plus palpable… Et si c’était justement le silence qui était à la base de la parole poétique ?
Cette exposition sera présentée au CDI du Lycée du 4 au 18 février 2011.
(Lycée en Forêt Avenue Louis Maurice Chautemps BP 717 45207 MONTARGIS Cedex)
  •  Pour lire les poésies publiées le 24 janvier (première livraison), cliquez ici.

               

                 

Strophes

par Maxime H.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

Dans sa main les failles d’un sourire

La vaillance qui plaît en fait son cachemire

Azur ivre, extase trop gourmande des lianes du crépuscule,

Elle tenait dans sa main le torrent de sa lyre.

                 

Le désarroi, congé vermeil,

Naviguait entre l’écarlate amer

Et l’antre de l’aveugle

En sanglots épistolaires.

           

Le visage imprudent des oublis prodiges du zéphyr

Rejouait le faisceau d’un idéal malaise musical :

Austère paradoxe d’une rêverie féérique,

Anathème pur du jour qui s’achève dans le désert…

                   

                   

Immense aimant

par Émile C.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

En regardant furtivement

Dans l’abîme ouvert sous mes yeux

La cheminée qu’attise le feu de ma passion

Fait battre mon cœur ambitieux

Puis je repense aux sublimités,

Au soleil couché dans ses vapeurs d’opium…

                  

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L’azur de tes yeux

par Idriss B.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

Le lys m’inspire des désirs d’innocence

Le poids de mon cœur subit une marginale défaillance.

Le bonheur auxiliaire donne l’illusion d’une immensité infinie…

L’azur de tes yeux donne un sens à ma vie.

        

L’étendard de ma liberté se consume,

Se meurt ou se ravive à la lumière de tes vœux

Se mouvant sur la dissidence de tes vents indolents

Au rythme insondable des battements de ton cœur…

        

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Entre terre et mère

par Léa M.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

Ange foudroyant d’une ombre enfantine

Harmonieuse absence de ce céleste rêve

Orphelin d’un parfum étoilé

Solitude affectée par une hypocrite sagesse

Larmes de satin au péril d’un éternel sommeil… 

Je rêve, je vois un Tombeau du paradis

Dont l’âme commence son mystérieux voyage.

Puis le visage souillé d’une pureté destructrice

Délice impitoyable de mon cœur,

Jour de nuit espérant un chagrin délirant,

Fontaine de joie, Fontaine de vie éclatée par la haine,

Intérieur ouvert sur l’enfer d’une brèche dévorante.

                   

                     

Mélancolie de l’existence

(1945)

par Cindie de F.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

À l’aube, dans un sombre cimetière

Que l’on appelle la guerre

La misère emplissait le soleil fatal

D’un gouffre de larmes.

Éblouissement de la souffrance

Triomphante et secrète.

Influence de la haine,

Un torrent d’humanité hostile,

Une orgie d’impostures insondables…

Et derrière un buisson de clémence

Un orphelin fiévreux, lugubre et hagard

Empli d’envies prodigieusement inaccessibles :

Un flot insensé d’espérance…

(échapper à la rafle)

L’étrange nuit de catastrophes célestes

Monstrueuse de charité

Réveillait des défauts posthumes…

L’intimité périssant dans l’existence imparfaite

Véritable attachement personnifié

D’une mélancolie naïve…

1945 : la vie silencieuse tel un enfant en pleurs

Et puis l’eau calme d’un bombardement

Le silence bruyant d’une douce musique

L’eau calme des larmes du monde…

            

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Une histoire de mot

par Alicia C.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

C’est la nuit et il neige, le mot marche seul

Oublié des virgules et des parenthèses

Détruit par les conjonctions et les propositions

Il déprime sur la page enneigée.

Le préfixe gelé et le suffixe glacé,

Il s’égare parmi les adverbes

Pensant à son impossible terminaison.

Au détour d’une phrase, le mot hésite entre les indices de personnes,

Les modes et les temps.

Le mot s’épelle lentement : « D. É. P. R. I. M. E. R. »

C’est la nuit et il neige, le mot marche seul…

                 

                    

Poème à relecture

par Émile C. Paul B. Nathan L.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

Début de texte ; voix forte. Attention à la majuscule

Des mots marchaient. Comme ça. Tous seuls.

Pause de quelques secondes.

Même s’ils sont seuls, les mots s’amusent.

Pause brève, mais pas trop.

Les mots s’amusent et m’amusent

(Même quand j’admire ma muse).

Attrister la lecture. Lire plus lentement

Mais à force de s’amuser, les mots se sont usés et le silence se fit.

Les mots s’arrêtèrent.

Fin de l’histoire. Relire le poème.

                

                      

Triste mariage

par Léa M. Sophie L. Solène A.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

          

Passion partagée, espoir abandonné

Obscur bonheur oublié dans le tiroir de mon cœur,

Frisson délaissé dans le parfait silence

Jour effacé de l’irréel.

Désespoir atteint par une haine passionnée

Au bord du ciel, au bord des larmes…

Tristesse libérée, écoute mes blessures

Tristesse comparée à la froideur de la nuit

Pleurs féériques déversés sur la cruauté de l’Autel

Pensée oubliée dans le parfait silence…

                 

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« Triste mariage » d’après Roy Lichtenstein : « Hopeless » (1963)

       

La numérisation des textes de la deuxième livraison est terminée…
Crédit iconographique : © Bruno Rigolt  (sauf mention contraire)
 Pour lire les poésies publiées le 24 janvier (première livraison), cliquez ici.
NetÉtiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans cet Espace Pédagogique Contributif, les poèmes des étudiant(e)s sont protégés par copyright. Ils sont mis à disposition des internautes selon les termes de la licence Creative Commons Paternité (Pas d’utilisation privée ou commerciale, pas de modification). La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le prénom de l’auteur, l’initiale de son nom, la classe, l’établissement ainsi que la référence complète du poème cité (URL de la page : http://brunorigolt.blog.lemonde.fr/2011/01/24/exposition-de-poesies-par-la-classe-de-seconde-6/).

 

Exposition de poésies… par la classe de Seconde 6

Poésies du Silence (1/3)

Partez à la rencontre de la parole silencieuse des mots…

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La classe de Seconde 6 du Lycée en Forêt a travaillé sur une nouvelle dense et forte de Marguerite Duras, “Le Coupeur d’eau” (La Vie matérielle, P.O.L. 1987). Ce texte a amené les élèves à s’interroger sur le style si particulier de cette écrivaine : dans Écrire, voici comment Duras présente sa propre conception de l’écriture : “Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Égarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt”.
Cette expression de “mots égarés” a suscité l’intérêt des étudiants qui ont souhaité créer des poèmes dont la langue, très épurée, est comme une réponse au vœu de l’auteure… La classe de Seconde 6 a par ailleurs voulu exprimer dans les textes rédigés cet « Absolu du Verbe » qu’a tant cherché Marguerite Duras : c’est dans le silence que paradoxalement la parole est la plus palpable… Et si c’était justement le silence qui était à la base de la parole poétique ?
Cette exposition sera mise en ligne à partir du lundi 24 janvier, et présentée au CDI du Lycée du 4 au 18 février 2011.

              

               

Floréal

par Thomas P.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

         

Mon cœur, sémaphore de passion

Ivre de ta présence, frivole vers les cieux

Onde breloque, Zéphyr de la vie

Perdu de Germinal à Floréal

              

Nuance dans ce désert, Rupture est à ses pieds

                            

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Ce qui se ferme…

par Alexandre T.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                

Obscurité causée

par la fermeture de tes paupières :

Une fatigue constante.

Je quitte ce monde pour les cieux :

Une forêt partante en fumée…

                 

Après une vie mouvementée

Sous la mélodie des champs :

Enfin mort constante sous une paix clémente

Trop peut-être :

Aucun honneur, aucun discours.

             

Ce qui se ferme

Ne s’est jamais réellement ouvert

Si personne

N’était là

Pour y aller…

                

                    

Malheur s’amuse des courbes…

par Lola R.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                      

Songe fécond, esclave artificiel du plaisir, jette

La blondeur silhouette importune. Le bruissement

De l’aurore indécise, berce et incline l’hypothèse.

Énigme du crépuscule absolu, idéalisme, sensibilité

Précieuse, involontaire comédie,

Blessantes sources internes, gestes réduits, criminels :

Malheur s’amuse des courbes…

            

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Sur l’oreiller fleurissant de mes confessions

par Géraldine V.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

             

La symphonie de ma douleur adoucit l’orage de mes sentiments ;

Une marche funèbre qui fait trembler peu à peu ma litanie :

Dans un soupir dansant, mon âme se brise

Et s’en va périr sur l’oreiller fleurissant de mes confessions

              

Endormie sur mes soupçons, je perce la lumière

Pour vaincre la mort échouée sur mon cœur

Le souffle s’échappe de la nuit tel un fugitif

Je sombre dans les profondeurs de l’abandon…

                 

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Passe, passera toujours…

par Paulyne H.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Il y aura toujours des cœurs remplis d’espoir

Des larmes remplies de rêves

Des yeux remplis de neiges

Et des mains qui se cherchent ;

             

Des amours dissous dans la nature

Des routes sans issue

Des âmes séparées

Et des amours perdus

              

Des promesses oubliées,

Des histoires sans lendemain

Mais avec un hier et un hiver

Et les souvenirs douloureux de ce cœur brisé déchiré…

                    

                    

Une passion libre

par Marion P.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Serrer amour cotonneux,

De sombres nœuds braisés crient de douceur :

Le sang des légendes soupire,

Vermeille robe, flambée aux éternelles amertumes…

               

Azur coule, serments accusent, l’air s’assoupit

Les pâquerettes de velours s’effondrent :

Rêves profonds, jadis abimés

Le zéphyr retrouve une multitude d’aurores.

                   

Mon cœur à peine ébauché

Foudroie les beautés du vent et de la mer

Rayon secret arrose

Le nuage ivre de givre rose…

                   

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Je pleurais sur les mots tombés…

par Élodie L.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Je casse le silence pour laisser place aux destins

aux brisures de la passion,

La maladie du silence.

Je pleurais pour la mort,

Je pleurais sur les mots d’amour tombés…

Laisser libre le cœur des soupçons,

Éveiller la pensée du bonheur ?

        

                 

Tableau de vie

par Julien L.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Je veux écrire ;

L’inspiration ne vient pas

Mon esprit se consume et devient cendre :

La vérité est là

Comme une fleur qui se montre au soleil

Mais se cache au soir…

Voilà comment se compose ce tableau

Qu’on appelle la vie.

La vie, comme un diamant

Qui s’use et brille moins avec le temps.

             

                 

Overdose calme

par Marion P.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Dans une solitude gris-nuage

Cassé-solitaire-fermé,

Il voit  la réalité isolée : Silence.

Pensées : déception. Regarder la nuit…

Espérances-Larmes-Saturation.

TOMBÉ SUR LE SOL, LES YEUX CLOS

Revivre l’imaginaire, ouvrir le rêve

Croire en elle, sa muse et sourire…

IL LA REVOIT ALORS

Et puis : saturation,

Oubliés les rêves imaginants…

LA SOUFFRANCE S’ARRÊTE ENFIN, LE BRUIT AUSSI

Espoir encore : admirer les images, observer le vide

Jouer un arc-en-ciel de lumière infinie…

LE SILENCE ÉGARÉ RETENTIT…

ROUGE

          

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« Overdose calme », d’après Man Ray : « L’Œil« 

                 

                   

Sur le seuil de la porte

par Nathan L.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Vous succomberiez aux naïfs tourments

Une fuite de la nature amoureuse

Vous succomberiez aux joies glacées,

Aux lueurs d’un lys en fuite.

             

Stoïque sur le seuil de la porte,

J’écoutais les pleurs, les soupirs

La paix embrassant de nombreuses failles,

Une terre conscrite où la douceur glacée est reine.

              

                    

Le temps d’un voyage

par Samira A.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Braves voyageurs, pauvres insouciants,

Le temps moqueur, file en riant…

Avalanche de mots froids et orgueilleux

Vagues d’encre, le bateau coule :

Mots noyés, des gouttes d’encre

S’écoulent de leurs yeux fatigués

mouillés d’encre et de chagrin..

Mots naufragés du temps

Trouvent une île pleine d’espoirs,

Des espoirs illusoires… 

Cachée sous son masque de roche

Une méchante lave brûlante approche :

Engloutis, les mots prisonniers périssent.

Poussières de lettres, cendres d’espoirs

Emportés au loin par le vent..

Des rêveurs frêles et innocents

Entraînés dans une dissidence de mots nouveaux

Mots oubliés, mots délaissés

Dans le désert du temps

Les mots assoiffés

Resteront à jamais

Encrés sur le poignard encore saignant

De cet affreux meurtrier !

               

                     

Une fleur d’oranger

par Jimmy B.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Une fleur d’oranger,

Dépossédée du corps de l’arbre

Brûle de la nullité d’un  voile.

L’éternel feuillage, borné de miel

Et dénoué de la mer qui par un sourire de  ténèbres

Fait briller l’ombre.

L’oiseau matinal déclenche la nostalgie

Et le voyage.

           

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(Crédit iconographique : © Bruno Rigolt, janvier 2011)

               

                 

Clair de lune

par Samy F. et Léna G.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                   

Son cœur tout aimant ne saura jamais vivre.

Je dis mort lointaine pour se perdre encore !

Un cœur d’amour fourmillant de battements

Un peu triste cependant. Un grand sourire

Et puis la pluie s’est mise à tomber.

Sous la lune et les étoiles

Mon trouble amour l’aimait

Ce trésor vint à moi, docile :

J’avais une lampe

Toi la lumière

Qui a vendu la mèche ?

                

                 

L’Esprit hasardeux

par Anna P. Flavie H. Katerine M. Alicia C.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

Les rêves souffrent

D’une affection insupportable dévoyée

Par les illusions rêveuses blessées

Par la joie de cet ange frémissant doucement,

Par la lumière renversante de ce cruel martyr.

              

L’ouragan épargne la gravité de l’angoisse

Dans l’ennui des voyageurs

Sur le quai du départ :

Instant fugitif de la clarté

Soupirant de la bénédiction des adieux…

               

Mes yeux s’ouvrent au recueil des âmes audacieuses

Montrées comme l’impie.

Le secret de la température de mon cœur

Coopère par la soumission comparée

Aux plumes pesantes du passé…

              

                    

La création à l’excès

par Anna P. Flavie H. Katerine M. Alicia C.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                  

L’amour n’est que hasard

D’un calcul en profondeur

Les yeux pleurent dans les flots de mer

Dont l’écume s’évapore vers les papillons d’une complicité dévoilée.

Le réseau de la clarté écoute l’esprit dissipé du silence :

Une légère brûlure félicite le crépuscule comparable

Au dessin du matin.

                  

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(Crédit iconographique : © Bruno Rigolt, janvier 2011)

                 

                         

Sous l’ombre d’un cerisier de Perse

par Yonnel C.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

              

Devant la mer, un monde sous l’ombre d’un cerisier de Perse :

L’azur des ailes du phénix céleste naît des mystères de la nuit.

L’amour infini brille comme une étoile à la rencontre de mon cœur.

Adieu les pleurs battant la barque d’amour,

Aujourd’hui coule en moi les ballades du bonheur.

                        

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Un soir où le soleil pleurait en silence…

par Julien F.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

       

Un soir où le soleil pleurait en silence

Le mot Liberté eut l’audace de se promener.

Mais à son grand malheur

Une voiture qu’il n’avait pas remarquée

L’emmena voir la zone brute du cimetière

Seule ne restait de lui que son ombre

Tracée en craie blanche.

               

                      

Tranquillité du néant…

par Laly R.

(Classe de Seconde 6 – promotion 2010)

                 

La paix de l’éternité habite le serment de mon âme

Rare éprouvant un silence d’affection.

Trahie par un ange tombant des cieux,

Je regardais l’étoile aux confins du silence :

Le soir dansait pour apporter la tranquillité du néant,

Emportait dans les ruines une mystérieuse pierre

Enlevait l’espace des esprits mourants…

                  

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« Tranquillité du néant », d’après Pierre Puvis de Chavannes : « Le Rêve« 

            

La numérisation des textes de la première livraison est terminée.
Crédit iconographique : © Bruno Rigolt              
NetÉtiquette : comme pour l’ensemble des textes publiés dans cet Espace Pédagogique Contributif, les poèmes des étudiant(e)s sont protégés par copyright. Ils sont mis à disposition des internautes selon les termes de la licence Creative Commons Paternité (Pas d’utilisation privée ou commerciale, pas de modification). La diffusion publique est autorisée sous réserve de mentionner le prénom de l’auteur, l’initiale de son nom, la classe, l’établissement ainsi que la référence complète du poème cité (URL de la page : http://brunorigolt.blog.lemonde.fr/2011/01/24/exposition-de-poesies-par-la-classe-de-seconde-6/).

Bientôt une exposition exceptionnelle : Poésies du Silence, par la classe de Seconde 6

Les élèves de la classe de Seconde 6 du Lycée en Forêt vous invitent à une exposition exceptionnelle :

Poésies du Silence

Partez à la rencontre de la parole silencieuse des mots…

Cette exposition sera mise en ligne à partir du lundi 24 janvier, et présentée au CDI du Lycée du 4 au 18 février 2011.

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CDI du Lycée en Forêt Avenue Louis Maurice Chautemps BP 717 45207 MONTARGIS Cedex

Ecriture collaborative : La poésie… ça n'a pas de prix ! par Timothy

logo_lef_rubriques_eleves.1294596949.jpgLa poésie… Ça n’a pas de prix !

par Timothy A.

(classe de Première S2)
              
La classe de Première S2 du Lycée en Forêt (Promotion 2010) a eu l’occasion de défendre haut et fort la Poésie à travers une écriture d’invention intitulée ”La poésie… Ça n’a pas de prix ! »… 
Parmi tous les textes rédigés, toujours de grande qualité, deux contributions m’ont paru suffisamment remarquables pour être publiées dans l’Espace Pédagogique Contributif : celles de Sofiène M. et celle de Timothy A.
Je vous laisse découvrir ici le texte de Timothy A.

         

lettrine-d.1294600601.jpgans un monde où tout est matériel et consommation, la poésie se distingue. En effet, « les poètes sont morts de faim à l’ombre du show-business ». Cette citation de Charles Aznavour montre que la poésie n’a aucune valeur marchande : elle transcende tout consumérisme. Ainsi, a-t-elle une valeur inestimable à mes yeux. Chers lycéens, je vais vous prouver que la poésie est un art à part qui n’a pas d’égal.

Le premier facteur de mon attirance pour la pratique de la poésie est cette liberté que l’on ressent. De fait, l’écriture de poèmes n’est-elle pas le meilleur outil d’expression qui existe ? Dans un monde où il est parfois difficile de s’exprimer, la poésie nous offre un recours. On peut écrire tout ce que l’on a sur le cœur. On peut dénoncer des injustices, se libérer de l’emprise du contingent, faire part de ses sentiments. Dans ce passage de René par exemple, Chateaubriand expose ses émotions à travers un épanchement que l’on ne saurait oublier :

Comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j’éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d’un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d’un désert ; on en jouit, mais on ne peut les peindre.
L’automne me surprit au milieu de ces incertitudes : j’entrai avec ravissement dans le mois des tempêtes. Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois. J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur…

Des mots comme « mélancoliques », « triste », « bonheur », « joie », « tourmenté » montrent bien cette union intime des sentiments extrêmes qui s’affrontent en l’homme. Comme le disait si bien Hugo, « l’art n’a que faire des lisières, des menottes, des bâillons, il vous dit : Va ! et vous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n’y a pas de fruit défendu ». Cet extrait de la Préface des Orientales insiste sur le fait que la poésie est un art dénué des règles du commun, chaque poète est libre !

Oui, ce voyage imaginaire que la poésie nous propose est véritablement libérateur. Nous voguons au gré des mots vers des mondes utopiques dans lesquels la solitude et le silence règnent, et nous nous affranchissons ainsi du tumulte des multitudes. Loin de l’agitation stérile, la « montagne », le « fleuve », le « lac », les « bois sombres », la « colline » chantés dans « L’isolement » par Lamartine nous procurent une réelle envie de quitter notre quotidien banal pour rejoindre les essentiels. Lire un poème donne de l’ampleur au rêve, du sens à l’exotisme. Imaginez alors quelles sont les sensations que procure l’écriture d’un poème ! On a vraiment l’impression de ne plus se trouver sur Terre. Je peux vous assurez qu’aucun autre genre littéraire ne provoque une telle exultation ! Et sans doute cette sensation de voyage métaphorique encourage-t-elle la pratique de la poésie : ne sommes-nous pas tous à la recherche du rêve ?

Mais la principale propriété de la poésie est peut-être cette richesse de la langue, cette émotion du Verbe qu’elle enseigne, et qui fait d’elle l’art le plus noble. Tout d’abord, la poésie est un art harmonieux. Les rimes et les correspondances sonores créent une dimension musicale extraordinaire : le poème est un espace sonore avant d’être un texte lu. Et ces milliers de figures de style qui le composent réinventent chaque fois le pouvoir des mots. Le poète procède à l’utilisation d’images qui amènent à se réapproprier le texte. J’ai en mémoire le troisième quatrain des « Séparés » de Marceline Desbordes-Valmore :

marceline-desbordes-valmore_1.1294640121.jpg« N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas »
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Les personnes qui ont l’habitude de lire des livres où tout est exprimé de manière explicite, dans lesquels il n’y a rien à déchiffrer ne verront rien que de banal dans ce passage alors qu’il est magnifique. Dans un premier temps, on identifie une épanodiplose, qui, par la répétition de l’impératif « N’écris pas » à la fin du texte fait penser au poignant refrain d’une chanson. Ensuite, au niveau de l’intertextualité, l’auteur se compare dans le troisième vers à Tantale, personnage de la mythologie grecque, et nous comprenons qu’il doit rester éternellement tenaillé par la soif d’un amour irrémédiablement hors de sa portée. Enfin, la métaphore comparant une écriture à un portrait vivant met en exergue le fait que le narrateur souffre de la séparation : il voit l’image de la personne qui lui écrit sans pour autant voir cette personne en vrai. Quel plaisir, en commentant un poème, de s’ouvrir à cette richesse symbolique du texte ! Ce dernier argument me tient à cœur car il me paraît très important de comprendre et maitriser la langue afin de s’approprier le sens des choses : posséder le langage, c’est posséder le monde tout entier !

Timothy, 1S2

arrow.1242450507.jpg Du même auteur :

arrow.1242450507.jpg « L’hyperbole de l’amour » et « Le chant des lyres » (poèmes rédigés en collaboration avec Robin C.)

arrow.1242450507.jpg Les lecteurs intéressés par cet article peuvent également lire avec profit les contributions d’élèves suivantes :

arrow.1242450507.jpg Sofiène M. (Première S2), « La poésie, ça n’a pas de prix !« 
arrow.1242450507.jpg Honorine B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 
arrow.1242450507.jpg Nicolas B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 

Ecriture collaborative : La poésie… ça n’a pas de prix ! par Timothy

logo_lef_rubriques_eleves.1294596949.jpgLa poésie… Ça n’a pas de prix !

par Timothy A.

(classe de Première S2)
              
La classe de Première S2 du Lycée en Forêt (Promotion 2010) a eu l’occasion de défendre haut et fort la Poésie à travers une écriture d’invention intitulée ”La poésie… Ça n’a pas de prix ! »… 
Parmi tous les textes rédigés, toujours de grande qualité, deux contributions m’ont paru suffisamment remarquables pour être publiées dans l’Espace Pédagogique Contributif : celles de Sofiène M. et celle de Timothy A.
Je vous laisse découvrir ici le texte de Timothy A.

         

lettrine-d.1294600601.jpgans un monde où tout est matériel et consommation, la poésie se distingue. En effet, « les poètes sont morts de faim à l’ombre du show-business ». Cette citation de Charles Aznavour montre que la poésie n’a aucune valeur marchande : elle transcende tout consumérisme. Ainsi, a-t-elle une valeur inestimable à mes yeux. Chers lycéens, je vais vous prouver que la poésie est un art à part qui n’a pas d’égal.

Le premier facteur de mon attirance pour la pratique de la poésie est cette liberté que l’on ressent. De fait, l’écriture de poèmes n’est-elle pas le meilleur outil d’expression qui existe ? Dans un monde où il est parfois difficile de s’exprimer, la poésie nous offre un recours. On peut écrire tout ce que l’on a sur le cœur. On peut dénoncer des injustices, se libérer de l’emprise du contingent, faire part de ses sentiments. Dans ce passage de René par exemple, Chateaubriand expose ses émotions à travers un épanchement que l’on ne saurait oublier :

Comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j’éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d’un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d’un désert ; on en jouit, mais on ne peut les peindre.
L’automne me surprit au milieu de ces incertitudes : j’entrai avec ravissement dans le mois des tempêtes. Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois. J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur…

Des mots comme « mélancoliques », « triste », « bonheur », « joie », « tourmenté » montrent bien cette union intime des sentiments extrêmes qui s’affrontent en l’homme. Comme le disait si bien Hugo, « l’art n’a que faire des lisières, des menottes, des bâillons, il vous dit : Va ! et vous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n’y a pas de fruit défendu ». Cet extrait de la Préface des Orientales insiste sur le fait que la poésie est un art dénué des règles du commun, chaque poète est libre !

Oui, ce voyage imaginaire que la poésie nous propose est véritablement libérateur. Nous voguons au gré des mots vers des mondes utopiques dans lesquels la solitude et le silence règnent, et nous nous affranchissons ainsi du tumulte des multitudes. Loin de l’agitation stérile, la « montagne », le « fleuve », le « lac », les « bois sombres », la « colline » chantés dans « L’isolement » par Lamartine nous procurent une réelle envie de quitter notre quotidien banal pour rejoindre les essentiels. Lire un poème donne de l’ampleur au rêve, du sens à l’exotisme. Imaginez alors quelles sont les sensations que procure l’écriture d’un poème ! On a vraiment l’impression de ne plus se trouver sur Terre. Je peux vous assurez qu’aucun autre genre littéraire ne provoque une telle exultation ! Et sans doute cette sensation de voyage métaphorique encourage-t-elle la pratique de la poésie : ne sommes-nous pas tous à la recherche du rêve ?

Mais la principale propriété de la poésie est peut-être cette richesse de la langue, cette émotion du Verbe qu’elle enseigne, et qui fait d’elle l’art le plus noble. Tout d’abord, la poésie est un art harmonieux. Les rimes et les correspondances sonores créent une dimension musicale extraordinaire : le poème est un espace sonore avant d’être un texte lu. Et ces milliers de figures de style qui le composent réinventent chaque fois le pouvoir des mots. Le poète procède à l’utilisation d’images qui amènent à se réapproprier le texte. J’ai en mémoire le troisième quatrain des « Séparés » de Marceline Desbordes-Valmore :

marceline-desbordes-valmore_1.1294640121.jpg« N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas »
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Les personnes qui ont l’habitude de lire des livres où tout est exprimé de manière explicite, dans lesquels il n’y a rien à déchiffrer ne verront rien que de banal dans ce passage alors qu’il est magnifique. Dans un premier temps, on identifie une épanodiplose, qui, par la répétition de l’impératif « N’écris pas » à la fin du texte fait penser au poignant refrain d’une chanson. Ensuite, au niveau de l’intertextualité, l’auteur se compare dans le troisième vers à Tantale, personnage de la mythologie grecque, et nous comprenons qu’il doit rester éternellement tenaillé par la soif d’un amour irrémédiablement hors de sa portée. Enfin, la métaphore comparant une écriture à un portrait vivant met en exergue le fait que le narrateur souffre de la séparation : il voit l’image de la personne qui lui écrit sans pour autant voir cette personne en vrai. Quel plaisir, en commentant un poème, de s’ouvrir à cette richesse symbolique du texte ! Ce dernier argument me tient à cœur car il me paraît très important de comprendre et maitriser la langue afin de s’approprier le sens des choses : posséder le langage, c’est posséder le monde tout entier !

Timothy, 1S2

arrow.1242450507.jpg Du même auteur :

arrow.1242450507.jpg « L’hyperbole de l’amour » et « Le chant des lyres » (poèmes rédigés en collaboration avec Robin C.)

arrow.1242450507.jpg Les lecteurs intéressés par cet article peuvent également lire avec profit les contributions d’élèves suivantes :

arrow.1242450507.jpg Sofiène M. (Première S2), « La poésie, ça n’a pas de prix !« 
arrow.1242450507.jpg Honorine B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 
arrow.1242450507.jpg Nicolas B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 

Ecriture collaborative : La poésie… ça n'a pas de prix !

logo_lef_rubriques_eleves.1294596949.jpgLa poésie… Ça n’a pas de prix !

par Sofiène M.

(classe de Première S2)
              
La classe de Première S2 du Lycée en Forêt (Promotion 2010) a eu l’occasion de défendre haut et fort la Poésie à travers une écriture d’invention intitulée ”La poésie… Ça n’a pas de prix ! »… 
Parmi tous les textes rédigés, toujours de grande qualité, deux contributions m’ont paru suffisamment remarquables pour être publiées dans l’Espace Pédagogique Contributif : celles de Sofiène M. et celle de Timothy A.
Je vous laisse découvrir ici le texte de Sofiène M.

lettrine_l.1294599135.jpga poésie… Ça n’a pas de prix ! Entendez par là : les poèmes sont inestimables. Littéralement : que l’on ne peut estimer. Mais oui, la magie existe les enfants ! Et pas qu’à Disneyland ! La poésie est un  trésor qui dépasse les valeurs communes, à tel point que le monde ne saurait réduire cet art unique à une quelconque valeur marchande. Je vous explique pourquoi en quatre points. Vous allez voir en premier lieu que la poésie ne « remplit » pas de fonction au sens utilitariste et social, et par là-même qu’elle se dérobe aux lois consuméristes de notre époque. Tant il est vrai que si la poésie permet la plus belle des évasions de l’esprit pour échapper au quotidien, c’est qu’elle est une représentation de la force extraordinaire que le poète donne aux mots. Enfin, comme nous le comprendrons, la poésie n’est-elle pas la représentation la plus aboutie de la Beauté par l’Homme ?

feuille.1242597878.jpg

« En direct de Wall Street, les cours de la poésie terminent aujourd’hui avec une baisse de 2,5 % ce qui est la plus grosse chute du marché depuis… » Non, ça ne le fait pas ! La poésie ne se vend pas. Elle échappe aux lois du marché et aux valeurs utilitaires. On ne produit pas une poésie en lui donnant une fonction. La poésie ne sert à rien. Tu as bien lu : contrairement à tout produit matériel, que l’on cherche à vendre de la manière la plus rentable, elle reste une entité de l’irréel, un art non palpable qui s’élève au-dessus du monde. Les Romantiques, marginalisés, inadaptés à la société, en  quête  d’une fuite verticale vers un infini qu’eux seuls savaient percevoir, ont choisi la poésie pour exprimer ce pouvoir démiurgique du verbe : un art qui leur correspond, au-delà du vulgaire et du commun.

Tenez, Mallarmé, cet illustre Symboliste, souhaita toute sa vie partir, réaliser ce grand et impérieux voyage spirituel. Certes, il n’en fut jamais ainsi, mais comme nous le suggère le dernier vers de « Brise marine », il est tout de même parvenu à s’enfuir, grâce à la magie des mots. La poésie nous transporte, nous pénètre,  nous possède. Elle permet l’évasion de l’esprit où bon lui semble. Je mets au défi quiconque de me faire ressentir la même émotion que Rimbaud a transmise à son poème « Au Cabaret Vert » en décrivant sur plusieurs vers ce qu’il mangeait (en l’occurrence du jambon, du beurre et des biscottes). Ça vous paraît absurde ? Mais c’est ça, le formidable pouvoir de la poésie. Les mots mènent à tout. Non pas les mots lents du long schéma narratif d’un roman. Non ! Les mots brefs, vifs, les mots inspirés, instinctifs et directs d’un poème. Les mots qui ne se laissent pas avoir dès la première lecture et  qu’il faut relire puis interpréter. Les mots simples et mystérieux d’une minute de lecture qui peuvent amener à des heures d’analyse afin de se rapprocher au mieux du Sens Véritable. Ce sont ces mots-là qui font le Poème.

Que l’on utilise des animaux comme le fait La Fontaine pour dénoncer la monarchie ou que l’on apostrophe directement  Napoléon III comme ne s’en prive pas Hugo dans « Souvenir de la nuit du 4 »,  la volonté de critiquer l’ordre établi est la base même du pouvoir poétique. Cet engagement de la poésie a été très efficace pour appeler les Français à la Résistance ou pour convaincre des soldats à cesser le combat (songez à Boris Vian « Monsieur le Président, je vous fais une lettre… » ). On me dira alors : « O.K la poésie a un certain impact mais si elle n’est pas engagée, elle ne sert à rien ! » Et bien la belle Terminale que tu regardes en rêvant marcher dans la cour, pendant tes heures de math, tu ne penses pas qu’un beau poème dans son casier lui ferait plus remarquer ton existence que des « pokes » sur Facebook ?

La poésie est pour beaucoup ce qui se rapproche le mieux de la Beauté. Lisez un recueil de poèmes, romantiques par exemple. Vous allez probablement vous exclamer « P***** ce que c’est beau ! ». Si vous vous extasiez devant les passements de jambes de Christiano Ronaldo, vous allez être ébahis devant les passements de mots de Lamartine. Parfois, quand on lit un poème, on se perd presque dans les rythmes en oubliant de se concentrer sur le sens. Ne vous blâmez pas, ça m’arrive aussi. Devant une ballade, je me surprends à chanter les hémistiches sans en comprendre les mots, en me délectant de la régularité mélodieuse que l’auteur a mise sur un texte. Certains poèmes comme ceux de Ronsard ont même été adaptés en musique. Mais enterrez vos préjugés sur la régularité : les alexandrins ne sont pas souverains. Vous serez surpris de la magnificence de la prose d’Alosyus Bertrand dans « Ondine ». En somme diversifiée mais toujours délicieuse, la poésie provoque un bien-être unique, peut-être même supérieur à celui du… Nutella !

feuille.1242597878.jpg

Si avec ça je n’ai pas convaincu les dernières hésitations… oui je reconnais que ce coup fatal était prévu depuis le début. Allons, maintenant  tous à nos recueils, tous à nos analyses, tous à la réflexion et à l’admiration des poètes car ils sont ce que l’Homme a de plus beau. Conservons au mieux cet art, qui demeure l’une des seules choses épargnées par la nouvelle habitude des Hommes de donner une valeur monétaire à tout. Et n’hésitez pas à vous essayez à la poésie, vous vous rendrez vite compte qu’on ne fait pas de l’or du premier coup, mais des génies se cachent peut-être en vous. Qui sait, on apprendra peut-être vos poèmes aux enfants du XXIIème siècle…

(Je ne cache pas mon scepticisme… LOL!)

Sofiène, 1S2

arrow.1242450507.jpg Du même auteur :

arrow.1242450507.jpg « Rupture » (poème)

arrow.1242450507.jpg Les lecteurs intéressés par cet article peuvent également lire avec profit les contributions d’élèves suivantes :

arrow.1242450507.jpg Timothy A. (Première S2), « La poésie, ça n’a pas de prix !« 
arrow.1242450507.jpg Honorine B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 
arrow.1242450507.jpg Nicolas B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 

Ecriture collaborative : La poésie… ça n’a pas de prix !

logo_lef_rubriques_eleves.1294596949.jpgLa poésie… Ça n’a pas de prix !

par Sofiène M.

(classe de Première S2)
              
La classe de Première S2 du Lycée en Forêt (Promotion 2010) a eu l’occasion de défendre haut et fort la Poésie à travers une écriture d’invention intitulée ”La poésie… Ça n’a pas de prix ! »… 
Parmi tous les textes rédigés, toujours de grande qualité, deux contributions m’ont paru suffisamment remarquables pour être publiées dans l’Espace Pédagogique Contributif : celles de Sofiène M. et celle de Timothy A.
Je vous laisse découvrir ici le texte de Sofiène M.

lettrine_l.1294599135.jpga poésie… Ça n’a pas de prix ! Entendez par là : les poèmes sont inestimables. Littéralement : que l’on ne peut estimer. Mais oui, la magie existe les enfants ! Et pas qu’à Disneyland ! La poésie est un  trésor qui dépasse les valeurs communes, à tel point que le monde ne saurait réduire cet art unique à une quelconque valeur marchande. Je vous explique pourquoi en quatre points. Vous allez voir en premier lieu que la poésie ne « remplit » pas de fonction au sens utilitariste et social, et par là-même qu’elle se dérobe aux lois consuméristes de notre époque. Tant il est vrai que si la poésie permet la plus belle des évasions de l’esprit pour échapper au quotidien, c’est qu’elle est une représentation de la force extraordinaire que le poète donne aux mots. Enfin, comme nous le comprendrons, la poésie n’est-elle pas la représentation la plus aboutie de la Beauté par l’Homme ?

feuille.1242597878.jpg

« En direct de Wall Street, les cours de la poésie terminent aujourd’hui avec une baisse de 2,5 % ce qui est la plus grosse chute du marché depuis… » Non, ça ne le fait pas ! La poésie ne se vend pas. Elle échappe aux lois du marché et aux valeurs utilitaires. On ne produit pas une poésie en lui donnant une fonction. La poésie ne sert à rien. Tu as bien lu : contrairement à tout produit matériel, que l’on cherche à vendre de la manière la plus rentable, elle reste une entité de l’irréel, un art non palpable qui s’élève au-dessus du monde. Les Romantiques, marginalisés, inadaptés à la société, en  quête  d’une fuite verticale vers un infini qu’eux seuls savaient percevoir, ont choisi la poésie pour exprimer ce pouvoir démiurgique du verbe : un art qui leur correspond, au-delà du vulgaire et du commun.

Tenez, Mallarmé, cet illustre Symboliste, souhaita toute sa vie partir, réaliser ce grand et impérieux voyage spirituel. Certes, il n’en fut jamais ainsi, mais comme nous le suggère le dernier vers de « Brise marine », il est tout de même parvenu à s’enfuir, grâce à la magie des mots. La poésie nous transporte, nous pénètre,  nous possède. Elle permet l’évasion de l’esprit où bon lui semble. Je mets au défi quiconque de me faire ressentir la même émotion que Rimbaud a transmise à son poème « Au Cabaret Vert » en décrivant sur plusieurs vers ce qu’il mangeait (en l’occurrence du jambon, du beurre et des biscottes). Ça vous paraît absurde ? Mais c’est ça, le formidable pouvoir de la poésie. Les mots mènent à tout. Non pas les mots lents du long schéma narratif d’un roman. Non ! Les mots brefs, vifs, les mots inspirés, instinctifs et directs d’un poème. Les mots qui ne se laissent pas avoir dès la première lecture et  qu’il faut relire puis interpréter. Les mots simples et mystérieux d’une minute de lecture qui peuvent amener à des heures d’analyse afin de se rapprocher au mieux du Sens Véritable. Ce sont ces mots-là qui font le Poème.

Que l’on utilise des animaux comme le fait La Fontaine pour dénoncer la monarchie ou que l’on apostrophe directement  Napoléon III comme ne s’en prive pas Hugo dans « Souvenir de la nuit du 4 »,  la volonté de critiquer l’ordre établi est la base même du pouvoir poétique. Cet engagement de la poésie a été très efficace pour appeler les Français à la Résistance ou pour convaincre des soldats à cesser le combat (songez à Boris Vian « Monsieur le Président, je vous fais une lettre… » ). On me dira alors : « O.K la poésie a un certain impact mais si elle n’est pas engagée, elle ne sert à rien ! » Et bien la belle Terminale que tu regardes en rêvant marcher dans la cour, pendant tes heures de math, tu ne penses pas qu’un beau poème dans son casier lui ferait plus remarquer ton existence que des « pokes » sur Facebook ?

La poésie est pour beaucoup ce qui se rapproche le mieux de la Beauté. Lisez un recueil de poèmes, romantiques par exemple. Vous allez probablement vous exclamer « P***** ce que c’est beau ! ». Si vous vous extasiez devant les passements de jambes de Christiano Ronaldo, vous allez être ébahis devant les passements de mots de Lamartine. Parfois, quand on lit un poème, on se perd presque dans les rythmes en oubliant de se concentrer sur le sens. Ne vous blâmez pas, ça m’arrive aussi. Devant une ballade, je me surprends à chanter les hémistiches sans en comprendre les mots, en me délectant de la régularité mélodieuse que l’auteur a mise sur un texte. Certains poèmes comme ceux de Ronsard ont même été adaptés en musique. Mais enterrez vos préjugés sur la régularité : les alexandrins ne sont pas souverains. Vous serez surpris de la magnificence de la prose d’Alosyus Bertrand dans « Ondine ». En somme diversifiée mais toujours délicieuse, la poésie provoque un bien-être unique, peut-être même supérieur à celui du… Nutella !

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Si avec ça je n’ai pas convaincu les dernières hésitations… oui je reconnais que ce coup fatal était prévu depuis le début. Allons, maintenant  tous à nos recueils, tous à nos analyses, tous à la réflexion et à l’admiration des poètes car ils sont ce que l’Homme a de plus beau. Conservons au mieux cet art, qui demeure l’une des seules choses épargnées par la nouvelle habitude des Hommes de donner une valeur monétaire à tout. Et n’hésitez pas à vous essayez à la poésie, vous vous rendrez vite compte qu’on ne fait pas de l’or du premier coup, mais des génies se cachent peut-être en vous. Qui sait, on apprendra peut-être vos poèmes aux enfants du XXIIème siècle…

(Je ne cache pas mon scepticisme… LOL!)

Sofiène, 1S2

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arrow.1242450507.jpg Honorine B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien« 
arrow.1242450507.jpg Nicolas B. (Première L2), « Lettre ouverte à la grisaille du quotidien«